HH : Quel avenir pour le TBHC, quels sont les projets, les ambitions du club ?
Michel Guillou :
Le club est en développement constant, notamment sur le plan du hockey mineur, qui est une composante essentielle. Nous avons mis en place une section sportive qui commence à bien fonctionner, grâce à des partenariats avec un établissement scolaire (collège/lycée).
Pour l’équipe sénior, on ne cache pas notre ambition de monter en D1. Aujourd’hui nous sommes en D2, mais nous voulons construire cela sereinement, en formant nos jeunes, en développant nos talents français, pour qu’ils soient les piliers de ce projet.
Côté féminin, notre équipe a terminé vice-championne de France. Cette saison, on aimerait leur donner les moyens de viser encore plus haut, peut-être même décrocher le titre. Ce n’est pas notre priorité absolue, mais c’est important de soutenir leur progression.
De manière générale, notre projet de club, c’est que chacun puisse trouver une pratique du hockey qui lui corresponde.
HH : Pour la saison 2025-2026, un nouvel entraîneur prend les rênes de l’équipe première. Est-ce un choix en cohérence avec vos projets ?
Michel Guillou :
Oui, tout à fait. Quand Eddy nous a annoncé qu’il souhaitait arrêter, on a réfléchi à un profil qui colle avec notre projet. La candidature de Claude Devèze nous a tout de suite intéressés.
Il a l’expérience nécessaire et des compétences sportives pour nous accompagner vers notre objectif : une montée en D1, que nous préparons de manière organisée, même si on reste ouverts aux opportunités dès cette saison. Il est l’homme qui peut nous aider à franchir le cap.
HH : Bélougas de Toulouse-Blagnac, Sangliers Arvernes de Clermont-Ferrand... même combat : la concurrence d’autres sports comme le rugby, le foot ou la natation est forte. Comment exister face à cela ?
Michel Guillou :
C’est très vrai. Quand j’ai commencé dans le hockey à Toulouse, on regardait avec attention le calendrier du Stade Toulousain. Lorsqu’ils jouaient en même temps que nous, nos tribunes étaient à moitié vides.
Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas : on joue à guichets fermés, peu importe les matchs autour. C’est une belle évolution, car on a su construire notre propre image.
Nos matchs sont annoncés dans les transports en commun Tisséo, tout comme ceux du Stade ou du TFC. Bien sûr, on ne joue pas dans la même cour : ce sont des structures professionnelles (SASP), mais on fait en sorte d’être visibles.
Et puis, vis-à-vis des élus, on montre aussi qu’une ville capable d’accueillir du sport pro, c’est une ville avec une vraie culture du sport de haut niveau.
HH : L’histoire du hockey toulousain est fortement liée à ses patinoires. Où en est-on aujourd’hui ?
Michel Guillou :
Actuellement, on dispose de deux patinoires principales, et d’une troisième plus petite.
À Blagnac, nous avons une patinoire olympique (60x30 m) avec 1 200 places assises, jusqu’à 1 500 spectateurs les soirs de match.
À Toulouse, la patinoire Alex Jany, également aux dimensions olympiques, accueille environ 700 places assises, jusqu’à 900 spectateurs.
Et puis, il y a la petite patinoire de Bellevue (30x20 m), qui n’est pas homologuée pour la compétition, mais qui permet d’accueillir l’école de hockey le samedi matin. On la considère comme une demi-patinoire car elle n’a pas de visibilité sportive.
HH : Avoir deux grandes patinoires est une chance rare. Sont-elles suffisamment adaptées pour permettre une vraie progression du hockey à Toulouse ?
Michel Guillou :
C’est une chance, mais avec quelques nuances. Quand je suis devenu président, je me suis rendu compte qu’on avait beau avoir deux patinoires, on ne disposait en réalité que du même volume d’heures de glace qu’une seule.
Par exemple, le mardi soir, on doit mettre un salarié sur chaque site pour encadrer les entraînements.
Donc oui, c’est un avantage… mais aussi un inconvénient, tout dépend de l’organisation.
La patinoire de Blagnac date de 1989 et n’a pas les infrastructures nécessaires pour une préparation physique moderne. Les vestiaires sont étroits, et les équipes adverses se retrouvent dans des vestiaires côte à côte, ce qui ne répond pas aux standards.
La capacité d’accueil aussi est un frein : on joue à guichets fermés toute la saison. Si on avait 2 000 places, on les remplirait. Regardez Lyon : en D2 l’an dernier, ils remplissaient sans problème leurs 3 000 places.
C’est l’un des facteurs limitants aujourd’hui. En France, on aime faire de gros projets d’infrastructures. Avec Toulouse Métropole et le soutien de Blagnac, on y travaille, pas pour demain, mais pour après-demain.
HH : Le hockey sur glace manque de médiatisation. Qu’en est-il pour les Bélougas ?
Michel Guillou :
C’est en partie vrai. Par exemple, France 3 Auvergne parle parfois de hockey à Clermont-Ferrand, mais ici, France 3 Occitanie ne le fait jamais. C’est une différence notable.
Cela dit, aujourd’hui, nous sommes visibles. Mis à part le foot et le rugby, très peu de sports sont annoncés dans les transports en commun les jours de match.
On est aussi présents dans la billetterie des comités d’entreprise comme celui d’Airbus. Et surtout, on n’entend plus "Ah bon, il y a une patinoire ?" mais plutôt "Ah bon, il y a du hockey ?" voire maintenant "Oui, on connaît les Bélougas." Ça change tout.
On participe à la Foire Internationale de Toulouse, avec un stand interactif (Tir) pendant 10 jours. C’est un bon moyen de faire découvrir le hockey au public.
Enfin, côté presse écrite, on a deux articles par semaine dans La Dépêche, ce qui est très correct.
La médiatisation nationale reste un enjeu. Il y a peu de médias qui couvrent le hockey. Hockey Hebdo est l’une des rares références, et c’est très précieux.
HH : Le hockey français évolue, mais a connu un revers lors des derniers championnats du monde. Que lui manque-t-il selon vous pour rebondir ?
Michel Guillou :
Tout le monde veut voir le hockey progresser, je n’ai jamais entendu quelqu’un dire le contraire. Mais les stratégies diffèrent.
Quand un Directeur Technique National doit qualifier une équipe dans les six mois, on est plus dans une logique de sélection que dans un travail de fond. C’est nécessaire, mais ce n’est pas suffisant.
Ce qui m’importe, c’est le long terme. On doit tous travailler ensemble à bâtir des systèmes de développement solides.
Par exemple, on avait un jeune talentueux en U15. On aurait pu tout faire pour le garder, mais on a préféré l’accompagner vers le meilleur centre de formation possible. Il est parti à Caen, un excellent choix.
Plus la base est large, plus on peut espérer que le sommet de la pyramide (la sélection) soit solide. Si la base est étroite, c’est forcément plus compliqué.
HH : Le mot de la fin ?
Michel Guillou :
Je suis très heureux que la saison reprenne. Avec l’expérience, je vois bien que le travail bénévole ne s’arrête jamais, mais c’est tellement gratifiant de voir les patinoires pleines les soirs de match.
Au final, c’est bien pour ça qu’on fait tout ça.
Hockey Hebdo vous remercie pour votre temps et pour cet échange enrichissant.
Michel Guillou : Merci à vous de vous intéresser au TBHC !