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Hockey sur glace - Ligue Magnus
Hockey sur glace - La préparation physique avec Benjamin Del Moral
 
Benjamin est préparateur physique au LOU Rugby de Lyon et vient de sortir un livre sur la préparation physique. L'occasion nous a été donnée de faire sa connaissance par l'intermédiaire de Jean-Baptiste Chauvin, le préparateur physique des Rapaces de Gap.
 
Media Sports Loisirs, Hockey Hebdo Jean-Christophe Salomé le 10/06/2016 à 13:44
Photo hockey La préparation physique avec Benjamin Del Moral - Ligue Magnus
Benjamin, peux-tu te présenter ?


J’ai 39 ans, je suis préparateur physique au Lou Rugby (club de Lyon) depuis 2011. Cette saison nous venons d’être sacrés champion de France de Pro D2 et nous allons retrouver le TOP 14, un beau challenge nous attends vu le niveau de cette compétition. Avant cela, j’étais préparateur physique au Stade Français Paris entre 2005 et 2011, j’ai aussi eu la chance d’être Champion de France (top 14) avec ce club en 2007 à l’époque entrainé par Fabien Galthié et Fabrice Landreau. 


Pourquoi as-tu choisi d’être préparateur physique ?

D’aussi loin que je me souviens j’ai toujours été attiré par la préparation physique. Je suis fils unique, je crois que cela m’a permis de développer encore plus mon imaginaire. Enfant, je passais beaucoup de temps à m’amuser seul, à m’inventer des histoires… et il y avait toujours une phase de préparation, un plan minutieusement élaboré avec souvent une stratégie à adopter pour être prêt, se sentir fort que ce soit pour faire un match de football avec des playmobils ou préparer une bataille avec des « G.I Joe ». Je me souviens aussi que très jeune je me chronométrais à vélo autour du pâté de maison et à chaque fois je devais m’améliorer et battre mon record. Ensuite à l’adolescence, alors que cela faisait déjà plusieurs années que je pratiquais le rugby, j’ai vite compris que, physiquement au moins, je ne faisais pas partie des plus doués… J’en ai déduit qu’il me fallait être plus intelligent, plus rigoureux, plus assidu dans ma préparation si je voulais espérer garder ma place dans mon équipe et obtenir des sélections au niveau régional. Je le sentais intuitivement, je l’ai vite mesuré : la préparation physique est capitale pour être performant sur le terrain ! C’est pourquoi, après mon Bac S,  j’ai fait un cursus STAPS et j’ai suivi un Mentorship au Etats-Unis pour élargir ma vision du métier de préparateur physique et obtenir de nouvelles compétences. 


On le ressent, ton métier est vraiment une passion…

Je ne cesse de m’émerveiller devant la chance que nous avons, nous préparateurs physiques, d’exercer cette profession. Tout autour de nous est affaire de passion ; celle du sport en général et d’une activité sportive qui souvent nous fascine, celle aussi des sportifs, des athlètes que l’on prépare, qu’on aime voir progresser et avec qui on établit un lien fort avec des échanges toujours constructifs. Celle, enfin, de la compétition, le jour J, où nous vivons des moments exceptionnels et très riches en émotions. Je suis conscient du fait que je vis une vie de privilégiée (lier passion et métier). C’est pour cela que je tiens à ne jamais la tenir pour acquise.


Qu'est-ce qui te motive ?

La réussite sportive des athlètes coachés par mes confrères préparateurs physiques suscite chez moi une profonde admiration et également un sentiment ambivalent ; "joie et jalousie". Cette forme de tiraillement interne me booste et me motive davantage. En effet, le talent et la réussite des autres me galvanisent et me poussent à sans cesse vouloir m'améliorer. Je dis souvent que "le préparateur physique doit progresser plus vite que ses athlètes". C'est la raison pour laquelle, je suis en réflexion permanente... je profite de chaque occasion pour emmagasiner de l’expérience et apprendre des choses nouvelles. A titre d’exemple, il y a quelques mois, je suis parti deux jours à Manchester pour voir l’équipe cyclisme des « Sky » dans le centre « British Cycling » de l’équipe de Grande-Bretagne.  J’ai visité également le complexe de Manchester City, j’en ai profité pour échanger avec les préparateurs physiques du club. J'aime enrichir mes connaissances et chercher de nouveaux outils, de nouvelles techniques. Cela me permet de progresser et d'en faire profiter les joueurs que j'entraîne. 


Photo hockey La préparation physique avec Benjamin Del Moral - Ligue Magnus
Parle-nous de ton approche du métier ?


J’accorde énormément d’importance à l’humain, pour bien fonctionner, le rapport préparateur physique / sportif est essentiel; c’est d’abord une relation, un accompagnement, un partage, des échanges, des ressentis... il faut aussi être capable de fixer des règles claires, applicables et certaines limites à ne pas dépasser, leur dire ce que vous attendez d’eux et que si ça ne colle pas ils s’exposent !!!! Il ne faut avoir peur de ne pas être aimé, si vous souhaitez être aimé ne faites pas ce métier où alors faites-le en loisir mais pas dans une logique de performance.
Avec le recul, ce que je peux dire c’est que l’athlète, même si il peut parfois être blessant et s’énerver contre vous, sera toujours reconnaissant si vous êtes franc, honnête et si vous arrivez à le sortir de sa zone de confort et l’aidez à repousser ses limites. Ce qui compte le plus pour lui c’est de progresser athlétiquement, qu’il soit plus performant…si il sent qu’il est sur le bon chemin il vous suivra les yeux fermés.
Aussi, pour ne pas se blesser et être performant il est nécessaire de l’éduquer, de le rendre autonome sur certains aspects de sa préparation (routines d’échauffement, goût de l’effort, besoins spécifiques, les procédés de récupération…)
 
 
La préparation physique en Hockey, tu connais ?

Je suis passionné par le sport en général, donc le hockey je connais, il m’arrive même d’aller voir des matchs et supporter le LHC les lions (l’équipe de Lyon). J’entretiens aussi d’excellentes relations avec Jean-Baptiste Chauvin, le préparateur physique des Rapaces de Gap qui d’ailleurs avait fait appel à moi lorsqu’il travaillait aux Lions. Il m’avait sollicité pour animer une séance d’entraînement avec ses joueurs dans le but de proposer un peu de variété et rompre avec les routines d’entraînements. J’avais vraiment apprécié l’expérience. A sa demande, j’avais mis en place une séance de renforcement musculaire dans une pratique ludique et originale (ndlr: voir la vidéo de cette séance en bas de cet article). En effet, rien de plus ennuyeux que d’aller à la musculation en sachant à l’avance ce que l’on va faire, il arrive que l’on sature ! J’ai donc proposé un travail différent pour apporter un peu de fun, de curiosité et de créactivité  car comme le dit François-Joachim de Pierre Cardinal de Bernis  « L’ouvrage a toujours l’air facile quand le travail est un plaisir. ». J’ai donc travaillé sous forme de circuit en utilisant un jeu de cartes. Puisque bon nombre de sportifs aiment jouer aux cartes (tarot, belote, etc.) lors des déplacements ou pendant leur temps libre, pourquoi ne pas transposer cette activité dans leur entraînement en salle de musculation ? Ce que j’aime avec le jeu de cartes, c’est qu’il y a une forme d’incertitude liée à la carte qu’on va découvrir, tout comme en situation de match ou de compétition quand on ne sait pas ce qu’il va se passer l’action suivante.Avec ce type de travail, la séance n’est pas décidée à l’avance, n’est pas figée. Chaque carte est une surprise qui doit permettre d’apporter une réponse sur le travail à accomplir (mouvements et nombre de répétitions).
 

Est-ce vraiment différent d’une préparation physique en rugby ?

Le rugby comme le hockey sur glace est un sport collectif de contact, on y retrouve pas mal de similitudes. La puissance, l’explosivité sont les composantes déterminantes pour être performant donc on utilise souvent les mêmes méthodes et outils d’entraînements pour développer ses qualités physiques. En rugby comme au Hockey il est très important d’individualiser la préparation physique car on n’entraîne pas de la même manière un pilier  ou un ailier. En Hockey, c’est un peu pareil, il existe des particularités entre les attaquants (vivacité, capacité d’évitements et techniques avec d’excellents patterns de mouvement) et les défenseurs (plus forts et physiques qui doivent marquer au fer rouge les attaquants et anticiper leurs déplacements) et une préparation encore différente pour les gardiens (réactifs avec un gainage hors norme pour être très vite en action) !

 
Et au niveau culturel ?

Il y a beaucoup de similitudes mais aussi des différences. Les rugbymen et hockeyeurs ont un état d’esprit assez proche avec des valeurs communes (travail, courage, solidarité, abnégation, combattant, soif de vaincre…).
Les principales différences viennent de nos influences culturelles. En rugby nous nous inspirons et nous avons beaucoup appris des joueurs de l’hémisphère sud (principalement Australiens, Néo-zélandais, Sud-africains) qui ont apporté leurs expériences, leurs particularités, notamment des entraînements plus courts et intenses, et leur degré de professionnalisme (rigueur dans la préparation et la récupération). Un peu comme vous avec les Nord-Américains (Canadiens et Américains) mais aussi les pays de l’Est et les Scandinaves. Je crois que la richesse de nos deux sports viennent aussi de ces différents champs d’influences. Il faut absolument s’inspirer de ce qui ce fait de mieux, de s’approprier certaines choses et ne surtout pas faire du copier-coller car les compétitions sont très différentes (saison plus courte, phase de préparation plus longue).


Photo hockey La préparation physique avec Benjamin Del Moral - Ligue Magnus
Tu viens d’écrire un livre sur la préparation physique. Peux-tu nous en dire plus ?


Lorsque nous sommes descendus en pro D2 avec le Lou Rugby en 2012, j’ai été très affecté, même déprimé, j’avais besoin de me lancer dans un autre projet en plus de mon travail au club, pour arriver à surmonter cet échec. J’avais envie de mieux formaliser mon travail, de montrer qu’il y avait un minimum de cohérence dans mon approche. J’ai décidé d’écrire un livre sur la préparation physique sous l’angle de la prophylaxie (prévention et diminution des risques de blessures), un thème essentiel, en occultant l’énergétique (filière aérobie, anaérobie lactique) et la planification de l’entraînement ; deux composantes largement exploitées avec de nombreuses publications en français, avec le parti pris de me concentrer sur le développement athlétique (force, puissance vitesse) et l’entraînement fonctionnel. Aussi, pour une meilleure compréhension de mes explications, j’ai parfois repris et traduit, avec l’autorisation de leurs auteurs, des passages de livres ou des articles déjà parus en France ou à l’étranger (notamment le FMS – Functional Movement Screen - de Gray Cook et Lee Burton mais aussi une publication de Mike Boyle sur le rôle de chaque articulation du corps humain). 
(ndlr: un extrait du livre de Benjamin est consultable sur ce LIEN)


Ce livre traite essentiellement de la diminution et la prévention des blessures dans le sport, pourquoi ce choix ?

J’ai pris conscience qu’il fallait adopter de nouvelle perspective pour limiter et prévenir des risques de blessure dans l’activité sportive. La préparation physique dans une logique de performance et sous l’angle de la prophylaxie doit être au cœur de chaque programme d’entraînement proposé aux sportifs ou athlètes. De plus, aujourd’hui, trop peu de publications (en français) traitent de ce thème incontournable. 
Enfin, si j’ai mis en avant cette approche prophylactique, c’est qu’à mon sens, elle ne constitue pas une priorité pour les préparateurs physiques français qui manquent d’outils pour  intégrer davantage la prévention des risques de blessures dans leur programme.  Il m’a donc semblé important de rédiger un livre sur ce sujet. 


Pourquoi ce titre « préparation physique : prophylaxie et performance » ?

Je suis préparateur physique, dans mon travail quotidien, j’associe en permanence « performance » et « prophylaxie » ; c’est même le leitmotiv de mon approche. L’intérêt grandissant pour l’approche prophylactique traduit un changement des mentalités car aujourd’hui on recherche la performance en préservant au maximum l’intégrité physique des sportifs. Cette approche qui vise à prévenir et diminuer les risques de blessures et allonger la carrière des sportifs implique une évolution des contenus d’entraînement et une individualisation plus poussée des programmes de préparation physique. Désormais « performance » et « prophylaxie » sont indissociables, c’est aussi le message que j’ai envie de transmettre avec ce livre dans lequel je définis la prophylaxie et j’explique comment l’intégrer au mieux à la recherche de performance.


Tu reverses une partie des bénéfices sur les ventes du livre à une association caritative. Pourquoi cette démarche? 

Effectivement, j’ai choisi de reverser deux euros par livre vendu à la Fondation Albert Ferrasse dont l’objet est de venir en aide aux joueurs gravement blessés en pratiquant le rugby. Si j’ai choisi cette fondation, c’est que j’ai un ami, Etienne Dallon, qui a subi en 1997 des lésions cervicales C6-C7 irréversibles lors d’un match de Cadets alors qu’il avait tout juste 16 ans. J’ai été profondément touché par cette injustice et j’ai donc décidé de contribuer modestement auprès de cette fondation qui l’a soutenu et lui a donné le goût de continuer à vivre et qui lui a permis de se lancer dans d’autres projets. Aujourd’hui Etienne entraîne au niveau Fédérale 2 (équivalent de la 4ème division en rugby) et il vient d’être une nouvelle fois sacré champion de France (2016) avec l’équipe réserve de Saint Jean en Royans. Pour lui, déjà 2 titres en 3 ans !!! 


Un mot pour conclure…

J’ai accepté cette interview pour assurer la promotion de mon livre qui a été conçu comme un outil pour accompagner les préparateurs physiques, entraîneurs pour limiter les risques de blessure des sportif et non comme un « produit commercial » ce qui renforce ma satisfaction. J’en ai profité pour répondre à vos questions, pour donner mon point de vue sur une réflexion qui entoure la préparation physique. Mais normalement, je ne suis pas quelqu’un qui s’épanche beaucoup… . Je suis davantage un homme d’action que de parole ! Je crois surtout que l’on ne doit pas trop parler de ce qu’on fait. C’est ce qu’on fait qui doit faire parler de nous.
 
 
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