« Ils ne sont pas venus pour faire semblant » commentait Daniel Bourdages après la victoire de son équipe contre Gap en quart de finale de coupe de France le 10 décembre dernier. Si Strasbourg a remporté ses deux rencontres face aux Rapaces (en championnat le 28/09, 1-5), les scores ne reflétaient pas vraiment le jeu « construit » et « raffiné » développé par les Haut-Alpins. Si l’Étoile Noire reste sur une longue série de cinq défaites en Ligue Magnus, les trois points grappillés en trois prolongations lui permettent encore de viser le milieu de tableau. Le retour au jeu de joueurs cadres devrait aider à relancer la machine, mais gare à leur adversaire du soir, qui a peut-être amorcé un réveil en s’imposant à Morzine dernièrement.
Arbitres : Mr Bergamelli assisté de Mrs Metais et Caillot
Buts : Strasbourg : ; 03.22 Jan Pardavy (ass Sébastien Trudeau et Elie Marcos) ; 05.21 Elie Marcos (ass Jan Pardavy et Sébastien Trudeau) ; 19.18 Elie Marcos ; 31.15 Matt Lyall ; 33.08 Sébastien Trudeau (ass Michal Cesnek et Jan Pardavy) ; 53.17 Julien Correia ; 57.45 Cody Carlson (ass Peter Bourgaut) Gap : ; 17.17 Mickaël Perez (ass Nicolas Arrossamena) ; 31.54 Jouni Virpio (ass Colin Moore et Roman Vondracek)
Pénalités
18 minutes contre Strasbourg
36 minutes dont 10 à Arrossamena et Cornaire contre Gap
Lignes Strasbourg
1ère ligne : Trudeau/Marcos/Pardavy [Carlson-Suchanek]
2ème ligne : Cibula/Lyall/Correia [Turcotte-Stritz]
3ème ligne : Bourgaut /Michel/Burgert [Cesnek-Cruchandeau]
4ème ligne : Baeumlin-Dufournet-Bourguignon
Les Rapaces à côté du début
Pas de phase d'observation, les deux équipes se connaissent déjà. Valchar ouvre d'emblée les hostilités en touchant le montant de Hiadlovsky (0'26). Le match démarre à tombeau ouvert, tant sur la glace que dans les tribunes pleines de l'Iceberg. Les restes de brume des fumigènes et le détachement de supporters gapençais participent à l'ambiance bouillonnante.
Les Strasbourgeois, portés par leur public, prennent le match par le bon bout. Lacheny part en prison pour faire trébucher (2'24) et le premier power play local se déploie. Trudeau, depuis l'aile, trouve Pardavy de l'autre côté, qui reprend instantanément (1-0 à 3'22, assisté de Michal Cesnek, en sup. num).
Photographe : Fernando de Abreu (archives)
Colin Moore tente de remettre les siens sur les rails d'un lancer en entrée de zone, bien capté par la mitaine du gardien alsacien (3'53). Trudeau remonte le palet à une allure fracassante et temporise derrière la ligne rouge. Il donne à Pardavy, excentré, qui lance dans le trafic. Marcos, embusqué au second poteau, dévie au fond (2-0 à 5'21).
A peine plus de cinq minutes de jeu se sont écoulées que Strasbourg a déjà pris un double avantage. Cesnek est sanctionné pour un faire trébucher (5'38) mais la défense en infériorité est irréprochable, avec notamment une double parade de Hiadlovsky (7'43). De retour à égalité numérique, Radim Valchar mène l'offensive haut-alpine avec un premier tir dans le plastron en bout d'échappée (8'45) puis en déstabilisant le portier slovaque avec Perez (9'49). Colin Moore laisse ses coéquipiers à court d'un homme pour cinglage, mais les locaux sont fébriles et négligent Virpiö, qui part en break, stoppé par un Hiadlovsky impassible (11'29). Le gardien s'illustre encore devant Valchar pourtant bien décalé (13'20). Pardavy, du fond de la zone gapençaise, trouve ensuite Marcos, libre de marquage dans l'enclave, mais le capitaine tire trop haut (14'50). Bourgaut et Burgert jaillissent en deux contre un, le premier choisit l'option individuelle (15'18).
Les Gapençais ne se laissent néanmoins pas abattre par leur double retard. Arrossamena déborde sur le côté et transmet à Perez au centre pour un one-timer sans espoir pour Hiadlovsky (2-1 à 17'17).
Lyall donne aux Rapaces l'opportunité de recoller au score en partant sur le banc pour faire trébucher (18'41). C'est sans compter Elie Marcos, qui fauche le puck à un défenseur et s'en va battre Garman du revers (3-1 à 19'18, en inf. num.).
Tirs cadrés : 16 / 7 Gap
Les Rapaces la vitesse supérieure
Contrairement au premier, le second tiers-temps met du temps à démarrer avec, dans les cinq premières minutes, une succession d'attaques-défenses sans franche occasion. Hiadlovsky neutralise d'un puck-check un rush de Circelli et Perez, (24'11) avant que Garman se manifeste à son tour en dégoûtant Correia d'un grand écart magistral (24'32).
Gap porte le danger à la cage par Arrossamena (27'35) puis Perez, abandonné à un côté de la patinoire alors que toute l'équipe strasbourgeoise est massée de l'autre (28'28) ! Hiadlovsky écope de deux minutes pour cinglage (30'21) mais les blancs et bleus vont encore se faire surprendre à cinq contre quatre. Lyall gratte le palet en zone défensive, fait mine de vouloir le dégager tout en se faufilant subrepticement vers la zone neutre.
Photographe : Laurent Lardière (archives)
Il allume alors le turboréacteur, déboule depuis l'aile et shoote en pleine lucarne, poursuivi par un escadron de Rapaces surclassés par sa vitesse d'accélération (4-1 à 31'15, en inf. num).
Sur la remise au jeu suivante, Correia laisse sur place ses adversaires et fonce immédiatement à la cage. Après une première partie plutôt morne, le second vingt est enfin lancé. Gap parvient somme toute à conclure son power play. Virpiö, décalé à mi-glace par Colin Moore, a le champ libre pour aligner Hiadlovsky (4-2 à 31'54, assisté de Roman Vondracek, en sup. num.).
Suchanek encaisse une charge appuyée contre la bande de Colin Moore et demande une pénalité contre son auteur, qu'il obtient (32'29). Bien en place dans le camp haut-alpin, Cesnek, de la ligne bleue, envoie un centre-tir dans le trafic que Trudeau dévie au fond (5-2 à 33'08, assisté de Jan Pardavy, en sup. num.).
Garman en a pris assez pour la soirée et confie sa place à Guillaume Duquenne. Valentin Michel est expédié en prison pour accrocher, mais il ne va pas y rester très longtemps (35'03)... Les hommes d'Ari Salo renouent avec l'efficacité en supériorité numérique, puisqu'il ne faut que cinq secondes à Colin Moore, lancé vers la cage, pour dévier une passe de Kai Syvasalmi après un engagement gagné par Circelli (5-3 à 35'08, en sup. num.).
La période s'achève par une pénalité pour cinglage sifflée à l'encontre de Marcos (35'40), au cours de laquelle Correia et Dufournet filent en contre-attaque (36'44).
Tirs cadrés : 12 / 9 Gap
Les Rapaces leur tour
Michel inaugure le dernier tiers-temps en interceptant une relance plein axe adverse mais il frappe au-dessus du cadre (41'48). Suchanek reste à terre, Paul Schmitt est le responsable de la crosse haute et part au pénitencier purger sa peine (43'58). Celle-ci est rapidement compensée par une obstruction de Cruchandeau (44'23). C'est le début d'une longue cascade de sanctions : deux plus dix minutes pour charge dans le dos pour Arrossamena (45'58), deux minutes pour attitude anti-sportive pour Alexandre Cornaire suite à une explication musclée avec Trudeau (46'22), deux minutes au banc de Gap pour surnombre, puis deux minutes chacun pour Marcos et Syväsalmi pour cinglage (49'19).
Photographe : Christophe Moreau (archives)
Cependant, rien ne sera marqué dans ces multiples configurations. C'est à cinq contre cinq que Burgert lance du poignet dans le bras de Duquenne (51'25). Syväsalmi retourne en taule pour faire trébucher (51'31), bientôt suivi par l'ex-Gapençais Suchanek pour un cinglage peu évident, dans la mesure où il essayait davantage de faire rentrer le palet après un rebond que de s'attaquer au gardien (52'29).
Il manquait un but aux Bas-Rhinois pour définitivement tuer le match, Gap leur offre sur un plateau. Correia, dans l'axe, intercepte une bien mauvaise relance de derrière la cage. Le deuxième ex-Rapace de l'équipe se retourne et propulse la rondelle juste sous la barre de Duquenne qui résonne à l'impact (6-3 à 53'17).
Les locaux se créént encore deux occasions, un contre Bourgaut-Michel (54'15) puis une mitaine du gardien français face à Lyall (56'52) avant que le coach Salo prenne son temps-mort (57'18). En dépit des trois unités à rattraper, l’entraîneur gapençais sort son gardien. Il ne faut qu'une trentaine de seconde à Cody Carlson pour catapulter le puck dans les filets désertés, de derrière la ligne du hors-jeu (7-3 à 57'45, assisté de Peter Bourgaut).
Le match est irrémédiablement plié. Correia signe un ultime break away et Stritz passe les vingt-trois dernières secondes du match derrière les barreaux pour accrocher.
Tirs cadrés 12 / 1 Strasbourg
Strasbourg, après une longue succession de déconvenues (Rouen, Villard-de-Lans, Chamonix, Épinal, Caen), rebondit enfin à l'Iceberg. L'équipe s'est paradoxalement procuré moins d'occasions de marquer que lors de certains matchs perdus en début de saison, mais la réussite est de retour grâce notamment au trafic devant la cage qui gêne la vue du gardien. Gap, malgré un jeu produit de qualité, a démontré les mêmes failles qu'en coupe de France : des approximations devant la cage et surtout des errements défensifs fatals, à l'image des deux buts encaissés en supériorité numérique, qui expliquent l'ampleur du score. Strasbourg peut maintenant capitaliser sur ce large succès et aborder avec assurance les prochaines rencontres contre Morzine et Dijon, déterminantes pour la bataille du milieu de tableau.
« Je l’avais dit au premier match, c’est une équipe qui joue, on l’a vu, même en désavantage numérique. C’est une équipe qui, dès qu’elle tombe en possession du palet, le gère bien, elle veut jouer, elle fait du jeu. Bizarrement, c’est nous qui avons quand même marqué à quatre contre cinq donc, à ce niveau-là, je suis assez content parce qu’on leur a un peu rendu la monnaie de leur pièce. Mais j’ai beaucoup de respect pour une équipe comme Gap et j’ai l’impression que notre équipe a progressé en jouant deux matchs serrés contre eux, parce que c’est une équipe qui t’oblige à bien jouer.
Je trouve qu’on a fait un bon match sauf que j’aurais aimé qu’on gère un peu mieux le palet après avoir pris l’avance. J'ai eu l’impression qu’on s’appliquait un peu moins, qu’on était un peu plus fatigué qu’eux à un certain moment. Mais je trouve que les gars ont remis les pendules à l’heure en troisième période, la troisième période me réconforte.
Marquer sept buts, c’est bon pour la confiance parce que ce ne sont pas les occasions qui ont manqué. Ce soir, on était opportuniste, c’est le but, c’est bien payé pour les occasions qu’on a. Sauf qu’en début de saison, on avait de meilleures occasions, malheureusement le palet ne rentrait pas.
Une autre chose c’est qu’on n’a pas nécessairement marqué en supériorité numérique. On l’a fait au bon moment, on a marqué en désavantage numérique, mais lorsqu’on avait vraiment besoin de ce fameux sixième but pour tuer le match, on ne l’a pas fait en supériorité numérique mais plutôt sur une erreur de relance de Gap. Donc le hockey ça va vite, des fois le déroulement est un peu étrange, mais ce soir je suis satisfait.
Des lancers déviés, voiler la vue du gardien, c’est le prix à payer pour marquer des buts. Les gars, je pense qu’ils commencent à le comprendre. Il faut cacher la vue du gardien, ça signifie se mettre devant des tirs, des tirs qui voyagent à 120 km, qui peuvent te casser le nez, qui peuvent te blesser carrément. Mais au hockey sur glace, si tu veux jouer à ce niveau-là, tu dois le faire. Si tu ne le fais pas, tu ne devrais pas jouer. On commence à le faire. On ne peut pas être entièrement satisfait, on va regarder la vidéo, on va voir qui freine avant d’y aller, qui a le courage d’y aller, et vont récompenser ceux qui y vont, parce que c’est comme ça que tu gagnes un match. »
HH : Vous êtes au devant d'une longue série de matchs, vous avez fixé des objectifs ?
« On part toujours avec l’idée qu’on veut gagner. On va aller à Morzine, on voudra gagner. Peu importe le résultat, j’ai l’impression que, quand on va retourner à Dijon, on voudra gagner. C’est toujours de cette façon qu’on aborde les matchs. Je suis un peu plus optimiste parce qu’il y a le retour de Matt Lyall, un joueur qui peut déstabiliser une défensive par sa simple vitesse. Les ouvertures, il en profite. Julien Correia, je pense qu’il est content d’avoir retrouvé son centre. Lui aussi, il donne de l’accélération, ce soir il était en jambes, en tout cas vers la direction offensive. C’est sûr qu’avec une victoire comme ça on va être optimiste pour le match contre Morzine. »
HH : Le tirage au sort d’Angers pour la demi-finale de coupe de France, c’est plutôt une bonne nouvelle dans la mesure où vous avez déjà gagné une fois contre eux ?
« Il va rester quatre équipes, dont Briançon ou Amiens, on ne sait pas. Donc on s’attendait à un match difficile. On souhaitait surtout jouer à domicile et pas tomber sur Rouen. Donc on a eu la moitié. »
HH : Pour les paires défensives, vous avez testé des nouvelles combinaisons : Suchanek avec Carlson et Cruchandeau avec Cesnek ?
« Oui, je me suis dit que le premier bloc, c’est un bloc quand même offensif. Et Cody est un bon passeur. Mon optique c’est qu’on doit passer du temps en zone offensive avec la première ligne, je vais peut-être garder mes défenseurs défensifs sur les autres blocs au cas où ils ont besoin de défendre un peu plus. J’essaie comme ça, je vais regarder la vidéo. Je vais voir sur le premier but, je ne suis pas tellement content, c’est un trois contre trois et puis le marquage n’est pas assez serré. Je pense que les trois buts qu’on a donnés on aurait pu les éviter ce soir. »
Si Salo a pris son temps mort, dernier but en cage vide, cela donne 17/18 pour Duquenne (pas 16/18), et 5/10 pour Garman ! On comprend mieux pourquoi il est "l'homme du match" côté Gap.
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