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Hockey sur glace - Division 2
Un bel écrin pour deux ambitieux
 
La veille de la finale de Coupe de France, la grande glace de Bercy accueillait un derby francilien de D2 entre les Français Volants de Paris et les Jokers de Cergy. L’occasion de faire un point sur le présent et l’avenir de 2 clubs ambitieux.
 
Paris POPB, Hockey Hebdo Hugues Bolloch le 28/02/2014 à 10:10
Les Français Volants regardent plus haut

Xavier Martineau ne pouvait rêver plus belle sortie. Pour son dernier match en tant que Président des Français Volants (il n’était pas candidat à sa propre succession lors des élections qui se sont tenues début février), son équipe évoluait dans ce qui fut son territoire dans les années 80, la grande glace du POPB. Au-delà des souvenirs que cet événement a pu ranimer, c’est avant tout  vers l’avenir que veulent regarder les Parisiens.

 « C’est un super événement. Ca montre qu’il y a un public à Paris » se réjouit le Président parisien, Pourtant, malgré les quelques 2 000 spectateurs présents, le POPB semblait bien calme. Alors comment remettre le hockey parisien sur le devant de la scène ? Xavier Martineau, spécialiste du marketing sportif ne manque pas d’idées « On a des idées pour mettre en lumière le club, mais on manque de moyens pour les mettre en œuvre. En communication, il y a des investissements à faire, par exemple 2 encarts dans les gratuits pour le match de ce soir, c’était 10 000 €.  Aujourd’hui, on a un budget qui nous permet de fonctionner mais pas d’investir. »

Des investissements, le club en a réalisés sur le plan sportif au cours des dernières saisons, mais la montée en D1 qui lui semblait promise s’est à chaque fois dérobée à lui, de façon parfois cruelle comme face à Annecy il y a 2 ans « Je me suis battu pendant 4 ans pour le club monte de division en division en s’appuyant sur la formation. On n’y est pas arrivé. Parce qu’on n’a pas passé les étapes sportives. Parce qu’on n’a pas pu créer la SAOS qu’on voulait. Il faut grandir étape par étape sans mettre en péril l’association qui a 80 ans. »
Cette saison, avec une équipe confiée au duo de novices Jérôme Wagner - Antoine Amsellem, montée à la hâte avec un budget restreint et un engagement en D2 remis en cause par la CNSCG cet été, les résultats sont au-delà des espérances « Cette saison, on prend les matches les uns après les autres. Notre budget est restreint suite aux désistements de deux sponsors. La fermeture de Bercy va nous faire faire un pas en arrière en termes de préparation. Notre équipe, c’est avant tout une bande de copains qui s’amusent sur la glace. En tant que Président, c’est un grand plaisir. »
Photo hockey Division 2 - Division 2 - Un bel écrin pour deux ambitieux
Photographe : Dom Roux

Le lifting, plus que nécessaire, que va subir le POPB va en effet priver les Volants de glace pendant de longs mois. Après le 1er tour des play-offs, les Parisiens devront se replier sur les glaces d’Ile-de-France pendant 8 mois. On touche là l’un des handicaps et l’un des paradoxes du hockey parisien, Paris intra-muros ne compte que 2 patinoires permanentes. Bercy donc, et Pailleron, dans le 19ème arrondissement, qui n’est pas aux dimensions pour accueillir des matches de hockey. Les seniors parisiens finiront leur saison à Courbevoie alors que le mineur se répartira sur Pailleron et les patinoires de banlieue. Inutile de préciser que la préparation de la prochaine saison sera des plus compliquées pour l'équipe senior.

A la fin de l’année, si tout va bien, les Volants récupéreront la petite glace de Bercy dont la capacité aura été légèrement augmentée. Mais en sortant du vestiaire parisien, il suffit de pousser une porte pour entrer dans le grand Bercy, une porte que Xavier Martineau aimerait bien voir s’ouvrir un weekend sur 2 «Pour rêver plus grand il faut avoir des structures et des financements privés.  Le coût d’organisation d’un match à Bercy est d’environ 40 000€. Le point mort est donc de 5 à 6000 entrées payantes avec des billets à tarif raisonnable. »

Que manque-t-il aujourd’hui au club parisien pour aller au bout de ses rêves ? Des résultats bien sûr, puisque seuls des matches de Magnus sont capables de mobiliser ce nombre de spectateurs dans une ville où l’offre de spectacles, sportifs ou autres, est pléthorique. Des structures aussi, on l’a vu. Mais surtout de la médiatisation pour émerger et attirer public et partenaires « Dans le hockey français, on manque de médiatisation. On a besoin d’un support médiatique qui nous donne de l’exposition. Peut-être que l’accord entre la fédé et l’équipe 21 nous en apportera. Mon métier c’est le marketing sportif, j’ai cherché des partenaires mais le retour qu’on peut donner sans médiatisation est un énorme frein. On a une histoire, un public, il nous manque de la médiatisation. On a une marque "Français Volants", les supporters qui ont vécu les grandes heures du club dans les années 80 reviennent nous voir. On a une âme, une histoire. On a de très bonnes bases, mais il faut pouvoir les exploiter, on touche peut-être aussi aux limites du bénévolat. »

Pourquoi ne pas prendre le virage de la KHL comme commencent à le faire d’autres clubs européens ? Une ligue de haut niveau, « fermée » à laquelle pourrait prétendre Paris avec un POPB rénové. « Je ne crois pas à la réussite de la KHL en France. Une champion’s league européenne, qui était à l’origine le projet de l’IIHF avec Gazprom, avant que celui-ci ne fasse sécession et ne crée sa propre ligue, serait plus adaptée à mon avis. Une KHL ne serait pas forcément porteuse en terme de public, pas sûr qu’un Français Volants-Magnitogorsk remplisse Bercy. Pour l’instant, on essaie de structurer le club et de gravir les échelons un à un. »

Cergy, l’atout Aren’Ice

Face aux Parisiens ce soir-là, les Jokers de Cergy sont portés par une dynamique nouvelle « Nous allons être le club résident de l’Aren’Ice. Pour nous, c’est un outil énorme qui sera livré dans 3 ans » se réjouit Christophe Cuzin, son Manager Général. Descendus en D2, les Jokers partent de loin mais s’inscrivent dans une logique à moyen terme « C’est pour nous un point de repère. Nous avons mis en place une politique de développement du club avec ce marqueur. Notre développement sportif va être axé en priorité sur les Français, et même sur les Franciliens. Nous aurons pour vocation d’être un des pôles de rayonnement de l’Ile-de-France. Ca passe par un pôle de développement solide. La première étape est franchie avec l’obtention du label fédéral pour les U9 et l’école de hockey. »

Le club du Val d’Oise a, depuis quelques années, délaissé sa formation et connaît quelques « trous d’air » dans certaines catégories. Comme il avait commencé à le mettre en place à Asnières, Christophe Cuzin veut donc axer la progression de son club sur la formation « Nous avons mis en place une politique sportive ambitieuse U11 – U18 avec des heures de glace en hausse, une préparation hors glace. Une éthique de travail. Des classes à horaires aménagés en collège, l’objectif étant d’avoir des classes de lycée lors de la livraison de l’Aren’Ice et d’obtenir le label Parcours d’Excellence Sportif. »

Pour le manager des Jokers, le retour en D1, objectif avoué du club à un horizon de 3 ans, passe par la mise en place de structures solides et d’une politique de formation volontariste «  La structuration doit passer avant le reste. On est un sport mineur, mais dont le coût reste raisonnable. En se structurant, on peut atteindre un certain niveau de performance. Ce niveau permettra ensuite d’attirer les partenaires et les médias. Remplir le POPB toutes les semaines, c’est compliqué. On l’a vu avec la coupe de France : on remplit Bercy mais on n’entend presque pas parler de nous. Tout simplement parce que l’offre de sports et de spectacles à Paris est très importante. » Sur ce constat au moins, les Jokers et les Volants se rejoignent. Mais la future ouverture de l’Aren’Ice offre des perspectives intéressantes au club du Val d’Oise. « Quand on évoluera dans l’Aren’Ice, on aura une offre de haut niveau en terme de loges, de réceptif… On n’aura rien à envier aux clubs de Magnus à ce niveau-là. Ce sera un moteur marketing qui nous aidera à passer les caps. » Et l’absence de médiatisation dont faisait état Xavier Martineau, comment est-elle perçue du coté de Cergy ? « Bien sûr, sans médiatisation on n’existe pas, mais c’est plus une résultante qu’autre chose.  Elle viendra si on tient notre tableau de marche. »

Mais pas question pour Christophe Cuzin de tout sacrifier pour avoir une équipe de haut niveau lors de la livraison de l’Aren’Ice prévue fin 2016. Le manager général souhaite inscrire son club dans une logique de développement « durable et sociale ». Pour que son équipe s’appuie sur une majorité de joueurs issus des équipes de jeunes du club et mette à profit l’énorme réservoir francilien, il se fixe des objectifs qui vont au-delà du seul hockey « L’objectif général est d’aider les joueurs à bien préparer leur vie d’adultes tout en réussissant leur vie de sportif. On le fait déjà, on va maintenant monter en puissance. Dans notre sport, après une carrière de haut niveau, il faut continuer à travailler, on ne peut pas devenir rentier comme dans d’autres sports. Il faut donc offrir des possibilités aux jeunes qui nous rejoindront : études pour certains, travail pour d’autres. Il y a de la place en Ile-de-France pour plusieurs structures de ce type, à l’image du pôle Evry-Viry qui se structure dans le sud. » En s’inspirant de ce qui se fait aujourd’hui à Rouen ou Amiens par exemple, l’objectif est clairement de construire sur le long terme et d’offrir des perspectives aux jeunes hockeyeurs franciliens, sans brûler les étapes et en s’assurant que chaque avancée puisse être pérennisée.

Le chemin à parcourir reste long. D’un point de vue sportif d’abord, puisque le club est presque reparti de 0 en terme de formation et se débat aujourd’hui en bas de tableau de D2. Sur le plan structurel également, puisque l’objectif de construire à partir de la formation est un objectif à moyen ou long terme qui peut vite être rattrapé par l’impératif de résultats. Mais Christophe Cuzin et les Jokers ont de beaux atouts en mains. L’Aren’Ice d’abord, un discours et une volonté qui commencent à se traduire en acte chez les plus jeunes ensuite.

Sur la glace, les Volants clairement au-dessus.

Sur la glace de Bercy, le contraste est saisissant entre une équipe des Volants, leader surprise de sa poule, et des Jokers qui occupent la dernière place du classement. Les joueurs du duo Wagner-Amsellem donnent le tournis à ceux de Petr Prajsler, ancien coéquipier de Wayne Gretzky chez les Los Angeles Kings.
Photo hockey Division 2 - Division 2 - Un bel écrin pour deux ambitieux
Photographe : Dom Roux

Steven Legatto, le gardien canadien des Jokers, doit se multiplier pour retarder l’échéance. Certainement impressionnés d’évoluer dans le « grand Bercy », les Parisiens se montrent maladroits, mais l’expérimenté Vastusko trouve le premier la faille. Ce but donne confiance aux Volants qui vont rapidement concrétiser leur domination sous l’impulsion d’un Guilhem intenable. C’est d’abord Levot qui double le score avant que dans le tiers médian les deux entraîneurs-joueurs ne trouvent la faille. En supériorité et de la bleue pour Wagner, en infériorité et sur une offrande d’un défenseur adverse pour Amsellem.

Le jeune Bolomier prend la place de Blase devant le filet parisien en début de 3ème tiers, Guilhem est récompensé de ses efforts en marquant le 5ème but. En toute fin de match, les Jokers bénéficient d’une double supériorité et font sortir leur gardien pour enfin parvenir à débloquer leur compteur.

Il n’y avait pas photo sur la glace de Bercy ce soir. Si les 2 clubs nourrissent des ambitions convergentes à moyen terme, les Volants possèdent indéniablement une longueur d’avance au niveau sportif, pour l’instant au moins. Alors que la saison des Jokers est terminée, les Parisiens peuvent nourrir de légitimes ambitions au moment où s’ouvrent les play-offs.

Les quelques 2 000 spectateurs présents ont peut-être assisté à la naissance, ou à la renaissance, de 2 clubs ambitieux. Certes  les Skinner, Haas ou Pajonkowski n’étaient pas sur la glace ce soir, mais pourquoi ne pas rêver à retrouver des matches de haut niveau à Bercy ou dans la future Aren’Ice ?
 
 
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