Le nouvel entraîneur des Sangliers Arvernes pour cette saison 2025/26 est loin d’être un inconnu en France et particulièrement pour les Clermontois. Arrivant de Nice où il s’occupait du hockey mineur, Dusan Brincko aura pas mal roulé sa bosse dans les différents championnats français, de la Magnus à la D2, comme joueur et comme coach ou assistant coach, sans négliger son vécu en Slovaquie, Tchéquie et Pologne.
C’est pourtant probablement à Clermont-Ferrand entre 2013 et 2016, en tant que joueur-entraîneur, que le Slovaque aura évolué le plus longtemps dans la même structure, avec au final un titre de champion de D2 ouvrant une montée en D1. Promotion dont il ne profitera pas puisqu’un peu étonnamment il ne sera pas reconduit dans l’incompréhension la plus totale pour nombre de supporters...
Il y eut depuis pour le club auvergnat plus de bas que de haut. Les Arvernes, ont non seulement jamais réussi à peser dans cette D1(*), mais voient régulièrement les play-offs leur échapper depuis le retour en D2 surtout depuis 3 saisons.
En rappelant Dusan Brincko les dirigeants clermontois espèrent retrouver le chemin des années plus glorieuses. Inutile de dire que cette forte attente fait que la pression sera grande sur les épaules du nouvel entraîneur. Celui-ci dont le carisme n’est plu à prouver est peut-être l’homme de la situation qui n’est pas plus brillante que celle qu’il a connu lors de son arrivée en 2013. A souligner un retour avec une différence néanmoins : il ne montera plus l’exemple sur la glace puisqu’en quittant Clermont-Ferrand en 2016, il a définitivement arrêté sa carrière de joueur. (Qui sait ?)
(*) Après une 1ère rétrogradation immédiate, l’équipe remontera 2 ans plus tard mais, constamment dernière, elle ne devra son maintien en D1 durant 3 saisons que grâce au gel des promotions inter-divisions suite à la pandémie mondiale.
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| Crédit Photo Gaëtan Boucheret |
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Hockey Hebdo : Dusan Brincko Bonjour et merci de nous avoir accordé cet entretien. La 1ère question est assez personnelle. Est-ce qu’il y a une certaine émotion de revenir dans un lieu où vous avez brillé et aussi connu vos dernières années en tant que joueur ?
Dusan Brincko : Bien sûr que oui, cela me fait un grand plaisir. A l’annonce sur internet de mon retour, des amis de la région m’ont contacté pour dire combien ils étaient contents de me revoir et moi aussi. J’ai d’ailleurs dit aux dirigeants que, si cela n’avait pas été Clermont-Ferrand., il était prévu que je quitte la France. Je sais avec qui et pour qui je vais travailler et devant quel public et tout ça m’a motivé à revenir. On a vécu de très belles années à mon 1
er passage, cela ne s’oublie pas et c’est pour cela que j’ai ici pleins d’amis.
Hockey Hebdo : J’ai presque envie de dire que vous aviez ici un contrat du cœur . . .
Dusan Brincko : Oui c’est cela exactement; je me sens comme à la maison. Je connais déjà beaucoup de dirigeants ici dont le président Jean Marc Gonnet mais c’est un tout qui m’a convaincu de revenir.
H.H.: Justement avez-vous pu mesurer les attentes que joueurs, dirigeants et supporters ont mis en vous pour redonner un vrai élan sportif et renouer avec un certain ‘’standing’’ plus en rapport avec le passé du club?
Dusan Brincko : Oui mais on sait tous que cela ne va pas aller de soi. Il y a eu pas mal de changement de joueurs dans l’équipe ; dernièrement on a resigné un joueur (nb : il parle probablement de Micke Niemelä) et signé un nouveau (nb : il parle probablement de L’ukrainien Roman Kizlo). Maintenant je veux mettre d’abord en avant l’esprit d’équipe car avec ça on peut faire de belles choses sur la glace, même si on peut avoir des moments plus difficiles. La D2 est un championnat pas si long que cela et c’est pour cela qu’il faut absolument être prêt chaque samedi.
H.H.: En 2013 lors de votre 1ère venue, le club ne se portait pas vraiment mieux. (rappel : il venait de terminer dernier de D2 mais fort heureusement sans relégation cette saison là) Pour vous les situations sont-elles comparables ?
Dusan Brincko : Non on ne peut pas vraiment comparer avec ce qui se passait avant. Il y a eu un changement profond dans le monde du hockey entre autre dans la mentalité des joueurs. Les jeunes joueurs actuels n’ont pas vécu ce qu’ont vécu ceux que j’ai entraîné à mon 1
er passage. Aujourd’hui un entraîneur – j’ai vécu ça en Slovaquie et en Tchéquie – doit faire preuve de temps en temps de psychologie. Nous verrons s’ils adhèrent à mon discours ou si par moment il va falloir parler plus durement.
H.H. : Voilà une semaine que vous supervisez les entraînements. Vous êtes vous fait une idée plus précise sur le potentiel individuel de vos joueurs et collectif de votre équipe ?
Dusan Brincko : Pour le moment non. On pourra dire ça après les 1ers matchs de préparation. On va en disputer 3 et on pourra en savoir plus après. Les entraînements ce sont des entraînements et les matchs les matchs. Certains joueurs peuvent être « super » à l’entraînement puis moins performants en match pour diverses raisons ; tout cela est parfois, comme je disais avant, psychologique. Aujourd’hui c’est aussi la tête qui est importante pour jouer bien.
H.H. : Or justement pensez-vous que ces dernières saisons plutôt douloureuses ont pu avoir des répercussions psychologiques sur les joueurs ?
Dusan Brincko : Je ne sais pas (dubitatif). Je n’ai pas vu les matchs mais suivi les résultats. Ils ont fait une 1
ère partie compliquée mais ils ont fait quand même de très beaux play-downs. J’ai vu aussi qu’ils avaient toujours au moins 1000 personnes dans les gradins et c’est un ‘’6ème joueur’’ important pour le moral.
H.H. : Sur quels points en particuliers portez vous vos efforts actuellement et cela sera-t-il appelé à évoluer?
Dusan Brincko : Actuellement cela est surtout basé sur le physique les 3 premières semaines. Je sais que ce n’est pas évident à ce niveau de championnat pour des gars qui ont une activité professionnelles en dehors, donc pas tous disponibles à 100 %. Il faut néanmoins les remettre en forme avec le préparateur physique David (Bory). Après on passera plus sur le collectif ; expliquer aux joueurs le jeu que j’attends et mettre tout cela en place pour le championnat.
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| Crédit Photo Gaëtan Boucheret |
| Dusan Brincko avec en arrière plan son adjoint Robert Pospisil |
H.H. : Vous serez à priori secondé aux entraînements par Robert Pospisil, responsable depuis 6 ans des U20-U18. Qu’attendez-vous de cette collaboration ?
Dusan Brincko : Robert est tchèque, moi slovaque et on se connait bien. Nous avons la même philosophie. On doit montrer aux joueurs U20 qu’ils peuvent avoir le potentiel pour évoluer en équipe 1
ère, dans un 1
er temps peut-être en 4
ème ligne. Robert connait ces jeunes depuis des années, il les a vus évoluer l’année dernière et c’est bien pour moi. D’ailleurs on a commençé à bien discuter cet été au téléphone et il m’a expliqué déjà bien les choses. Et puis j’ai fait connaissance de David Foltzer, l’autre entraîneur du mineur et on va pouvoir faire un travail d’équipe.
H.H. : Vous êtes vous fixé déjà des objectifs autre que le simple maintien ou attendez vous les 1ères rencontres de préparation pour avoir une idée plus précise de vos ambitions? (le 1er ayant lieu le samedi 6 septembre)
Dusan Brincko : Cette année on a bien déclaré et on va faire tout pour aller en play-off. Il faut que les joueurs comprennent qu’avec le travail et un bon esprit d’équipe c’est possible.
H.H.: Eloigné depuis pas mal de saison de la D2, avez-vous cependant gardé un œil sur ce championnat et mesuré son éventuelle progression?
Dusan Brincko : J’ai des amis qui entraînent en D2 qui m’ont donné un peu un petit aperçu. Mais avant tout je vais découvrir par moi-même et avant de regarder qui joue comment je vais d’abord voir et me concentrer comment on joue, notre façon de jouer. J’ai du respect pour tous les adversaires que l’on va rencontrer mais il ne faut pas avoir peur de les rencontrer et se dire qu’on peut battre n’importe qui. J’ai vécu trop d’exemples dans différents championnats et de pays où notre équipe pouvait prendre le meilleur sur des équipes prétendues plus fortes. On doit d’abord faire de notre mieux possible et y croire.
H.H. : Avec 3 matchs amicaux, cela n’est-il pas un peu juste pour cette préparation?
Dusan Brincko : Non je pense que c’est ok. On a seulement 1 mois de préparation cela peut suffire. Si on avait pu commencer plus tôt, cela aurait été mieux mais on a commencé que le 25 août et on ne peut guère faire plus. C’est comme ça et on fait avec.
H.H. : L’effectif clermontois sera renforcé par 5 joueurs non JFL ; 2 déjà présents la saison dernière – le finlandais Micke Niemela et le russe Vladislav Korobkin- auquel se rajoutent un autre russe – Matvei Kokovin- , le letton Normunds Vibans et récemment l’ukrainien Roman Kizlo. Pensez-vous que le club s’est donné, vous a donné, les moyens suffisants pour renouer avec des ambitions certaines? Avez-vous pu superviser le choix de ces renforts ?
Dusan Brincko : Trois joueurs –le letton et les 2 russes- ont été signé avant moi. Pour le moment, pour des problèmes de visa, les russes ne sont pas encore là et j’espère qu’ils vont vite arriver ; Si les problèmes de visas deviennent trop compliqués il va falloir aviser avec le président, s’il faut attendre ou pas. Pour les 2 autres, j’ai parlé avec Micke qui avait envie de revenir. Je lui ai dit ma philosophie, comment je voulais qu’il travaille. Il a dit ok alors il reste. Pour Roman on a eu des bonnes informations sur lui alors on l’a fait venir.
H.H. : A l’exception de Niemela et Vibans, côté étrangers, et de François Faure et Nans Souchon (les 2 seuls déjà présents lors du titre de 2016) l’effectif est plutôt jeune. Ne risque-t-il pas de manquer encore d’expérience cette saison?
Dusan Brincko : Et bien j’espère qu’ils vont avoir l’envie, qu’ils auront la volonté de travailler fort, surtout que certains ambitionnent de jouer plus haut. Pour le moment ça travaille bien. Je ne suis pas encore super satisfait mais quand même assez satisfait. C’est pour ça que je pense que cela devrait bien se passer même avec les jeunes.
H.H. : Malgré les saisons décevantes qui se sont succédées, les Sangliers ont toujours pu compter sur un public clermontois fidèle, constituant un des plus nombreux de la D2. Cela a-t-il aussi compté pour votre retour et penser vous que plus que jamais les supporters représentent une force qui pourrait compter pour une bonne saison?
Dusan Brincko : Oui tout à fait. Ici il y a un super public. Je me souviens quand je suis arrivé il y a 10 ans que public a augmenté de 800 puis 1000, 1200 et tout ça. Je suis très très content quand on a le public comme ça. On espère donner aux supporters beaucoup de joie et de satisfaction. On veut donner beaucoup de plaisir à voir jouer les Sangliers Arvernes, à commencer en gagnant les matchs ici car, comme je disais c’est notre 6
ème joueur et d’avance je les remercie de leur soutien.
H.H. : Et bien nous vous remercions pour votre disponibilité et souhaitons que cette saison réponde pleinement à vos aspirations.
Dusan Brincko : Merci à vous et à Hockey Hebdo vous pour l’intérêt que vous nous portez.
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| Crédit Photo Yves Le Guillerm |
| Dernier match de Dusan Brincko avec les Sangliers Arvernes 02/04/2016 (Dusan en haut à gauche) Clermont sacré Champion de France Division 2. |