Hockey Hebdo : Quels enseignements avez-vous tirés de la saison passée et comment cela a-t-il influencé la construction de votre groupe ?
Jérôme Pourtanel : Ça m’a rappelé mes années à Neuilly. Le championnat de D1 est long, il faut avoir la patience de s’entraîner 5 fois dans la semaine pour 1 match hebdomadaire. Donc la première décision ça a été de reprendre l’entraînement 1 semaine plus tard que la saison dernière. On a connu une très belle saison en terminant 6ème, ce qui est vraiment bien pour un promu. On a donc cultivé le travail et c’est sur cette valeur de travail qu’on a voulu bâtir notre équipe.
Que vont vous apporter vos nouvelles recrues ?
Dans notre culture de travail, on voulait apporter un peu plus de réalisme, on n’a pas assez marqué la saison dernière. On voulait des joueurs habiles et l’arrivée de Vastusko, Perna ou Crosnier s’inscrit dans ce cadre. Mais l’efficacité qu’on recherche doit passer après le travail qui reste notre valeur première. Perna est un super gars et il souhaitait revenir sur la région pour des raisons personnelles, il va aussi s’investir dans le mineur et c’est ce qui a permis de financer son arrivée. Vastucko je le connais depuis tellement longtemps que je connais ses valeurs et ce qu’il peut nous apporter.
Votre effectif n’a finalement subitque quelques retouches et vous vous inscrivez dans la continuité de la saison dernière ?
C’est exactement ça. On a conservé notre colonne vertébrale Kubis-Birolini-Delorme-Jones qui nous a guidés la saison dernière. Le seul qu’on aurait aimé conserver mais qui a décidé d’arrêter sa carrière, c’est Petr Domin qui a été exceptionnel la saison dernière. Tous les autres souhaitaient rester donc on a pu s’inscrire dans la continuité.
Ton effectif s’est aussi « francisé » ?
On est naturellement passé de 9 à 7 renforts étrangers, ça fait longtemps que je n’avais pas coaché une équipe en parlant si peu anglais. Je pense qu’il faut revenir à avant l’arrêt Bosman et se dire qu’on doit prendre 5 ou 6 joueurs étrangers qui amènent une réelle plus-value et tirent nos Français vers le haut. Il y a encore quelques années, on prenait 10 voire 12 étrangers qui ne venaient pas pour le club mais pour prendre leur argent et enrichir leur CV. Aujourd’hui, on en revient et ce n’est pas pour me déplaire.
Est-ce que la validation retardée par la commission de contrôle de gestion a été un handicap dans votre recrutement ?
On était serein car on était plus dans un non-respect de la procédure fédérale par rapport à notre dossier que dans une situation financière critique. On a été légèrement retoqué et la conséquence c’est qu’on a dû renoncer à recruter un joueur d’expérience par rapport à nos souhaits initiaux. Mais pour les joueurs reconduits ou les nouveaux, cela n’a pas été un problème. Tous voulaient venir ou revenir et j’ai une relation de confiance avec tous ces joueurs. Je me suis engagé vis-à-vis d’eux et ils savent que, lorsque je m’engage, ils peuvent me faire confiance.
Que pensez-vous des nouvelles règles qui entreront en application cette saison ?
Pour la victoire à 3 points, c’est difficile d’avoir un avis mais ça donne la légitimité à celui qui gagne en temps règlementaire et je pense que c’est plutôt logique. Ca avantage les grosses équipes et va creuser le fossé avec ceux qui s’arrachent pour tenir le score en temps règlementaire. Mais je ne pense pas que ça influera sur le jeu.
Le recul des lignes bleues, c’est … Quand on recule les lignes bleues selon les règles et dimensions internationales sur une patinoire 56*26 comme la nôtre, on se retrouve avec les sorties de prison en zone offensive ou défensive, des lignes bleues qui touchent le cercle central. Donc avec une zone neutre qui ressemble à un couloir et des joueurs hors-jeu quand ils sortent de prison. A Toulouse-Blagnac, Dunkerque ou Caen les changements n’ont pas encore été faits. C’est un peu free style et bon courage à tous pour les organisations de jeu.
Notre sport est en train de se modifier avec ce changement, notamment en power-play. Il y a beaucoup plus d’espace en supériorité et de distance à parcourir en infériorité. On verra certainement des box-play moins agressifs. On va s’adapter mais ça prend du temps, il y a beaucoup de hors-jeu au début.
C’est une vraie modification des organisations de jeu, je pense que certains vont carrément sauter la zone neutre. Beaucoup d’équipes qui jouaient en 2-1-2 ou 1-2-2 vont passer en 1-3-1 pour avoir le dernier défenseur très bas pour contrer les équipes qui vont de plus en plus envoyer le palet en fond de zone offensive. Le dernier défenseur devra être plus bas pour être le premier sur le palet et compenser son déficit de vitesse souvent lié au gabarit par rapport à l’attaquant et le temps qu’il lui faudra pour faire son pivot.
Avec ce manque d’homogénéité dans l’application des règles, les matches à l’extérieur vont être compliqués pour tout le monde. Y compris pour les arbitres quand les lignes ont été reculées sur des petites glaces. Je pense qu’on aurait dû avoir un recul intermédiaire pour les petites glaces et changer partout en même temps.
Beaucoup pensent qu’il sera difficile pour le champion de D1 de monter en Magnus, c’est aussi votre avis ?
Je demande à voir. On arrive à une homogénéité en D1 qui se rapproche de celle de la Magnus, avec un niveau certes moins élevé. Mais entre un champion de D1 qui sera sur une dynamique de victoires et une équipe qui aura perdu beaucoup de matches, l’écart de niveau pourrait être comblé par l’écart de mental.
Avec ce groupe peu modifié et donc une cohésion plus facile à trouver, quels seront vos objectifs cette saison ?
C’est assez compliqué à évaluer. Offensivement, on s’est amélioré, derrière il nous manque la recrue à laquelle on a dû renoncer. Je pense que, comme l’an dernier, l’ambition va venir étape après étape. On ne va pas dire qu’on joue le maintien, on vise clairement les play-offs. Mais on ne va pas brûler les étapes. D’abord assurer le maintien, ensuite les play-offs et, pourquoi pas, viser plus haut après. On a un début de championnat très compliqué et la dynamique ne sera pas la même si on en sort avec 0 ou 9 points.
Quels sont pour toi les favoris du championnat ?
Aujourd’hui, on parle uniquement en fonction des effectifs sur le papier et on a vu la saison dernière qu’il pouvait y avoir des éléments extérieurs qui influaient sur le jeu, je pense à Dunkerque notamment. Sur le papier donc, je vois Neuilly et Nice qui ont des renforts de très haut niveau, Mulhouse qui a un vrai projet de monter en Magnus, Caen qui a une expérience de Magnus et un bon groupe de joueurs français, Courbevoie qui a une vraie qualité d’effectif, Dunkerque qui peut être dangereux, Nantes qui a de belles recrues, Cholet qui tente des paris avec des joueurs d’expérience, Anglet bien sûr… C’est très très ouvert. C’est homogène et de haut niveau, celui qui ne tiendra pas mentalement aura du mal à être dans les 8.
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