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Hockey sur glace - Ligue Magnus : Grenoble (Les Brûleurs de Loups)
Hockey sur glace - La Slovénie et Grenoble avec Edo Terglav
 
Rencontre avec Edo Terglav un peu avant le début du championnat. Un long entretien pour évoquer le hockey en Slovénie ainsi que le parcours des slovènes lors des mondiaux 2017 à Paris et de la situation du hockey, sans oublier les Brûleurs de Loups de Grenoble évidemment...
 
Grenoble, Pole Sud, Hockey Hebdo Jean-Christophe Salomé le 19/09/2017 à 13:30
Photo hockey La Slovénie et Grenoble avec Edo Terglav - Ligue Magnus : Grenoble  (Les Brûleurs de Loups)
photo: Nicolas Leleu
Il y a quelques mois, tu retrouvais Bercy pour les mondiaux avec l’équipe nationale de Slovénie. On imagine que c’est une déception, t’attendais-tu à ce que ce soit si difficile ?


Nous nous attendions à une compétition difficile, les attentes étaient énormes avec la qualification olympique et notre parcours aux jeux de Sotchi (2014 - 7e). Les joueurs ont donné le maximum, c’est une déception car nous voulions rester dans le groupe A. Cela reflète assez bien le hockey slovène : on est assez bons pour jouer dans le groupe A, mais il nous manque quelque chose pour rester. On enchaine les montées et les descentes depuis plusieurs années.
En slovénie, le hockey a beaucoup fait pour le pays quand on regarde le niveau dans lequel on évolue et nos 7 patinoires, 90 joueurs séniors et les clubs qui ne sont pas vraiment professionnels. Nous n’avions qu’un seul joueur qui évoluait en Slovénie, tous les autres sont à l’étranger.

Malgré ça, vous vous qualifiez pour les jeux olympiques pour la 2e fois depuis 2014 !

Oui, c’est énorme et une fierté pour le pays. Mais aux mondiaux, quand l’équipe n’est pas complète avec l’absence d’Anze Kopitar, l’équipe n’est pas la même. Il était avec nous pour la qualification olympique, c’est un capitaine, tout le monde le suit et il est très respecté.
Il prend beaucoup de place, offensivement, défensivement, il prend des mises en jeu importantes. Il fédère les joueurs, son apport est impressionnant. Il n’est pas capitaine d’une équipe de NHL pour rien.

Qu’est ce qui explique la réussite et le niveau du hockey Slovène malgré le peu de patinoires ?

C’est avant tout la réussite du hockey mineur. Sur les sept villes avec patinoire, il y a énormément de pratiquants. En Slovénie, ce n’est pas un loisir pour les enfants mais un objectif de devenir professionnel comme Kopitar. Il n’y a pas d’équipe professionnelle en Slovénie, mais le but des enfants est de jouer au plus haut niveau possible. A 14/15 ans, les bons joueurs vont à l’étranger pour percer dans un autre pays. Les joueurs sont attachés à la Slovénie mais ils n’hésitent pas à partir s’ils en ont l’opportunité.

Quelle est la place du hockey en Slovénie ?

Le sport numéro 1 est le foot, c’est populaire et il y a plus d’argent investi comme partout. Le hockey est juste derrière. J’ai passé pas mal de temps en Slovénie dernièrement avec l’équipe nationale. Les patinoires sont quasiment dédiées au hockey, avec beaucoup d’heures de glace. Les parents s’investissent et les enfants aussi. Par exemple, à Bled, la license coûte 1200€, pour un salaire minimum de 500€ en Slovénie. En comparaison, mon fils joue en U15 (Grenoble), sa licence coûte 450€. A Bled, les entrainements commencent à 5h30 (du matin) car la glace est moins chère. Les enfants qui jouent au hockey ne manquent pas un entraînement...

Qu’en est-il du club de Jesenice ? Grenoble s’y était déplacé en ½ finale de Continental Cup en 2005, et le club a déposé le bilan en 2012.

Les partisans ont mis l’argent pour remonter le club. Ils travaillent avec les jeunes joueurs slovènes. Le président du club est la personne qui a créé le club des partisans. Il m’a dit qu’ils ne pouvaient pas laisser mourir le club. Aujourd’hui, le club vit bien. La grande usine d’aluminium, Akroni, a été reprise par des russes et a mis plus d’argent dans le club. Ils veulent que le club retrouve son niveau (9 titres de champion de Slovénie, 23 titres de  champion de Yougoslavie et 22 finales perdues depuis 1953). Jesenice évolue maintenant dans la Ligue des Alpes avec des clubs Italiens, Autrichiens et une autre équipe slovène. Jesenice a perdu en ½ finale, la patinoire a repris vie (rénovée il y a 4 ans), avec seulement trois joueurs étrangers, les joueurs se développent comme il faut.
Il y aura à nouveau les derbys avec Olimpija (Ljubljana) : 5000 personnes, la vie s’arrête, c’est très suivi en Slovénie, c’est extraordinaire. Il y a eu 350 matchs entre ces deux équipes, c’est une très grosse rivalité.

Que manque t’il à la Slovénie pour s’installer longuement dans le groupe A ?

Ca passe par la construction du championnat slovène sénior, en commençant par les plus jeunes, en les gardant au pays tout en étant capables de les développer comme il faut. Partir à l’étranger n’est pas un gage de réussite et de progression, c’est plus difficile de se faire une place et d’être accepté.
Les U18 et U20 jouent en EBEL (Autriche), on ressent une progression. D’ici deux à trois ans, il y aura un trou avec un changement de génération. Nos U18 ont gagné leur division 2 et passent en division 1, il y a une bonne relève qui arrive dans quelques années.

Tu vas donc partir en Corée du Sud pendant la trêve olympique.

Oui, la Slovénie joue son premier match le 15 février, la Magnus s’arrête le 9 février (43e journée). Il y a eu quelques changements après les mondiaux. Le président et le directeur sportif ont décidé de changer l'entraîneur chef. Kari Savolainen (Finlande) a été nommé, le staff reste. Ils ont souhaité un apport d’un technicien dans l’objectif de réussir les JO. A Grenoble, Golicic et Rodman sont dans le roster étendu, on verra comment se passe leur saison.
 
Photo hockey La Slovénie et Grenoble avec Edo Terglav - Ligue Magnus : Grenoble  (Les Brûleurs de Loups)
photo: Jean-Christophe Salomé
Revenons à Grenoble maintenant. Quel est ton bilan de la saison précédente ?


Nous ne savions pas à quoi nous attendre. Il y a eu 12/13 départs, on a signé le jeune Texier qui n’avait que 16 ans au début du camp. Pour moi, il était important de ne pas trop se focaliser sur les résultats mais sur nos capacités et les performances, mais d’avoir une équipe qui travaille fort.
Le début de saison a été difficile, on perd à la maison, nous n’arrivons pas à gagner mais le public est resté derrière nous. A Grenoble, c’est difficile de gagner le public, on savait que ça allait venir, nous étions sur le bon chemin.
Trabichet et Golicic sont revenus de blessure au bon moment. Une fois que l’équipe était au complet, on a ensuite connu une saison très positive. A la fin, sur le 7e match des playoffs, il ne manquait pas grand chose.

Ces six points de pénalité ont coûté la première place pour un parcours différent en playoffs, mais ont dû être une source de motivation dans la saison ?

En 44 matchs à trois points par match, ce handicap paraissait peu, mais plus la saison passait, plus ça semblait dur à récupérer. Lors de la première réunion avec les joueurs, on a dit “on ne regarde pas”, mais c’était présent dans la tête des joueurs, ça pesait. Nous ne pouvions pas contrôler, il fallait faire avec cet obstacle à franchir.

Est-ce que ça a aidé le groupe à se construire ?

Oui, tout à fait, nous avions quelque chose à prouver. Malgrè ces -6 point, nous sommes restés soudés et ça ne pouvait que nous rendre plus forts. C’est ce qui s’est passé. C’était un vrai plaisir de travailler avec ce groupe là. En tant que coach, on vit souvent des hauts et des bas, mais je n’ai jamais douté de ce groupe.

Tu n’es plus joueur depuis cinq ans. Ca ne te manque pas trop ?

Quand j’ai décidé d’arrêter, tout le monde a été surpris dans ma famille. A 32 ans, c’était ma passion et je me voyais jouer très longtemps, mais mon corps a dit stop. C’était le bon moment. Quand je suis arrivé à Briançon, le club cherchait quelqu’un pour le mineur. J’ai aidé les petites catégories pendant 10 ans. J’ai toujours aimé ça. Pourquoi pas un gros challenge dans le sport que j’aime? Jusqu’à aujourd’hui, ça ne me manque pas de ne pas monter sur la glace pour jouer. Je reste dans le vestiaire, même si le rôle est différent!
La grosse différence, c’est que le coach est tout seul mais la glace, les tribunes, les odeurs de l’équipement sont toujours là.

Comment fait un coach pour progresser et s’améliorer ?

Un bon coach veut toujours apprendre. Ca passe par des contacts dans d’autres équipes et on échange des idées. L’IIHF organise tous les ans un colloque d’entraineurs, j’y suis allé l’an passé en Russie. Ce furent trois jours extraordinaires. Tu rencontres des coachs NHL, on partage ensemble, c’est le meilleur moyen d’apprendre.
Si tu restes sur tes acquis en pensant tout connaître, ce n’est pas bon. Le hockey progresse tous les ans, sur tous les jeux défensifs, offensifs, dans la construction de l’équipe… Il faut toujours être à jour, il faut avoir cette mentalité d’apprendre.

Photo hockey La Slovénie et Grenoble avec Edo Terglav - Ligue Magnus : Grenoble  (Les Brûleurs de Loups)
photo: Laurent Lardière
Lors de ta première saison à Grenoble, tu as été assez critiqué. Comment as-tu vécu cette saison ?


Oui, c’était parfois un peu dur, mais je savais que ce ne serait pas simple, on est seul face à tout ça. Je me suis bien préparé, j’étais bien aidé. Après, j’essaie de ne pas m’attarder à ce qui se dit. Quand ça rentre dans la tête, ça ne sort plus.
A Grenoble, tout le monde à son avis: les 3500 spectateurs, les journalistes. Je respecte ça. Il m’arrive d’en parler, je demande des avis, j’apprends aussi des critiques.

Avant le camp d'entraînement, est-ce que tu as déjà une idée bien précise des lignes et associations, un plan de progression pour les matchs amicaux ?

Oui, j’avais une idée de ce que je voulais voir sur la glace et les lignes. Il y a toujours des surprises. C’est pour ça qu’on change les lignes et qu’on fait des essais selon les situations lors des matchs amicaux. C’est un confort d’avoir ces matchs amicaux pour les tests, il n’y a que pendant ces matchs que tu peux voir les vraies qualités des joueurs. Je suis vraiment satisfait de ce que j’ai vu.

Cette nouvelle équipe est plus physique, avec plus de gabarits.

Physiquement, nous manquions un peu de poids l’an passé. Je l’ai surtout ressenti lors des playoffs. Il fallait qu’on soit plus forts. Défensivement, on voulait mettre plus d’importance. Il était aussi important de garder le noyau des joueurs de l’année passée. Je voulais aussi que les nouveaux joueurs remplacent ceux qui sont partis avec les mêmes qualités et valeurs. Ils ont vite intégré le groupe. Pour l’instant, tout se passe bien.

Tous les matchs amicaux ont été joués à distance raisonnable de Grenoble. Etait-ce une volonté de ne pas trop voyager ?

On avait quelques chances d’aller à l’étranger mais avec la saison qui nous attend avec la Continental Cup, c’était tout aussi bien d’éviter les longs voyages pour le mental et le physique. Malgré les petits déplacements, le groupe a quand même eu l’occasion de rester ensemble sur plusieurs jours et c’était très bien.

Rouen, Bordeaux, Gap, Amiens ont fait des matchs à l’étranger contre de très bonnes équipes. Est-ce que ce manque d’adversité n’a pas manqué ?

Oui, il y a toujours des avantages et des inconvénients. L’année passée, nous sommes partis en Suisse à Yverdon pour jouer deux équipes slovaques et une suisse. Nous avons eu pas mal de blessés, le bilan était plus négatif que positif. C’était décevant pour tout le monde, nous avions beaucoup de doutes après ce tournoi. Le début de la saison était comme ça. Je le répète, mais les résultats ne sont pas importants, peu importe qui on joue, c’est la manière dont on joue ces matchs là (amicaux). On fait cette préparation et ces matchs là pour être prêts.
Contre Chamonix (31/08), nous avons la victoire, mais j’étais surtout content de la performance, des gars sérieux pendant 60 minutes, et un gardien solide (Bonvalot). C’est ce que je cherche et c’est ce qu’on veut garder toute l’année.

Est-ce qu’on est influencé par le recrutement des autres équipes pour faire son propre recrutement ?

Oui, c’est sûr, on regarde sur internet avec Elite Prospects et Hockey Hebdo, on analyse les recrutements. Pour moi, le plus important, c’est ce qui nous manquait pour avoir la meilleure équipe possible. Quand tu regardes les autres équipes, il y a beaucoup de beaux recrutements avec de beaux résultats au mois d’août contre de bonnes nations. On sent que le championnat sera plus homogène que l’année passée.

Avec les résultats de l’année passée et le recrutement, les supporters de Grenoble et de Magnus placent Grenoble en favori. Quels sont tes objectifs pour cette saison ?

J’attends beaucoup de choses, j’ai des objectifs personnels pour cette équipe. Une nouvelle saison, c’est un nouveau challenge. Avec ce que l’on a vécu l’an passé, ce serait trop dangereux et facile de se dire que ce sera facile avec une équipe presque pareille et des nouveaux joueurs qui sont très supers sur le papier.
Je veux que le discours soit d’oublier la saison précédente, de regarder en avant. Ce sera plus dur, les autres équipes savent ce que l’on a vécu et que l’équipe est meilleure. Tout le monde sera prêt face à nous.
A nous d’être intelligents lors des moments difficiles. Le message est “performez à chaque match, peu importe qui on joue”. En pensant comme ça, les résultats vont suivre. On veut performer et gagner, et pour ça, il faut une équipe au complet. Nous avons travaillé sur ces aspects là, physiquement et mentalement, pour que les gars soient en santé et puissent donner le maximum à chaque match.

Parmi les équipes favorites qui sont souvent citées, on retrouve Bordeaux et Rouen. A ton avis ?

Il ne faut pas oublier Gap, même si 15 joueurs ont changé. J’ai longtemps travaillé avec Luciano Basile, je sais ce qu’il est capable de faire, c’est une équipe très dure à jouer, qui va travailler jusqu’à la fin.
Bordeaux et Rouen, oui, avec leur alignement et leurs résultats en août, Amiens avec un changement de mentalité dans le recrutement. Ce sont des équipes intéressantes. Les compteurs sont à zéro pour 44 matchs. Ca va être long et intéressant, à nous d’être constants pendant la saison et de progresser jusqu’aux playoffs pour aller le plus loin.

Fanseat diffuse tous les matchs de saison. Les supporters apprécient, est-ce que cela a changé quelque chose pour les clubs ?

Oui, c’est super. Dès que le match est fini, tu as les images des autres équipes et ton match. C’est aussi pour ça que le championnat est plus homogène, les équipes sont prêtes tactiquement. Avant, on devait attendre plusieurs jours pour voir les matchs des autres équipes. C’est plus facile aujourd’hui, plus rapide. Tout le monde le fait ailleurs, la fédération a fait un super boulot pour aller dans ce sens là.

Cette saison, Grenoble retrouve la Continental Cup. Deux adversaires sont déjà connus, un autre sera qualifié lors des phases préliminaires. Comment et quand allez-vous vous tourner vers la ½ finale de novembre en Italie ?

J’ai quelques contacts, on va surveiller et on aura des vidéos. Personnellement, je vais regarder un peu pour voir à quoi s’attendre. C’est un tournoi avec trois matchs en trois jours, une autre mentalité. Chaque chose en son temps. On va commencer à en parler juste avant, je ne veux pas encore trop focaliser dessus, c’est encore loin.

L’objectif est évidemment d’aller en finale, le club va se positionner pour l’organiser.

Il y a aura de belles équipes, mais je crois en nos chances de passer en finale. L’organiser à Grenoble, ce serait super pour le hockey français, les partisans et la ville de Grenoble.

Que peut-on souhaiter à Grenoble cette saison ?

On parle beaucoup du groupe, de la famille des brûleurs de loups qui est plus fort que l’individu. Pour moi, ce sera d’avoir un groupe qui tire ensemble, qui travaille fort et tout peut arriver.
On a un groupe extraordinaire avec le staff, je souhaite que des bons résultats et il arrivera ce qu’il arrivera. On prendra un match à la fois pour prendre plaisir avec les partisans dans cette patinoire.

 
 
 
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Réactions sur l'article
 
red a écritle 20/09/2017 à 13:51  
Bravo et merci pour cette interview ! C'est ça qu'on veut lire sur HH
M3zkall a écritle 19/09/2017 à 16:33  
très bonne interview longue et complète qui nous permet d'en apprendre un peu plus sur Mr. Terglav
continuez sur cette lancée. :-)
 
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