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Hockey sur glace - NHL : National Hockey League - AHL
Hockey sur glace - Antoine Roussel, l'étoile du Nord
 
A 15 ans, Antoine Roussel s'est installé en Amérique du Nord et a franchi tous les échelons pour atteindre les étoiles, celles de Dallas en NHL.
 
Edmonton/Grenoble, Hockey Hebdo Jean-Christophe Salomé le 22/02/2013 à 22:48
Photo hockey Antoine Roussel, l



Après Stéphane Da Costa en 2011, c'est au tour d'Antoine Roussel de faire ses débuts dans la Ligue Nationale. Après avoir disputé quelques rencontres avec les Stars de Dallas, Antoine nous en dit plus sur son parcours depuis son arrivée au Québec en 2006 et sur ses premiers coups de patin avec les Stars de Dallas en NHL.



Peux-tu nous rappeler ton parcours en France ?

J'ai commencé le hockey à Deuil à 3 ans 1/2. J'avais Eric Lamoureux comme coach. Puis je suis parti à Nantes jusque 13/14 ans,  avec d'autres coachs canadiens comme Dany Gelinas, Dany Fortin, Alexandre Charette, Mike Lechêne. Je suis ensuite allé à Rouen, avec Alain Vogin, Frederic Robinet, Peter Matuchek comme coachs, c'était une bonne expérience là-bas. Après ça, j'ai déménagé au Québec.

En Amérique du Nord, les joueurs sont cités avec leur lieu de naissance. Quelles attaches gardes-tu avec le Nord et Roubaix ?

Mes grands-parents habitent toujours dans le Nord, ainsi que bon nombre d'amis de la famille. Je retourne régulièrement à Lille quand je viens en France.

Tu as pris la nationalité canadienne. C'est plus facile avec un passeport Canadien ?

Oui, c'est plus facile pour vivre là-bas. Je passe la plupart de mon temps au Québec, j'ai pas mal d'amis, j'ai passé la fin de mon adolescence là-bas. A la maison, c'est autant la France que le Québec.
C'est comme les Québécois de la ligue nationale, il y a pas mal de blagues sur les Québécois. Quand je suis arrivé au Québec, c'était un peu la même chose avec ma nationalité française, mais ça s'est bien passé. Je me suis très bien assimilé, c'est génial. Je retourne encore à Chicoutimi, les gens me reconnaisssent dans la rue.

Tu pars au Québec en 2006. Est-ce que c'était pour suivre tes parents ou pour le hockey ?

Tout allait bien pour moi en France, mais j'avais passé un cap, j'avais besoin de voir autre chose pour continuer à progresser. Mes parents avaient un projet, et ça tombait à ce moment-là. Ils ont ouvert des chambres d'hôtes "L'escale du Nord", à Mont-Tremblant. La première année, je suis parti avec ma mère, mon père et ma soeur sont restés en France pour le travail et les études.
Lors de ma première année, j'ai vécu échec sur échec, ce n'était pas facile. C'était pénible, quand je jouais en France, j'étais bon. Je me fais couper Midget AAA, puis en Midget Espoir qui est, en quelque sorte, la ligue de développement du Midget AAA. Je descends en Midget AA, sans confiance et en pensant me faire couper à nouveau. En même temps, j'étais en Sport Etudes et je pratiquais tous les jours avec le Midget Espoir mais sans pouvoir jouer avec eux. C'était un peu compliqué parce que ce n'était pas là où j'habitais. Mes parents avaient choisi cette école, ce n'était pas très loin de l'université pour ma mère. J'ai joué des matchs en Midget Espoirs, mais c'était contre l'équipe avec laquelle je m'entraînais avec l'école. J'ai passé la majeure partie de l'année en Midget AA.
La première partie s'est bien passée, mais j'ai vraiment progressé ensuite. Les coachs avaient confiance en moi, j'avais beaucoup de temps de glace. Je m'amusais vraiment, c'était le plus important.
A la fin de l'année, j'ai été invité au camp de développement du Midget AAA pour faire l'équipe l'année d'après. Le camp s'est bien passé, j'ai travaillé fort au gymnase tout l'été. J'ai joué au roller tout l'été, j'avais 16 ans à l'époque donc il fallait s'amuser un petit peu, c'était un de mes meilleurs étés, ça a vraiment été un déclic.
A la fin de l'été, je vais au camp Midget AAA, ça se passe bien, je marque quasiment à chaque match. Il y avait un problème avec l'équipe, j'avais 17 ans et tu pouvais seulement en avoir 2 à l'époque (4 maintenant), et il y en avait déjà 2 de l'année passée. Finalement, j'ai pris la place d'un gars en place. Il y avait un scout (recruteur) de Chicoutimi qui m'a vu, il m'a demandé mes intentions et il m'a fait signer un contrat d'invitation à la fin de l'été pour aller au camp d'entraînement. Je voulais être sûr de faire le Midget AAA, parce que je ne pensais vraiment pas faire le junior majeur cette année-là, et je voulais vraiment me concentrer sur le Midget AAA pour finir mon école. C'est ce que j'ai dit au scout, mais il m'avait quand même mis sur la liste d'invitation. A ce moment-là, je pouvais me faire rappeler.
Après 12 matchs en Midget AAA, j'avais accumulé 14 points, ça allait vraiment bien. Donc, il me rappelle et mon premier match s'est bien passé, j'ai joué intense. Au 2e match, 1 but et une passe, puis une passe au 3e match. C'était vraiment ça le déclic. A ce moment-là, ils n'ont pas voulu me laisser partir et j'y suis resté 4 ans.

Photo hockey Antoine Roussel, l
Puis tu franchis un nouveau palier en passant dans la Ligue Américaine (AHL).


Je n'ai pas été repêché, je ne m'attendais à rien. Puis, mon agent m'appelle pour me dire que Columbus voulait m'inviter à leur camp d'entraînement des recrues. Ca a fait partie de mon développement. A ce camp-là, je ne me sentais pas pour jouer contre des gars de ce niveau-là. Quand je suis revenu après ce camp, j'ai eu une année correcte. L'année suivante, je savais que je devais redoubler d'ardeur. A la fin de l'année, on se fait éliminer rapidement en play-offs. Je n'ai pas été invité à un camp et, au milieu de l'été, je commençais à me poser des questions. J'étais prêt à essayer l'ECHL pour le début de l'année. Ensuite, mon agent m'appelle pour me dire que les Bruins (Boston) veulent me signer un contrat AHL/ECHL. Je vais au camp d'entraînement et, sur leur liste, il y avait une étoile à côté de mon nom. En regardant plus bas, je vois que l'étoile concerne les joueurs qui ne font pas le camp principal (tabernacle !).
Finalement, ça s'est bien passé, j'ai fait le camp et c'était une nouvelle expérience pour mon apprentissage. J'y suis resté 3 jours, c'était vraiment fun.
Ensuite, une année comme-ci comme-ça dans la Ligue Américaine, je ne jouais pas beaucoup et j'avais moins d'opportunités que des gars qui étaient draftés. Même avec des bons matchs, le coach me disait que je ne jouerais pas, c'était comme ça. L'année d'après était vraiment rocambolesque. L'été, je me demandais vraiment ce que j'allais faire, si ça allait continuer comme ça. J'ai harcelé mon agent tout l'été depuis début juillet, 3 à 4 fois par semaine. Début août, mon agent m'appelle pour me dire que Vancouver m'invite à leur camp des recrues, mais que je n'ai pas de contrat. Si ça se passait bien, j'allais au camp principal et, ensuite, dans la ligue américaine. Je savais qu'il fallait une bonne performance à leur camp des recrues. Ca s'est vraiment bien passé, j'ai fait 2 matchs sur 4 et je vais au camp principal. J'ai fait 3 matchs hors concours avec les Canucks, ça s'est vraiment bien passé. A la fin, ils étaient vraiment satisfaits de moi, j'ai eu un contrat direct dans la ligue américaine et j'y ai passé toute l'année. J'ai eu un début de saison difficile, le premier mois, mais ça s'est réajusté. Les stats, ça ne dit pas tout. C'en est la preuve, j'ai eu une belle année et c'est pour ça que les Stars ont été capables de me signer un contrat de 2 ans AHL/NHL.

Est-ce qu'il y a beaucoup de concurrence en AHL ?

Absolument. A Chicago, ce n'est pas une équipe comme les autres. Dans la Ligue Nationale, ils veulent développer les joueurs repêchés. Ils ne veulent pas se tirer dans le pied avec des joueurs repêchés et ne pas les faire jouer. Il y a d'autres équipes qui n'appartiennent pas aux équipes de la Ligue Nationale, comme Chicago. Eux, ils font jouer les meilleurs joueurs, choix de première ronde ou pas. Ils m'ont donné pas mal de chance là-bas.

Et comment est l'ambiance dans le vestiaire, pas trop rude ?

A un certain niveau, quand tu te fais appeler, un petit peu peut-être. Mais dans la Ligue américaine cette année, il y a vraiment une bonne ambiance avec les gars, même chose à Chicago l'an passé. Les gars veulent avoir du fun, et ça ne marche pas s'il y a trop de compétition. Il en faut, mais pas plus que ça.

Tu démarres la saison à Austin en Ligue américaine, puis tu es appelé pour rejoindre Dallas. Qui t'a appelé et comment ça s'est passé ?

On était en All-Star break dans la ligue américaine (pas de matchs pendant le All Star AHL). Ca faisait du bien de se reposer, je commençais à être fatigué car j'ai fait le camp d'entraînement des Stars, puis je suis redescendu. J'ai joué pas mal de matchs, on avait perdu beaucoup de joueurs et je jouais vraiment beaucoup, plus de 20 minutes par match. Ce break m'a fait beacuoup de bien. A la fin du break, je reçois un texto qui me dit d'être proche de mon téléphone vers 16h. On m'appelle et on me dit "Antoine, tu montes à Dallas, prends des affaires pour cinq jours et on verra ensuite". On prend la route avec un autre gars pour Dallas, et j'y suis depuis le 1er février.
Ce soir, on joue à Edmonton, j'ai été rappelé mais je ne joue pas. C'est important de toujours être prêt pour être dans l'alignement, il faut donner le maximum à chaque match. Je suis vraiment au jour le jour. Je vais être comme ça jusqu'à la fin de l'année.

Photo hockey Antoine Roussel, l
Tu joues ton premier match et tu marques ton premier but.


C'était fun, je n'en revenais pas. C'est rare d'avoir des occasions de marquer aussi rapidement, surtout dans cette ligue-là. La ligue, c'est fermé, les patinoires sont plus petites, les systèmes de jeu sont faits en sorte que c'est fermé. Avoir des chances d'occasions brutes, des a-chance comme ils disent, des grosses occasions de marquer, c'est rare. J'en ai eu une directe en partant sur mon 3e shift. Apparemment, ça s'est bien passé (rires). C'était cool.

Et tu es 3e étoile du match.

J'imagine que c'était parce que j'ai scoré mon premier but. Tout s'est bien passé sur ce match-là, j'étais bien préparé, je n'étais pas trop stressé avant le match. C'est ça qui a fait la différence, à la façon dont je me suis préparé pour ce match. Après, c'est juste un match de hockey, que ce soit dans la Ligue Nationale ou ailleurs, faut que ça se passe.

Avec ce premier match, tu rentres aussi dans l'histoire du hockey français en étant le 5e joueur formé en France en NHL après Stéphane Da Costa en 2011 avec Ottawa.

C'est plaisant d'être reconnu comme ça mais, en même temps, j'espère que ça peut aider aussi le hockey français à se développer. Tim Bozon vient de se faire repêcher, c'est cool de voir que d'autres gars pointent le bout du nez à l'horizon. Ca va rejaillir sur le hockey français, j'en suis persuadé.

As-tu fêté ce premier match et ton premier but ?

On a pris l'avion tout de suite pour aller à Phoenix. J'ai vu ma mère et ma soeur 10 minutes à la fin du match, elles étaient venues me voir.

Et ton intégration dans l'équipe, comment fait-on sa place dans le vestiaire aux côtés de tous ces grands joueurs ?

Quand tu passes à un autre niveau, tu ne te fais pas remarquer, tu ne vas pas attirer l'attention sur toi. Au fur et à mesure, tu apprends à connaître les gars. C'est comme s'intégrer à un nouvel emploi, c'est partout pareil. Tu n'arrives pas le premier jour avec trompette et tambour. Tu t'intègres au groupe petit à petit.

On ne peut pas passer à côté de la question sur Jaromir Jagr. C'est spécial de l'avoir dans son vestiaire ?

C'est une légende. Il est de la même trempe que Crosby, Lemieux, c'est sûr que c'est impressionnant. C'est notre coéquipier, et il ne veut pas qu'on le regarde comme si c'était Jésus. C'est une très bonne personne.

Après 5 matchs, tu es renvoyé en Ligue américaine. Peux-tu nous en dire plus ?

Je pense que j'ai pris une mauvaise pénalité, ça a probablement joué un rôle dans mon renvoi. C'était aussi pour faire passer un message, pour me faire jouer quelques matchs et l'équipe dans la ligue américaine avait peut-être aussi besoin de moi. Je ne sais pas trop, des fois c'est dur d'expliquer comment ça fonctionne, je ne suis pas dans le secret des dieux, malheureusement. Je suis redescendu pour 2 matchs et je suis vraiment content d'être revenu aussi rapidement. Je ne pensais pas revenir aussi vite, je vais essayer de rester le plus longtemps possible.

On m'envoie les billets d'avions, je fais ce qu'on me demande et je suis très à l'aise avec ça. Je suis très content d'avoir cette opportunité de revenir, de continuer ma progression surtout dans cette ligue-là. Ce sont des apprentissages à refaire. J'ai eu de la misère au début, à chaque niveau que j'ai franchi, je n'ai pas dominé tout de suite, mais c'est comme ça qu'on fait sa place. Je vais utiliser la même stratégie à chaque fois.

Qu'est-ce qui te manque pour t'établir durablement ?

Je ne dois pas prendre de mauvaise punition. Ensuite, améliorer ma vitesse, ça joue un peu plus vite. Après, juste jouer et se sentir confortable et tout ira bien.

As-tu reçu beaucoup de sollicitations médias ?

Un peu quand même. J'ai quelques sollicitations de la France, comme avec L'Equipe ou Hockey Hebdo. Les journalistes de Chicoutimi aussi, puisque je suis resté assez proche de cette région. Ma blonde est de là-bas, il y a ses parents, j'y passe pas mal de temps. Les gens là-bas me suivent encore beaucoup, ils veulent avoir de mes nouvelles aussi, ça fait quelques sollicitations en plus. C'est très plaisant, ça ne me dérange pas d'en donner.

Quelles sont les chances de Dallas cette saison ?

Il y a de bonnes équipes, c'est un sprint et chaque match compte. On sort de 3 matchs gagnants. Il faut que ça continue comme ça et on verra où on sera à la fin de l'année. Le plus important, c'est de faire les play-offs. Si je suis là jusqu'à la fin de l'année, et qu'on est dans les play-offs, c'est toujours bon pour moi et pour tout le monde.

As-tu suivi le tournoi de qualification olympique de l'équipe de France ?

J'ai suivi le maximum que j'ai pu. Je suis déçu, c'est sûr mais les gars ont tout donné. C'est dur d'arriver là et d'être au top tout de suite, et ça n'a pas aidé sur le premier match. C'est décevant mais les gars ont bataillé fort, ça fait partie des apprentissages. Il va sûrement y avoir d'autres changements, j'imagine, avec d'autres jeunes. Cest dommage, on avait vraiment une bonne équipe. Les vétérans n'ont peut-être pas eu assez de crédit pour tout le travail qu'ils ont fait au niveau de l'intégration des gars. Au Championnat du Monde, je me suis senti tout de suite intégré par des vétérans comme Laurent Meunier, Yorick Treille.

Le mot de la fin en audio:


Depuis l'interview par téléphone le 12/02, Antoine a ajouté 2 buts à son compteur et un premier "combat" face à Jarome Iginla (Calgary):

 
 
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Réactions sur l'article
 
pantang a écritle 23/02/2013 à 12:07  
Enfin un joueur qui répond totalement aux questions et a l'intelligence de développer ses propos pour rendre l'interview vraiment intéressante. je ne suis pas surpris qu'il soit en NHL, on voit tout de suite le type intelligent et mature...le meilleur joueur français actuellement avec Dacosta?
 
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