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Hockey sur glace - Equipes de France
Equipe de France : l’odyssée de la glace
 
C’est un exploit qui restera dans les mémoires. Classée douzième au classement de la Fédération internationale, notre équipe de France s’est hissée parmi les huit quart-de-finalistes des championnats du monde en Biélorussie. Mais que retiendra la postérité de ce parcours à l’autre bout de l’Europe ? L’affront fait aux Canadiens, la série de victoires qui a qualifié la France en quarts, la leçon russe qui a éliminé les Bleus ? Ou peut-être la cohésion d’un groupe, la réussite du duo Pousse-Henderson, voire le talent du trio Da Costa-Bellemare-Roussel ? S’il ne devait rester qu’une image, une performance, une émotion de cette odyssée, quelle serait-elle ?
 
Média Sports loisirs, Hockey Hebdo Guillaume Rantet le 05/06/2014 à 18:00
Ebrécher le pouvoir

Nous étions le vendredi 9 mai 2014. La France du hockey avait les yeux rivés sur la Chizhovka Arena de Minsk, où la France allait rencontrer l'une des grandes équipes au monde. Bien que privée de ses meilleurs éléments, l’équipe canadienne restait l’une des grandes favorites de l’édition 2014 des championnats du monde au Bélarus, le vainqueur des derniers Jeux Olympiques à Sotchi. Le hockey français tremblait. On se demandait surtout sur quel score la France allait perdre.
Photo hockey Equipes de France - Equipes de France - Equipe de France : l’odyssée de la glace
Photo by Richard Wolowicz/HHOF-IIHF Images
Nous avions ingurgité un cocktail de défaitisme et de réalisme. Puis certains Bleus se sont rappelés au bon souvenir des Canadiens. Un peu comme dans ces films, ces séries ou ces livres où l’on oublie l’existence d’un personnage, mais qui revient perturber les plans du héros, à notre plus grande surprise. Sauf qu’ici, le perturbateur était dans notre camp.

C’était tout d’abord le rôle de Cristobal Huet. L’ancien gardien des Canadiens de Montréal repoussait un à un les lancers adverses. Lors du deuxième tiers-temps, il s’envolait pour réaliser un arrêt qui allait faire le tour du monde. Stéphane Da Costa entrait ensuite en scène. Un visage juvénile, protégé par un casque intégral suite à une blessure reçue avec son club. Un talent certain. Relégué fréquemment en American Hockey League depuis son arrivée chez les Senators d’Ottawa (NHL), il venait rappeler aux "rouges et blancs", et à sa franchise, son talent en inscrivant les deux buts tricolores. Aux tirs au but, Pierre-Edouard Bellemare entérinait l’exploit. La glorieuse incertitude du sport frappait encore…

Surtout, un groupe naissait. On observait non seulement le talent de certains de nos joueurs, mais aussi l’entente et la cohésion de notre équipe. Même dans la souffrance, face aux multiples assauts adverses.

L’état de grâce

Imaginez les coéquipiers de Tony Parker battre les Etats-Unis, l’équipe de rugby vaincre les All-Blacks, les hommes de Didier Deschamps faire tomber la Roja. Ou encore Richard Gasquet gagner trois sets face à Rafael Nadal, Christophe Lemaitre laisser Usain Bolt derrière lui, Romain Grosjean dépasser Rosberg, Hamilton et Alonso lors d’un Grand Prix… En faisant chuter le Canada dès leur première rencontre, les joueurs de Pierre Pousse et Dave Henderson réalisaient un exploit comme le sport français en connaît peu. Bon nombre de médias relayaient la performance. Mais là où certains auraient fait les gros titres, auraient été harcelés par les télévisions et rempli les Champs-Elysées, l’équipe de France provoquait un moindre engouement qui rappelait l’envergure du hockey en France.
Photo hockey Equipes de France - Equipes de France - Equipe de France : l’odyssée de la glace
Photo by Richard Wolowicz/HHOF-IIHF Images

Pour les amateurs de hockey, cette victoire avait une autre dimension. On se souvenait de l’exploit de 2013 face à une autre grande nation du hockey : la Russie. On revoyait, encore et encore, les grands moments de la rencontre. Nous qui avions été absents à Sotchi, nous ne boudions pas notre plaisir. L’euphorie était encore plus grande.

« Tabernacle, la France bat le Canada » : L’Equipe réservait à l’exploit une (petite) place sur sa Une. Pour certains, c’était LA goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Car outre-Atlantique, la pilule avait du mal à passer. « Les Français jurent d’extase », titrait TVA sports, avant d’ajouter à propos du titre de L’Equipe « On se demande quel sera le titre si la France remporte le Championnat mondial ». Comme pour nous faire revenir à la réalité, l’article utilisait un repère de la vie politique française pour nous rappeler l’ancienneté de la dernière victoire française face au Canada. C’était en 1995, « à la fin de la campagne électorale qui a mené à l’élection de Jacques Chirac comme président de la République ». Puis enfonçait le clou avec le meilleur résultat français dans la compétition : une sixième place en 1930.

L’ascension

Au fond, les moqueries canadiennes ne nous importaient guère. D’abord, parce que cette victoire montrait que notre hockey avançait. Ensuite, parce que cette euphorie ne nous faisait pas oublier l’essentiel. Notre première priorité restait le maintien en élite. Il fallait confirmer. C’était l’objectif premier des hommes de Pierre Pousse et Dave Henderson.
Problème : lors du deuxième match, les Français manquaient de réalisme et nos voisins transalpins venaient nous rappeler que dominer n’est pas gagner. Encore. Perdre face à l’une des plus faibles équipes du groupe et gagner face à la supposée meilleure : en ces deux premières rencontres, les joueurs et le public français connaissaient l’ascenseur émotionnel. Une performance suivie d’une contre-performance. Le jour et la nuit.

Le couronnement

Il fallait peut-être cela pour réaliser que la bataille venait à peine de débuter, et provoquer chez eux un sursaut d’orgueil. Alors la machine redémarre. La Slovaquie, la Norvège et le Danemark sont défaits. Seule la Suède réussit à venir à bout des Français. Sur le front de l’attaque, Stéphane Da Costa, Antoine Roussel, et Pierre-Edouard Bellemare font des merveilles. Il y avait eu le carré magique de Michel Hidalgo, on découvrait le trio magique de Pierre Pousse et Dave Henderson. On murmure qu’en coulisses, la NHL et la KHL font les yeux doux à Da Costa et à Bellemare. La France n’est pas la seule à être impressionnée. A l’heure des récompenses, Antoine Roussel fait partie de l’équipe-type de la compétition. La France est fière. Dallas aussi.

Non seulement le maintien est acquis, mais les Bleus se qualifient pour les quarts de finale de la compétition, et ce avant même le dernier match de poule.
Photo hockey Equipes de France - Equipes de France - Equipe de France : l’odyssée de la glace
Photo by Richard Wolowicz/HHOF-IIHF Images
En devenant la première équipe de France à se qualifier pour les quarts de finale depuis 1995, la deuxième depuis la seconde guerre mondiale, et la troisième à se qualifier en quarts avec celle des Jeux olympiques de 1992 à Albertville, ces Bleus marquent l’histoire. Et refont par la même occasion parler d’eux dans les différents médias de l’hexagone. Sportifs ou non.

En parallèle, la venue de Tim Bozon sur le plateau de Sport+ nous rassurait sur son état de santé. Les commentaires du fils de Philippe Bozon, l’un des Bleus qui a fait partie de l’épopée de 1995 aux côtés de Pierre Pousse, résonnaient comme une transmission de témoin. On pensait, par la même occasion, à Sacha Treille qui ratait ces championnats du monde pour cause de blessure, et n’hésitait pas à encourager ses coéquipiers via Twitter.

La traversée du désert

Le Vol de l’Aigle, ces 20 jours de mars 1815 durant lesquels Napoléon traverse la France pour reconquérir le pouvoir, auront duré 19 ans pour l’équipe de France. 1995-2014 : certains se lancent dans la comparaison. Deux équipes qui ont réussi à battre le Canada puis se sont hissées en quarts. Certains rappellent la non-participation des joueurs de NHL en 1995, due au lock-out. Ou la composition de cette équipe, bénéficiant de nombreux joueurs nés à l’étranger et naturalisés grâce à leurs saisons passées en Ligue Magnus. Cette année, le profil de Julien Desrosiers, naturalisé en 2004, fait figure d’exception. Bref, l’exploit de 2014 serait encore plus grand que celui réalisé « à la fin de la campagne électorale qui a mené à l’élection de Jacques Chirac comme président de la République ».

Aujourd’hui, on note davantage de Français jouant hors de l’Hexagone, au sein de ligues relevées dans lesquelles nos Bleus acquièrent l’expérience du haut niveau. Le trio magique en est le parfait exemple. Le Texas et la NHL pour Antoine Roussel, New York et l’AHL pour Stéphane Da Costa, le nord de la Suède avec la ville de Skellefteå (SHL) pour Pierre-Edouard Bellemare.

La chute

Alors, pour éviter d’affronter la Russie en quart, les Français doivent battre la République Tchèque. En menant 3-1 au terme du premier tiers, les Bleus nous faisaient (encore) rêver et espérer une troisième place. La remontée des coéquipiers du vétéran Jaromir Jagr leur sera malheureusement fatale. Ils craquent en prolongation.

Ce sera bel et bien la Russie, cet ogre qu’ils ont battu l’an passé mais que tout le monde redoute. « Les seuls combats perdus d’avance sont ceux qu’on ne livre pas ». Le proverbe revenait aux esprits des Français. On se rappelait de l’exploit face au Canada, de la victoire de l’an passé. On se mettait à rêver que l’histoire se répète.

Ce sera bel et bien une défaite, 3-0. Logique, au vu du de la supériorité russe qui s’est exprimée sur la glace. Sévère, quand l’on retourne sur le beau parcours de ces Bleus. Il faut dire que les futurs vainqueur de l’édition chez leur voisin biélorusse avaient jusqu’ici gagné tous leurs matchs, et sur un écart minimum de deux buts. Ils avaient même battu les Etats-Unis sur le score de 6-1. Après la désillusion de Sotchi, ces championnats du monde étaient leur occasion rêvée de se rattraper. Cette fois, les Russes ne perdront pas en quarts, et iront jusqu’au bout. Les Bleus n’ont pas à rougir, la hiérarchie est respectée : le bon n’est pas le très bon niveau. La logique reprend ses droits, comme en 1995, où ils avaient perdu 5-0 face à la Finlande. Mais au final, l’essentiel n’est pas là : pour sa sixième année dans l’élite, l’équipe de France a largement dépassé ses objectifs.
 
 
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Réactions sur l'article
 
Sylvain73 a écritle 07/06/2014 à 13:02  
c'est plutôt les playoff NHL qui sont mal placés: tous les autres championnats majeurs terminent avant les mondiaux, y compris la KHL.

Reste que toutes les grosses nations étaient composés à 100% de joueurs NHL ou KHL, que ce soient les meilleurs ou non de leurs nations ne change rien: la France n'avait qu'un joueur NHL et un joueur NHL/AHL, et aucun de ceux qui font les gros titres (au contraire de certaines stars présentes en Bielorussie cette année).

Après, bien entendu, la France n'a pas le niveau d'être champion du monde.
Mais personne ne l'a prétendu
Tatie38 a écritle 06/06/2014 à 14:37  
personne ne s'illusionne sur le parcours ardu du hockey français les resultats tiennent toujours a un fil, on a juste envie de profiter a fond de ses succès et maintenant qu'il semble avoir trouvé sa locomotive, on attend la suite avec impatience
OKLAMITAINE38 a écritle 06/06/2014 à 13:01  
merci pour votre article
je me permets simplement de mettre un bémol à votre enthousiasme un peu trop débordant. il est incontestable que nous avons vu une équipe de France qui progresse avec des lignes de qualité et qui ont effectivement réalisé une très belle performance.cependant restons modestes voyons la progression et soyons également lucides. les équipes ne consacrent pas toutes autant d'énergie à ce championnat, il est toujours aussi mal placé en plein Play offs de NHL et ainsi des joueurs en moins sur la glace.
sans minimiser l'excellent parcours des bleus , vous ne parlez pas de la chute contre le relégable italien qui reste étonnant mais pas si surprenant.
votre tirade comparative entre les différents exploits possibles des équipes de France de foot , rugby et Lemaitre etc me semble à la limite de l'exagération. c'est dommage car vous faites comme tous les journalistes sportifs bien de chez nous ....quand on gagne on est les champions du monde quand on perd ils sont nuls.
regardez ce qui a été dit de TSONGA en début de Roland GARROS et après c'est pareil.
cordialement
moi a écritle 06/06/2014 à 08:07  
Ottawa plutot que NY pour Da Costa non ?
 
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