À l’heure du match 4 de la série, tout est encore possible. Nul doute que les Gothiques d’Amiens vont tout donner pour bâcher la série. Ils n’ont pas pu le faire la veille mais veulent se donner les moyens d’éviter un 5ème match couperet. En face, l’Étoile Noire de Strasbourg peut commencer à imaginer un nouveau scénario : elle a su l’emporter la veille et peut réitérer l’exploit de se sauver une nouvelle fois. Dans tous les cas, les deux équipes commencent à se connaître sur le bout des doigts. Les rencontres, loin d’être routinières, sont au contraire chaque fois plus savoureuses.
Arbitres : Mr Bergamelli assisté de Mme Boniface et de Mr Dehaen
Buts : Strasbourg : 08.19 David Brissette Cayer (ass Edouard Dufournet et Michal Cesnek) ; 13.19 Lionel Tarantino (ass Blake Gallagher et Michal Cesnek) ; 29.36 Elie Marcos (ass Timo Kuuluvainen et David Brissette Cayer) Amiens : ; 19.42 Kevin Bergin (ass Martin Tomasek et Luka Basic) ; 42.58 Angel Nikolov (ass Luka Basic et Martin Tomasek)
Pénalités
12 minutes contre Strasbourg
16 minutes contre Amiens
Photographe : Christophe Moreau
Premier but de David Cayer
Gardiens en jeu :
Strasbourg : Vladimir Hiadlovsky
Amiens : Billy Thompson
Le début de match est bien plus posé qu’hier, comme s’il y avait un round d’observation. Les deux équipes se connaissent pourtant très bien, c’est la 8ème fois qu’elles se croisent cette saison, mais personne ne veut faire de faux-pas qui pourrait coûter très cher à ce stade de la compétition. Il faut attendre la 5ème minute pour assister à la première occasion de marquer, offerte par la crosse de Young, qui décoche un tir masqué depuis la bleue. Il est immédiatement imité par Tomasek, dans le sens opposé, qui vient inquiéter Hiadlovsky. À partir de là, la hache de guerre est déterrée, la bataille est bel et bien engagée. Diamond Dave ouvre le score ! En verve dans cette série, le Canadien bluffe un défenseur en entrant dans la zone. Il arme alors un tir dont la trajectoire hallucinante laisse le gardien pantois (1-0, 8’19). Immédiatement après, les Strasbourgeois continuent d’imposer leur présence devant les filets amiénois. Loin de s’endormir sur l’avance au score, l’offensive strasbourgeoise pousse encore un peu plus.
La défense amiénoise n’est certainement pas née de la dernière pluie et elle coupe toute construction, s’interposant sur les trajectoires des passes strasbourgeoises. Les Gothiques défendent tant et si bien que la première pénalité, sifflée à leur encontre, est presque intégralement tuée. Sans aucun tir pendant les 100 premières secondes de supériorité, l’Étoile Noire va pourtant réussir à trouver la brèche en toute fin de pénalité. Cesnek, esseulé à la ligne bleue, envoie un shoot foudroyant, dévié par Tarantino, lui aussi esseulé dans le slot. La rondelle file derrière le gardien, dont la vue est masquée par le Toulousain (2-0, 13’19).
Les esprits s’échauffent, la frustration des Amiénois débouche sur des débordements regrettables, mais le jeu continue. Préférant répondre avec sa crosse qu’avec ses poings, Baazi, tireur d’élite, arme son slapshot et touche la transversale, ratant la lucarne d’un cheveu. Néanmoins, les frictions deviennent monnaie courante : à chaque charge, chaque contact, la bagarre n’est jamais loin. Le paroxysme des coups bas est atteint lorsque Rzeszutko, derrière le gardien strasbourgeois, s’écroule sur lui et le coince au sol. Mais le jeu continue toujours.
L’arbitre finit tout de même par intervenir pour calmer les ardeurs belliqueuses. Devant la cage strasbourgeoise, Young bouscule Bachet et est envoyé en prison. L’arbitre n’est pas dupe, car il punit également l’attaquant amiénois pour simulation, mais, de facto, l’Étoile perd quand même un homme car Young écope de 2+2 alors que Bachet ne prend que 2. Le plongeon de Bachet finit néanmoins par payer, car en double supériorité, les Gothiques font tourner le palet et trouvent le fond des filets. Dans un véritable jeu de billard, le palet circule très rapidement entre les crosses de Morissette, Basic, Tomasek et Bergin, pour terminer sa course au fond (2-1, 19’42). Le but, à l’image de la stratégie amiénoise en supériorité, est admirable. La manière d’obtenir la supériorité l’est malheureusement bien moins. Ce but clôt la première période, nettement dominée par l’armada alsacienne, mais les Gothiques parviennent à revenir au score.
Tirs : 7 - 15
Face-offs : 11 - 10
Photographe : Christophe Moreau
Le second vingt s’ouvre sur un visage bien différent du précédent, à croire que le stratège amiénois a trouvé les bons mots pour remonter ses hommes pendant la pause. Les Gothiques mettent une pression bien plus insistante et le palet ne quitte plus la zone d’attaque. Les rouges et blancs viennent cogner à plusieurs reprises à la porte du cerbère strasbourgeois, mais ce dernier ne sourcille pas. Cependant, l’égalisation semble toute proche. Le jeu des Gothiques, s’il s’est nettement amélioré au niveau technique, est toujours bien trop brutal. Si l’arbitre laissait jouer lors du premier tiers, il est hors de question qu’il laisse la place à des débordements qui pourrait amener à un scénario similaire à celui de samedi. À partir de là, il prend ses responsabilités et mène la rencontre d’une poigne de fer, sanctionnant toute action sournoise. Mortas puis Basic en font les frais. Loin de se laisser abattre, la défense amiénoise joue en rangs serrés, très regroupée autour de son gardien. Les tirs viennent s’écraser sur Thompson comme des vagues sur un rocher immuable.
Comme au tiers précédent, c’est sur la longueur que l’escouade picarde finit par craquer. À la fin d’une énième pénalité, l’Étoile Noire trouve la faille : Marcos récupère le rebond d’un tir de Kuuluvainen. Le capitaine envoie un tir du poignet en direction des buts, que dévie Stritz pour l’envoyer entre les bottes du gardien (3-1, 29’36).
Plus rien ne retient les Gothiques, qui ont décidé de destabiliser le portier strasbourgeois à force de coup bas et de coup de crosse en traître. En conséquence, une grande portion de la période est disputée en jeu de puissance strasbourgeois. Le jeu musclé des Gothiques, à la limite de la brutalité, entraîne des fautes à répétition. C’est une véritable épine dans le pied de la formation du coach Leime, qui doit défendre la plupart du temps, parfois même à 3 contre 5. Lorsque les deux équipes sont au complet, pourtant, le jeu est très disputé et l’équipe d’Amiens se montre très présente, démontrant qu’elle n’aurait pas besoin de jouer de la sorte.
Pour l’Étoile Noire, les tirs s’enchaînent : Cruchandeau, Cayer, Gallagher et tant d’autres viennent s’essayer contre Thompson. La défense rouge et noire est bien en peine d’empêcher ces tirs, et le portier amiénois signe de nombreux arrêts qui sauvent son équipe d’un match plié trop tôt. En dépit des longues minutes en jeu de puissance, l’Étoile Noire ne parvient pas à inscrire le ou les buts nécessaires et suffisants pour se mettre à l’abri d’un retour.
Le match semble faire écho à celui de la veille. Les locaux dominent, les visiteurs peinent à sortir la tête de l’eau. Cette fois néanmoins, les frictions vont bien plus loin et l’arbitre n’hésite pas à sanctionner.
Tirs : 12 - 11
Face-offs : 14 - 7
Photographe : Christophe Moreau
Cibula pourra rejouer samedi
Tout est lâché dans la dernière période. En une seule minute, les deux équipes s’offrent chacune une occasion, c’est dire si le jeu est rapide et si rien n’est encore joué. Bien conscient qu’il reste encore largement le temps de se refaire, Amiens prend les devants et met la pression sur les filets strasbourgeois. Nikolov, servi par Basic, parvient même à les faire trembler sur un tir direct depuis la bleue. Le palet n’est pas dévié mais le gardien a la vue masqué par Rzeszutko, habilement placé (3-2, 42’58).
Ce but relance le match, tout est encore possible. Cela se ressent immédiatement sur la glace, les Amiénois mettent un coup d’accélérateur, aidés par une pénalité appelée à l’encontre de la formation locale. La tension propre aux matchs de playoffs est bien là, jusque dans les dernières minutes de la rencontre. Le public vibre, le match est un vrai régal. Hiadlovsky, comme Thompson, signe de nombreux arrêts remarquables. C’est un véritable duel de gardiens, dans un tiers-temps marqué par les tirs qui fusent des deux côtés.
Les Gothiques jouent le pressing. Que ce soit à jeu égal, en supériorité ou en infériorité, les Amiénois poussent le jeu jusqu’au bout, à chaque instant, dans chaque duel. Ils jouent à fond, ce qui est bien compréhensible : s’ils obtiennent la victoire, la série est gagnée, sinon, ils auront au moins éprouvé les organismes des adversaires pour le match décisif de samedi.
Devant la fin approchante de la rencontre, Roussel vient slalomer entre les défenseurs pour se retrouver seul face au gardien. Il arme son tir et l’envoie bien trop haut, mais il aurait pu faire beaucoup plus mal. En face, l’Étoile joue la sécurité. L’équipe ne se découvre pas, les palets sont dégagés ou envoyés au fond. Cela n’empêche pourtant pas à l’offensive strasbourgeoise d’aller tester les réflexes du gardien adverse, comme cette occasion de Correia, à quelques minutes de la fin.
À la 58ème minute et devant l’imminence d’une deuxième victoire strasbourgeoise, Leime demande un temps-mort, probablement pour discuter de la sortie de son gardien. Cépendant, l’Étoile Noire impose sa présence et maintient la possession du palet juste devant les filets amiénois, empêchant le portier de rejoindre le banc trop tôt. Il ne parviendra à le faire que pour les 30 dernières secondes, mais l’opportunité est gâchée par un mauvais geste de Bergin, chassé par la patrouille. Après la faute, le palet est laché en zone amiénoise, contraignant le gardien des Gothiques à revenir et scellant la victoire de l’Étoile Noire.
Tirs : 9 - 12
Face-offs : 13 - 14 Rien n’est encore joué, aucune de ces deux équipes ne peut encore prétendre à des vacances anticipées ni à un quart de finale face à l’ogre rouennais. En confiance après les deux victoires à domicile, les Gothiques ratent deux occasions de boucler les huitièmes. L’Étoile Noire interrompt d’ailleurs une série de 8 victoires d’affilée pour leurs adversaires picards.
Le match du jour est une répétition du match de la veille, ce qui sourit à l’équipe strasbourgeoise, même si le coach s’en excuse en clin d’oeil à la presse. Il est difficile de penser que les Gothiques n’accusent pas le coup de s’être fait remonter après avoir flirté avec une série en 3 matchs. De l’autre côté, l’Étoile est sur une bonne lancée, presque inespérée 2 jours auparavant, et décroche un 5ème match où tout est possible. Ce soir, Jan Cibula est l’homme le plus heureux du monde : il a écopé de 2 matchs de suspension, samedi dernier, et risquait donc de ne plus jouer cette saison. Ses coéquipiers lui ont offert un beau cadeau : la possibilité de remonter sur la glace.
«Si on a gagné ces 2 matchs à Strasbourg, avec le courage et avec la volonté, ce n’est pas pour aller perdre à Amiens» souligne Daniel Bourdages. Son équipe ne s’est jamais imposée au Coliséum, mais les 5èmes matchs ont une fâcheuse tendance à être le théâtre de l’impossible.
Rendez-vous est pris samedi prochain, à Amiens, après un séjour à Strasbourg qui a été fatal aux Picards.
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