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Hockey sur glace - Hockey dans le Monde
Hockey sur glace - Eddy Ferhi, version américaine
 
Nous vous avons parlé il y'a quelques jours de l'AHL (deuxième ligue professionnelle nord-américaine). Rien de mieux que le témoignage d'un joueur français qui y a évolué pour nous éclairer davantage sur ce championnat. Rencontre avec Eddy Ferhi sur son parcours aux Etats-Unis.
 
Média Sports Loisirs, Hockey Hebdo Baptiste Favre le 10/02/2015 à 17:00
Bonjour Eddy et merci de bien vouloir répondre à nos questions. Racontez-nous votre parcours avant d’arriver en AHL ?
Photo hockey Eddy Ferhi, version américaine - Hockey dans le Monde
Photographe : Laurent Lardière


J’ai commencé le hockey en France à l’âge de 8 ans, aux Français Volants de Paris. J’y ai fait toutes mes classes, jusqu’à l’âge de 17 ans où, après avoir passé mon bac, j’ai décidé de tenter ma chance Outre-Atlantique.
Je suis donc parti au Québec, au niveau collégial AAA, dans l’espoir d’obtenir une bourse pour une université américaine en NCAA. J’ai obtenu le graal à 19 ans, et j’ai évolué 4 ans pour les Pioneers de l’Université de Sacred Heart dans le Connecticut.
C’est là que j’ai été repéré par les Mighty Ducks qui, après un essai d’un match à la fin de ma dernière saison, m’ont offert un contrat de 2 ans.


Quels étaient les principaux changements par rapport à la NCAA ?

Sincèrement, c’était quasiment un autre sport. L’intensité, la vitesse de jeu, la puissance des joueurs, de leurs lancers… tout était d’un niveau bien supérieur à ce que j’avais jamais vu. Il m’a fallu 2 ans pour m’adapter.

Par rapport aux autres ligues que vous avez connues, comment était le niveau en AHL ?

Supérieur en tous points, mais surtout en intensité. Les joueurs se donnent sans compter et abattent un travail fou pendant leurs présences sur la glace. Il n’y avait pas un centième de secondes à perdre pour faire un jeu, sinon le palet était derrière toi. Quand je pense que la NHL est encore plus rapide, ça fait peur…

Vous avez joué, en tout, 20 matchs de saison régulière avec les Mighty Ducks, quel est votre meilleur souvenir dans cette ligue ?

D’y avoir été, simplement. Quand je pense aux joueurs que j’ai cotoyés, et où ils sont aujourd’hui, je me dis que j’ai eu beaucoup de chance d’être là, d’avoir fait ma place. Mais si je devais isoler un souvenir, ce serait peut-être un match au Wachovia Center de Philadelphie, puisqu’exceptionnellement on avait rencontré les Phantoms dans la patinoire NHL. C’était un match en après-midi, et la patinoire était pleine, avec une ambiance folle. En tant que gardien partant, ce fut une vraie émotion. Le genre de moment qui justifie tous les sacrifices faits pour en arriver là.

Parlez-nous de l’ambiance dans les patinoires. Il y avait beaucoup de monde au Cincinnati Gardens ?

C’était assez particulier en fait, parce qu’assez disparate. Dans la AHL, en tout cas à l’époque, on jouait dans des belles patinoires, souvent des répliques de taille réduite de patinoire NHL. Le Gardens de Cincinnati était, par exemple, une copie du Gardens de Toronto. Mais toutes les villes n’ont pas le même engouement pour le hockey et à Cincinnati, comme dans certaines autres villes (San Antonio, Cleveland…), il était assez réduit. En revanche, dans d’autres (Chicago, Philadelphie, Milwaukee, Rochester), c’est la folie. C’est aussi la particularité de ces ligues mineures.

Les infrastructures de cette ligue (centre d‘entraînement, vestiaire…) sont-elles de qualités ?

Elles étaient évidemment de grande qualité. Une réplique, à échelle réduite, du genre d’infrastructures que l’on trouve en NHL : vestiaire gigantesque, salle de musculation dernier cri, salle de soins avec matériel high tech. Tout pour se concentrer sur sa performance sans se soucier du reste. Et ça doit être encore plus le cas aujourd’hui.
Photo hockey Eddy Ferhi, version américaine - Hockey dans le Monde
Avis aux collectionneurs !!!

La vie à Cincinnati était agréable ? Comment s’organisait votre emploi du temps ?

Cincinnati est une ville du Midwest assez banale. Pas vraiment de centre-ville, très étendue en superficie, et pas réellement de charme particulier. Mais j’ai eu beaucoup de plaisir à y vivre, d’une part parce que l’équipe était très agréable, mais aussi parce que l’expérience était incroyable et que j’aurais pris du plaisir à le faire n’importe où dans le monde. J’en garde donc un souvenir assez chaleureux.

La vie de joueur en AHL n’était pas trop stressante ?

Pas du tout, si ce n’est d’un point de vue sportif. Quand on est 2ème gardien comme je l’étais et qu’on joue assez rarement, on veut saisir sa chance à chaque fois, et la pression est donc conséquente à chaque départ que le coach nous offre. Pour le reste, les conditions de vie sont excellentes, peu d’entraînements mais intenses, beaucoup de matchs, des déplacements mais dans de bonnes conditions (avions, hotels). Non, rien à redire sur tout ça quand on sait ce que les joueurs du championnat de France peuvent endurer !

Comment se déroulait votre entente avec Ilya Bryzgalov ?

Excellente, même si Bryz était une personnalité particulière. Mais, comme beaucoup de Russes, il avait une affection particulière pour la France (grand fan de De Funès). C’était aussi quelqu’un d’une profondeur rare dans le milieu (il lisait Dostoïevski dans le bus), ce qui en faisait quelqu’un d’incompris et de finalement assez peu apprécié. Ce qui semble avoir continué par la suite, si on en croit son éviction des Flyers. Mais avec moi, il a toujours été d’une grande classe. Nous avons d’ailleurs gardé contact à travers les années et, récemment, lors d’une visite à Paris, il nous a invités avec ma femme à un dîner dans un restaurant trois étoiles. C’est idiot mais je trouve que ça en dit long.

Sur le plan technique, avez-vous beaucoup progressé lors de votre passage en AHL ?

C’était incroyable, oui. Chaque jour je m’habituais un peu plus au niveau de jeu. Et le fait d’avoir François Allaire, qui descendait quelques semaines tous les 2 mois pour travailler exclusivement avec nous, me permettait de travailler en qualité toute l’année. J’avais atteint un niveau technique très élevé à la fin de mes 2 années. Ca ne fait pas tout, mais c’était une bonne base.

Vous avez eu la chance de jouer avec de grands joueurs (Kunitz, Perry ou Lupul), quel regard portez-vous sur leur carrière ?

Je suis admiratif évidemment, mais pour des raisons différentes, car ils ont tous eu un plan de carrière différent. Kunitz, notamment, qui sortait d’années universitaires prometteuses, et portait de grandes attentes sur ses épaules. Et son adaptation au niveau supérieur a été, comme pour moi, lente et progressive. Et malgré les pressions du staff pour qu’il se montre à la hauteur de l’argent investi en lui, il a toujours encaissé les coups de pression, travaillé fort, et gardé son cap. C’est d’ailleurs à l’image du joueur qu’il est aujourd’hui : simple, travailleur, honnête.

Pour les autres, les Perry, Lupul, Getzlaf, O’Brien, Parenteau, Brookbank, etc… ils étaient remplis de talent et leur éclosion n’était qu’une question de temps.

Avez-vous encore des contacts avec des joueurs que vous avez croisés dans cette ligue ?

Quelques-uns, en effet. Parenteau est resté un contact assez proche, à l’image de notre bonne relation à Cincinnati. Je suis d’ailleurs impressionné par le joueur qu’il est devenu. C’est un joueur avec un sens du but assez redoutable, malgré un lancer plutôt moyen (dont je me moquais souvent). Aujourd’hui, je ne me moque plus…

Sinon, j’ai eu aussi la chance de côtoyer des Hiller, Luongo, lors de ma formation de gardien, et il m’arrive d’échanger des nouvelles avec eux.

L’objectif pour vous était de jouer en NHL, comment s’est passé votre passage en ECHL ?

Ma première année, j’étais terrifié à l’idée d’être envoyé en ECHL. Je prenais ça comme un désaveu. J’ai d’ailleurs été renvoyé une fois, et j’ai été très soulagé quand l’expérience de quelques matchs a pris fin.

L’été avant ma 2e saison, je me suis blessé au genou, et j’ai donc commencé en ECHL après ma rééducation. Et je me suis rendu compte que j’aurais dû faire ce choix plus tôt dans ma carrière, même à le demander. J’ai connu une bonne saison en ECHL à partir de là et ça m’a donné beaucoup de confiance pour attaquer le niveau supérieur. Je me sentais beaucoup plus légitime que l’année précédente. Malheureusement, je n’ai pas pu le vérifier…
Photo hockey Eddy Ferhi, version américaine - Hockey dans le Monde
Eddy Ferhi aura joué en AHL avec les Mighty Ducks

Après la saison 2004-2005, aviez-vous eu des offres d’équipes américaines ?

En fait, c’était plus compliqué que cela. A la fin de ma 2ème saison, écourtée à cause de ma blessure, mais bonne malgré tout en ECHL, les Ducks m’ont confirmé leur volonté de me re-signer durant l’été et que je pouvais aller m’entraîner fort pour me préparer au prochain camp. Ce que j’ai fait jusqu’à Août, quand j’ai appris que les Mighty Ducks changeaient complètement de propriétaires et donc de staff. Et que les joueurs non signés n’allaient pas l’être par la nouvelle organisation, qui avait d’autres joueurs en tête. J’étais malgré tout assez méconnu en Amérique du Nord, et rien de particulier ne s’offrait à moi. Et j’avais très envie de rentrer en Europe, plus près de mes terres, donc je n’ai pas insisté…

Cette expérience dans la 2ème ligue professionnelle nord-américaine vous a-t-elle été bénéfique pour la suite de votre carrière ?

Complètement. Tout ce que j’ai fait par la suite, je l’ai fait dans la continuité de ce que j’ai appris là-bas. J’ai d’ailleurs déroulé les années qui ont suivi sur les acquis que j’avais construits en AHL. Ce n’est pas bien de le dire et c’était inconscient, mais je pense que c’est la vérité.

Suivez-vous encore les ligues de hockey en Amérique du Nord ?

Oh oui. Autant que mon emploi du temps me le permet. D’une part, parce qu’il m’arrive de commenter la NHL sur les antennes de Sport + et Canal +, mais aussi parce que j’aime cette ligue, ses valeurs et son style de jeu. J’ai toujours été plus proche du style nord-américain que du style européen d’ailleurs.

Revenons au présent, quels sont vos projets maintenant que votre carrière de joueur est terminée ?

La vraie vie. Au travail, en famille. Mais je ne pourrai jamais me déconnecter complètement de ce sport qui m’a fait, qui a façonné ma personnalité et ma vie depuis que j’ai 8 ans. Je reste donc impliqué ponctuellement avec les Français Volants, quand mon emploi du temps me le permet, et j’espère bientôt avec mon fils qui semble vouloir prendre la relève de son papa. Ce qui me rendrait très fier…

Pour finir, on ne peut pas résister à vous poser une question sur les gardiens de la NHL. Quel est, pour vous, le meilleur de la ligue à ce jour ?

Carey Price, sans aucun doute. Cette année, les statistiques le confirment mais, malgré cela, il faut une personnalité particulière pour tenir le choc dans un marché aussi compliqué que l’est Montréal. J’ai beaucoup de respect pour les gardiens qui performent ailleurs, mais jouer à Montréal rend les choses tellement plus difficiles que je trouve que ce que fait Price est hallucinant.

Merci Eddy d’avoir répondu à nos questions.
Avec grand plaisir !
 
 
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