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Hockey sur glace - Hockey en France
Billet d'humeur
 
Billet d'humeur rédigé par Aram Kevorkian suite aux informations sur la validation des clubs dans les différents championnats
 
, Hockey Hebdo Aram Kevorkian / GB / JS le 06/08/2019 à 20:07
Avec l'aimable autorisation de son auteur, Aram Kevorkian, ancien joueur et meilleur espoir de la saison 1980-81 avec les Jets de Viry-Essonne (ne pas confondre avec son neveu qui a joué en Ligue Magnus de 2000 à 2016).
 


L’idée de ces quelques réflexions n’est pas la polémique, mais l’échange et le partage.
 
Suite aux dernières informations de la FFHG sur les divers championnats, je lis beaucoup de choses intéressantes et pertinentes, ici et là, sur la problématique et la situation du hockey français
Les joueurs ont besoin d'être protégés et soutenus par un « syndicat » fort. Celui-ci existe, et sans doute fait-il comme il peut. Tout comme les clubs font comme ils peuvent puisque la réalité est que les moyens sont tellement médiocres (entendre « faibles et fragiles ») qu’il leur est difficile d’avoir une vision, si ce n’est à long terme, mais même à moyen terme.

Photo hockey Hockey en France - Hockey en France - Billet d
La réalité des clubs est donc à court terme : livrer un dossier crédible pour la seule saison à venir.
Finalement qu’est-ce qui a changé depuis les années 70 et 80 ?
Ce sont les mêmes salaires (de FF en €) sauf qu’au lieu d’avoir entre 1 et 5 joueurs qui avaient un salaire (un seul étranger dans ces années-là) et des primes de matches pour les autres, tous les joueurs sont "payés".
Mais comment et combien ?
Aujourd’hui, comme je l’ai déjà fait remarqué suite à un papier de l’Equipe, 10 joueurs gagnent entre 3500€ et 5000€, les autres « gros » salaires doivent être à 2500€, et la majorité des joueurs sont des smicards, voire moins, et le tout, non sur l’année, mais sur la saison !
Quelle précarité !
Et comment fédérer tous ces joueurs, alors que la moitié des effectifs sont des étrangers, et que ces effectifs sont renouvelés tous les ans, la plupart du temps à 50%, voire plus.
Comment fédérer un projet sportif en manque de moyens récurrents, fédérer un esprit d’équipe avec des effectifs changeants, fédérer et fidéliser un public, et trouver des sponsors sur le moyen et long terme pour pérenniser un club ?
Si Rouen a cette pérennité, c’est grâce au travail de long de terme de Thierry Chaix, Vert Marine et la qualité du travail de Guy Fournier.
Idem, pour d’autres raisons, à Grenoble, ainsi qu’à Angers grâce à l’investissement personnel du Président Juret, pour ne citer que quelques exemples.
Tous les autres clubs sont fragiles, et ainsi tous les ans, les mêmes causes créent les mêmes effets, un club (ou plus) chute : aujourd’hui, Lyon, hier Dijon, Epinal, Strasbourg, Reims, Brest dans les années 90, Tours et les Français-Volants dans les années 80, etc…, liste non exhaustive de la difficulté du hockey français depuis des décennies (depuis toujours ?).
Dans l’après Albertville, et le formidable quart de finale de la France et des audiences télé supérieures aux grands matches du tournoi des 5 nations de rugby (ce qui n’est pas rien !), j’avais spontanément proposé un projet avec un business plan sur 5 ans au Président Goy de feu la FFSG.
Il avait été intrigué de cette démarche en se demandant ce que je lui voulais bien…
« Mais rien Cher Président ! Juste aider le hockey français et lui rendre le plaisir qu’il m’a procuré au cours de mes 16 ans de pratique ». Il m’avait mis en contact avec Laurent Bellet qui était déjà journaliste TV, et nous avions travaillé ensemble pour proposer un projet viable et crédible. Déjà, il me semblait important de trouver un « opérateur » capable de sponsoriser non pas un club, mais l’ensemble du championnat élite avec une répartition égalitaire de cet investissement pour l’ensemble des clubs pour que les budgets soient solides et consolidés.

Un seul opérateur, alors, me paraissait capable de faire cela à l’époque (début des années 90), c’était Canal+ et Charles Biétry qui investissait dans le Basket, mais aussi le hand. Des sports qu’il avait pratiqué… S’il avait pratiqué le hockey sur glace jeune, la face de notre sport aurait-elle changé ?
Cela ne s’est donc pas fait, et finalement, la réalité reste la même: quel opérateur capable d'investir des sommes vraiment conséquentes sur le moyen terme?
Bien sûr que le hockey français a bien évolué : nous avons désormais une fédération autonome, la FFHG, l’Equipe de France a longtemps fait partie de l’élite mondiale, nous avons des joueurs qui évoluent dans des championnats majeurs (NHL, KHL, Finlande, Allemagne, Suisse, etc…).
Mais c’est là aussi que le bât blesse. On a laissé l’équipe de France être la seule vitrine du hockey français, et oublié que la locomotive d’un sport c’est son championnat. Parce que c’est le quotidien, celui qui permet d’en parler « tous les jours ». Notre équipe de France a été performante : elle s’est maintenue en élite pendant de nombreuses années, elle a su battre des nations majeures en matches officielles (Canada, USA, Russie, Finlande, etc…), mais elle est aussi fragile, parce que notre fond de banc est faible.
La preuve 4 joueurs majeurs absents en 2019 (Bellemare, Roussel, Da Costa, Auvitu), un exceptionnel gardien retraité (Huet), et nous voilà incapable de battre le Danemark et la Grande-Bretagne pour nous maintenir, ce qui nous verse en catégorie inférieure. Et l’obligation de remonter, et vite. Tout de suite, car sinon cela peut être le grand plongeon vers l’anonymat, ce que personne ne souhaite, mais redoute.

Il faut donc aussi en parallèle de cette remontée, consolider la Magnus : mais les structures sont fragiles (les finances des clubs) et les infrastructures (les « Arena ») loin d’être au niveau de quelques pays frontaliers : Suisse et Allemagne, pour n’en citer que deux. Tout ça pour dire que rien n’est facile dans le hockey français (voire dans le sport français en général, hormis le football), rien ne lui est donné, rien ne lui est épargné.
La faute des clubs ? La faute de la Fédération ? Franchement, qui aimerait être à la place des uns ou de l’autre ?
Ce qui est dommageable, néanmoins, c’est aussi (surtout) l’incapacité de se fédérer. Il règne en permanence de la suspicion, personne ne fédère ni ne rassemble, c’est une guerre (guéguerre) de clochers digne d'une cour d’école, et c’est franchement ce qui m’avait éloigné des patinoires.
Amener des idées et de l’expertise ne semble guère intéresser qui que ce soit.
Ce que j’ai pu vérifier lors des derniers Mondiaux parisiens, et pourtant je pensais qu’il y avait une écoute possible alors que nous étions proches des décideurs.
A l’arrivée, ce ne fut qu’un demi-succès puisque l’on n’a pas su rassembler l’ensemble du hockey français (trop de matches de l’EdF n’étaient pas remplis), ni réussi à amener un nouveau public aux matches, ni des medias plus « grand public ».
Surtout pour les retombées espérées derrière : pas plus de visibilité médiatique des medias grand public, la chaîne L’Equipe incapable de diffuser la finale 2019 (!), une exposition qui se cantonne aux media locaux, sportifs (l’Equipe) et Fanseat qui comme son nom l’indique satisfait les amateurs du hockey (et bravo à eux), mais ne sert pas à « recruter ».

Aram Kevorkian

 
 
 
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Réactions sur l'article
 
rebar a écritle 14/08/2019 à 16:45  
Joueur français qui joue en Suisse depuis plus de 10 ans, je suis conscient du fossé qui sépare les 2 pays en terme de hockey. La Suisse fait partie du "big eight" mondial. C'est après la NHL, la meilleure affluence moyenne mondiale… médiatisation forte (tv, presse, radio, internet...), budgets des clubs importants, niveau élevé, matches très bien organisés, salaires conséquents...
Je me suis lassé de ce monde du hockey français incapable de tirer à la même corde pour developper ce sport en France.
Pour moi le 1er problème c'est les infrastructures. Pour générer un budget digne de ce nom, il faut pouvoir accueillir les sponsors dans des loges, avoir une capacité de sièges comparable à la Suisse, minimum 7000 places.
Bien sur il faut une volonté politique pour faire sortir de terre de grosses patinoires. Ce n'est pas du ressort des clubs mais des pouvoirs publics.
Ensuite le second problème c'est la professionnalisation attractive des joueurs (c'es lié au budget). Je considère qu'aucun joueur en France n'es pro. En effet, quand la moitié du budget est constitué d'argent public et quel es joeueurs pointent au chomage en avril, je les appelle des fonctionnaires en CDD.
Le 3eme problème est la professionnalisation des clubs. Avoir une structure administrative et un encadrement sportif légitimes et rémunérés.
Avoir un vrai budget alloué au hockey mineur. Par exemple, le Geneve Futur Hockey, l'association qui gère le hockey mineur du Geneve Servette dispose d'un budget équivalent aux Dragons de Rouen et Bruleurs de Loups de Grenoble...ce fait doit faire réfléchir
La médiatisation est évidemment un autre problème qui en l'état ne peux trouver une issue favorable au hockey
J'espère un jour que le hockey français me fera changé d'avis.
Merci Aram, pour cette vision lucide qui doit faire prendre conscience à tous que le hockey français existe en mode "survivor"
NewsHockey a écritle 07/08/2019 à 22:04  
Le hockey ne prend pas en France pour différentes raisons
-La France n’a aucune culture sport au sens strict. L’Education Nationale est totalement absente dans son rôle face aux sports surtout quand on voit que des séances de sports sont prises en charge par la sécu.
-Quand on voit des parents qui utilisent les associations sportives comme des garderies, il est fort difficile d’avoir une culture sport. A l’instar des certains pays qui ont cette culture sport peu de parents suivent leurs enfants dans leurs pratiques sportives. Il suffit de regarder du côté des gradins.
-La médiatisation des sports dit mineurs dont fait partie le hockey sur glace, un vaste domaine… Tout peut être évoqué. La rapidité du jeu, on ne voit pas le palet, faux problème, il est dans le fait que les cadreurs sont peu formés à la discipline car beaucoup de championnats sont pourtant retransmis mais avec des moyens ceux qu’il faut. Quant au palet bon il est petit, noir mais surtout rapide. Je me souviens d’essais qui avaient été fait lors de jeux olympiques avec un palet dans lequel il avait été inclus une diode, vous vous doutez de la conclusion.
-Tant que les droits audiovisuels seront donnés ou vendus à des sociétés non ouvertes c’est-à-dire celles où vous n’avez accès qu’en payant des droits, le hockey n’est pas prêt de sortir de son trou. Quant aux chaines nationales de la TNT, n’en parlons pas.
Je pense que la planche de salut du hockey sur glace est dans un premier temps, les télévisions locales hélas ces dernières sont évincées par les droits déjà octroyés. Qui habitant Marseille, Montpellier où Clermont-Ferrand… n’est pas tombé en zappant sur la TNT et n’a pas regardé une rencontre retransmise pas TV Vosges, d’iCi et bien d’autres…
-La violence au hockey est aussi, faux autre problème. Cette dite violence faisait partie du folklore mais certains se plaisent à l’entretenir. Il existe deux sortes de règles de jeu celles de la NHL et celles de l’IIHF mais les deux ont de plus en plus de points communs surtout face à la violence c’est-à-dire la réduire, les commotions cérébrales y sont pour beaucoup et peuvent couter très chères sur le plan physique pour celui qui la subi mais aussi pour l’auteur de l’action qui la produit volontairement…
Ce billet d’humeur est bien venu afin que tous les acteurs du hockey mènent une réflexion, se fédèrent afin de faire avancer les choses afin que le hockey trouve enfin sa place.
Alors MERCI Aram d’avoir écrit ce billet et à Hockey Hebdo et bien d’autres de l’avoir publié.
ALEX66 a écritle 07/08/2019 à 12:47  
le hockey ne prend pas à la télé car le plus souvent les caméras sont trop basses dans les tribunes donc on utilise le grand angle qui déforme l'image, on ne voit aussi pas assez le palet, il faudrait le colorier avec des effets spéciaux. La qualité de retransmission joue mais la longueur des matchs également: 2 interruptions pour seulement 1h de temps de jeu effectif c'est trop pour les médias d'aujourd'hui où tout doit aller vite. Et puis si le téléspectateur lambda regarde un match avec beaucoup de pénalités et des bagarres ça l'effraie et cela prolonge encore plus le match. Les joueurs de Magnus et notamment les arrières venant des ligues mineures d'Amérique du Nord doivent faire un gros effort sur ce plan : ce n'est pas parce que l'attaquant joue le palet jusqu'au bout et "caresse" ton gardien de but que tu dois le défoncer derrière, c'est juste ridicule.
Banouf a écritle 07/08/2019 à 12:08  
Je serais moins catégorique que l'auteur quant au rôle de l'équipe de France. Certes, celle-ci doit être alimentée par un championnat performant et des clubs qui basent leur stratégie sur la formation ; toutefois, si l'objectif est de développer la reconnaissance du hockey, c'est bien la sélection qui en sera le moteur. N'oublions pas que vous vivons dans un pays de football. Le rugby survit grâce à son enracinement dans certains territoires, le basket a déjà plus de mal. Pensons au handball, dont la diffusion est quasi nulle alors que le championnat est extrêmement relevé et que l'équipe de France est la meilleure équipe de l'histoire de ce sport (voir même des sports collectifs). Partant de ce constat, comment vouloir diffuser le hockey si la France ne participe même pas aux JO? Il y aura un attrait des diffuseurs que le jour où l'équipe de France fera un bon parcours olympique, à la manière de ce qu'il s'est passé en Allemagne l'année dernière (pays qui avait déjà de l'avance sur nous par ailleurs). Ou alors, il faut repenser complètement la stratégie et arrêter de courir après l'Equipe qui n'a aucun intérêt à diffuser du hockey. La diffusion sur les réseaux sociaux peut être un axe, mais il faudra faire plus propre que Fanseat. D'ailleurs, à quelques exceptions près, les patinoires françaises ne sont pas adaptées pour capter des images de qualité. C'est aussi un axe à travailler. Je concluerai rapidement en abordant Lyon: si le club s'est fait jeter, c'est moins par manque de moyens que par une incapacité chronique à les gérer convenablement, une plaie ancestrale du hockey français.
red a écritle 07/08/2019 à 10:55  
Je partage ce constat, le hockey français ne progresse pas par manque de moyens financiers et de médiatisation. L'augmentation du nombre de matchs est une bonne chose mais finalement les clubs sont obligé de réduire leur effectif pour payer la hausse des frais.

La formation reste très faible partout en France avec des championnats U17 et U20 qui ne permettent pas aux jeunes joueurs de performer et se faire une place en Elite.

On a un vrai probleme de médiatisation de notre sport. Fanseat permet aux fanatiques de suivre leur équipe, c'est une bonne chose, mais le grand public n'a pas accès au hockey. L'Equipe n'en parle jamais dans son magazine alors que les affluences de patinoire sont meilleurs que le hand ou le volley. Il faut travailler ce point pour faire venir des sponsors, c'est le nerf de la guerre.

 
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