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Hockey sur glace - Autour du hockey
Hockey sur glace - F. Hecquet: le cerveau s'entraîne comme un muscle
 
Fabien Hecquet, ancien gardien en Suisse, a créé un centre d'entraînement cognitif
 
, Hockey Hebdo Jean-Christophe Salomé le 18/05/2020 à 17:19
Photo hockey F. Hecquet: le cerveau s
photo: Vision Sports Center
Fabien Hecquet (à droite) et Romain Bordas (à gauche)



Fabien Hecquet a été gardien en LNB (Suisse) pour les clubs de Sierre, Visp, La Chaux-de-Fonds et Lausanne avec qui il a été champion en 2013. Après sa carrière de joueur, il est devenu entraineur de gardiens en club, pour les gardiens de l'équipe de France U18 et avec Sébastien Beaulieu du centre Beaulieu Keeper Performance (Genève).

Fabien a créé le centre d'entraînement Vision Sports Center avec d'autres associés et reste présent dans le hockey en tant qu'entraîneur des gardiens de l'équipe de la Chaux-de-Fonds (Swiss League / LNB).





Quel est le concept du centre d'entraînement et pourquoi l'avoir créé ?

A la base, nous sommes quatre à avoir créé le centre, ainsi que Cristobal Huet qui fit partie des associés. Il y a cinq ans, j'ai rencontré Romain Bordas, qui est mon associé et travaille à temps plein avec moi dans l'entreprise. Romain est orthoptiste de formation (spécialiste de la vision binoculaire) et clinicien en neurosciences. Il a fait des recherches pendant plusieurs années sur les mouvements occulaires et l'eye-tracking : quand tu regardes une scène, où vont se poser tes yeux ? Cette technique est également utilisée dans la publicité et le commerce : avec des lunettes assez simples d'eye-tracking, quand les gens rentrent dans un centre commercial ou une pièce, où se pose le regard des gens en premier ? Ces données sont ensuite utilisées pour la publicité.
Suite à ça, il s'est orienté sur les sportifs de haut-niveau. Il s'est rendu compte que l'on pouvait optimiser les déplacements des yeux et apprendre au cerveau à regarder des choses en priorité, à lui faire comprendre que quand tu regardes quelque chose, il y a des choses qui sont plus en danger que d'autres. C'est la même chose sur un terrain de sport, dans le hockey, le foot, le motocross ou les descentes de ski, il y a des endroits où tes yeux doivent regarder pour anticiper ce que tu vas faire. On s'est rendu compte que l'on était capables d'automatiser ça.
Quand je l'ai rencontré, on collaborait déjà un peu ensemble. Moi, j'étais toujours dans le hockey mais je suivais ses travaux. Il y a deux ans, il a commencé un peu à me former sur ce qu'il faisait, pour comprendre ce qu'il faisait et comment ça fonctionnait. Par exemple, sur le neurotracker (voir la vidéo ci-dessous), ce n'est pas juste regarder des balles mais comprendre comment tu regardes les balles. A partir de cette analyse, on identifie des déficits et on les corrige : est-ce que c'est un problème de concentration ? un défaut de vision sur les côtés ? S'agit-il d'un problème avec les distances ? On ne fait pas que ça, mais c'est une grosse partie.
 
Neurotracker: il faut repérer et suivre les balles en évidence et pouvoir les identifier à la fin de l'exercice


C'est d'autant plus important dans les sports où il faut prendre une décision très rapidement.

Oui, il était parti de ça. En fait, quand je l'ai rencontré, il m'a dit qu'on s'entraînait physiquement, techniquement, mentalement et on fait attention à notre alimentation. Il a été un des premiers à me prouver que la vision pouvait s'entraîner. Ce n'est pas juste regarder à certains endroits, on est capable de prendre plus d'informations, de voir plus de choses et de les traiter plus rapidement.
Le cerveau, c'est un peu comme un muscle. Si on lui apprend à traiter plus vite et plus de choses, il est capable de le faire. La finalité, quand tu te retrouves sur le terrain, c'est d'être capable de voir plus de choses, de les traiter plus vite et donc d'avoir de meilleures performances. C'est comme une préparation physique, sauf qu'on se focalise sur la vision, le cerveau et ton temps de réaction, tes réflexes et ta mémoire. On travaille plus au niveau cérébral.
Il y a deux ans, on est allé un peu plus loin dans son concept, on s'est associés pour créer Vision Sports Center.


Quels sont les effets sur le stress ?

J'ai travaillé avec des enfants et des adultes. La plupart stresse et panique avant les matchs, surtout les jeunes. Il ne suffit pas de leur dire ne pas stresser. Après, le stress est bon également, ça donne une montée d'adrénaline, mais ça ne fonctionne pas quand on n'arrive plus rien à faire.
Notre travail va te le montrer scientifiquement, au travers des machines avec les exercices que l'on va faire. Notre rôle est de montrer aux athlètes que plus ils vont se relâcher, être concentrés et se mettre dans leur zone où ils maîtrisent ce qu'ils font, leur score sera meilleur.


Ces techniques de travail sont assez récentes. Quelle est la perception des athlétes et clubs à ce sujet ?

Franchement, c'est au cas par cas. On a des contacts dans de nombreux sports : ski, motocross, hockey, football, basket. On s'est rendu compte que les plus ouverts, ce sont plus les petits clubs ou les sports individuels comme dans l'athlétisme, l'escrime, donc des sports qui ne font pas forcément le plus d'argent et qui ont besoin d'aller chercher les détails pour optimiser leur performance. Dans les grands sports, cela dépend surtout de l'ouverture d'esprit des dirigeants.
Pour certains, c'est la préparation physique qui prime. La tendance évolue, mais ce n'est pas encore ancré comme quelque chose d'indispensable dans la préparation physique. Beaucoup de gens s'intéressent de plus en plus à ça.


Est-ce que le coût de ces séances peut être un frein au développement ?

Oui. Après, on a adapté les tarifs pour les enfants avec des séances plus courtes. Les demandes cognitives sont énormes. On ne prend pas les enfants avant dix ans, on laisse au cerveau le temps de créer ses connexions. C'est comme le physique, tu ne fais pas soulever des poids à des enfants avant cet âge.
Quand ils finissent une séance, ils sont assez fatigués. Plus un enfant en fait et plus il est capable d'endurer ça et il peut tenir une séance normale.


Vous travaillez également sur la récupération après les commotions cérébrales.

Quand Romain a commencé à travailler avec des sportifs de haut-niveau, il a eu quelques cas de commotionnés qui avaient mal à la tête. Quand tu as une commotion, tu as mal au cerveau. Le cerveau a pris un coup. En tant qu'orthopiste, il s'est dit qu'au travers de nos exercices, il y avait beaucoup de visuel. En passant par les yeux, on va toucher les différentes zones du cerveau. 80% du traitement des informations passent par les yeux. On va faire travailler les zones de la concentration.
Un commotionné a des maux de tête, le bruit et la lumière le gênent, il n'arrive pas à se concentrer. Du coup, en travaillant avec ce genre de stimulation, on est capable de réhabiliter des zones de la commotion. En le faisant venir, on regarde s'il a des problèmes de concentration, des troubles visuels, des problèmes de mult-tâches. On va réhabiliter le cerveau à reprendre ces informations. On y va tout doucement, parce que si on force trop avec un commotionné, on peut majorer les symptômes. On va lui faire reprendre des stimulis visuels, faire du multi-tâche, réhabiliter son temps de réaction. C'est de la logique : la douleur est au cerveau, donc on va réhabiliter le cerveau.


Est-ce que cela peut également s'appliquer à d'autres pathologies du cerveau ?

Je dirais oui, mais avec des réserves. Par exemple sur la sclérose en plaques qui est une maladie où tu commences à perdre de la motricité, ou Parkinson, Alzheimer, il pourrait y avoir un impact.
On a plus de 95% de réussite dans le traitement des commotions cérébrales, même sur des personnes qui en souffrent depuis plus de cinq ans. Sur les autres pathologies, les médecins disent que c'est bien d'avoir une activité cognitive. Maintenant, on n'a jamais travaillé sur ces sujets. On travaille surtout avec les sportifs de haut-niveau, les commotions cérébrales et les enfants qui ont des troubles de l'attention (TDA). Sur les enfants, on est capables de diminuer leurs problèmes d'attention grâce aux exercices et à la charge de travail cognitive. On leur apprend à se concentrer.
Je reste persuadé qu'il y a surement des bienfaits pour ces pathologies, mais on ne les a pas encore évaluées. Il y a une part de risque à ne pas négliger, une mauvaise réaction est possible.
Comme pour les personnes âgées et Alzheimer, je pense qu'on ne pourra pas les guérir mais retarder le développement de la maladie en leur faisant faire des activités cognitives élevées mais on ne peut pas le certifier.


Les exercices que vous faîtes, ce sont des outils que vous avez développé vous-même ?

C'est du matériel que l'on a trouvé comme le neurotracker par exemple qui viennent des Etats-Unis. Il y a le programme « Eye Motion »  qui a été développé par Nicolas Marchais, un orthoptiste français. Ce programme travaille sur la largeur de la prise d'informations, ainsi que sur la mémorisaton. Beaucoup de gens utilisent ces outils sans vraiment savoir ce qu'ils font. C'est comme le neurotracker. Il ya des balles en mouvement, et quand ça s'arrête, il faut donner les bonnes et fausses. Sur le neurotracker, la question est de savoir pourquoi on a fait une faute et de dire comment tu peux la corriger pour t'améliorer. Tout le matériel que l'on utilise, on l'a travaillé d'un aspect médical pour réhabiliter les commotions et travailler sur la performance.
On a des projets, on travaille avec des développeurs, on a des collaborations pour créer notre matériel.

Vision Sports Center | Boxing Commercial from Olivier Kandyflosse on Vimeo.

 

 
 
 
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