Hockey Hebdo : Comment as-tu construit ton équipe cette saison ?

Frank Spinozzi : On voulait améliorer notre vitesse et c’est ce qu’on a accompli avec notre recrutement à la fois offensif et défensif. On est plus rapide et moins costaud que les saisons passées, c’est lié à l’évolution du jeu dans le championnat qui tend vers plus de rapidité et d’intensité.


Mais notre priorité avec notre Président c’était de stabiliser le poste de gardien. C’était notre point faible ces dernières saisons où on accordait souvent peu de lancers mais on prenait trop de buts. C’était notre priorité de recrutement et on s’est fixé sur Ramon Sopko qui nous apporte son talent, son expérience et sécurise un groupe plutôt jeune.


Tu as recruté beaucoup de Nord-Américains, c’est volontaire ?

C’est vrai qu’on avait l’habitude de recruter beaucoup de joueurs tchèques ou slovaques. Mais cette orientation vers des Nord-Américains est plus liée aux circonstances et aux conditions du marché. Cette saison, il y avait beaucoup plus de joueurs disponibles et correspondant à nos critères en Amérique du Nord. Ce n’est donc pas intentionnel, mais ça c’est fait comme ça.


Vous avez fait un stage de présaison, une première depuis votre titre de 2010 ?

On voulait changer la philosophie de base de l’équipe et ce stage est important pour la cohésion du groupe, l’intégration des nouveaux et il y en a beaucoup cette année. Cela nous a aussi permis de valider nos choix et de voir que la vitesse, ce qu’on cherchait, était au rendez-vous. Ce que me disent les nouveaux, c’est qu’ils sentent une vraie cohésion dans le vestiaire et c’est ce qu’on veut cette année.


Vous avez beaucoup de jeunes dans votre groupe et surtout parmi vos recrues, pensez-vous qu’ils vont pouvoir s’acclimater à notre championnat ?

Il va falloir leur laisser du temps pour s’habituer au niveau de jeu. L’avantage d’avoir un groupe jeune, c’est qu’il y a beaucoup de dynamique, une grande réactivité aux discours du coach. Mais le désavantage, c’est qu’il y a un peu plus de nervosité, que quand tu as 2 buts d’avance tu peux penser que le match est fini, ce qui est loin d’être le cas comme on l’a vu lors des matches amicaux. Mais je dois être patient et les laisser grandir et se développer.


Ils vont également devoir s’habituer aux glaces, plus grandes qu’en Amérique du Nord, et à l’arbitrage, est-ce un risque de miser sur autant de joueurs qui vont découvrir le hockey français ?

C’est un risque mais, quand on veut changer de philosophie et avancer, on doit prendre des risques. Mais je ne vois pas ce risque comme quelque chose de négatif. Je vais devoir être patient pendant les matches et les pratiques, beaucoup communiquer avec mes joueurs, donner des conseils. Mais c’est notre job et c’est ce qui est passionnant. Et puis j’ai quand même quelques joueurs d’expérience pour équilibrer le groupe notamment en défense.


Vous avez aussi réussi à attirer des recrues françaises de haut niveau, ce qui semblait compliqué les saisons précédentes ?

C’est le travail accompli depuis 6 ans. A mon arrivée, j’avais des très jeunes ou des vétérans en fin de carrière et j’avais du mal à attirer des joueurs français en pleine force de l’âge. Mais on a décidé de donner du temps de jeu à nos Français, on prend soin d’eux et ça commence à se savoir. Je pense qu’Axel Rioux est une de nos belles acquisitions et va beaucoup nous apporter. On a aussi été chercher des joueurs de Magnus comme Elie Raibon ou Quentin Jacquier qui ont accepté de venir en D1 pour participer à notre projet.


C’est un nouveau cycle qui commence à Neuilly ?

On sent qu’il y a eu un gros changement au niveau de l’effectif, ceux qui sont restés adhéraient à nos valeurs et à notre projet. On peut parler de nouveau cycle mais il faut faire attention, j’aime la stabilité et il faudra s’inscrire dans la durée.


Que pensez-vous des nouvelles règles qui entrent en vigueur cette année ?

C’est un peu tôt pour évaluer les conséquences de ces changements. Il faut voir comment les équipes vont s’adapter. Sur les matches amicaux, on voit des équipes qui se mettent en position attentiste pour protéger leur zone et qui, du coup, subissent, puis qui se découvrent pour revenir au score et c’est là qu’elles comptent des points.  Les équipes sont encore en phase d’adaptation.
Les 3 points pour une victoire en temps réglementaire, je pense que c’est un bon changement qui devrait être fait partout, y compris en NHL où les équipes y sont majoritairement favorables.  L’équipe qui gagne en règlementaire mérite un point de plus que celle qui va en prolongation ou en fusillade.


Quels seront vos objectifs cette saison ?

Gagner. Tu vises toujours la victoire et tu commences toujours une saison pour la gagner. On a un gardien de top niveau qui peut nous amener à la victoire. Je suis encore en train d’évaluer notre effectif. On est très jeune et comme je l’ai dit, ça a ses avantages et ses inconvénients.


Quels sont selon vous les favoris cette saison ?

Anglet, Mulhouse, Nice devraient être au rendez-vous.  Cholet et Courbevoie se sont beaucoup améliorés. Dunkerque, après une phase d’adaptation, devrait être dangereux. Et j’espère bien que nous serons dans la lutte pour le haut du classement.

Avec un effectif largement renouvelé, les Bisons affichent de réelles ambitions. La principale interrogation réside dans la rapidité d’adaptation des nouvelles recrues à notre championnat. Si cette adaptation est bonne, Frank Spinozzi, qui peut compter sur un gardien dominant, peut ramener ses troupes en haut de l’affiche.