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Hockey sur glace - Ligue Magnus
Hockey sur glace - Entrevue exclusive avec Jimmy Bergamelli
 
Rarement mis en lumière mais élément majeur et primordial sur la glace, l’arbitre est souvent la cible de nombreuses critiques. Un rôle de premier plan qui nécessite courage et sans froid, où les décisions doivent se prendre en une fraction de seconde, le tout sous une pression permanente. J’ai voulu en savoir un peu plus, et naturellement pour cela je me suis tourné vers un nom connu dans toutes les patinoires de France. Dans une entrevue exclusive, Jimmy Bergamelli a accepté de répondre à quelques questions.
 
, Hockey Hebdo Sébastien Sori le 27/03/2018 à 15:35
HH : Peux-tu retracer ton parcours et ce qui t’as motivé à devenir arbitre ?
JB : D’abord hockeyeur entre St Gervais et Megève, j’étais un joueur que je qualifierais de « moyen ».Je me suis orienté vers l’arbitrage à l’âge de 18 ans. J’y ai trouvé la possibilité de poursuivre ce sport que j’aime en trouvant une place indispensable au bon déroulement du jeu. J’ai été Juge de ligne la saison 93-94, puis Head en junior en 94-95 et ai commencé une carrière internationale en 95-96, puis Head en 97-98 et en Magnus en 2000-2001. Chaque saison étant ponctuée d’un championnat du monde/coupe d’Europe depuis 95 à 2017.

HH : Concernant ton expérience personnelle à quel niveau exerces-tu, comment considères-tu le rôle de l’arbitre ? 
JB : Être au service du hockey. Indispensable, l’arbitre doit être cependant au niveau du championnat qu’il suit. Le jeu et les joueurs n’ont pas à pâtir de mauvaises décisions voire absence de décisions de l’arbitre ou de sa méforme, même s’il reste un être humain et a le droit de faillir parfois.

HH : Souvent, les arbitres exercent une profession en parallèle à leur activité sportive. Est-ce ton cas ? 
JB : J’ai mis quelques années à trouver le métier que j’exerce aujourd’hui et qui me permet de travailler tout en étant disponible pour suivre une saison en Magnus, avec 2 matches par semaine. Je suis consultant fiscal indépendant.
Photo hockey Entrevue exclusive avec Jimmy Bergamelli - Ligue Magnus
JB Sikora

HH : Être arbitre demande une certaine hygiène de vie. Quel est l’entraînement physique que tu dois suivre au quotidien ? 
JB : Tout comme pour les joueurs, le rythme des matches impose une préparation en début de saison et un entretien tout au long de l’année pour suivre le jeu. Je ne cache pas cependant devoir me remettre en forme après un arrêt forcé dû à mon opération du genou en décembre dernier ; il va falloir mettre les bouchées doubles pour revenir au niveau mais je m’y attèle.

HH : Selon toi qu’est-ce qu’un bon arbitre ?
JB : Selon moi c’est celui qui siffle « juste ». Pas nécessairement toutes les fautes, mais les actions dangereuses, celles qui s’imposent pour éviter tout débordement de la part des deux équipes. Le coup de sifflet ou son absence a un véritable impact sur le déroulement du jeu et l’arbitre doit en avoir conscience et être le capitaine du navire. Il est impératif qu’il sache transmettre aux joueurs sa ligne de pénalité, ce qu’il est prêt à tolérer ou pas pour que le jeu soit le plus fluide possible. Le rôle de l’arbitre est de travailler en équipe avec ses coéquipiers et avec les joueurs.
 
HH : Comment être à la fois respecté et apprécié par les joueurs ?
JB : Il suffit d’être juste dans ses sanctions, respectueux de son travail et des joueurs et expliquer les sanctions ou pourquoi on ne siffle pas. Reconnaitre aussi quand on se trompe – ce qui arrive à tout le monde. Être humble. Savoir faire la part des choses ; le fait de saluer un joueur ou un coach, ne signifie pas une plus grande souplesse envers l’équipe. Chaque chose en son temps.

HH : Tu dois souvent faire face aux critiques, harcèlements et à la pression, est-il nécessaire de se construire une carapace ? 
JB : Lorsqu’elles émanent de professionnels du hockey les critiques peuvent être constructives et intéressantes et peuvent permettre une remise en question ; mais il est bon de préciser que la remarque faite après lecture d’une vidéo (parfois plusieurs fois) devant son écran, sur son canapé, n’a jamais rien à voir avec la décision à prendre dans le cours du jeu à l’instant T. Concernant les autres critiques, elles sont en général faites par des gens qui n’ont jamais pratiqué le hockey ; elles ne m’atteignent donc pas.  
Photo hockey Entrevue exclusive avec Jimmy Bergamelli - Ligue Magnus
JB Sikora

HH : Penses-tu que la mentalité des joueurs ait changé au fur et à mesure des années ? Si oui, en quoi a-t-elle changé ? 
JB : Oui, ils sont plus professionnels dans leur préparation et sur la glace. Ma longévité en Magnus les rend plus abordables (on se côtoie depuis longtemps pour la plupart), on discute souvent en dehors lorsqu’on se croise histoire d’échanger sur des actions précises ou discuter de tout et rien. Ils sont assez gentils pour la plus part et on partage la même passion alors….

HH : Est-il nécessaire d’avoir un quatuor arbitral sur chaque match ?
JB : Si on veut arriver un jour à se défendre au niveau international, il conviendrait que l’on adopte les règles de l’IIHF. L’arbitrage à 4 permet une meilleure vision du jeu, un meilleur encadrement ; donc un meilleur arbitrage pour favoriser le bon déroulement du jeu. Reste à nous habituer les uns aux autres, c’est une technique d’arbitrage différente.

HH : Un alignement régulièrement avec certains confrères permet-il de performer davantage ? 
JB : Evidemment, connaitre son binôme permet une anticipation des déplacements mais chacun a un rôle défini donc personne ne palie les lacunes de l’autre. Chacun doit être au meilleur niveau.

HH: Un joueur rêve de disputer de grands évènements tels les jeux olympiques, est-ce la même chose pour un arbitre ? 
JB: Il est évident que d’arbitrer de grandes échéances est une expérience que chacun souhaite dans sa carrière. Malheureusement, au niveau international notre passeport français ne nous ouvre pas aussi facilement les portes que pour d’autres nations de hockey

HH : Comment expliques-tu la difficulté des arbitres Français à être sélectionné dans les évènements internationaux ?
JB : Notre championnat est faible d’un point de vue international. Les arbitres ne sont pas préparés – seul un stage de 3 jours chaque année est organisé par la FFHG pour 2 ou 3 pour nos confrères Helvétiques. Pas de stage à l’international, pas d’échanges avec d’autres. Pas d’application systématique des règles IIHF – exemple le jeu à 4 arbitres. Pas de réelle professionnalisation du corps arbitral. Nous n’avons aucun arbitre pro en France alors que dans le championnat EBEL  (Italie, Autriche, Hongrie) il y en a plusieurs.

HH : Quelle est à ce jour ta meilleure expérience ? Peux-tu préciser pourquoi ? 
JB : Chaque championnat du monde a été top, c’est une grande fierté de représenter ton pays au meilleur niveau dans des pays dans lesquels tu ne remettras plus jamais les pieds. J’ai été très heureux d’arbitrer le match de Gala lors du championnat du monde Groupe A U18 en 2015 opposant la Suisse (Pays hôte) au Canada et d’échanger avec un certain Connor MacDavid avant de rentrer sur la glace. Il a un accent incompréhensible pour un petit Français !

HH : Et quelle a été la plus mauvaise ? 
JB : En début de carrière, une demie finale de coupe d’Europe à Bolzano lorsque j’ai sifflé à tort un hors-jeu et que l’équipe locale, qui ne m’avait pas entendu siffler compte tenu du bruit ambiant, a continué le jeu et a marqué le but de l’égalisation. Nous avions déjà annulé un but dans le match et il a été très compliqué de leur expliquer que ce but n’était pas valable. Nous sommes sortis avec l’aide de la police et après vérification vidéo le soir même, j’ai découvert que j’avais fait une erreur, le joueur était encore en contact avec la ligne bleue. Cela m’a longtemps contrarié mais comme m’a dit un juge de ligne qui m’a formé (gilles Ranzoni) : « Tu seras vraiment un arbitre le jour où tu auras vraiment été dans la M… pendant un match » C’était ce jour-là !!
 
Photo hockey Entrevue exclusive avec Jimmy Bergamelli - Ligue Magnus
JB Sikora
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HH : Selon toi qu’est-ce que la fédération française de Hockey sur glace pourrait améliorer pour professionnaliser davantage la ligue ? 
JB : La mise en place d’un vrai rythme pour les arbitres avec un minimum de 2 matchs par semaine et je ne parle pas de moyenne mais de matches effectifs – une régularité dans les désignations de façon à avoir une acuité accrue, une forme physique au top. Pour les équipes : Se rapprocher du corps arbitral pour que nous puissions expliquer aux joueurs/coachs les directives qu’on nous impose de faire respecter.

HH : Dans ta carrière peux-tu sortir du lot une équipe française que tu as trouvée particulièrement fair-play ? 
JB : Non, ça dépend des années, je m’entends avec tout le monde. J’ai croisé la plus part des joueurs Français lorsqu’ils étaient dans les petites catégories alors je peux dire qu’on a vieilli tous plus ou moins ensemble.

HH : Pour finir, si tu devais dire quelques mots aux supporters quels serait-il ?
JB : Arrêtez de crier sans comprendre, posez des questions, chercher le pourquoi d’une décision d’arbitrale avant de juger sans savoir. Perso, je réponds toujours aux questions qu’on me pose et je suis certain que mes collègues le font également. Bonne fin de saison.

Merci à toi Jimmy et au plaisir de te revoir sur la glace
 
 
 
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Réactions sur l'article
 
Tok a écritle 27/03/2018 à 23:13  

Bravo Jimmy , belle abnégation pour ta passion ...
 
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