Le leader face à son dauphin : un scénario bien surprenant pour un Strasbourg-Chamonix. Les Alsaciens, avec leur tout petit point d’avance, jouent aujourd’hui leur première place avec les Savoyards. Les Chamois raviront-ils le sommet du classement à l’Etoile Noire ?
Arbitres : M. Colleoni assisté de MM. Furet et Smeeckaert
Buts : Strasbourg : ; 16.39 Elie Marcos (ass Peter Bourgaut et Sébastien Trudeau) ; 26.08 Jan Pardavy (ass Jake Goldberg et Peter Bourgaut) ; 67.53 Ben Danford (ass Jan Pardavy et Elie Marcos) Chamonix : 11.03 Riku Silvennoinen (ass Patxi Biscard et Joris Bedin) ; 40.52 Kyle Hardy (ass Arnaud Hascoët et Matthias Terrier)
Pénalités
22 minutes dont 10 à Bougé contre Strasbourg
12 minutes contre Chamonix
Alignement strasbourgeois
1ère ligne : Michel/Cibula/Pardavy [Peroff /Stritz]
2ème ligne : Trudeau/Marcos/Bourgaut [Bruneteau/Danford]
3ème ligne : Goncalves-Baeumlin/Chipaux/Burgert [Goldberg/Bougé]
Absent : Shupe
Le temps de sortir de la torpeur
Matt Bissonnette, servi par Michael Beaudry, rate la conclusion d’un one-timer joué au ralenti (1’14). Le même Canadien ne conclut pas son face à face après un inquiétant deux contre zéro (3’40). Sur ces deux actions, le ton du premier tiers est donné : le match se joue sur un rythme étrangement lent, sans intensité dans le patinage, comme si les deux équipes étaient anesthésiées par l’enjeu.
Photographe : Christophe Moreau
Pardavy trouve la faille sur une reprise
Hiadlovsky contre Joris Bedin, en break, en étendant la botte (4’34). L’Etoile Noire commence timidement à voir le jour sur un shoot excentré de Trudeau (5’48). Si les deux équipes ne jouent clairement pas à leur meilleur niveau, Strasbourg semble un ton en dessous, les nouvelles lignes ne se trouvent pas. Mais pour l’instant, Chamonix n’en profite pas.
Stritz envoie le palet dans le filet de protection, récoltant d’emblée deux minutes pour retard de jeu (8’11). Kyle Hardy tire dans l’axe, le gardien slovaque dévie la rondelle dans le même filet (8’16). Le dernier rempart local hésite ensuite derrière sa cage sur la direction où dégager, doute qui aurait pu s’avérer fatal (9’19). Il se reprend tout de suite d’un remarquable arrêt du bras sur un palet dévié dans le slot (10’47). Mais il ne peut rien sur ce slap shoot plein axe de Riku Silvennoinen qui le transperce entre les jambes [0-1 à 11’03, but de Riku Silvennoinen, assisté de Patxi Biscard et Joris Bedin, en sup. num.].
Strasbourg se réveille progressivement : Stritz tente de forcer l’angle fermé par Fouquerel (14’09), Goldberg et Trudeau partent en contre (14’57)… et récoltent un faire trébucher signé Kyle Hardy (14’59).
Le power play à trois défenseurs (Goldberg, Peroff et Danford) est bien en place. Goldberg essaie de reprendre un rebond (15’27). Mais c’est la seconde unité spéciale qui trouve l’égalisation. Hiadlovsky relance magnifiquement sur Trudeau alors que Chamonix change de ligne. Le Québécois, sur l’aile, passe à Bourgaut au centre qui envoie sur Fouquerel. Marcos, bien positionné près de ce dernier, dévie au fond [1-1 à 16’39, but d’Elie Marcos, assisté de Peter Bourgaut et Sébastien Trudeau, en sup. num.].
Chamonix pousse dans les dernières minutes pour reprendre le momentum. Henric Andersen, dans l’axe, voit son tir repoussé (19’06). A la dernière seconde, Danford est sanctionné d’un faire trébucher bien imaginaire (19’59).
Les Chamois débutent donc la seconde période avec un homme en plus sur la glace. Mais le jeu de puissance n’en n’est pas un. Burgert peut même s’échapper avant que Mathieu Jestin signe enfin une tentative sérieuse d’un lancer de la pointe, repoussé de la crosse par Hiadlovsky (21’57).
Photographe : Christophe Moreau
La défense strasbourgeoise fait le ménage
Matt Bissonnette part au cachot pour une charge avec la crosse (24’25). L’occasion pour le capitaine strasbourgeois de tenter sa chance de près du revers, suite à une remarquable construction de passes (25’43). Clément Colombin dégage le puck dans le filet avec une crosse trop haute pour échapper à l’œil des officiels. C’est pour retard de jeu qu’il ira rejoindre son collègue en prison, laissant son équipe bien dégarnie (25’50).
Avec un taux de réussite de 60 % en power play ce soir, l’Etoile Noire ne laisse pas passer cette opportunité. Après une succession de passes inspirées, Pardavy parachève l’action au second poteau. Fouquerel plonge et attrape le palet… dans son but [2-1 à 26’08, but de Jan Pardavy assisté de Jake Goldberg et Peter Bourgaut, en double sup. num.].
La seconde infériorité est un long supplice pour les Chamoniards. Le palet circule très vite entre les crosses alsaciennes, sans trouver de solution. Si les locaux commencent à enchaîner les bonnes séquences, Chamonix reste à l’affût des contres. Mais Hiadlovsky, toujours dans une forme stratosphérique, déjoue les escarmouches, comme ce contre de Beaudry et Bissonnette (30’48). Un gardien qui montre encore toute l’étendue de son talent d’un arrêt réflexe de la botte face à Tremblay bien décalé (32’46), alors que Goncalves est en prison pour obstruction (31’57).
Le Chamois finit par reprendre du poil de la bête en cette fin de période, notamment lorsque Bruneteau charge incorrectement un adversaire (39’31). Les unités spéciales visiteuse commencent à se montrer dangereuses, mais Strasbourg est sauvé par le gong.
Strasbourg reprend donc à nouveau avec un homme en moins. Et le CHC concrétise enfin en avantage numérique. Kyle Hardy, depuis le point d’engagement, trouve un espace entre Hiadlovsky et son poteau gauche [2-2 à 40’52, but de Kyle Shearer-Hardy, assisté d’Arnaud Hascoët et Matthias Terrier, en sup. num.].
Le défenseur savoyard commet ensuite un faire trébucher, sans conséquence pour son équipe (42’29). Pierre Bougé est à son tour attrapé par la patrouille pour une charge dans le dos qui lui vaut un 2’+10’ (46’35).
Le milieu du troisième tiers-temps se résume en un jeu de flipper, d’attaques-défenses à l’arraché sans qu’aucune équipe ne prenne nettement le dessus. Le tir d’Hascoët rebondi sur Hiadlovsky, flotte dans les airs, mais aucun Chamois ne met la palette dessus (52’14).
L’attaquant du CHC pour dureté et David Stritz pour faire trébucher délaissent leurs camarades pour deux minutes à quatre contre quatre qui préfigurent déjà la prolongation (52’35). Cibula, excentré, trouve la mitaine de Fouquerel (54’53). Arthur Cocar ne parvient pas à aligner Hiadlovsky de la bleue alors qu’il a le champ libre, tout le monde étant massé devant le Slovaque (57’09).
Dans les dernières minutes du temps réglementaire, Chamonix est à deux doigts de tuer le match : Julien Tremblay rate une cage ouverte alors que Strasbourg est dépassé (58’16). Place donc à la tant redoutée prolongation.
Certains se souviennent encore des quatorze secondes qu’avaient prises Carl Lauzon pour tuer le match en prolongation, il y a quelques années. Le record aurait pu être battu ce soir si ce rush d’un avant chamoniard avait abouti (60’11). Mais Hiadlovsky ne souhaite pas voir l’histoire se rejouer et tient miraculeusement la baraque dans le temps additionnel. En attestent cette mitaine face à Tremblay (61’01) ou cette double parade face au même (61’30).
Photographe : Christophe Moreau
Ben Danford, le héros des prolongations
De l’autre côté, Goldberg shoote, Fouquerel s’emmêle les pinceaux et le puck joue au yo-yo entre ses bras, mais le gardien français réussit à le calmer (61’44). La tension est extrême sur la glace et dans les travées de l’Iceberg, tant le scénario catastrophe est à l’esprit des quelques 1500 supporters. Silvennoinen en deux contre un (61’55) puis Bourgaut à bout portant (62’34) manquent de faire pencher la balance. Vladimir Hiadlovsky est encore déterminant quand Tremblay, complètement seul, vient encore le défier (63’59).
Marcos reprend au deuxième poteau, Fouquerel est couché… mais le palet n’a cette fois pas franchi la ligne (64’21). Andersen, en bout d’échappée, constate que le gardien des jaunes et noirs n’a pas changé sa façon de neutraliser les attaquants adverses (66’30). Après plusieurs actions douteuses, l’arbitre se résout à siffler une pénalité contre Michael Beaudry pour charge incorrecte. Daniel Bourdages en profite pour demander son temps mort (66’54).
Ben Danford, après avoir sauvé les meubles à moult reprises dans cette prolongation, commence à accumuler les imprécisions. A la ligne de hors-jeu adverse, il perd le contrôle de la rondelle et laisse Mathieu Jestin s’échapper. Dernière occasion pour le CHC de remporter le match…non saisie. Le défenseur strasbourgeois se rattrape immédiatement, et de la meilleure des manières. Le natif de Stillwater aux Etats-Unis exécute la malédiction strasbourgeoise de la prolongation d’un imparable slap shoot de la ligne bleue [3-2 à 67’53, but de Benjamin Danford, assisté de Jan Pardavy et Elie Marcos, en sup. num.].
Toute son équipe envahit immédiatement la glace pour le féliciter. L’Américain rompt ainsi un cycle de huit défaites consécutives face au club aux trente titres et permet à son équipe de conserver la tête du classement général.
Au terme d’un match d’une qualité technique et d’une intensité toutes relatives selon les périodes, l'Etoile Noire se prouve que la défaite en prolongation n’est pas une fatalité. Si l’essentiel était, ce soir, la victoire pour les deux équipes, Strasbourg comme Chamonix devront poursuivre leur travail s’ils espèrent conserver leur rang. Les Alsaciens se sont trop appuyés sur leur power play en réussite et leur gardien en état de grâce. Les très nombreuses ouvertures laissées aux Chamoniards auraient pu se payer très cher. Pas sûr qu’une telle recette fonctionnera systématiquement. Mais le retour au jeu de Preston Shupe devrait permettre aux lignes de retrouver leur configuration initiale et leurs repères. Chamonix compte, pour sa part, des attaquants très rapides, mais ses têtes d’affiches canadiennes n’ont pas réussi à concrétiser leurs occasions et à percer la carapace de béton que Vladimir Hiadlovsky avait érigé devant sa cage.
Réactions de Daniel Bourdages :
« J’ai même pensé aujourd’hui que ce serait bien de gagner en prolongation. J’avais envie de voir si c’était vraiment une nouvelle saison. Mais les meilleures occasions étaient quand même pour Chamonix. L’année passée, on en a souvent perdu comme ça et j’espère que Chamonix ne se posera pas trop de questions parce qu’ils auraient facilement pu gagner le match aussi. Mais ceux qui vont regarder le score pourraient penser qu’ils ne sont pas bons en prolongation alors qu’ils ont été très bons. »
« C’est vrai qu’au début on ne jouait pas bien et malgré tout ils n’ont pas eu énormément d’occasions. En deuxième période on s’est beaucoup plus libéré. Je ne suis pas tout à fait content du cinq contre cinq. J’aimerais un peu plus de construction de la part des trois blocs. Ça renforcerait l’équipe. J’ai aimé la capacité d’adaptation des nouvelles lignes. »
Interview de Sébastien Trudeau disponible ci-dessous.
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