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Hockey sur glace - Hockey en France
ITW : Respect et bonne retraite Jimmy !
 
Une page de l’histoire du hockey français s’est tournée dimanche soir, au terme de la rencontre amicale opposant la France à l’Italie.
 
Le Palais, Megève, Hockey Hebdo Alexandre Juillet le 05/05/2021 à 13:15
Après 28 ans de carrière nationale et internationale, l’arbitre Jimmy Bergamelli a raccroché les patins à sa cheminée haut-savoyarde et s’est confié en exclusivité à Hockey Hebdo, dans une interview d’après-match empreinte d’émotions et de souvenirs, au terme de son exceptionnelle carrière arbitrale.
 
Photo hockey Hockey en France - Hockey en France - ITW : Respect et bonne retraite Jimmy !
Yoann Coppel
28 ans de carrière pour Jimmy Bergamelli

Hockey Hebdo : « Jimmy, tu nous confirmes donc que ta carrière d’arbitre se termine ce dimanche soir à Megève ? »

Jimmy Bergamelli : « Oui, absolument ! C’est une décision que je muris depuis de nombreux mois. Je retiens de très grands moments. 28 ans, c’est une éternité et il m’en faudrait au moins la moitié pour vous raconter tout ce que j’ai vécu. Les souvenirs sont nombreux. Cette carrière m’a énormément apportée au quotidien. J’ai grandi avec ce sport, j’ai muri et je me suis forgé avec celui-ci, et j’espère qu’il apportera autant à mes enfants. J’ai eu la chance de trouver un équilibre, des amis, rencontré des personnes extraordinaires, voyagé dans des pays où je ne mettrais probablement plus jamais les pieds. »


HH : « Tu as eu droit à une haie d’honneur de la part des Bleus en sortant de la glace. Ça doit être une belle fierté pour toi ? »

J.B : « Oui ! C’est marrant, parce qu’il y a quelques années, je regardais la haie d’honneur qu’avait réservé le club de Chamonix à Laurent Gras et je me disais, « Waouh c’est la classe, ils lui font une belle fête ! » et après quelques années, c’est à moi, et c’est un honneur, d’autant que la plupart de ces joueurs, je les côtoie dans le championnat français depuis tout jeune, à l’image de Peter Valier que j’arbitrais déjà tout petit dans les catégories mineures. Mais ces mecs sont toujours restés prévenants, respectueux, ce sont des bons gars, alors oui c’est une fierté ! »

HH : « 28 ans de carrière ! 28... Waouh quelle carrière incroyable... Tu avais, sans erreur démarré ta carrière arbitrale à Megève, tu la clôtures à Megève. La boucle est bouclée... »

J.B : « C’est exact ! La boucle est bouclée ! C’est amusant, la première fois que j’ai été convoqué pour un stage arbitral, c’était effectivement dans ces couloirs. A l’époque, un de mes entraîneurs m’a lancé : « Tiens, dimanche tu feras un stage d’arbitrage ». Curieux, je lui ai simplement répondu « Euh oui... Pourquoi pas ? », puis les choses se sont enchainées. J’ai eu la chance d’être un joueur médiocre, je pense avoir été un bien meilleur arbitre et j’ai eu la chance de tracer ma carrière dans le sport que j’aime. Ce qui est drôle, c’est que quand j’étais gamin, je croisais des vieux de la vieille qui avaient 10 ou 15 ans d’expérience et je me disais « incroyable... ». Pour moi, ces mecs étaient des dinosaures... Il était vraiment temps que je raccroche (rires) »
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Alexandre Juillet
La dernière de Bergamelli à Megève

HH : « Tu te dis médiocre, mais certains, comme moi, ont pourtant la chance de te connaître excellent joueur loisir, c’est mon cas ! »

J.B : « Comme je le disais, j’ai eu la chance d’être un joueur médiocre. Je préfère ne pas aborder mon glorieux passé de joueur (rires)... »

HH : « On va poursuivre l’interview par la question plus technique de la relation avec les joueurs et entraineurs. Selon toi, quel élément est perfectible dans la relation entre joueurs/entraineurs et arbitres ? »

J.B : « Je pense d’abord que c’est une philosophie qu’il faut améliorer pour comprendre que nous sommes tous sur la glace pour vendre un spectacle, que nous sommes tous des acteurs et que nous devons travailler main dans la main. Il faut absolument, selon moi, éviter la fracture et privilégier le dialogue, c’est aujourd’hui une chose primordiale pour le respect de chacun. Si on ne parle pas de sportif à sportif, on peut avoir tendance à s’aboyer dessus, sans jamais se comprendre. Il faut accepter de se dire l’un et l’autre, « Ok, peut-être que je me suis planté ». Ces cas arrivent à tous les matchs. Ce soir, j’ai appelé un surnombre, peut-être que je me trompe ou pas, on regarde ça après le match. Si je me suis planté, dommage pour la dernière, par contre si mon jugement est bon « YESSSS ! ».

HH : « On l’oublie parfois, mais pour être arbitre, la condition physique doit être impeccable. Parle-nous de ces phases de préparation et de l’hygiène de vie qu’impose le statut au quotidien ? »

J.B : « Chaque été, de plus en plus tôt en vieillissant (rire) il faut s’entrainer, se préparer pour être au top. Si ma carrière a été belle et longue, je n’ai en revanche jamais réussi à faire attention à la nourriture. En bon haut-savoyard que je suis, j’ai toujours adoré la bonne chair. On a beaucoup de mal à résister lorsqu’on passe à côté d’un reblochon ou de bonnes choses, mais il faut se forcer à se faire mal, à transpirer. Il faut semer si on veut pouvoir récolter. Dans une ligue aussi professionnelle, tu ne peux jamais laisser la place au doute. Tu dois être affuté et capable de suivre le rythme de gamins de 20-30 ans ! »
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Alexandre Juillet
Jimmy et ses enfants arbitrent la finale du Trophée Clubs Formateurs

HH : « Revenons sur ta carrière. 28 ans... 28 années de passion, 28 années de transmission aussi, puisque tes enfants ont débuté leur carrière dans le milieu ! Nous avons même eu la chance de voir des finales de tournoi arbitrées par un trio Bergamelli »

J.B : « Oui, tout à fait, mes enfants ont débuté ! D’ailleurs, petite anecdote, je me souviens d’une histoire avec mon fils. Il a été admis au stage national avant ses 17 ans. On rentrait lorsque j’habitais à Paris. Il devait avoir 5 ans et il était en larmes parce qu’il voulait déjà rentrer à l’école des arbitres. On a dû appeler le chef des arbitres pour temporiser et le renvoyer sur les bancs de l’école quelques années supplémentaires. Ça fait partie de mes grandes fiertés, mais c’est aussi un lourd héritage à porter pour eux. Il va falloir qu’ils travaillent, c’est compliqué pour moi d’aller voir leurs matchs, car on est toujours un peu plus exigeant avec ses enfants. Je veux qu’ils fassent bien et qu’ils fassent comme s’ils avaient déjà 20 ans d’expérience ».

HH : «Tu parlais d’anecdote, c’était l’objet de ma question suivante, racontes nous un moment particulier. »

J.B : « Il y en a une que je raconte régulièrement, parce que pour moi c’est une des plus marquantes. Sur les championnats du Monde, on est au Danemark et je suis avec deux arbitres russes et autrichiens. Le russe nous dit qu’il ne va pas aller s’échauffer. L’autrichien et moi, on décide donc d’aller chauffer la machine. On croise deux jeunes sur le lieu d’échauffement, 12 ans environ... On leur propose un petit match de foot, et là on se rend compte que les gamins sont des machines de guerre balle au pied et on se regarde l’autrichien et moi, hors de question de perdre... On gagne à l’arrache, et on arrive aux vestiaires rouge pivoine, on transpire. Et le russe interloqué qui nous demande ce qui est arrivé... C’était mémorable ! »

HH : « Quel est ton plus beau souvenir en carrière ? »

J.B : « Il y en a énormément. Je me souviens notamment de mes Championnats du Monde à Budapest en Hongrie. Il y en a eu deux dont un en D1A avec un public extraordinaire, dont j’ai la chance d’avoir gardé un souvenir sur Facebook. Je me souviens pêle-mêle également d’un match entre le Champion de Suisse de l’époque Davos, et le CSKA Moscou. Si on m’avait dit tout gamin qu’un jour j’arbitrerais le CSKA Moscou... Il y a aussi eu le Winter Game avec le concept d’arbitrer en extérieur, des finales de Magnus en 2015 où nous avons la chance d’arbitrer 5 des 7 matchs, c’était extraordinaire, et je garde en mémoire une rencontre du groupe A où j’ai eu la chance d’échanger quelques mots avec Connor McDavid. Ce sont de magnifiques souvenirs. »

HH : « Après une telle carrière, que peut-on te souhaiter pour l’avenir ? »

J.B : « De ne jamais être trop loin du hockey. C’est un sport que j’aime. Je vais toujours avoir un œil attendri envers mes fils et attentif vers mes amis, mes collègues, qui sont aujourd’hui et depuis 28 ans une deuxième famille. J’espère qu’on fera appel à mes compétences et que je pourrais transmettre. Je suis quelqu’un d’exigeant, mais également un grand pédagogue. J’aime faire avancer mon sport, et c’est avec plaisir que je donnerais la main, si on me demande de la donner. »

HH : « Merci Jimmy et encore bravo ! »

J.B : « Merci à vous ! A très bientôt ! »
 
Respect Jimmy !
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Yoann Coppel
Haie d'honneur et sortie sous l'ovation des Bleus pour Bergamelli
 
 
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