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Hockey sur glace -
Winter Game : le décryptage
 
Retour sur l'événement grenoblois avec quelques réflexions sur le modèle économique et le décalage entre réussite événementielle et échec sportif.
 
Grenoble/HH/LL, Hockey Hebdo LL le 27/12/2013 à 14:50
Photo hockey  -  - Winter Game : le décryptage
Photographe Laurent Lardière
Avec les dernières retombées incandescentes du superbe feu d’artifice final, on pouvait dire que le Winter Game grenoblois, premier de son espèce dans la capitale des Alpes et même dans tout l’hexagone avait pris fin. Mais pour quel résultat et surtout quelle perspective ?
 
Sur le plan de l’animation, force est de reconnaître que l’événement a été globalement un franc succès, avec un public venu en nombre et sans doute reparti globalement satisfait, principalement motivé par les animations et le show général, et non pas par un résultat sportif une nouvelle fois décevant. Avec 19.767 spectateurs, la fête grenobloise bat en effet certains records français de l’ère moderne, sans toutefois s’approcher des records mondiaux du genre, mais qu’importe, le plus important est que le public ait pu apprécier l’ensemble et soit susceptible de revenir si l’événement est renouvelé.
 
Dans le même sens, la direction des BDL a pu savourer son succès, alors que la METRO (Communauté d’Agglomération grenobloise) s’était montrée réservée au départ et que même la FFHG avait donné, en coulisses, quelques signes interrogatifs sur la capacité du club à gérer un tel sommet. Après avoir construit un stade au service d’un club de football qui, malgré la perfusion des subventions publiques, n’est jamais parvenu à exister plus de deux saisons au plus haut niveau, les pouvoirs publics seraient bien avisés de plébisciter un renouvellement de cette expérience. De manière surprenante, la FFHG paraît, pour le moment, valider le principe d’une seule rencontre de ce type par an, ce qui n’a aucun sens lorsque l’on considère les difficultés financières du hockey français et les possibilités qu’offrent ces classiques hivernales pour rester sur le mot français à employer pour ce type d’événement.

Car au-delà du succès de l’organisation, il faut bien parler d’un pari gagné sur le plan financier et, avec lui, un modèle économique pas inintéressant. Partis avec sur la table entre 600-700 mille euros, selon nos confrères du Dauphiné Libéré (édition du 22/12/2013), la manifestation devrait au final dégager un profit significatif pour les Brûleurs de Loups dont on sait que les comptes font l’objet encore cette année d’une surveillance particulière, après les dérives enregistrées sous la présidence de Jean-Luc Blache. Combien ? Sincèrement nous l’ignorons mais clairement de quoi passer l’hiver au chaud et de donner de l’air à un budget d’ensemble autour de 2 millions deux cents mille euros. Dans un contexte économique difficile, peuplé de partenaires de plus en plus exigeants et parfois versatiles, et de collectivités qui rechignent de plus en plus à payer le sport professionnel, l’organisation de tels événements paraît être comme l’une des rares portes encore ouvertes pour équilibrer son budget. Dans le cas grenoblois, ce show unique permet également de compenser une certaine érosion du public habitué et de remettre à plat un contexte sportif particulièrement défavorable avec dix défaites lors des dernières douze rencontres.

Photo hockey  -  - Winter Game : le décryptage
Photographe Laurent Lardière
Reste en effet que, malgré l’incontestable succès populaire, la nouvelle défaite subie a fait grincer davantage des dents déjà bien limées, avec des salariés du club souvent moins bien payés que les hockeyeurs et qui n’ont pas compté leurs heures pour un bilan positif tandis que les sportifs ont proposé une nouvelle partition plus que médiocre pour une équipe théoriquement vouée au podium de saison régulière en terme d’effectif comme de budget. Ce fossé entre la qualité organisationnelle et les résultats sportifs a peut-être échappé à une majorité du public non connaisseur, mais pas aux acteurs socio-politiques présents et encore moins aux supporters qui ont copieusement sifflé le coach grenoblois, curieusement suivis par une bonne partie de la tribune voisine lorsque le visage de l’intéressé s’est affiché sur les deux écrans en fin de rencontre. Quoi qu’il en soit, si la question la plus importante sur le plan sportif est bien le maintien de Jean-François Dufour à la tête de l’effectif, la possibilité de renouveler l’expérience, et pourquoi pas d’en faire un rendez-vous annuel, reste bien une interrogation primordiale sur le plan financier.
Naturellement, on pourra rétorquer que le travail accompli rend toute récidive difficile pour l’équipe technique des BDL, mais l’expérience acquise, on le sait, permet bien souvent de réduire considérablement les difficultés rencontrées. Peut-on déjà espérer revoir une telle assistance l’année prochaine en cas de reconduite ? Franchement, on ne voit pas pourquoi il en irait autrement. Le problème est que ces rencontres, synonymes de belles embellies budgétaires, paraissent réservées aux villes d’une certaine taille et disposant d’un stade en rapport. Pour la FFHG, de telles organisations font du bien au hockey français et nul ne pouvait, au Stade des Alpes, le nier, bien au contraire, mais si les grosses cylindrées arrondissent leurs bilans annuels avec ces temps forts, le risque est clairement de voir le fossé déjà très important se creuser entre ces dernières et les petites écuries. Si l’on ne voit pas pourquoi en effet des Rouen, Strasbourg et autres Dijon ne seraient pas capables de reprendre le flambeau durablement, avec pourquoi pas des équipes de D1 comme Lyon dans le coup également, le tout avec un cahier des charges qui assure le sérieux de l’opération, il n’est pas du tout certain que le public serait au rendez-vous comme à Grenoble. C’est bien ici que l’on trouve le principal écueil à de tels événements qui sont conditionnés par la popularité du hockey en général. Réserver un stade pour y voir 5 à 6 mille personnes seulement n’aurait, de ce point de vue, pas grand sens. Qui en France à part les Grenoblois peuvent, pour rester raisonnable, dépasser les 10.000 ? Sans doute Rouen, des clubs parisiens, à la condition qu’ils proposent une affiche plus élevée que la D1, Lyon, et pour les autres ce n’est pas gagné. Dans de grosses agglomérations comme Strasbourg, la tâche serait sans doute plus difficile mais possible.

Photo hockey  -  - Winter Game : le décryptage
Photographe Laurent Lardière
Alors le classique hivernal est-il voué à devenir le gros plus de quelques clubs élites qui peuvent compter sur le public ? A une rencontre par année, on doit pouvoir répondre par l’affirmative, mais à la condition que la FFHG en accepte la répétition, ce qui pour le moment n’est pas confirmé. Même pour  Grenoble qui a proposé un produit très attractif sur le plan financier, il semble difficile de pouvoir poursuivre dans cette voie sans stabiliser un plan sportif clairement sinistré depuis plusieurs mois. Si cet événement a franchement donné l’impression de prendre le pas sur toute autre considération au sein du club ces dernières semaines, pour ne pas dire mois, il semble difficile désormais d’ignorer un bilan sportif qui vaudrait le remplacement de l’entraîneur dans n’importe quelle ligue majeure de hockey dans le monde. L’argent gagné lors de la classique hivernale peut-il servir à opérer un tel changement en douceur début 2014 ? Sauf à se défausser d’une telle responsabilité, mais sur qui, il semble impossible pour la Présidente des BDL de ne pas emporter ces questions au pied du sapin et de les voir figurer au titre des bonnes résolutions de 2014. Le feu d'artifice de fin d'année fut beau, reste désormais à gérer la gueule de bois sportive qui se prolonge depuis trop longtemps.
 
 
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Réactions sur l'article
 
bill a écritle 30/12/2013 à 10:58  
ben alors là.... LAURENT.... BRAVO!!!
superbe analyse et comme toi on attend certains départs à la tête du club !
pour te dire, mon cher Laurent, je ne suis plus abonné et ma famille non plus je ne vais plus à pole sud (ou rarement) tellement je suis dégoutté depuis 4 ans !!!
mon retour sera lié au départ de DUFOUR (voir plus)
faut arrêter de nous prendre pour des C.. avec un énorme CCCCC!!!!
 
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