Brûleurs de Loups de Grenoble : devenir encore meilleurs
Per Hånberg (entraîneur des Brûleurs de Loups de Grenoble)
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| Photo : Guillaume Schwab |
| Per Hånberg (Brûleurs de Loups de Grenoble) |
Coach, quelles sont vos impressions après cette première saison à Grenoble ? Vous avez réussi l’objectif de remporter le titre, malgré les quelques déceptions des défaites en finales de la coupe Continentale et de la Coupe de France… Pensez-vous que c’était une saison réussie pour une première en France ?
Oui, je pense que c’était une belle saison. Nous avons fini en tête de la saison régulière puis avons gagné le titre de champion de France, ce qui était l’objectif principal du club. Nous n’avons pas réussi à gagner la coupe Continentale, ni la coupe de France, mais sommes parvenus à atteindre la finale… Je trouve que notre parcours a été bon en coupe Continentale. Ensuite, sur un seul match de hockey, tu peux gagner mais tu peux aussi perdre… Mais nous avons beaucoup appris. En coupe de France, on perd contre Angers en finale, c’était un match serré et chaque équipe aurait pu l’emporter. C’est une étape qui nous a remis dans la bonne direction et nous a donné de l’expérience. On apprend de tout cela. Cela s’appelle en anglais « failing to success ». On a par la suite gagné la saison régulière et très bien terminé la saison.
Une question concernant l’effectif. Vous avez presque la même équipe concernant les gardiens de buts et les attaquants, mais il y a eu pas mal de mouvements en défense. Quels types de joueurs avez-vous souhaité ajouter à l’équipe pour vous renforcer pour cette nouvelle saison ?
Nous avons souhaité un peu de changement pour devenir encore meilleurs. La saison dernière a été bonne, mais nous devons ensuite nous projeter sur la suivante. Le succès d’hier ne fait pas celui du lendemain. Nous souhaitions développer certains aspects et donc nous renforcer. Nous avons notamment ajouté des profils de joueurs plus jeunes. Hardy a pris sa décision de son côté de rentrer en Amérique du Nord. Cela a été une grosse perte pour nous. Concernant les autres défenseurs, nous étions satisfaits de leurs prestations mais nous pensions qu’il serait bien de faire quelques changements. Nous voulions jouer encore plus au hockey et il nous fallait donc de bons manieurs de palet, des joueurs qui rentrent dans notre ADN et notre identité de jeu. Nous avons pris des joueurs plus jeunes, mais surtout de bons joueurs de hockey. Ils ne sont pas venus en France juste pour aller en-dehors de leur pays d’origine, jouer au hockey et prendre du plaisir. Ils ont un objectif dans leur carrière de hockeyeur et veulent s’améliorer. C’était important pour nous. Nous voulons de la concurrence chaque jour à l’entraînement. Je pense que nous serons plus forts cette saison, notamment sur le plan physique.
Pour rester sur les nouveaux défenseurs, vous avez notamment recruté des profils scandinaves avec un Norvégien, un Suédois et un Finlandais. Connaissiez-vous déjà ces joueurs-là ? Il s’agit de joueurs qui ont du gabarit, était-ce un critère de recrutement, par exemple pour avoir plus de présence devant le filet en défense ?
Effectivement, il fallait que nous soyons plus costauds devant le filet. Mais nous souhaitions avant tout recruter des défenseurs qui peuvent jouer de la façon que l’on souhaite. Nous voulons avoir la possession du palet. Nous cherchions aussi de bonnes personnes et avons beaucoup parlé avec différents clubs, entraîneurs et autres joueurs les concernant. Nous cherchions des profils avec de bonnes références. Ils ont tous une chose en commun : ils veulent s’améliorer. Il nous fallait notamment des défenseurs droitiers tels que Pontus Englund et Petter Birkheim Andersen en provenance de Norvège, qui va jouer pour la première fois en-dehors de son pays. Ce sont deux joueurs avec un gros gabarit et c’est bien aussi. Il nous faut à la fois des joueurs qui amènent de la présence devant le filet et qui savent jouer avec le palet. Concernant le défenseur finlandais (ndlr : Juho Rautanen), on sait que les joueurs finlandais travaillent toujours beaucoup et que l’on peut leur faire confiance sur ce point-là. Juho arrive ici avec de l’expérience dans des championnats de haut niveau (KHL et Liiga). Je pense qu’au final cela fait un bon mélange. Nous avons aussi recruté un défenseur français avec Axel Prissaint qui était à Bordeaux. Je trouve qu’il s’est très bien intégré à l’équipe, joue de la façon dont on souhaite, s’entraîne bien et a aussi du gabarit. Avec Pierre Crinon, Alexis Binner et aussi Antoine Fertin, nous avons des défenseurs solides qui manient bien le palet. C’est du gagnant-gagnant je pense.
La dernière question est purement tactique. Comment gérer le fait d’être le champion en titre et que du coup les autres équipes vont avoir tendance à jouer plus regroupés en défense face à vous ? Comment gérer ces situations où vous aurez beaucoup de possession du palet au risque de prendre des contre-attaques ?
Je comprends la question. Bien sûr que parfois il est plus facile de jouer de façon plus regroupée et d’être solide défensivement. Mais il faut également jouer intelligemment pour bien défendre. Dans les deux cas, il faut aussi être bon offensivement. Nous en avons beaucoup discuté avec les joueurs et nous savons que nous allons être une équipe qui sera « chassée » par les autres. Tout le monde veut battre le champion en titre, c’est normal. Je vois cela comme un challenge, comme une opportunité de diriger mes joueurs et les aider à comprendre ce qu’il faut faire et quand il faut le faire, notamment en possession du palet. Je ne pense pas que des situations d’attaque-défense soient plus difficiles à gérer, même si c’est toujours mieux quand on a deux équipes qui jouent. Il y a de bonnes équipes en Ligue Magnus. Oui, nous avons gagné l’an dernier, mais nous avions de très bons adversaires, qui seront encore compétitifs cette saison. Je demande beaucoup à mes joueurs. Nous avons travaillé très dur lors de la présaison. Je pense qu’ils savent ce qu’il va falloir faire pour gagner encore. Nous avons connu des blessures et avons amené de jeunes joueurs dans l’équipe qui ont montré de très bonnes choses. Ils ont vraiment travaillé très dur et ont pu disputer des rencontres de CHL. Nous avons des joueurs très expérimentés sur le banc mais également quelques jeunes joueurs qui frappent à la porte. Pour moi, celui qui travaille dur et fait les choses de la bonne façon jouera. Que le joueur ait 38 ans ou 18 ans, ça m’est égal !
Sacha Treille (attaquant et capitaine des Brûleurs de Loups de Grenoble)
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| Photo : Guillaume Schwab |
| Sacha Treille (Brûleurs de Loups de Grenoble) |
Sacha, il y a beaucoup d'excitation avec cette nouvelle saison des Brûleurs de Loups, déjà avec la CHL qui a commencé ce qui fait que vous êtes déjà dedans...
Oui, on a déjà bien entamé notre saison. Si je ne dis pas de bêtises, on a déjà joué 8 matchs en tout avec les 4 matchs de préparation… On a joué 2 fois Chamonix, on a joué Genève, on a joué Fribourg et après on a joué la CHL. Donc oui, on est sur un rythme de bons matchs avec des équipes de très haut niveau. Au final, je pense que c'est la meilleure préparation que l'on peut avoir pour le début de cette Ligue Magnus.
Est-ce que vous montez en puissance au cours de cette CHL ? On a vu pendant les premiers matchs que c'était plus compliqué face aux équipes suisses, mais là vos deux belles performances contre les équipes allemandes… Est-ce que ça veut dire que vous commencez à avoir plus d'automatisme aussi, plus d'engagement sur la glace ?
Il y a un peu de tout. Après, je trouve que l’on a fait des bons matchs aussi contre les Suisses. On a été moins récompensés offensivement parlant, on a moins été bons, pardon. Mais c'est vrai que je trouve aussi que l'équipe a grandi un petit peu avec les deux premiers matchs. Il y avait quand même beaucoup d'erreurs contre les Suisses et on les a un peu moins retrouvés contre les Allemands… On sait que les erreurs à ce niveau-là ne pardonnent pas. Donc voilà, c'est à nous d'essayer d'en faire le moins possible et de profiter de cette belle règle du power play pour essayer de marquer des gros buts comme on a fait en Allemagne. Là ça s'est plutôt bien passé et c'est cela qui nous a aidé à gagner les matchs.
Quelles sont tes premières impressions sur l'effectif cette saison ? Il n’y a pas eu énormément de changements, les gardiens sont les mêmes, l’attaque c'est quasiment 100% la même à part Damien Fleury… En revanche, la défense a pas mal bougé avec notamment le départ de Kyle Hardy qui était resté pendant des années à Grenoble (ndlr : 9 saisons)... Voilà, qu'est-ce que tu peux nous dire sur la nouvelle équipe qui est en place et sur les quelques nouvelles recrues qui sont arrivées ?
C'est encore en train de se mettre en place. On sait que l’on a un système qui est très demandant pour les défenseurs et donc ça prend un temps d'adaptation. Mais là ils sont tous en train de passer un « step » et on l'a vu avec les matchs de ce weekend (ndlr : les deux matchs de CHL contre les équipes allemandes) où tout le monde s'est très bien comporté. Ce sont des supers gars qui ont sauté dans le train en marche de la meilleure des façons. Je pense qu'ils vont nous apporter beaucoup de bonnes choses cette année. Ensuite, si je peux rajouter quelque chose là-dessus, c'est qu’aujourd'hui on est quand même pas mal touchés par les blessures, notamment Nico Deschamps et Adel Koudri, et on a vu qu’au final on a les jeunes du centre de formation qui ont fait aussi de très belles prestations au niveau européen. C'est très encourageant de savoir que derrière on a un club qui forme des petits jeunes qui soient déjà prêts à jouer à ce niveau-là. Donc ça c'est le petit plus de ce début de saison j'ai envie de dire.
Cela fait plusieurs années que Grenoble commence à montrer beaucoup de bonne qualité au niveau de la formation. Il y a évidemment eu Alexandre Texier, mais aussi Dylan Fabre. Là il y a Adel Koudri, Aurélien Dair, Valentin Grossetete, Matias Bachelet… Il commence à y avoir pas mal de jeunes qui intègrent l’équipe depuis le centre de formation, comme toi tu l'avais fait à l'époque. Qu'est-ce que cela peut te faire de voir que le club se développe et que du coup vous arrivez à sortir de très bons JFL qui se mélangent bien avec les profils de joueurs étrangers ?
C'est exactement ça ! Alors là maintenant les Valentin Grossetete et Matias Bachelet ce sont des joueurs qui sont déjà bien intégrés depuis longtemps dans notre groupe pro. Ce qui a été remarquable lors de ce petit passage européen, c'était surtout les encore plus jeunes, ceux qui ne sont pas encore sortis vraiment du moule et qui arrivent déjà à jouer du bon hockey à ce niveau-là. Je pense à Hugo Raveaud, Nathan Riu et Sacha De Smitt qui ont fait de très beaux matchs en Allemagne. C'est là où je disais que c'est le petit plus de cette équipe, c'est que l'on voit que même dans la difficulté que ce soit par les blessures ou les suspensions, on a quand même des joueurs qui tiennent la route derrière et qui sont prêts à nous aider. En plus, ce sont des super jeunes et puis c'est bien sympa de passer du temps avec eux… Ils font rire !
J'ai une dernière question par rapport à l'équipe de France. Je ne veux pas revenir sur ce qui s'est passé à Stockholm malheureusement, car on n'a pas réussi à rester en élite. Concernant le fait d'avoir été repêché pour les Jeux Olympiques, tu vas probablement disputer pour la première fois les Jeux Olympiques d'hiver. Est-ce que c'est vraiment quelque chose qui peut être considéré comme un accomplissement de carrière après 15 ans voire plus de hockey à haut niveau ?
Oui carrément ! Ce sera la fin si jamais je fais partie de la sélection. Ce sera ma dernière danse, si on peut appeler cela ainsi, avec l'équipe de France. Donc ce sera vraiment rempli d'émotions, déjà par le fait de jouer des Jeux Olympiques et puis de se dire que bah c'est la dernière fois que tu vas représenter ce beau pays, ce beau maillot. Rien que le fait d'en parler ça me fait un peu bizarre, donc voilà.