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Hockey sur glace - Ligue Magnus : Grenoble (Les Brûleurs de Loups)
Hockey sur glace - Retrait du maillot de Christophe Tartari
 
Vendredi 24 février, à l'occasion du match de ligue Magnus contre Bordeaux, le club des Brûleurs De Loups souhaite honorer Christophe Tartari en retirant son numéro afin que son maillot trône pour toujours aux cotés de 7 autres joueurs* ayant marqué l’histoire du club. Deux jours avant il nous a accordé un moment pour nous en parler.
 
Grenoble, Hockey Hebdo Nicolas Scordialo le 24/02/2023 à 07:00


Bonjour Christophe.
Quelles émotions et sentiments le retrait de ton numéro te procure t’il ?

C’est un peu tout mélangé, dans le sens où je n’ai pas encore trop de recul. Bien sûr j’ai été honoré et très fier de cette distinction. C’est particulier et ce n’est pas quelque chose qui arrive couramment. Pour moi cela représente énormément car ça fait plus de trente ans que je suis dans le club, j’ai joué toute ma vie pour ce club, ma ville. C’est une distinction individuelle mais j’ai l’impression qu’elle est collective dans le sens où tous ceux qui ont participé de prêt ou de loin et m’ont fait confiance, mes coéquipiers, les dirigeants, les différents présidents et managers, m’ont permis de vivre cette vie avec bien sûr beaucoup de travail et de sacrifices de mon côté. C’est un peu particulier, c’est bizarre, c’est dur de mettre des mots sur ce que je ressens mais je suis extrêmement fier et honoré de cette cérémonie.

Photo hockey Retrait du maillot de Christophe Tartari - Ligue Magnus : Grenoble  (Les Brûleurs de Loups)
Christophe Tartari (2008)
photo: Jean-Christophe Salomé
Comment as tu appris cette nouvelle ?


C’est Jaques Reboh, le président du club, qui me l’a annoncé en me disant qu’il voulait organiser le retrait de mon maillot et j’étais très heureux de cette annonce. Ensuite tout s’est enchaîné assez rapidement avec en plus le choix du match contre Bordeaux qui représente beaucoup pour moi car mon frère en est le manager et Olivier Dimet l’entraîneur. Tous deux m’avaient entraîné quand j’avais 8 ans même si j’avais commencé un peu avant le hockey mais c’est à cet âge là que la passion et la transmission s’est faite, ils m’ont transmis leur passion pour ce sport et ça a duré plus de trente ans !

Tu as fait toute ta carrière (et ta formation) sous les mêmes couleurs était-ce un choix ?

En fait cela s’est fait un peu naturellement. Déjà c’était un rêve de gosse de jouer dans l’équipe pro de Grenoble forcément. Ensuite une fois l’équipe intégrée les objectifs se sont mis en place : d’abord faire ma place, avoir un rôle dans l’effectif ce qui a pris quelques années dont les années juniors. Il y a eu un moment où j’étais en contact avec d’autres clubs à cet age là mais comme j’avais réussi à faire ma place ensuite tout s’est enchaîné. Après ça m’a traversé l’esprit d’aller jouer à l’étranger mais le temps passant avec des contrats pluriannuels je m’installais de plus en plus dans cette équipe et c’est devenu une évidence pour moi de rester. J’ai pesé le pour et le contre du pourquoi partir, de ce que représentait pour moi un départ, mais je me sentais tellement bien ici dans la meilleure organisation de France bon ça c’est mon coté un peu chauvin. Puis ensuite j’ai eu cet objectif en tête de terminer ma carrière à Grenoble et de ne jouer que pour ce Club.

Tu as joué entre 850 et 860 matches pour les BDL en plus de 20 ans. Tu as un record qui ne sera sans doute jamais égalé, ce genre de record te fait il plaisir ?

En fait pendant l’époque du Covid le club m’a remis un maillot pour mon 800e match officiel. Mais je ne joue pas au hockey pour battre des records. Je n’ai pas joué pour être le joueur avec le plus de matches pour Grenoble ou autre ; les choses se font d’elles mêmes, le temps passe et cela me renvoi au fait que j’ai vécu ma passion pendant plus de 20 années. En préparant cette soirée, j’ai un petit discours à faire, j’ai regardé en arrière avec le peu de recul que j’ai car je n’ai terminé ma carrière que l’année dernière, ce qui ressort le plus c’est le côté collectif avec toutes les émotions partagées avec mes coéquipiers grâce à ce sport, les différents staffs qui se sont suivis. C’est une distinction personnelle mais pour moi elle est collective et cela me renvoi à toutes ces joies mais aussi ces déceptions avec lesquelles je me suis construit et qui rendent les bons moments encore meilleurs. C’est tout un cheminement et je n’avais pas en tête d’aller chercher le record même si les dernières années on m’en parlait, puisqu’il y a des gens qui font des stats, donc j’étais au courant mais ce n’était pas un objectif et j’espère qu’il y aura quelqu’un qui le battra. Ça va être dur mais maintenant avec des saisons à 44 matches je me dis qu’il y a de bons jeunes qui viennent d’arriver et qui ont les vraies valeurs du clubs et un super niveau avec tout l’avenir devant eux; alors il y en aura un j’espère qui fera sa carrière, c’est ce que je leur souhaite si c’est ce qu’ils veulent bien sûr.

Photo hockey Retrait du maillot de Christophe Tartari - Ligue Magnus : Grenoble  (Les Brûleurs de Loups)
Christophe Tartari (2009)
photo: Jean-Christophe Salomé
Tu es également le plus titré des grenoblois avec 4 Ligues Magnus remportées, 3 Coupes de France, 4 Coupes de la Ligue ainsi que 4 Trophées des Champions et tu faisais partie de l’équipe du grand Chelem de 2009. En 2004 tu as aussi été élu meilleurs espoir français. Quel titre compte le plus pour toi ?


C’est pareil, c’est compliqué en fait car chaque titre a son histoire et un collectif associé. Je dirais peut-être la première coupe Magnus en 2007, c’est quelque chose le premier titre. Avant il y avait la coupe de la ligue on avait pu goûter à cette joie mais c’est en milieu de saison donc on se reconcentre sur le championnat. C’est surtout que quand je regarde ça je me sens privilégié. C’est une chance d’être là au bon moment, mais ensuite il faut continuer de travailler pour conserver sa place dans l’effectif, c’est une remise en question chaque année. Je me dis surtout que j’ai de la chance car il y a des joueurs qui dans leur carrière n’ont pas la récompense ultime du titre collectif et on joue pour ça. On joue pour ces joies là et j’ai beaucoup de chance d’avoir été dans le club les années où l’équipe a été quasiment tout le temps compétitive malgré des moments un peu creux. C’est cela que je retiens, ce sont tous des souvenirs gravés à vie.

Tu as joué presque la moitié de ta carrière en tant qu’assistant, et tu as été capitaine une saison (en 2009-2010) qu’est ce que ces rôles particuliers ont représenté pour toi ?

J’ai toujours estimé que ce ne sont que des lettres sur un maillot ! Cependant j’ai toujours joué ce rôle avec plaisir et j’étais honoré d’être capitaine ou assistant. En tant qu’ancien grenoblois et étant de la ville j’ai toujours eu un rôle au vestiaire, sur la glace et en dehors avec ou sans lettre. Autant que ce soit une autre personne qui ait le A et le C, j’en étais très content, le rôle de leader se réparti sur d’autres joueurs ce qui leur donne des responsabilités. Je prenais ces responsabilités peu importe que j’ai un A ou un C donc ça reste une lettre sur un maillot.
 
Coupe Magnus 2007Quel est le meilleur souvenir de ta carrière ?

Je sais pas trop non plus mais peut-être la finale des plays-off de 2019 face à Rouen. C’est encore frais dans ma tête, de plus on courait après ce titre depuis 10 ans. C’était une finale incroyable avec des revirements de situation face à notre adversaire de toujours, dans une patinoire de Rouen en feu sur un match 7. C’est tout frais et je l’ai encore bien dans ma tête. Et bien sûr forcément celui de l’année dernière, c’est quand même dur de départager. Encore une fois j’ai des amis qui ont fini une carrière alors que ce n’était pas leur choix, qui ont fini sur une défaite forcément car le seul moyen de finir sur une victoire c’est de gagner le titre, des éliminations prématurées, des blessures et moi j’ai eu la chance de finir avec le titre, à la maison avec Julien Baylacq et Sébastien Bisaillon qui ont arrêté en même temps que moi. On a pu partager ce moment à 3 sur la glace de Grenoble en famille, entre amis. C’est un rêve de gosse qu’on pourrait écrire sur un papier qu’on encadrerait. Si tu commences le hockey à 10 ans, même si tu n’as pas assez de recul, alors plutôt en étant ado, tu te dis le rêve c’est de finir sur un titre à la maison. Ce sont ces moments là les plus particuliers.

Quel est ton moins bon souvenir ?
Les blessures bien sûr mais également les difficultés du club en 2010. Il y a aussi toute cette période Covid qui a été particulière pour tout le monde. Ce sont des moments pas simples qui remettent plein de choses en question, on doute, mais ces moins bons souvenirs permettent d’apprécier à leur juste valeur les moments de joie et les titres. Les mauvais moments font partie du processus, il y en a comme les diverses éliminations en 1/4 de finale, à un moment on a fini 11e du classement, ce qui n’est pas évident quand on a goûté notamment au quadruplé en 2009. Ça montre que les choses ne sont pas figées dans le temps, qu’il faut apprécier les moments présent et que ça peut vite tourner en fait, il faut donc profiter un maximum de chaque moment.

Comment as tu choisi le numéro 73 ?

C’est l’année de naissance de mon grand frère ! Ça signifie pas mal pour moi dans le sens ou c’est lui et mes parents qui m’ont permis d’avoir cette vie et qui m’ont soutenu. De plus mon frère a été mon entraîneur, mon modèle dans le hockey, c’est un hommage pour lui. En fait je jouais au début avec le numéro 4 qui était aussi son numéro mais quand j’ai intégré l’équipe première il était porté par Laurent Deschaume et j’ai du choisir un autre numéro. J’ai hésité aussi avec le 84 de mon année de naissance mais Cyril Papa l’a pris car il est né avant moi dans l’année donc du coup le 73 et avec du recul je suis bien content d’avoir porté ce numéro.

Peux tu nous parler de ta nouvelle vie professionnelle d’après hockey ?
Ce n’est pas évident d’arrêter, j’en avais entendu parler pas mal, quand t’es sportif tu vie une vie rêvée qui a un certain rythme ensuite il faut se réinventer. C’est un chamboulement et ça prend du temps. On avait anticipé dès 2016 en créant le centre de flottaison Silence avec Julien Baylacq et Stéphane Gervais. Ça m’a permis aussi de découvrir ce qu’était le monde professionnel, l’entreprenariat. Depuis j’ai lancé une deuxième société qui se consacre à l’aménagement d’espace intérieur. C’est une autre vie. J’avais envie de voir autre chose que le hockey, de m’ouvrir au reste et ne pas m’enfermer dans le sport et le hockey en particulier. Il faut prendre un nouveau rythme il y a plein de choses qui changent. Mais je ne ferme pas la porte pour autant au monde du hockey, c’est juste que dans ma transition j’ai besoin de voir et de faire autre chose, de découvrir le monde professionnel. Je pense que les choses évoluent toutes seules et pourquoi pas un jour revenir dans le monde du hockey, en tout cas je ne me ferme pas la porte.

Verra t’on un jour des petits Tartari sur la glace ?
 
J’ai une fille de 5 ans et demi à laquelle je transmets ma passion du patinage, ce sont des moments de partage. Il n’y a pas de règle à la maison, si un jour elle a envie de faire du hockey elle y jouera. J’ai un côté un peu égoïste et j’aimerais bien découvrir d’autres univers aussi, qu’elle teste un peu tout et ne pas l’enfermer là dedans, qu’elle ne fasse pas du hockey parce que son père en faisait. Bref j’essaye de rester neutre dans tout ça.

Qu’as tu envie de dire à nos lecteurs pour terminer ?

Je voudrais dire un grand merci pour toutes ces années de soutiens, que ce soient les journalistes, les supporters, les partenaires et le public sans oublier les dirigeants et membres du staff sans qui tout ça n’existerait pas, et on ne pourrait pas vivre ces moments là. En me remémorant le passé j’ai pu prendre la mesure de tous ces investissements et c’est grâce à ça que j’ai pu vivre de tels moments.
 
Photos de Christophe Tartari (2004 à 2022)



* : Gaëtan ’’Pete’’Laliberté - Jean Le Blond  – Philippe Treille – Patrick Rolland – Benoît Bachelet – Jean-François Bonnard – Josef Podlaha
 
 
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