BRIANÇON, UNE SAISON PLEINE D’ESPOIRS
Pierre Bergeron (entraîneur des Diables rouges de Briançon)
Pierre, votre équipe sort d’une saison où elle a fini très fort et vos récents matchs de préparation ont été plutôt intéressants, doit-on comprendre que les Diables poursuivent dans cette belle dynamique ?
Ce qui est sûr c’est que nous allons essayer de gagner des matchs plus tôt. En fait, à l’issue de la saison dernière il y a plusieurs choses sur lesquelles nous voulions travailler. D’abord notre souhait était de conserver un maximum de joueurs dans l’effectif. Nous espérions pouvoir en garder au moins 50% et finalement nous avons été capables de conserver 60% du groupe de l’an passé. Ensuite nous voulions faire grossir le groupe et lui donner plus de profondeur, ce que nous avons fait notamment grâce à notre partenariat avec les Drakkars de Caen. Notre défense s’est grandement améliorée. Certains observateurs trouvent que nos joueurs n’ont pas suffisamment d’expérience mais j’entame ma 5
ème année en France et j’ai pu observer beaucoup de joueurs, y compris en D1 quand j’étais à Chambéry, et je peux vous dire que nos joueurs seront compétitifs. Pas obligatoirement dès le tout début de saison mais celle-ci reste longue. Il est important aussi que nous soyons épargnés par les blessures.
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| Photo : Raphaël Dangueuger |
| Pierre Bergeron (Diables rouges de Briançon) |
Justement, de ce point de vue, vous n’êtes pas trop épargnés en ce moment !
Non effectivement ! Léo Faure s’est malheureusement fracturé le pied mais pour le reste ce ne sont que des petits bobos qui ne m’inquiètent pas plus que ça.
Donc les mouvements de l’intersaison ne visaient qu’à combler les départs et donner de la profondeur au groupe ! Ne recherchiez-vous pas à développer telle ou telle caractéristique de votre équipe, comme la vitesse par exemple ?
Non pas particulièrement, nous étions déjà bien rapides l’an dernier. En revanche, je cherchais deux défenseurs top 1 / top 2 et nous avons fait signer Adrien Bisson que je suivais déjà depuis longtemps. Je sais ce qu’il sait faire et ce qu’il peut faire. C’est un joueur qui n’est pas reconnu à sa juste valeur selon moi. Sinon, plus généralement pour Briançon, ce n’est pas un secret, le budget reste modeste et il faut recruter avec un bon timing. Quand nous le faisons cela nous permet de maximiser ce budget.
Alors justement, compte tenu de ce budget qu’il faut maximiser, quels sont les objectifs sportifs de la saison, s’il y en a eu de fixés ?
Nous ne nous cachons pas nous voulons accrocher les play-offs. L’an passé nous étions 12
ème le 28 décembre et finalement nous finissons à un petit point de Nice, le dernier qualifié. C’est un objectif accessible même si Briançon, contrairement à d’autres, ne peut s’appuyer sur un centre de formation. Nous essayons de compenser la perte de notre équipe de U20 avec notre partenariat avec Caen. Ils ont des joueurs qu’ils veulent développer au plus haut niveau et nous pouvons les y aider et nous avons des jeunes que nous voulons également aguerrir chez eux au niveau de la D1.
Vu de l’extérieur cala parait presque comme un partenariat improbable notamment avec cette distance géographique alors que d’autres clubs, plus proches de Briançon, existent et que, pour Caen, il y a une locomotive comme Rouen en Normandie !
Tout d’abord Caen n’a plus de partenariat avec Rouen depuis quelques années et moi je m’entends bien avec le staff là-bas. Jaro (ndlr Jaroslav Prosvic le
head coach) est un ami et je représente les joueurs canadiens des Drakkars tels que Marc-Antoine Pepin et Samy Paré donc, non, pour moi cette association est naturelle. Eux aussi avaient un intérêt à se rapprocher de nous car Rouen a laissé un vide et ils veulent faire monter certains joueurs en ligue Magnus.
C’est donc du gagnant-gagnant !
Je le pense et, pour l’instant, il n’y a pas eu de pepins. Et puis tout le monde cherche de la profondeur d’une façon ou d’une autre. Regardez Nice qui a des blessés et fait appel à des joueurs de Grenoble. Nous, nous avons perdu de jeunes briançonnais qui sont partis à Gap et ainsi de suite. Nous sortons d’un camp d’entrainement où 3 de nos jeunes vont aller emmagasiner de l’expérience à Caen et, selon moi, en ce moment c’est le meilleur club de D1 pour y développer tes jeunes.
Du coup, concernant les jeunes en développement qu’attendez-vous d’eux et quel palier voulez-vous les voir passer pour ensuite faire appel à eux et qu’ils aient du succès, tant individuel que collectif ?
Je considère avec mon expérience de ces dernières années que la D1 permet vraiment de s’aguerrir et de s’étalonner pour un joueur. J’ai vu beaucoup de jeunes français en difficultés mais pour moi un bon indicateur pour révéler qu’un jeune français est prêt pour la Magnus c’est, pour un attaquant, d’y marquer 1 point par match. Quand tu as ce ratio tu me sembles armé pour non seulement monter en Magnus mais aussi pour y réussir. Pour un défenseur c’est différent, ce que je regarde c’est la capacité à recevoir la pression adverse. Parmi les jeunes français que je sentais prêts pour la Magnus il y avait Mathis Despatie, Antoine Fertin, Téo Besnier, Léo Faure et Sasha Djigaouri. Nous avons pu aller en chercher certains. Despatie, sauf peut-être au niveau de sa stature, était prêt. Je pense que l’équipe de France devrait s’intéresser à lui car il me semble qu’il n’y a pas beaucoup de jeunes défenseurs avec son coup de patin actuellement en équipe de France.
Il y a beaucoup de gabarit mais moins de mobilité !
Exactement. Sinon dans les attaquants il y a Antonin Fine qui avait un point par match, je lui ai donné un contrat et en camp d’entrainement il était dans le top 6. Après Yoan Colomban et les jumeaux Bermond-Gonnet ils doivent poursuivre leur développement avec une vraie saison en D1 dans une bonne structure, pas avec des semi-pro. Il leur faut une vraie préparation physique, de vrais entrainements et ils doivent pouvoir bénéficier d’un important nombre de matchs et du temps de glace.
Sinon, Gap reste l’ennemi juré cette saison !
(rires). Le hockey est un sport, un jeu et c’est fun à regarder. Parfois jeter un peu d’huile sur le feu cela fait parler, cela fait vendre des billets, cela affole les réseaux sociaux et le hockey a besoin de cette effervescence. Gap c’est un bon derby, un bon spectacle, une belle ambiance et c’est plaisant. Il y a de l’animosité entre les deux équipes mais une fois que le match est fini j’ai autre chose à faire dans ma vie que de penser à Gap. Pour nous comme pour eux, ce sont 4 confrontations en saison régulière voire plus en play-offs ou play-down selon la tournure des évènements. Cette année ils repartent de zéro, nous verrons bien ce que cela donnera. Personne n’est mon ennemi, mais un derby reste un derby, peu importe le sport. C’est comme Montréal contre Toronto et c‘est important d’y mettre de la passion.
Avec votre œil étranger au sein du hockey français que vous observez de l’intérieur depuis quelques années, comment pensez-vous qu’il puisse progresser, notamment en termes de formation, pour devenir plus performant ?
(Sourires) J’appartiens à une agence et Teo Besnier c’est mon premier client. Si je pense à son développement c’est sûr qu’il ne revient pas en France et ce sera mieux pour lui comme pour l’équipe de France. Je pense que l’un des plus gros problèmes que l’on a, c’est l’obligation d’avoir un diplôme d’entraineur français pour coacher en France. Cela empêche beaucoup de bons coachs étrangers de venir aider à développer le hockey français. On manque de bons coachs et de moyens donnés aux coachs, pas assez de matchs et pas assez d’entrainements, pas de glaces ouvertes en été. Il n’y a pas de secret, plus tu pratiques, plus tu te développes. Il faut que les jeunes français avec du talent soient prêts à s’expatrier et il faut qu’ils soient aidés pour le faire. Pourquoi ne pas envoyer les jeunes internationaux s’entrainer aux USA ou au Canada par exemple ? Pourquoi Grenoble fonctionne bien ? Regarde Matias Bachelet, en 18/19 ans il avait joué pratiquement 80 matchs. Il n’a pas joué que 16 matchs de D2, il a joué en D2, en D1, en U20, en Magnus et en équipe de France. Maintenant il a 22 ans et c’est un très bon joueur de hockey, je l’ai vu jouer en CHL, il est prêt. Teo Besnier, Valentin Grossetete, même chose, mais il n’y a qu’un club qui fait ça. Le développement c’est un vrai investissement et cela demande de l’argent c’est vrai. Il va falloir trouver à la fédération de nouveaux partenariats. Il faut de l’argent et il faut qu’il aille dans les clubs et que l’on suive ou il va et son utilisation. Si tu as des meilleurs coachs, tu as de meilleurs joueurs. Si c’est un bon coach français c’est bien sinon peu importe d’où il vient tant qu’il est bon. Il y a des coachs canadiens en Russie et des Russes qui viennent au Canada en été. Bref il faut user de toutes les compétences disponibles et donner des moyens et du temps de glace supplémentaire si l’on veut faire des progrès significatifs.
Fredrik Strömgren (attaquant et capitaine des Diables rouges de Briançon)
Bonjour, tout d’abord vous avez terminé la saison dernière sur une très bonne dynamique avec la fin de saison régulière et les playdowns, quelles sont vos attentes en ce qui concerne le groupe cette saison ?
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| Photo : Raphaël Dangueuger |
| Fredrik Strömgren (Diables rouges de Briançon) |
Comme vous l’avez dit nous avons connu une très bonne période après Noël, tout le monde appliquait de mieux en mieux notre système de jeu et je pense que notre plus gros avantage est que beaucoup de joueurs sont de retour donc beaucoup de gars connaissent déjà le système. J’ai aussi un bon pressentiment à propos des nouvelles recrues donc je pense que cela va nous permettre d’engranger plus de points plus tôt dans la saison. C’est très important compte-tenu du fait que nous avions démarré lentement la saison dernière et j’espère que nous retrouverons assez rapidement cette sensation de victoire.
Vous nous avez donc parlé de l’arrivée de nouveaux joueurs dans votre effectif, que pensez-vous qu’ils peuvent apporter à l’équipe ?
Je pense que ce sont de très bons joueurs de hockey. Nous avons quelques joueurs qui peuvent apporter quelques points, d’autres apporteront leur éthique de travail au sein du groupe. Nous avons aussi quelques jeunes qui reviennent au sein du club, ils aiment la ville, ils aiment l’organisation et ils sont prêts à se battre pour rendre Briançon meilleur donc je pense que la combinaison de tous ces aspects nous aidera énormément.
Comme vous nous l’avez mentionné avant, certains joueurs poursuivent leur aventure au sein de l’effectif. Outre ce détail important, qu’est-ce qui, selon vous, vous différencie et vous démarque des autres équipes du championnat ?
Je pense que nous devons constamment travailler dur. Nous savons que nous n’avons pas le plus gros budget de la ligue mais tout le monde vient avec l’objectif de devenir un meilleur joueur de hockey alors nous devons nous entraider, nous battre pour nous-même, pour l’équipe, pour la ville mais aussi pour les fans. Je pense que si nous nous battons ensemble et plus fort, cela nous aidera très certainement à connaître une bonne saison.
Vous êtes bien évidemment le capitaine de cette équipe et vous mènerez cet effectif tout au long de cette saison, quel état d’esprit voudriez-vous voir de la part de votre équipe et que feriez-vous si les choses ne se passent pas comme prévu ?
Je veux que notre équipe ait confiance en elle, que chacun croit en lui-même et si jamais les choses tournent mal, j’espère que nous aurons une bonne énergie, une bonne entente dans le vestiaire. Je sais qu’il y a beaucoup de bons gars dans notre vestiaire et, même si j’en suis le capitaine, je sais que d’autres coéquipiers prendront la relève pour élever le collectif au niveau que nous souhaitons.
Comme énoncé plus tôt, votre équipe est assez jeune et donc peu expérimentée, comment pourriez-vous gagner en maturité ?
Je pense que, surtout quand nous sommes jeunes, nous faisons parfois des erreurs, peu importe l’âge. Cela fait partie du jeu et il faut en tirer des apprentissages. Nous faisons beaucoup d’analyses de vidéos, notre coach nous fournit aussi des vidéos de matchs. Nous sommes conscients que nous ferons des erreurs mais nous nous devons d’apprendre de ces dernières.