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Hockey sur glace - Autour du hockey
Hockey sur glace - La préparation mentale avec Frédéric Merelle
 
Dans le sport, l'essentiel de la préparation est physique et technique. Il existe d'autres disciplines complémentaires pour aider les sportifs de haut-niveau à être plus performants, comme la préparation mentale, les entrainements perceptifs ou cognitifs. Aujourd'hui, nous vous présentons la préparation mentale avec Frédéric Merelle, coach mental français installé en Finlande.
 
Finlande/Grenoble, Hockey Hebdo Jean-Christophe Salomé le 02/05/2020 à 15:33
Photo hockey La préparation mentale avec Frédéric Merelle - Autour du hockey
photo: Alexandre (copie d'écran vidéo) / FM

Quel est votre parcours sportif et qu'est-ce qui vous a amené en Finlande ?

Je suis originaire de Picardie. J’ai joué à un bon niveau au tennis (niveau national dans les classes d’âge ‘jeune’) avant de créer une école de tennis en parallèle de mes études. En 2008, je me suis expatrié en Finlande pour raisons professionnelles ou j’ai commencé à travailler pour une agence européenne à Helsinki. J’ai également débuté un accompagnement de joueurs de tennis de niveau national.


Comment êtes-vous devenu coach mental ? Avez-vous suivi une formation particulière ? Est-ce une profession reconnue ?

J’ai commencé à enseigner le tennis à l’âge de 17 ans donc je dirais que le coaching est dans mon ADN depuis longtemps. J’ai ensuite eu un parcours professionnel en tant que Directeur de Fondation, dirigeant en ressources humaines en France qui m’ont permis de comprendre que l’on peut faire une grande différence avec de petits détails et ainsi permettre à vos collaborateurs de progresser. Je suis donc devenu ‘naturellement’ coach d’entreprise certifié puis diplômé en coaching mental. Cette activité est en effet reconnue (je suis accrédité par la fédération internationale de coaching) mais mon expérience montre qu’au-delà des formations suivies, l’on devient un solide coach mental avec l’expérience.


En quoi consiste le suivi d'un athlète de haut-niveau dans ce cadre ? Quelles techniques sont utilisées ?
 


Quelle est l'image du coach mental auprès des sportifs de haut-niveau ? Sont-ils réceptifs dans la majorité ou la discipline souffre-t-elle encore d'idées reçues ? Est-ce que cela varie selon les disciplines sportives ou les pays ?

S’il se développe, le coaching mental ou le coaching de performance comme je préfère l’appeler reste un secteur encore peu exploité par les athlètes. Il y a encore pas mal d’idées reçues en effet. L’athlète pense parfois que c’est une démarche trop théorique, uniquement nécessaire si on a un ‘problème mental’ ou quand les choses vont mal. Le coaching mental est tout l’inverse. Il permet à l’athlète d’anticiper les problèmes avant qu’ils n’arrivent. Il y a aussi parfois des réticences coté ‘staff’ qui voit dans la collaboration avec un coach mental une possible perte de ‘contrôle’ sur l’athlète alors qu’en réalité cette démarche aide un objectif commun : celui de faire progresser l’athlète et donc l’équipe.

Certains clubs, équipes, fédérations encouragent l’appui d’un coach mental, d’autres y sont plus réfractaires ou mettent en place un intervenant ne parlant pas forcément le ‘même langage’ que l’athlète. Par exemple, la quasi-totalité des coaches mentaux en Finlande sont des psychologues ou psychothérapeutes. Ce sont de grands professionnels mais qui ne parlent pas toujours la même ‘langue’ que les athlètes. Beaucoup de ces athlètes se sont tournés vers moi pour cette raison. Car je viens du sport. La pression pour moi n’est pas un concept, mais bien la réalité car je l’ai expérimenté dans mon sport. J’entends ce besoin aussi des sportifs français avec qui je travaille, y compris des joueurs de hockey-sur-glace. Certains se sont tournés vers moi alors même qu’un coach mental était mis à disposition par leur club/fédération. Ils cherchaient quelque chose de différent.

Il y a en effet des disparités selon les pays et cultures. Par exemple en Finlande, le coaching mental est très ‘scientifique’ (la Finlande étant un pays d’ingénieurs). Aussi, la peur d’échouer y est aussi très forte ce qui est je dirais le sujet principal sur lequel j’interviens avec les joueurs de Liiga Finlandaise ou de Mestis. J’ai la chance de travailler avec des athlètes masculins ou féminins de 5 nationalités différentes qui se trouvent dans différents pays ou continents et les approches sont très différents. Car les athlètes sont eux-mêmes uniques.


Photo hockey La préparation mentale avec Frédéric Merelle - Autour du hockey
Photo: Eric / FM
Pour ceux qui sont réticents, que pouvez-vous leur dire pour les faire changer d'avis ?


Engagé dans un processus de coaching mental efficace nécessite d’abord un athlète qui le veuille de lui-même. L’athlète ne progressera pas mentalement s’il s’engage contre son gré dans cette démarche. Je travaille avec quelques athlètes qui ont eu une expérience infructueuse d’avec un coach mental avant notre collaboration mais qui restaient ouverts à la démarche. Ils ont tous noté une grande différence dans l’approche que j’utilise et on rapidement vu et récolté les bénéfices. Mais pour les autres qui sont réticents envers le coaching mental en général, je dirai que ce n’est pas le moment pour eux mais qu’ils y viendront peut-être dans le futur quand ils se sentiront prêts.

Quant aux fédérations, certaines comprennent la démarche d’un coaching mental différent. D’autres moins. Par exemple en France, les fédérations sont quelque peu réfractaires à s’engager avec un coach mental présentant un profil différent de celui avec lequel il travaille habituellement (ex : psychologue etc.) ou qui se trouve dans un autre pays alors même qu’il est prouvé par de nombreuses études scientifiques que le coaching est aussi efficace à distance. Les fédérations étrangères sont moins réticentes.

Je travaille actuellement dans plusieurs pays européens depuis la Finlande. Je me retrouve dans une situation maintenant ou les athlètes eux-mêmes me contactent pour travailler avec moi alors même qu’un coach mental est en place dans leur club... De plus, ma présence en Finlande me permet de n’appartenir à aucune institution, ce qui est la clé quand vous voulez construire une relation de confiance avec l’athlète. Pour progresser, il a besoin d’être en confiance totale pour s’exprimer librement. Ceci est facilité s’il travaille avec une personne extérieure au club. Cette position ne compromet en rien un nécessaire retour d’information de ma part envers la fédération, le club ou le staff dans une limite définie dès le départ.

Je travaille très bien avec quelques ‘Head coach’ ou fédérations qui ont compris les enjeux de mon intervention. Dans ce cadre, je pense que la France a malheureusement quelques années de retard par rapport à d’autres pays même si les choses semblent bouger un peu. La crise du coronavirus est venue nous rappeler qu’utiliser les nouvelles technologies et penser ‘différemment’ est une évolution nécessaire. Dans ce cadre, si d’autres clubs français ou fédérations souhaitent travailler avec moi, je leur démontrerai que la manière dont je travaille est novatrice, qu’elle produit des effets rapides et qu’elle a été testée par bon nombre de leur athlètes avec grand succès. .


Est-ce que les sportifs vous sollicitent de leur propre initiative ou sur recommandation de leur coach ou club ? Est-ce pour pallier un manque de résultats ou dans un cadre d'amélioration quand le physique est déjà au top ?

Je suis recommandé le plus souvent par les athlètes eux-mêmes. Généralement, un athlète qui a beaucoup progressé grâce à notre travail en informe un autre. Quelqu’un qu’il apprécie beaucoup en général car la concurrence entre les joueurs reste réel. Les joueurs me sollicitent le plus souvent en ‘réaction’ à un problème qu’ils n’arrivent pas à résoudre et qui s’est installé avec le temps. Le plus tôt les athlètes font appel à un coach mental, le mieux c’est pour leur développement. Dans tous les cas, nous faisons une séance ‘test’ qui ne les engage à rien. De cette manière, ils voient si cela les aide ou pas.

Photo hockey La préparation mentale avec Frédéric Merelle - Autour du hockey
photo: Markus Moiso
Je travaille également avec des athlètes qui me sont adressés par les coaches eux-mêmes. Avant de m’engager avec ceux-ci, je me dois de valider d’abord d’avec le coach l’indépendance de mon travail (confidentialité de mes échanges d’avec l’athlète etc.). Par exemple, l’équipe nationale de volley-ball masculine Finlandaise a fait appel à moi l’année dernière pour les championnats d’Europe. J’ai eu une excellente collaboration d’avec le ‘Head coach’ car il a compris que je pouvais partager uniquement les grandes étapes de mon travail et pas le reste. J’ai également collaboré avec un ‘Head-coach’ de Liiga Finlandaise et organiser des séminaires pour des équipes de Mestis (seconde division Finlandaise). Je travaille également plus régulièrement avec certains clubs (champion de Finlande de Basket-ball etc.) ainsi qu’avec des athlètes basés en Italie avec l’accord de leur club d’’externaliser’ le coaching mental en dehors du club. Généralement, après un essai réussi avec un joueur, d’autres joueurs me sont alors envoyés par les clubs. La confiance s’étant installée. Le bouche à oreille reste donc le plus efficace.

C’est par exemple ce qui se produit avec les joueurs de Hockey-sur-glace français. Ayant commencé à travailler avec un joueur Français évoluant en Finlande il y a deux ans puis fais progresser considérablement un défenseur Finlandais évoluant en Liiga Finlandaise, je suis intervenu au cours du camp 21 de Chamonix l’été dernier ou j’ai rencontré beaucoup de joueurs. Je me souviens du premier jour ou en présentant rapidement ma démarche aux joueurs dans le vestiaire, un dialogue ‘naturelle’ s’est installé avec eux et ce très rapidement. Je n’attendais que 4 or 5 personnes intéressées sur la durée du stage. Au total, 25 ont participé et je travaille encore avec bons nombre d’entre eux et ce depuis des mois. Cette démarche prouve que proposer un service différent, dans un cadre différent créé de la valeur ajoutée.

Je travaille actuellement avec une quinzaine de hockeyeurs Français (principalement en Magnus et y compris des joueurs de l’équipe de France mais également en D1 et D2) et je suis contacté presque chaque semaine par de nouveaux joueurs tricolores. Je partage avec eux mon expérience du Hockey Finlandais mais également d’autres sports et contextes (entreprise etc.) dans lesquelles j’interviens.


Comment mesurer l'efficacité de la préparation mentale et ses bénéfices ?

Dans le sport, l’évaluation est encore plus facile qu’en entreprise. Vous perdez ou vous gagnez. Vous vous qualifiez ou non. Vous atteignez votre objectif individuel ou pas. Donc mon travail peut être facilement évalué. A titre d’exemple, j’ai aidé des athlètes de moins de 23 ans à devenir meilleur joueur de volley-ball/basket-ball de leur pays, à aider à la qualification de l’équipe de volley-ball masculine Finlandaise pour les play off du championnat d’Europe, d’aider dans leur développement 2 joueuses estoniennes de Volley-ball qui sont devenues les meilleurs de leur pays, de permettre à un boxeur passant du top 30 au top 10 en Europe, à un ‘Head coach’ de basketball de développer sa carrière a l’étranger, a de joueurs de hockey gagnant leur place en Liiga finlandaise, ou encore à des joueurs de ‘Magnus’ et ‘D1’ de progresser rapidement. Je travaille aussi avec quelques joueurs de l’équipe de France de Hockey qui ont beaucoup progressé et ai débuté un travail d’avec l’une des meilleurs coureuses de 3000 steeple au monde. Je dois dire que je range ces réussites au même niveau que d’autres. Par exemple, je me souviendrai toujours de ce jeune joueur de hockey (avec qui je travaille encore) évoluant en D2 française qui un jour après notre première discussion a marqué son premier but en championnat. J’en été très heureux pour lui.

A côté de ces situations, il y a également des tentatives infructueuses. Je me souviens de ce joueur de basket américain évoluant en Bundesliga allemande qui m’a été envoyé par son ‘Head coach’. Nous n’avons pas donné suite car son intérêt envers le coaching mental n’était pas sincère et qu’il ne souhaitait pas travailler via une approche différente de ce que font les préparateurs mentaux classiques. Cela aurait été une perte de temps de travailler ensemble. Nous n’avons pas donné suite.


Suivez-vous les progrès et études en neurosciences (travaux sur les entrainements cognitifs, concentration, anxiété)? Etes-vous en relation des professionnels du corps médical ?

Oui, je me tiens régulièrement informé en passant régulièrement diplômes et certifications dans le domaine. Par exemple, je suis diplômé en programmation neurolinguistique, psychologie positive, mais également dans le coaching d’équipe en entreprise et dans le sport professionnel. Mais encore une fois, être diplômé ne fait pas la différence de mon point de vue. L’intelligence émotionnelle aide à ‘aider’ ainsi que l’expérience qui est irremplaçable à mes yeux.

Je ne suis généralement pas en contact avec les professionnels du corps médical car je fais toute confiance à ce que me dit l’athlète. J’échange informellement avec les préparateurs physiques de temps en temps et sur des situations ponctuelles (retour de blessure etc.).


Intervenez-vous dans des phases de convalescence ?

Oui, cela a été le cas à plusieurs reprises. La psychologie positive est très efficace en période de convalescence. Elle accélère le processus de guérison et permet à l’athlète de ‘garder avec lui’ les leçons apprises de cette période difficile quand il reprend l’entrainement. Mais encore une fois, le coaching mental est plus efficace quand il est proactif plutôt que réactif.


Vous suivez des sportifs de plusieurs disciplines, qu'y va-t-il de particulier dans le hockey sur glace ?
 


En hockey, le mental est très important pour tous les postes, peut-être un peu plus au niveau des gardiens et attaquants où la confiance est très importante. Les gardiens disent souvent qu'ils pratiquent un sport individuel dans un sport collectif tant leur poste est spécifique. Est-ce que votre travail est différent selon le profil du joueur ?

La confiance est primordiale dans tous les rôles, tous les sports et dans la vie en général. La pression n’existe pas en elle-même, c’est notre réaction à une situation qui l’a créé. Les athlètes sont tous sujets à une pression en fonction des circonstances. Par exemple, un boxeur, sur 3 secondes d’inattention, peut perdre un combat qu’il prépare depuis des semaines, avant qu’il ne doive attendre plusieurs mois pour avoir une nouvelle chance. Un athlète qui pense qu’il y a plus de pression dans son poste que d’autres a tendance à trop se comparer aux autres et a plus jouer pour ne pas perdre. Au lieu de jouer pour gagner. Mon rôle est d’aider les joueurs à penser de manière différente et cette méthodologie s’applique parfaitement aux joueurs de hockey. Mon coaching est très différent en ce sens. L’idée est de faire confiance à son instinct. De se faire confiance. De lâcher prise. De savoir qu’au dela des erreurs qu’ils peuvent faire, ils vont être décisifs. A un moment ou à un autre. C’est ce qu’on comprit les joueurs de NHL qui amènent avec eux sur la glace la confiance qu’ils ont construit depuis des années. Mais cela ne suffit pas de comprendre cette manière de penser. Les athlètes doivent la ‘tester’ en pratique. C’est la base de mon coaching. Pas uniquement réfléchir mais faire.

J’aide également les athlètes ou coaches avec qui je travaille à être différent. Cela demande du courage. Etre fidèle a qui on est foncièrement est un atout à condition que cela respecte bien évidement l’esprit du groupe. A titre d’exemple, le camp 21 dans lequel je suis intervenu l’année dernière a été une formidable expérience du fait des différences entre les membres de son staff. Travailler avec des gens venant d’horizons (et de culture) différents nous a permis de nous enrichir les uns les autres pour le plus grand bénéfice des joueurs qui y ont vécu une expérience unique.
 


Avez-vous été sollicité davantage en ce moment par rapport au confinement et aux fins prématurées de championnat ?

Oui, j’accompagne quelques athlètes en ce moment dans ce cadre qui sont confinés dans différents pays. Je les aide à comprendre que cette période de confinement est en fait une opportunité pour eux de continuer à progresser. Sur d’autres aspects qui sont aussi importants que d’améliorer sa vitesse ou sa résistance physique. Je parle de mieux se connaitre. Je parle de découvrir des choses en eux qu’ils n’avaient pas vu jusqu’à lors. Je parle de devenir créatif et imaginatif. Je parle de prendre encore plus de responsabilité. Les athlètes ont 5 opportunités par jour de progresser leur carrière en période de confinement. Mais cela sous-entends un ‘shift’ dans leur manière de penser.


Plus généralement, est-ce que la préparation mentale peut être appliquée en dehors du milieu sportif professionnel, dans d'autres milieux (industrie, services, professions intellectuelles)?

Absolument. Je coach de la même manière un dirigeant d’entreprise, consultant, étudiant, qu’un athlète de haut-niveau. Nous avons tous des ressources cachées. Vous et moi. Mon rôle est d’aider mes clients à les voir de sorte qu’ils puissent les utiliser plus fréquemment. J’interviens aussi auprès de parents de joueurs pour les aider à ‘rester à distance’ tout en aidant quand c’est nécessaire. Je travaille aussi depuis peu auprès d’acteurs ou d’intermittents du spectacle. Certains d’entre eux doivent ‘convaincre’ en une ou deux minutes au cours d’auditions qu’ils ont souvent préparé depuis des semaines. Comme un gardien de but ou un joueur de champ qui veut réaliser un bon match pour recevoir plus de temps de jeu. Le coaching mental est applicable dans tous domaines. Il est fascinant de constater quelle différence il produit, spécialement quand il est différent.



Pour plus d’informations :
Frédéric MERELLE  www.fred-the-coach.com ;
contact@fred-the-coach.com
 
 
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