Bonjour à vous messieurs, l’année dernière a été une année difficile puisque vous avez joué les playdowns avec un maintien au bout. Vous avez donc beaucoup recruté cet été, comment voyez-vous cette saison d’un point de vue collectif ?
S.B : « Nous avons souhaité faire un changement sur le collectif complet tout en nous appuyant sur nos joueurs français, en les gardant et en essayant de développer ce groupe qui fonctionne très bien ensemble avec une volonté de progresser collectivement. À côté de cela, nous avons souhaité trouver les meilleurs joueurs possibles qui compléteront ce noyau de joueurs pour évoluer correctement. Le renouvellement est donc effectivement conséquent puisque nous avons 9 nouveaux joueurs. Nous avons souhaité construire une équipe un peu plus homogène par rapport à la saison dernière avec moins de disparités au sein des différentes lignes et l’alchimie prend bien. Voilà ce qui résume notre ligne conductrice du recrutement. Je pense que nous avons fait une bonne préparation mais avec le championnat qui s’annonce, nous avons très hâte de laisser la place à la vérité de la glace. »
A priori, quels étaient les profils recherchés que vous souhaitiez attirer ?
 |
| Photo : Raphaël Dangueuger |
| Arnaud Faure / Stéphane Barin (Hormadi d'Anglet) |
S.B : « Vous savez c’est toujours un peu délicat puisque le profil va avec le budget ou le budget va avec le profil. Malgré tout, nous avons cherché des joueurs qui ont un profil plus orienté vers le collectif, notamment dans le but de rendre le groupe plus collectif par rapport aux saisons précédentes. Nous avons surtout cherché à amener les bonnes personnes auprès de celles que nous avions déjà. Si nous prenons l’exemple de Polodyan, joueur talentueux qui évolue chez nous depuis la saison dernière, nous avons voulu lui trouver les meilleurs éléments pour qu’il puisse passer un cap. Cette philosophie de recrutement que nous avons eu cet été s’applique à tous nos joueurs. Concernant les attaquants, nous voulions des profils assez polyvalents, qu’ils puissent jouer à l’aile ou même au centre. Quant à notre défensive, nous avions 2 postes à pourvoir. Nous sommes allés chercher un profil avec de la vitesse et de la percussion grâce à l’arrivée de notre universitaire américain. Nous avons aussi recruté notre finlandais, un peu plus expérimenté qui va nous permettre de calmer davantage le jeu et de sortir le palet de situations complexes. Nous voulions donc vraiment trouver les bonnes personnes pour créer de l’homogénéité au sein de nos 22 joueurs. »
Et qu’en est-il du poste de gardien un peu particulier ?
S.B : « Il faut savoir que ce n’est pas évident de recruter un gardien quand on ne l’a jamais été. Par chance, j’ai quelques amis et anciens gardiens de l’Équipe de France qui m’ont aidé. Nous avons eu quelques pistes, nous avons fait énormément d’analyses de vidéos. Nous nous sommes, bien évidemment, renseignés puis nous avons eu aussi quelques coachs universitaires au téléphone. Cela n’a pas été évident de choisir. La saison dernière, nous avons eu Dylan St-Cyr dans nos buts. C’est un gardien qui joue davantage à l’instinct tandis que nous avons trouvé un gardien un peu plus « scolaire » pour cette saison (ndlr : Mathieu Caron). Il joue beaucoup en fonction des positions et a besoin de connaître à la perfection notre système de jeu défensif pour qu’il puisse se sentir à l’aise. Notre nouveau gardien prend de plus en plus ses marques et nous sommes très contents de sa venue. »
A.F : « Je suis tout à fait d’accord avec Steph’ ! L’équipe a été construite « plus intelligemment » sans vouloir manquer de respect à l’équipe de l’année dernière et à ceux qui l’ont construite. Comme il le disait, je trouve que l’équipe est plus homogène et je pense que nous mettrons chacun plus en avant l’équipe et moins sa propre personne puisque ce n’est pas l’ADN que nous voulons mettre en avant cette année. Il n’y a plus qu’à et nous sommes tous très excités de commencer à Marseille. Malgré les matchs de préparation prometteurs et tout ce que nous avons fait, ça ne comptait pas et c’est à partir du 12 septembre que ça comptera vraiment ! »
Justement par rapport à l’identité de jeu que vous voulez développer cette saison, comment est-ce que vous voyez cette saison en termes de rendu et qu’est-ce que vous souhaitez montrer sur la glace et aux spectateurs ?
A.F : « Déjà nous voulons montrer des valeurs que nous défendons tous, beaucoup de vitesse sur les transitions offensives comme défensives avec les replis défensifs. Nous voulons aussi montrer du harcèlement dans la zone défensive de nos adversaires, toujours se battre pour des palets un peu « comme des chiens ». C’est un peu péjoratif mais c’est toujours agréable de le faire et c’est toujours compliqué de jouer contre des équipes qui jouent comme ça. »
S.B : « Nous voulons être intenses, surtout chez nous car nous avons une petite glace donc c’est important d’apporter de la vitesse. Quand nous parlons d’intensité, ce n’est pas uniquement du physique, même si cet aspect du jeu est très important sur petite glace, c’est aussi la protection de sa cage, de son enclave, la protection du palet, être intense dans les batailles mais aussi la circulation intense du palet. Nous devons montrer cet ADN angloye et montrer au public du spectacle et des victoires bien entendu. C’est déjà ce que disait Arnaud l’an dernier. Nous voulons profiter de la petite glace. »
A.F : « Écoute, la saison dernière a été en dents de scie, une grosse scie même (rires) ! Justement, il faut éviter de répéter les mêmes erreurs. C’est facile à dire comme ça mais nous devons davantage profiter du format de notre glace, de cette vitesse, de ces transitions sur lesquelles nous capitalisons pas mal. Je pense que frapper, effectuer des mises en échec malgré notre déficit de gabarit, sera intéressant dans le sens où cela va permettre de sortir un gars du jeu. Cela va nous permettre aussi de mieux nous repositionner en situation défensive pour mieux repartir en situation offensive. Bien évidemment, c’est facile de dire ça comme ça mais c’est ce que nous voulons mettre en place, en espérant que nous y arriverons dès le 12. »
Effectivement, les personnalités vont se révéler au fil de la saison, le staff a donc voulu recruter des profils qui l’intéressent. A priori sur la glace, ce sont des bonnes personnes en plus d’être de bons profils ?
A.F : « Humainement, il n’y a que des bons gars ! Après, chacun a un caractère et un profil différent donc c’est sûr qu’il n’y a pas de barrière de la langue cette année, il y a des parties sociales qui sont différentes. C’est tout à fait normal qu’un américain n’ait pas la même réaction qu’un russe sur une même situation par exemple. Nous n’avons que des bons gars, l’intégration s’est très bien déroulée sur les temps et activités d’équipe. La plupart des gars connaissent bien la ligue, notamment les deux gars de Bordeaux (ndlr : les attaquants lettons Jevpalovs et Polcs) et Thomas Suire notre recrue de dernière minute qui sont de très bons ajouts. Thomas s’est très vite intégré au groupe alors qu’il est arrivé il y a moins d’une semaine. Je pense que les profils ont été choisis sur la partie intégration aussi et je pense que cela peut nous apporter une belle plus-value. »
Concernant tous vos ajouts, vous affirmez qu’ils ont été très bien intégrés dès cet été et que le groupe vit bien si nous pouvons dire cela ainsi. Comment est-ce que vous pensez que ça peut se traduire sur la glace, c’est-à-dire en termes de résultats, puisque nous imaginons que vous voulez faire mieux que la saison dernière et comment pensez-vous y arriver ?
A.F : « Le 1er objectif est de se maintenir. Après, c’est mieux de se maintenir en étant dans le top 8 et faire les playoffs. On est tous compétiteurs, on veut tous jouer les playoffs. C’est sûr que ça ne fait pas vendeur lors du recrutement de vendre un projet playdowns alors bien sûr que nous voulons faire les playoffs. Malgré tout, il ne faut pas brûler les étapes non plus. Nous devons être conscients de nos qualités et de nos défauts parce que toutes les équipes ont des défauts. Je pense tout de même que le supplément d’âme qu’il pourrait y avoir est que si nous sommes tous proches et que nous sommes tous « potes » on va dire, cela peut nous donner plus d’énergie sur un match où il va falloir aller protéger son coéquipier, s’arracher pour bien servir son coéquipier devant la cage ou même aller bloquer un tir à la dernière minute pour protéger une avance dans le match. Toutes ces actions font qu’à la fin, on a du bon temps avec les coéquipiers dans le vestiaire à repenser aux moments durs avec le sourire. Je pense aussi que c’est ce que nous voulons construire et c’est ce qui a fonctionné dans des équipes dans lesquelles j’étais auparavant. »
S.B : « Bien entendu, nous attachons beaucoup d’importance à l’aspect sportif lorsque nous recrutons mais nous nous attardons énormément aussi sur l’aspect humain. Nous cherchons toujours à savoir d’où ils viennent, quelles sont leurs motivations pour venir en Europe. Nous les prévenons aussi de l’endroit où ces derniers mettent les pieds, à savoir la Ligue Magnus pour ceux qui ne connaissent pas, la ville d’Anglet par ailleurs. Nous ne voulons surtout pas qu’il y ait de mauvaise surprise, que nous soyons surpris à devoir faire un changement en cours de préparation parce que cela ne nous convient pas. Nous sommes vraiment attachés à cet aspect humain autant que le côté sportif, peut-être un peu plus que les années précédentes. Si ce petit côté humain, comme l’a dit Arnaud, peut nous faire gagner un ou deux matchs de plus dans l’année, ce sera toujours ça de pris et puis ces petits points grattés nous permettront peut-être de rentrer dans une nouvelle dynamique. Le groupe va primer sur les petites individualités, du moins beaucoup plus qu’auparavant. »
Au-delà de la saison qui s’annonce, quand on entend Monsieur Gerbeau évoquer l’idée à terme de créer une ligue professionnelle, est-ce que finalement des clubs comme Anglet ou autres ne se sentent pas un petit peu menacés ?
S.B : « Le club d’Anglet est déjà un club professionnel. C’est une société donc c’est un club professionnel où les joueurs sont payés, les entraîneurs et le staff le sont aussi donc il y a déjà une structure. Effectivement, pour l’instant nous ne sommes pas dans le haut du tableau des budgets parce que, nous n’allons pas nous mentir, ça passe par là. En revanche, nous aspirons à y être, nous avons des ambitions, notamment de grandir. Il y a des projets de patinoires dans le sud-ouest parce que c’est vrai que la patinoire la plus proche est celle de Bordeaux. Nous sommes, quelque part, « victimes » de notre patinoire mais cela nous permet également d’avoir une atmosphère très particulière même si nous apprécierions de jouer devant plus de monde, dans de meilleures conditions mais la structure et les ambitions sont très présentes. Créer une ligue professionnelle, oui ! Mais avec Anglet ! Tant que nous avons la volonté de performer sportivement, nous resterons en Ligue Magnus, même avec le projet de montée de Lyon qui, selon moi, serait vu d’un très bon œil par la fédération. Nous savons aussi qu’il y a, derrière nous, un engouement de la ville, de la municipalité qui va nous permettre de grandir à notre vitesse. »
 |
|
|