Dragons de Rouen : repartir de zéro !
 
Marc-André Thinel (manager général des Dragons de Rouen)


Marc-André, c’est la première saison sans Thierry Chaix ni Guy Fournier donc forcément le début d’une nouvelle ère pour les Dragons ? Quelles sont tes premières impressions pour cette année après les mouvements de l’intersaison ?

J'ai deux sentiments. Le premier c'est que moi j'ai été élevé avec eux donc ça fait quelque chose, ça crée vraiment un grand vide. C'était quand même les deux personnalités de l'équipe. C'est grâce à eux que le RHE est là maintenant. Sans le travail de Guy et de Thierry, je ne pense pas que l'on en serait là. Ils ont tellement donné. Maintenant voilà, ils ont pris leur décision. Moi j'ai eu la chance justement de les accompagner vers la fin. Je me considère vraiment chanceux parce qu'ils m'ont vraiment, vraiment aidé avec la transition. Tous les jours, j'apprenais avec Guy. Thierry m'a beaucoup appris aussi à gérer, peu importe que ce soient les problèmes ou les bonnes nouvelles. Pour le second sentiment, je vais utiliser le terme « excitation », parce que voilà, c'est tout nouveau. On a une nouvelle présidence. Comme tu l'as dit, ça a été un chantier cet été donc on repart vraiment de zéro. Je ne veux pas dire que c'est la première fois que j’ai constitué une équipe par moi-même, parce que Guy m'avait justement laissé un peu carte blanche depuis 3-4 ans. Mais voilà, c'est ma première année en tant que manager général, une première pour moi, c'est très excitant et j'ai hâte de voir la suite. On est content de ce qu'on ce que l’on a fait. 

Photo : Guillaume Schwab

Marc-André Thinel (Dragons de Rouen)

 
L’événement principal est le retour de Carl (Mallette) en tant que coach principal. Est-ce que tu peux juste nous raconter un peu comment cela s'est fait, comment les contacts ont été menés entre la fin de la saison dernière et maintenant ?
 
Avec Carl on se parle assez régulièrement et notamment pendant la saison dernière. C'est toujours plus facile quand ça n’allait pas très bien des deux côtés tu sais. Nous de notre côté ça n’allait pas très bien et c’était pareil pour lui, donc on se parlait toujours plus. À un moment c'est Carl je pense qui m'a dit « tu sais quoi je pourrais venir coacher à Rouen là ? » Et là j'ai dit « attends y'a pas de souci hein, tu me le dis. » Avec la saison que l'on a eue et lui ce qui est arrivé de son côté, je jugeais que c'était le moment de bouger. Et encore j'ai un grand respect pour Fabrice (Lhenry) qui est un bon ami à moi. Il a tellement donné, gagné je ne sais pas combien de championnats (ndlr : 5 titres)... Je me disais que c'était le bon moment pour faire le « move », pour changer le coach... On a changé un peu de tout, beaucoup de joueurs aussi. Concernant Carl, je t’avoue qu’il était excité à la base mais après ça il a réalisé tout l'impact que ça aurait au niveau familial et ça a alors été un peu plus compliqué... On se parlait énormément et ça s'est fait quand même rapidement, mais ça n'a pas été annoncé immédiatement. Je suis super content de commencer ce cycle avec lui. On parlait de Guy tout à l'heure, c’est Guy qui m'a énormément poussé et aidé dans cette histoire-là parce qu’il savait à quel point je suis proche de Carl... Pour un manager général, le fait d'avoir son meilleur pote comme entraîneur-chef, c’est idéal. On travaille tous les jours ensemble, on a la même vision des choses, c'est tellement plus simple. On est vraiment heureux et excités pour la suite.
 
C'est symbolique en plus, 20 ans tout rond après votre arrivée commune à Rouen pour la saison 2005-2006...
 
C'est ça, et c'est ce qui est drôle ! À la base, quand on est arrivés à Rouen, c'est Carl qui m'avait un peu fait venir, qui m'avait convaincu. Là, à l'opposé, c'est moi qui l'ai convaincu de venir à Rouen. Mais bon, encore une fois, que ce soit dans le premier cas ou dans le deuxième cas, on n'a pas eu à convaincre l’autre énormément... Pour moi, le simple fait d'être avec Carl me rassurait. Et pour Carl c'est pareil. Venir me rejoindre à Rouen, sachant qu'il a déjà vécu là, qu'il est quand même assez apprécié à Rouen et que moi j'allais prendre soin de lui, ça n’a pas été compliqué. Il y a quand même une femme et trois enfants dans la balance et il a dû tout abandonner. C'est une grosse décision pour lui et il nous a fait confiance, il m'a fait confiance et je lui en suis reconnaissant. Pour l'instant ça se passe plutôt bien, mais bon on ne va pas non plus s'enflammer. Il y a des beaux projets avec la nouvelle présidence, on est emballés. Le matin je me réveille et je suis emballé de savoir ce qu’il va arriver par la suite.
 
On va parler du recrutement. Alors évidemment, il y a eu beaucoup de changements. C'était souhaité, c'était souhaitable aussi parce qu’il y a des choses qui n’allaient pas sur la glace, des manques de complémentarité parfois, des profils qui étaient visés pour se renforcer... Quelles sont un peu tes impressions sur le recrutement ? Est-ce tu pourrais présenter poste par poste les recrues comme tu l’avais fait la saison dernière ? Les deux nouveaux gardiens, la défense, où il y a eu pas mal de changements aussi puisque seuls « Chak » (Florian Chakiachvili) et Dylan (Yeo) sont restés, et enfin l'attaque avec notamment cette nouvelle première ligne...
 
Pour commencer, ce que je tenais à faire, c'était que Carl participe au recrutement. C'était facile pour moi car on a la même vision. Donc j'ai attendu vraiment de gérer le cas de Carl. En amont, j'ai quand même fait les Français (ndlr : les JFLs) parce que c'est très important. On a eu des surprises chez les joueurs français, on ne pensait pas qu'il y aurait autant de départs. Il n’y en a pas eu tant que cela, mais il y a eu des départs auxquels on ne s'attendait pas. Il a fallu vraiment se fixer rapidement avec les joueurs français, donc on est allés chercher en défense Charles Schmitt de Grenoble. On a aussi recruté Lucas Mugnier de Chamonix au poste de gardien. Lucas, on avait essayé d'aller le chercher l'année dernière mais il avait déjà signé et il était trop tard, parce que nous on a le bonheur de finir la saison en général plus tard que les autres parce qu’on joue en finale... Nous, on ne gère pas le recrutement pendant la saison, on le fait à la fin de la saison et ça c'est connu. Lucas, cette année, je l’ai contacté dès la fin de la saison. Il était emballé. Sans rien enlever aux gardiens que l'on a eu auparavant, là j'ai vraiment l'impression que l'on a un bon deuxième gardien, à qui on peut faire confiance, qui va et qui veut progresser. C’est super important pour nous parce qu’un gardien doit vouloir jouer. C'est un compétiteur et ça, c'est bien pour nous. Après cela arrivait le choix du premier gardien. L'année dernière, on s'était un peu loupés... De ce côté-là, j'ai vraiment laissé carte blanche à Fabrice (Lhenry), parce que c’est le spécialiste des gardiens. Moi les gardiens je connais mais ce n’est pas mon truc... On était sur un gardien qui était excellent et finalement ça ne s'est pas fait. On avait Mac Carruth, qui lui était vraiment partant pour venir. On aimait bien le CV qu'il avait, sa mentalité aussi. C'est vraiment un battant. Il est réputé pour être assez chaud bouillant de temps en temps... On avait besoin de ça justement, d’un leader, parce que les gardiens peuvent être des leaders. Je pense qu'on a trouvé ça en lui, à voir cette année mais on est très satisfaits pour le moment.
Ensuite en défense on est allés chercher Charles Schmitt pour remplacer Enzo Cantagallo. On n'avait pas nécessairement prévu qu'Enzo partirait. Après moi je respecte sa décision, il a voulu essayer, bouger, il n’y a pas de souci. Charles Schmitt fait franchement très bien pour l'instant. C'est un jeune défenseur plutôt offensif par rapport à Enzo, peut-être un peu moins stable défensivement mais il est jeune, il veut s'améliorer, ne demande que ça et travaille fort. Je pense que le contact avec Carl est très bon, donc je pense que l'on va être capable de l'aider tout en le laissant continuer à exécuter ce qu’il fait de bien. Offensivement, il est capable de faire des belles relances. On reste un club offensif, donc il est au bon endroit.

Après ça, en défensive, on avait « Chak » qui pouvait jouer sur le power play et on voulait vraiment un deuxième gars qui était capable de faire le taf. Avec Bouramman, on a vraiment été ravis dès qu'on l'a regardé jouer. On a adoré. C'est un joueur qui jouait en Autriche assez facilement et qui avait envie de changer d'air. On lui a vendu le projet et il a voulu venir. Pour l'instant, encore une fois, tout se passe super bien.

Après cela, on est allés chercher Patrick Holway, un grand américain (ndlr : 1m95) qui jouait lui aussi en Autriche. Il a vraiment un bon gabarit, pas non plus le plus gros joueur physique, mais pour la France je trouve que c'est parfait. Il est quand même intimidant mais est capable de jouer au hockey aussi et est très bon avec le palet. On pense donc que c’est une belle signature.

Pour terminer sur la défense, on a recruté Pier-Olivier Roy, en provenance de la Ligue Junior Majeure (LHJMQ). Carl m'en a parlé dès le départ et moi j'ai embarqué direct parce que de toute façon j'ai une pleine confiance en Carl. Le seul truc auquel on faisait gaffe avec Carl, c’est qu’il parlait de beaucoup de joueurs mais ça faisait longtemps qu'il n’avait pas vu la Ligue Magnus donc il ne connaissait pas exactement le niveau actuel. Avec Carl, on a parlé un peu à « P-O » qui est emballé par l'idée de jouer ici. Cependant, il faut savoir que pour Pier-Olivier, il y avait des offres en provenance de la Ligue américaine (AHL), d’un peu partout. Mais il a tellement adoré Carl... Nous, on lui a vendu le projet d'une belle carrière européenne, il a adhéré et est venu. Franchement, pour le moment c'est mon coup de cœur dans l'équipe, surtout en défense. Il fait tellement de bonnes choses... Ce n'est pas le plus grand ni le plus fort, mais tout ce qu'il fait c'est bien et tout ça à 21 ans. On s'est toujours posé la question d’aller récupérer un jeune junior pour l’amener en Ligue Magnus et voir ce que ça allait donner... En ce qui le concerne, c'était un des bons défenseurs au Québec depuis 3-4 ans. On est vraiment satisfaits, c'est un gros joueur.
 
C'est vrai que c'est très rare de passer de la LHJMQ à la Magnus. Généralement, on fait LHJMQ puis ECHL ou AHL et on va en Europe après, comme Carl et toi aviez fait...
 
Exactement ! Je pourrais dire que c'est un coup de poker, mais pas vraiment parce que je l'avais déjà regardé jouer et ça reste un bon niveau là-bas en LHJMQ. Il a fait la Coupe Memorial cette année, qui a un niveau de jeu incroyable, et c'était le meilleur défenseur... Autant moi j'étais un peu inquiet au départ, autant j'ai été rassuré et là pour l'instant, on est vraiment content de lui. Après ça, il y a Dylan Yeo qui avait pris sa retraite et que l'on a sorti de sa retraite l'année dernière. Il nous a filés quand même un énorme coup de main. À la fin de la saison on s'est vu, on ne savait pas trop et même lui ne savait pas... Finalement, il m'a dit « tu sais quoi ? J'aimerais faire une autre saison. » Moi je l'aime bien et par respect pour lui j’ai accepté. L'année dernière, il est arrivé dans une situation qui était très difficile pour lui. L'équipe n’allait pas bien et même si à la fin on n'a pas gagné, il a remué un petit coup en défense ce qui a fait du bien à l’équipe. Je trouvais qu'il méritait cette chance-là. Avec Carl, on en parle encore aujourd'hui car il l’adore.
 
C'est un leader et un peu aussi l’un des rares défenseurs qui amène du physique avec du coup Holway, parce que pour le reste ce sont plutôt des profils offensifs...
 
Exactement. On l'a vu l'année dernière contre Amiens. Dylan, c'était le seul qui allait au charbon. Il en faisait trop mais il était seul, donc voilà... Sa prolongation, c'était pour le remercier mais aussi parce que je sais très bien qu’on ne l'aurait pas pris s’il n’avait pas eu sa place. Il a sa place, il n’y a pas de problème.
 
À l'attaque, j'ai surtout une question sur le fait d'avoir recruté un duo avec Regush et Gresock. Est-ce que c'est forcément mieux d'avoir un centre et son ailier qui ont l'habitude de jouer ensemble ?
 
Je pense que oui. Moi quand je suis arrivé avec Carl, on se connaissait depuis des années... Guy me l’a toujours dit... On a passé du temps au téléphone et il m'a toujours vendu un peu le truc des affinités, c'est super important. Regush on le voulait absolument, on y croyait vraiment. Je lui ai parlé cet été et j'ai vraiment eu un feeling incroyable par sa motivation, son honnêteté. J'ai vraiment adhéré et ça n’a pas été long pour le signer. Je lui ai ensuite demandé directement, parce que ça reste notre premier centre, s'il y a des joueurs avec qui il se sent bien et pense évoluer, qui pensent à jouer en France, etc. Il m'en a dit 2 ou 3 et il m'a surtout parlé de Gresock. Quand tu regardes les stats de Chase Gresock en Angleterre, parce qu’avant l'Angleterre ça n’était pas une Ligue très considérée mais maintenant l'Angleterre pour moi c'est le même niveau qu'en France, limite parfois mieux parce qu'ils ont 15 étrangers dans leur équipe... Avec la saison qu'ils ont connue tous les deux en Angleterre, je me suis dit qu’ils vont nous mettre des buts. Chase, c'est drôle parce que c'est un joueur un peu dans le style de Carl. Ce n’est pas le plus grand travailleur, mais par contre quand tu lui donnes le palet, il va marquer des buts. On avait besoin justement de gars comme ça. Moi ça ne me dérange pas d'avoir des joueurs qui vont peut-être parfois être je ne veux pas dire fainéants, mais qui ne vont peut-être pas être là à chaque match... Quand ça va être le moment de marquer un but, ils vont te le mettre et ça c'est super important. Lui, c'est l’un de ces cas-là. Donc voilà, ça fait un duo, ils se connaissent, et c'est même plus facile pour l'intégration. Ils n’arrivent pas seuls donc ça c'est super. Carl a décidé de mettre Anthony (Rech) avec eux. Est-ce que ça va fonctionner ? Je ne sais pas, mais il amène quand même une expérience en Ligue Magnus avec eux.
 
Avant d'avoir signé ces gars-là, on a signé nos deux amis amiénois, dont l’un que Carl voulait absolument : James Phelan, qu’il avait eu sous ses ordres à Victoriaville et que moi j'avais adoré en playoffs. Ce n'était pas le plus talentueux, mais sa niaque, son énergie se démarquaient. Moi j'aime le fait qu’il est là pour ses coéquipiers, ce qui nous a manqué l'année dernière. Désormais il est là et c'est un leader, qui va dans le vestiaire nous amener une énergie positive, du caractère... C’est le premier joueur de centre que l'on a signé, avant Regush, donc on avait déjà deux joueurs de centre.
 
Ensuite Julien Tessier, qui est un autre joueur de centre qui avait fait de bons playoffs contre nous. On était moins sûrs, parce que prendre des joueurs aux autres équipes ça peut se faire mais on voulait quand même aussi améliorer notre équipe. C’est un excellent joueur, pour l'instant on est super contents. Il est capable de marquer des buts, il n’a pas peur d'aller dans le trafic et est là pour ses coéquipiers...
 
Ensuite, Simon Lafrance est le dernier joueur que l'on a signé. On était sur un autre joueur que l'on attendait, on a attendu longtemps, mais cela ne s'est pas fait. Simon lui par contre a été patient et il nous attendait. Carl le voulait absolument, puis moi je lui ai dit d’être patient. Il est arrivé, s'est bien acclimaté et joue avec Tessier et Simonsen. Ils forment un bon bloc, qui risque de changer à un moment ou à un autre... Pour tous les blocs, on a vraiment une belle alchimie entre eux... J'ai l'impression que tous les blocs peuvent marquer des buts. James Phelan est aligné avec Loïc (Lampérier) et Vigners. Pour l’instant, à mes yeux, c’est le bloc qui marche le moins bien, mais c'est un bloc qui, avec Loïc et Rolands était le plus constant lors des trois dernières saisons. Donc c'est sûr qu'avec Phelan, ça va marcher. Si ça ne marche pas, eh bien Carl aura du choix puisqu’on a plein de joueurs de centre cette année. Il peut mettre des centres à l'aile et essayer plein de combinaisons, c'est très bien. On avait aussi Arthur Delvaille, un bon joueur, mais avec qui ça ne s'est pas très bien passé.
 
Est-ce qu’il sera remplacé par un autre jeune Français, ou est-ce que ce sera un jeune du CHAR qui sera promu en équipe première ?
 
J'aimerais te dire oui mais c'est compliqué en cours d’année de trouver. On travaille sur le projet. Là je ne peux pas t'en dire plus, je ne sais pas. Oui, on a un centre de formation, mais avec des joueurs encore jeunes. C'est compliqué, donc on va voir (ndlr : Rouen intégrera finalement Johanès Avonde dans sa formation courant septembre). Après ça, on a Colomban et Nesa qui sont des joueurs que l’on était sûrs de vouloir garder, ce sont des honnêtes travailleurs qui font tout pour l'équipe, c'est très important. Et il y a Tommy Perret, qui monte vraiment chaque saison, il s'améliore, il travaille fort. Pour un jeune, parmi tous ceux que j'ai pu voir, c'est lui qui a la meilleure attitude. Il veut s'améliorer et le coach l'adore aussi. Je vois plein de bonnes choses pour lui dans le futur.
 
En conclusion, Rouen a vraiment renforcé le poste de centre par rapport à l'année dernière où il n’y avait que Milan Kytnar et Vincent Nesa comme spécialistes, qui prenaient les mises au jeu, et on sentait vraiment un manque à ce poste-là…
 
C’était vraiment important pour nous. Ce n'est pas que l'on ne veut pas, mais il y a des années où tu essaies de trouver des joueurs de centre, mais il n’y en a pas, tu ne trouves pas ce que tu aimes. On se dit alors que l’on va faire comme ci ou comme ça. Là, on a trouvé vraiment nos centres et comme je l’ai dit, on peut faire plein de sortes de combinaisons donc c'est super intéressant car il y a de la matière. C'est justement ça qui est important pour le coach, de pouvoir jouer avec ses trios. On peut mettre un trio au début du camp d'entraînement et le conserver toute la saison, mais c'est très rare. Là-dessus je ne suis pas inquiet pour Carl. Il est quand même assez inventif.
 

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Carl Mallette (entraîneur des Dragons de Rouen) 

Photo : Guillaume Schwab

Carl Mallette (Dragons de Rouen)

Carl, quelle est ton sentiment au moment de revenir à Rouen, cette fois dans le rôle d’entraîneur ?
 
J'ai la même joie d'être de retour à Rouen, de un professionnellement au niveau de l'organisation, puis de faire vivre ça à ma famille. C'est le fun de revenir avec ma conjointe de l'époque, notre fils est né ici. Maintenant on a trois gamins de 13, 12 et 7 ans, donc c'est le fun de vivre cela en famille. L'ambiance est unique à Rouen, le public est incroyable et les enfants ont du plaisir. Professionnellement, je suis extrêmement content d'avoir la chance, l'opportunité, le privilège de travailler avec Marc-André.
 
Concernant les objectifs, la saison dernière était très difficile à Rouen. C'est rare de connaître une aussi mauvaise saison, sans titre et avec une élimination en quarts de finale. Il y avait forcément beaucoup de choses à changer. Quelles sont les objectifs que l’on t’a fixés pour ta première saison à la tête de l'équipe ?
 
Tous les gens espèrent gagner des championnats chaque saison. Moi ce que je vois, la différence entre il y a 15 ans et maintenant, c'est que toutes les équipes sont bonnes. Pour moi, quand j'entends parler de budget ou quoi que ce soit, moi ça me parle pas parce que je trouve que toutes les équipes ont la chance d'avoir des excellents entraîneurs qualifiés et les joueurs sont bons... Donc pour moi, il est trop tôt pour avoir des objectifs présentement en début de saison. J'aime ce que j'ai vu du camp d'entraînement. Je veux que l'on ait une équipe fière de porter le maillot rouennais. C'est ce que l'on a démontré dans le camp d'entraînement. Donc après ça, au niveau des championnats, on aimerait gagner chaque saison. Malheureusement, ça n’arrive pas toutes les saisons... Donc je veux que l'on arrive en santé, dans les séries, à notre maximum.
 
Quel est le style de jeu que tu souhaiterais insuffler à l'équipe ? Est-ce que tu veux amener une mentalité un peu nord-américaine avec un jeu basé sur le « forecheck » et le fait d’aller droit au but ?
 
Normalement, comme entraîneur, ton boulot c'est d'identifier l'ADN de ton équipe, de tes joueurs. Je pense que dans le camp d’entraînement on a vu une équipe qui est extrêmement rapide. La transition se fait rapidement aussi, donc je veux que l'on soit une équipe excitante qui soit le fun à voir jouer... Mais aussi une équipe qui sait gagner des matchs de hockey, parce que l’on n’a pas de l’espace sur la glace à tous les matchs. Les équipes sont, comme je dis, très bien structurées. Il faut donc apprendre à gagner des matchs 2 à 1, 3 à 2, 1 à 0 aussi. Il faut être patient. En fait, le mot qui me vient en tête c'est « intelligente ». Je veux une équipe intelligente sur la glace, qui sait ce qu’elle fait de la rondelle, qui a une belle structure défensive en place et après ça une liberté et de l’intelligence offensivement.
 
Tu retrouves des joueurs que tu avais déjà coachés à l'époque en junior majeur (LHJMQ). Est-ce que c'était important aussi de pouvoir s'appuyer sur des joueurs, des leaders peut-être, que tu connaissais déjà ?
 
Oui, parce que normalement au hockey on passe tellement d'heures en équipe que ça prend des bons humains. C'est la première qualité que l'on voulait au niveau du recrutement avec Marc-André. Les mecs que je connaissais, les P-O Roy, les Lafrance et les Phelan, ce sont d’excellents humains. Je dis cela parce qu'on les côtoie tous les jours. Les gens ne voient que le match, mais c'est long une semaine avant un match. Donc au-delà d'être les meilleurs joueurs du championnat, il faut des bons humains pour former un bon groupe. On a emmené des excellents humains, donc ça facilite mon arrivée à Rouen aussi.
 
Quelles sont tes premières impressions sur la Ligue Magnus ? Le niveau du championnat a pas mal changé en 15 ans. Il y a moins de scores comme 8-0 ou 10-0 comme il pouvait y avoir à l'époque. C'est quand même plus resserré, même si il y a toujours un noyau d'équipe qui est au-dessus... Comment trouves-tu le niveau de jeu, notamment lors des matchs de préparation contre Amiens, Cergy et Angers ?
 
La Ligue Magnus mérite d'être connue davantage, encore une fois. Grenoble qui bat deux équipes de la Ligue DEL, ça prouve que la ligne Magnus est rendue là où elle en est. L’une des grosses améliorations aussi, ce sont tous les outils que les entraîneurs possèdent, les nutritionnistes, les gérants d'équipements, les « strength coaches » (préparateurs physiques) pour le conditionnement physique. Toutes les équipes sont au même niveau du point de vue de la condition  physique. Les structures se ressemblent beaucoup. Ensuite, il faut des mecs qui veulent et qui peuvent faire la différence lors des matchs. J’ai vu que quand on est allés à Cergy on a perdu 5 à 2 hein... Oui, on n'a pas joué un excellent match, mais je ne suis pas gêné de dire que Cergy a joué un excellent match. L’équipe est très bien structurée, ils ont eu un excellent camp d'entraînement, donc c'est un exemple d'équipe qui peut surprendre... Pour moi, c'est déjà très bien structuré et ils peuvent donc gagner tous les matchs.
 

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Loïc Lampérier (capitaine des Dragons de Rouen)
 
 
Loïc, est-ce que tu entames ta dernière saison avec les Dragons ou bien tu penses avoir encore envie de jouer plus longtemps ?
 
Je ne sais pas, on verra. Franchement pour le moment je ne pense pas à ça. Je veux faire une belle année, prendre du plaisir, être compétitif et pour la suite on verra.
 
Tu vois revenir Carl (Mallette) que tu avais connu déjà quand tu as commencé à jouer avec Rouen. Qu'est-ce que ça fait de voir venir un ancien coéquipier revenir à la tête de l'équipe ?
 
C'était pareil avec Fab (Lhenry), donc ce n'est pas nouveau (rires). Voilà, ça fait plaisir de le revoir et de construire cette nouvelle aventure ensemble.
 
La saison dernière n’a été pas à la hauteur de ce que Rouen pouvait espérer. Est-ce que cette saison avec les nombreux changements et les nouveaux joueurs, vous partez sur de nouvelles, meilleures, bases ? Même si c’est difficile de le savoir à cette période de la saison...
 
Oui. Après l'année dernière ça n’avait pas été une belle saison alors que les deux d'avant avaient été de très belles saisons. Une saison ne fait pas l'autre. On est partis pour cette nouvelle saison. Pour le moment, on a une dynamique positive. On a un bon groupe, qui vit bien. On progresse, on construit ensemble. Je pense que c'est positif.
 
Sur la préparation, tu jouais toujours avec Rolands (Vigners) à l'aile droite et il y a donc James Phelan qui vient d’arriver et qui jouait avec vous. Qu'est-ce que tu penses de son apport au sein de votre ligne ? Est-ce qu’il peut amener un peu d'agressivité de par le style de jeu qu'il avait à Amiens l'année dernière ? Est-ce qu'il vous avait déjà gêné sur la glace l’an passé ?
 
Oui, il amène beaucoup d'intensité, de l'envie, du physique. Mais voilà pour le moment, c'est super cool et c'est un super gars en-dehors. La saison est très longue, donc on verra. Pour le moment, je trouve que l’on a déjà une belle ambiance de ligne. On s'entend bien, on crée des automatismes, donc on va voir comment ça évolue. C'est positif !