 | | Photo : Sébastien Barrieras | |
En préambule du compte rendu qui a opposé Tours à Mulhouse, on ne peut occulter l'histoire de ces deux équipes et en particulier leur formidable parcours en 2005.
Cette année-là, les Diables Noirs menaient la vie dure à leurs adversaires de la ligue Magnus et atteignaient la grande finale en ayant éliminé en playoffs Angers, puis Grenoble lors d'une série épique.
Les Scorpions n'étaient pas en reste, puisqu'en arrivant à la 4ème place de la saison régulière, ils participaient, eux aussi, aux séries éliminatoires et se débarrassaient de Briançon et Rouen.
Avant de se rencontrer en finale, Tours, à domicile, avait gagné son premier duel en saison régulière contre Mulhouse (3-2). Deux joueurs marquaient alors les esprits à tout jamais. Le premier, Steve Montador qui débarquait des Flames de Calgary, mais surtout Steven Reinprecht qui évoluait dans la même franchise et faisait à Tours son tout premier match sur le vieux continent. Deux joueurs de la ligue nationale en France. On nous vendait du rêve. En effet, en 2005, la NHL connaissait un conflit majeur et les joueurs gagnaient au plus vite les divers championnats européens. Tours gagnait de nouveau lors du match retour à l'Illberg, 5-3.
Mais en finale, il fallait tout recommencer, et malgré le départ de Montador, Reinprecht et les siens allaient s'imposer en deux matchs secs pour la conquête du titre (6-2 et 0-3). Depuis ce soir d'avril 2005, les deux équipes ne s'étaient plus rencontrées.
L'entraîneur des Scorpions, Christer Eriksson, ne pouvait que se souvenir de ce moment où il a soulevé le trophée en 2005 lorsque, hier soir, il remontait sur ce même banc qui l'avait porté au sommet dix ans plus tôt.
Les plus fidèles supporters se souviennent tous de cette épopée, mais ce soir, les joueurs s'en inquiètent-ils ? Non, pas le moins du monde, l'heure est au jeu dans un contexte bien différent et ou un petit point sépare les deux formations.
Le palet tombe sur le glaçon et on se jette déjà à corps perdu dans la bataille. Vepsäläinen et Pozivil en viennent très vite aux mains alors que le jeu proposé n'est franchement pas terrible. Eischen, qui a le mérite d'ouvrir les vraies hostilités avec le premier tir, ne trouve que la plaque de Richard alors que Dubé, de l'autre côté, part tout seul mais ne peut déjouer un Kubis déjà solide.
Les pénalités tombent régulièrement et, à ce petit jeu, ce sont les Tourangeaux qui doivent s'avouer vaincus les premiers lorsque Klejna reprend une passe merveilleusement distribuée en retrait par Mrna. (0-1, 13.08).
Kapicka enfonce le clou à la 15ème minute sur un tir anodin du poignet alors qu'il se trouve dans le cercle. Kubis n'y voit que du feu. (0-2, 15.21).
On craint même à la catastrophe quand Mrna s'en vient tout seul devant Kubis. Il tente ce que l'on peut voir de temps à autres en NHL, le spectaculaire spin-o-rama. Mais, à moitié raté par la puissante présence du portier local, cela ne donne rien, même si le geste tenté est de toute beauté. Cependant le meilleur buteur mulhousien peut s'en vouloir, car dans la foulée Tours reprend espoir, et d'un tir limpide, Vepsäläinen trompe la vigilance de Richard. (1-2, 17.37).
Cette réduction du score vaut une fin de tiers particulièrement animée et vivante de part et d'autre tandis que les tambours et autres trompettes des supporters ne cessent de battre à tout rompre.
Le second vingt débute bien mal pour les Remparts qui encaissent un but malheureux que La Nouvelle République qualifiera de "but gag". On joue depuis seulement trois minutes que Kapicka s'offre un doublé et permet aux siens de prendre deux longueurs d'avance. (1-3, 23.41')
Forts de leur domination, les Scorpions accélèrent franchement le rythme avec un jeu tout en technique et en précision. Le jeu de passes semble parfait et les artilleurs maison se font plaisir à mettre à contribution un Kubis au four et au moulin. Tours défend comme il peut et met du coeur à l'ouvrage pour éviter de sombrer si tôt dans la partie. D'ailleurs il faut un power play pour voir Kirner, qui avait là une réelle chance, à l'oeuvre. Lovatsis aussi semble pouvoir trouver la solution, en vain.
Les Remparts laissent cependant beaucoup de forces dans la bataille et prennent quelques pénalités qu'ils parviennent cependant à "tuer". Mais les Alsaciens accélèrent encore et toujours, tant et si bien qu'ils vont marquer trois buts en moins de quatre minutes. Un véritable cauchemar pour Pourtanel.
Tout d'abord, Croteau se prend pour un skieur et slalome dans toute la défensive Bleue sans trouver la moindre résistance. (1-4, 36.36). Puis Pozivil crucifie un malheureux Kubis qui ne veut même plus se relever. (1-5, 37.27) et enfin, comme à la parade, Mrna met le feu sur le glaçon et trompe facilement le gardien alors qu'il ne reste que 14 secondes dans ce tiers. (1-6, 39.46).
Les Tourangeaux rentrent aux vestiaires dépités sauf Jérôme Pourtanel qui reste de longues minutes sur son banc. Et pour le coup, on a mal avec lui.
En ce début de troisième et dernier acte, Domin semble rageur et par deux fois, il tente de se lancer à l'assaut, seul contre tous, mais Richard et sa bande ont les reins solides, et rien n'y fera malgré une bonne volonté évidente.
Kubis, malgré les six buts encaissés, est toujours de la partie et empêche de manière spectaculaire un tour de cage mais ne peut rien sur l'action suivante de Dubé (1-7, 43.07')
C'est décidé, il faut changer de gardien, même si le score est scellé depuis fort longtemps. Picot entre en jeu sous les applaudissements de ses supporters et doit faire face à une première situation chaude. La mitaine n'est pas parfaite, loin s'en faut, mais l'arrêt est là.
Les Remparts n'ont plus qu'à tenter leurs chances de loin car, même si moralement ils s'avouent vaincus, ils continuent à lutter comme par exemple ce tir de Hamard. D'ailleurs, on sent une équipe remobilisée qui parvient même à construire son jeu alors qu'il ne reste que dix minutes et que l'écart est abyssal.
Picot se met de nouveau en évidence sur un duel alors que ses partenaires jouent en supériorité. Mais Mulhouse trouvera tout de même une dernière faille. Vigners achèvera l'oeuvre entreprise par son équipe en signant le 8ème et dernier but des Scorpions. (1-8, 56.00').
Il est bien loin le temps où Tours jouait les gros bras contre Mulhouse. Cette défaite est la deuxième plus lourde depuis le début de saison après celle contre Anglet 9-2. Inquiétant ? Pour beaucoup de supporters oui. Pour nous, pas vraiment !
Les Remparts ont perdu cinq de leurs sept défaites contre des équipes qui jouent la montée : Nantes par deux fois, Bordeaux, Mulhouse ce soir, ou encore le leader Anglet. On ne trouvera pas d'excuses bien entendu à Tours mais les Tourangeaux sont septièmes de première division alors qu'ils viennent tout juste de monter.
Quant à Mulhouse, qui va s'offrir deux matchs de gala à Bâle, ils progressent doucement mais sûrement et sont désormais cinquièmes tout en sachant qu'ils comptent quelques matchs de retard. On a sûrement vu ce soir le meilleur collectif de la division. L'équipe se trouve parfaitement dans toutes les situations et sait aussi avoir une défense hermétique quand il le faut guidée par un solide Richard.
Même à 2-1, ils ont su faire face et reprendre le dessus sans jamais se désunir. A noter également qu'il y a sept buteurs différents sur les huit buts.
La saison ne fait que commencer pour ce type d'équipe taillée pour les playoffs.
Note de l'auteur : Je souhaite une très belle et heureuse année à tous nos fidèles lecteurs.
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