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Hockey sur glace - Division 1 : Neuilly/Marne (Les Bisons)
Hockey sur glace - Frank Spinozzi, un Canadien à Neuilly
 
Pour sa première expérience en Europe, Frank Spinozzi a posé ses bagages sur les bords de la Marne pour prendre les commandes du vaisseau nocéen. Une évolution presque naturelle pour ce canadien né à Bourgoin Jallieu qui s’est engagé dans un projet visant la remontée en Magnus à un horizon de 3 ans. Investi à tous les niveaux du club, le coach a su imposer son style, mélange de rigueur, d’ouverture et d’écoute. Passionné et intarissable lorsqu’il s’agit de parler de son sport, il a expliqué à Hockey Hebdo son projet, le style de jeu de son équipe et nous livre une analyse intéressante du championnat de D1 et du hockey français. Toujours disponible pour promouvoir son sport, il a également accepté notre invitation pour participer à une chronique régulière au cours de laquelle nous évoquerons les aspects techniques et tactiques du jeu. Premier rendez-vous la semaine prochaine pour une présentation des systèmes utilisés lors des power-play.
 
Neuilly sur Marne, Hockey Hebdo Hugues Bolloch le 10/02/2011 à 17:19
Hockey Hebdo : Frank, peux-tu nous parler un peu de parcours avant ton arrivée à Neuilly ?

Frank Spinozzi : J’ai fait toute ma carrière au Canada. D’abord en tant que joueur à Ste Hyacinthe en collégiale 3 (ligue rivale de le LHJMQ). La ligue était présidée par Serge Savard et plusieurs joueurs ont intégré la NHL (Joé Juneau…). C’était une ligue qui était axée sur les études et accueillait des anciens joueurs de LHJMQ qui, à 20 ans, souhaitaient reprendre leurs études. Une autre particularité de cette ligue c’est qu’elle imposait à chaque équipe d’avoir 3 joueurs de 17 ans et j’ai fait partie de ce quota. A 21 ans j’ai une opportunité de venir jouer à Lyon, mais j’ai décidé de commencer ma carrière de coach. D’abord en junior comme adjoint, puis comme instructeur chef et Directeur Général. J’ai coaché 8 ans au niveau universitaire, ensuite je suis passé par Moncton (LHJMQ) puis en Junior 3 (1er niveau junior) en tant qu’entraineur chef. J’ai aussi travaillé dans un programme sport étude et dernièrement j’étais à l’université de Concordia. J’organise également des voyages en Europe avec des jeunes qui fréquentent mes écoles de hockey.
Photo hockey Frank Spinozzi, un Canadien à Neuilly - Division 1 : Neuilly/Marne (Les Bisons)
Photo perso

Comment s’est décidée ton arrivée à Neuilly ?

Lors d’un de ces tournois de jeune à Neuilly j’ai rencontré Ibrahim Soubra, le Président du club. Le courant est très vite passé. J’avais un intérêt pour venir coacher en Europe et en France, je me sentais prêt. En 1 semaine on a trouvé un accord verbal et on a contractualisé en mai.


Quel projet t’a proposé le Président et quels objectifs vous êtes-vous fixés ?

Le Président m’a proposé un projet à long terme et ça colle bien à ma façon de voir les choses. Bien sur l’équipe devait être compétitive tout de suite mais on ne visait pas la remontée immédiate. On s’est donné 3 ans pour retrouver la Magnus. Le Président cherchait aussi quelqu’un capable de restructurer le hockey mineur et qui rapproche l’équipe première du reste du club. C’est un projet qui me convenait dans sa globalité et je m’occupe donc aussi du hockey mineur.

Comment as-tu construit ton équipe alors que tu n’avais pas une connaissance précise du niveau de la D1 ?

On repartait de 0 suite aux nombreux mouvements consécutifs à la descente en D1. Le Président connaissait bien certains joueurs et il y a des joueurs avec qui je voulais travailler. Nous avons donc travaillé ensemble pour bâtir l’équipe. On a décidé de se garder de la place pour pouvoir procéder à des ajustements après le camp d’entrainement du mois d’août. J’avais besoin de me faire ma propre opinion du niveau des joueurs et du championnat. On a complété l’effectif peu à peu et au final nous sommes satisfaits de l’ensemble de nos joueurs.

Justement que penses-tu du niveau de la D1 et du hockey en France ?

Je pense que, en France, le « produit » hockey, et la D1 en particulier, ne sont pas assez mis en valeur et pas appréciés à leur juste valeur. On peut faire un parallèle avec le hockey universitaire canadien dont le niveau est, pour moi, supérieur à celui de la LHJMQ mais qui soufre d’un déficit d’image parce qu’il n’est pas assez bien « vendu ». La D1 est d’un très bon calibre et je trouve qu’on est très critique avec le hockey en France. C’est assez incroyable d’avoir autant de niveaux de hockey professionnel avec aussi peu de joueurs en hockey mineur. Au Canada, on rêverait des divisions comme ça. Bercy est un événement extraordinaire pour promouvoir notre sport.
Je vais vous raconter une anecdote qui illustre bien ce déficit de reconnaissance. Deux de mes joueurs étrangers m’ont fait part des réticences de leur entourage au moment de signer avec nous pour jouer en D1 parce que le niveau leur semblait faible. J’ai réussi à les convaincre de signer et ils s’attendaient à scorer beaucoup. Récemment ils m’ont avoué que le niveau était bien supérieur à ce à quoi ils s’attendaient.


Quels éléments sont, selon toi, susceptibles d’améliorer encore le niveau et l’exposition de la D1 ?

Le gros point noir c’est le faible nombre de matchs. S’entrainer toute la semaine pour un seul match, c’est trop peu pour des compétiteurs. J’ai bien conscience qu’il y a des disparités de budget, de statut et de niveau parmi les clubs de D1, mais je pense qu’on pourrait modifier la formule du championnat ou instaurer l’équivalent de la Coupe de la Ligue pour les équipes de D1. On a eu la chance de jouer la Coupe de la Ligue en début de saison et maintenant on organise des matches amicaux en milieu de semaine pour palier à ça (après Amiens, Courbevoie et Viry, Neuilly affrontera bientôt Lyon.) Il faudrait une saison régulière à 40 matches et un rythme de 2 matches par semaine. Je pense aussi qu’il faudrait étaler les matchs d’une même journée sur plusieurs jours. Ca permettrait aux arbitres d’officier plus souvent et de progresser. Aujourd’hui ils n’ont pas assez de matchs pour augmenter leur niveau.
Photo hockey Frank Spinozzi, un Canadien à Neuilly - Division 1 : Neuilly/Marne (Les Bisons)
Mav94

Peux-tu nous parler un peu de ton équipe ?

Mon équipe est très jeune avec peu de vétérans mais des bons vétérans. Je veux stabiliser cet effectif pour ne pas repartir de 0 tous les ans. Ca passe entre-autre par des bons résultats et une remontée dans les 3 ans. Mais les résultats passent aussi par la stabilité… Certains de nos joueurs se sont mis en valeur et si on ne monte pas rapidement, on ne pourra pas les retenir. Pour des raisons économiques notamment. J’ai des joueurs qui veulent rester, qui croient en notre projet. Certains ont des accords de plus d’un an. Mais si les joueurs ont des opportunités, je les encouragerai toujours à aller jouer au plus haut niveau. C’est notre travail d’entraineur. On est là pour développer des athlètes, pour le bien du collectif mais aussi pour leur progression individuelle.

Dans quel style fais-tu évoluer ton équipe ?

Je crois en l’engagement, la discipline et le respect des consignes. J’ai beaucoup d’estime pour l’entraineur des New England Patriots en NFL. Pour moi c’est « Le Coach », il n’a jamais peur de prendre un joueur de 2nd niveau, non drafté, et de le mettre à la place d’un joueur de 1er plan qui ne s’investit pas pour l’équipe. Pour moi chaque joueur doit se mettre au service du collectif.
Au niveau des systèmes de jeu, je n’aime pas rendre le palet à l’adversaire. On travaille tellement dur pour le récupérer qu’une fois qu’on l’a, il faut le conserver. Je suis un adepte d’un jeu offensif. Mais les plus beaux systèmes ne fonctionnent que si les joueurs y adhérent. On peut avoir une équipe performante à long terme parce que nos joueurs s’engagent dans ce projet.
Je prône des entrainements courts et intenses, jamais plus de 50’. Au-delà je ne crois pas qu’on peut demander à un athlète d’être à 100%. Dans la continuité, je préconise des shifts courts sur la glace (40 à 50’’.) C’est peut-être pour ça qu’on arrive souvent à être dominateur en dernier tiers.
La profondeur du banc est aussi un élément important. On peut juger une équipe sur le niveau de sa 3ème ou 4ème ligne. Le mérite de nos résultats revient aux joueurs. Ils ont décidé de s’engager et de croire aux systèmes que je propose. Aucun entraineur n’est bon si les joueurs ne respectent pas les systèmes et ne s’engagent pas. C’est eux qui vont dans les coins. Nous on ne prend pas de coup. Le spectacle, c’est les joueurs pas le coach. Il ne faut pas l’oublier.


Quelle est ton implication eu niveau du hockey mineur ?

J’aime le hockey. Comme d’autres sports collectifs, il permet à des enfants de se développer et, pour ceux qui en ont besoin, de se sociabiliser, de prendre confiance en eux. Je vais aller dans les écoles avec mes joueurs et encourager les enfants à pratiquer un sport. Je vais essayer de les diriger vers le hockey bien sur, parce qu’on a quelque chose de bien à offrir. Un des « contrats » passés avec les joueurs, c’est que chacun doit donner 1 à 4 heures par semaine au hockey mineur. Mes 21 joueurs sont impliqués dans le mineur, en tant qu’entraineur, entraineur adjoint ou technicien pour les entrainements. Pour moi c’est unique. Ca n’a pas été facile à vendre au début, mais c’est une de nos plus belles réussites de la saison, au-delà de nos résultats. Hier, lors d’un match des U13, tous mes joueurs sont venus les encourager. Après le match les U13 les ont salués et mes joueurs les ont applaudis en retour. A l’inverse, les jeunes du club viennent régulièrement assister aux matches de D1 et je leur ouvre parfois la porte du vestiaire. Il faut travailler ensemble pour développer notre sport et ne pas penser qu’à sa petite paroisse.
Une de mes déceptions en France est sur ce plan la. Beaucoup d’organisations ne veulent pas travailler ensemble pour le bien du sport et des jeunes. Il arrive que des jeunes ne soient pas retenus parce qu’ils n’ont pas le niveau. C’est contraire à tout ce que je prône. Tous les athlètes veulent gagner, mais si un gamin, même faible, veut jouer au hockey, on doit l’accueillir et le faire jouer. C’est une aberration de refuser des jeunes, on n’en a pas les moyens.

 
Merci beaucoup pour ta disponibilité et bonne fin de saison.
 
 
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Réactions sur l'article
 
pat64 a écritle 13/02/2011 à 10:59  
ca pour causer , il cause le type, meme aux arbitres ! lol......; les shifts courts ouais, mais a 5 a 0 parce qu'a anglet, au 3 eme, on a beaucoup vu les memes ( a 2 partout) et d'ailleurs anglet a plutot dominé au 3 eme !
sinon, analyse interessante. un bon canadien avec de bons plans et de bonnes fiches techniques c toujours interessant plutot que des amateurs bien volontaires ..surtout pour le mineur !
dré65 a écritle 11/02/2011 à 22:56  
En effet, ce projet pour le hockey semi-pro est alléchant. En région parisienne, il doit pouvoir être mis en place un mini trophée entre les clubs de D1 et D2, qui se jouerait en semaine, à la place d'un entraînement. Mais si celà devient une compétition, c'est de nouveau de l'usure pour les groupes les plus légers. Pas facile de faire changer les choses !
forsberg93 a écritle 11/02/2011 à 16:41  
Quand Pourtanel est parti, j'avais des craintes sur le sort du club. Finalement, force est de constater qu'il semble être entre de bonnes mains. J'aime beaucoup le discours de Spinozzi et j'espère qu'il aura le temps de mettre tout cela en application.
 
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