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Hockey sur glace - Autour du hockey
Hockey sur glace - Savice Fabre, arbitre par passion
 
En complément de notre rubrique « Paroles d’arbitres » sur les règles du jeu, nous avons voulu aller à la rencontre des arbitres. Comprendre leurs motivations, partager leur vision de l’évolution de l’arbitrage et du hockey. Les arbitres font partie intégrante de la famille du hockey. Parfois décriés, de quelles armes disposent-ils pour suivre l’évolution rapide que connait le hockey français ? Nous avons rencontré Savice Fabre qui arbitre régulièrement en Magnus, au niveau international et est aussi membre de la CIRJ. Passionné, comme l’ensemble de ses collègues, il nous apporte un éclairage intéressant sur le rôle et la vie des arbitres mais aussi sur les évolutions passées et à venir de l'arbitrage.
 
Boulogne-Billancourt, Hockey Hebdo Hugues Bolloch le 15/11/2011 à 17:30
HH : Peux-tu nous expliquer pourquoi et comment tu es devenu arbitre ?

Savice Fabre :
J’étais joueur et le club m’a proposé d’arbitrer quand j’avais 14-15 ans. J’ai accepté d’abord par curiosité mais aussi pour approfondir ma connaissance des règles. Et puis, petit à petit, j’ai eu de moins en moins de temps pour m’entraîner, mais je voulais garder le contact avec le hockey qui est un sport que j’adore. Je me suis donc mis à arbitrer de plus en plus. Pour mon club d’abord puis au niveau régional. Ca marchait plutôt bien pour moi et j’ai décidé d’arrêter de jouer pour me consacrer pleinement à l’arbitrage parce que j’y trouvais un réel intérêt. J’ai gravi les échelons un à un pour arriver où j’en suis aujourd’hui.

Peux-tu nous expliquer ce qui te motive dans l’arbitrage aujourd’hui ?

Mes motivations ont évolué depuis mes débuts. La première est bien sûr de rester en contact avec le hockey. Mais aujourd’hui c’est aussi d’apporter mon expérience et mes connaissances pour les jeunes arbitres. Je ne vais pas garder pour moi ce que j’ai appris, je m’investis donc auprès des jeunes qui veulent se consacrer à l’arbitrage. Je vais souvent assister à des matches de jeunes, ceux de mon fils notamment. Et je vais voir les jeunes arbitres pour leur demander s’ils sont preneurs de mes conseils. Ils portent essentiellement sur le positionnement. Quand ils sont plus âgés, je les conseille aussi sur l’attitude et tout ce qui est bon à savoir pour arbitrer.

Suis-tu une préparation physique spécifique avant et pendant la saison ?

J’ai l’impression que la saison ne s’arrête jamais, je m’accorde un seul vrai break de 3 semaines. Ensuite je reprends la course et la musculation. J’intensifie un peu ma préparation en juillet pour être prêt pour le stage des arbitres en août et les premiers matches de préparation.

Les arbitres sont-ils professionnels et peuvent-ils vivre de leur activité ?

Nous sommes amateurs. On touche des indemnités de match et nos frais de déplacement sont remboursés, mais on ne peut pas vivre de cette activité. Nous avons tous un métier à coté et on quitte notre travail pour aller arbitrer. On cumule donc 2 matches par semaine, notre travail et notre vie familiale. Pour trouver un équilibre, j’ai dû arrêter d’arbitrer au niveau régional, sinon je ne voyais plus ma famille. Quand j’ai un match en semaine à 500 km de la maison (les « head » n’ont pas de zone géographique et peuvent arbitrer partout en France), je travaille le matin, je pose une journée et je retourne travailler le lendemain après-midi. Quand je suis retenu pour une compétition internationale, je prends sur mes vacances pour pouvoir m’y rendre. Chacun s’arrange avec son employeur, moi j’avais pour habitude de prendre des congés sans solde pour pouvoir garder des vacances et les passer en famille.
Photo hockey Savice Fabre, arbitre par passion - Autour du hockey
Photographe Corinne Deconihout

Le paradoxe c’est que pour se maintenir à un bon niveau ou progresser, il faut beaucoup arbitrer et dans le même temps on voit que c’est très prenant et que cela ne vous fait pas vivre.

C’est vrai, même s’il faut reconnaitre que les indemnités reçues nous permettent d’améliorer l’ordinaire. Mais notre statut fiscal a changé il ya 3 ans et les indemnités sont désormais taxées au-delà d’un certain montant, que l’on atteint systématiquement en étant « head » en Magnus. C’est donc moins avantageux que cela ne l’a été. Parallèlement, s’il m’arrive un accident pendant un déplacement, tout est à ma charge, c’est à moi de souscrire une assurance pour me couvrir.

Comment fais-tu pour suivre les évolutions d’un sport dont le niveau progresse en permanence ?

On a une préparation physique plus poussée. Au niveau de l’arbitrage proprement dit, on dispose de plusieurs outils. La supervision qui se développe cette année et s’amplifiera encore l’année prochaine. Même si ce n’est pas systématique, on a la possibilité d’utiliser la vidéo qui nous permet de revoir nos matches et est utilisée pour analyser les différentes situations de jeu lors des stages d’arbitrage. On partage aussi beaucoup entre nous. Les arbitres internationaux relaient les instructions de l’IIHF et le partage avec les arbitres étrangers nous apporte aussi beaucoup. Maintenant il n’y a pas mieux que d’être en situation de match pour progresser, d’arbitrer le plus possible.

Multiplier les matches, arbitrer 2 fois le weekend, comme le suggèrent certains coaches, ou systématiser l’arbitrage à 4 sont-elles des pistes à explorer ?

L’arbitrage à 4 est une évolution incontournable en Magnus. Le jeu est plus rapide, les joueurs plus techniques ce qui multiplie les situations d’accrocher ou de retenir. Arbitrer à 4 permet d’avoir une meilleure vision du jeu. L’IIHF l’a adopté pour les mondiaux après que la NHL l’ait mis en place. Avec 4 arbitres et un renforcement de certains points de règlements, le jeu est devenu beaucoup plus propre. Cette année, chaque équipe sera arbitrée au moins 1 fois dans un système à 4 pour s’habituer à ce système qui sera adopté en play-off.
Au niveau du rythme, l’idéal pour nous serait de tourner à 3 matches par semaine, les mardi, vendredi et dimanche. Les joueurs progressent plus grâce aux matches qu’aux entrainements et c’est exactement la même chose pour nous.

Peut-on envisager des échanges au niveau international comme cela se fait dans d’autres sports pour permettre à des arbitres français d’être confrontés à d’autres types de jeu ?

C’est à l’étude et c’est certain que cela pourrait nous apporter beaucoup. Mais il faut l’accord d’une autre fédération et surtout que nous ayons la possibilité de nous libérer professionnellement sur des longues périodes. Comme je l’expliquais tout à l’heure ce n’est pas toujours simple. On a vu pour les arbitres internationaux que le fait de côtoyer des arbitres étrangers, d’arbitrer avec des juges de lignes étrangers était un apport important.
Photo hockey Savice Fabre, arbitre par passion - Autour du hockey
Photographe Corinne Deconihout

Comment est-on sélectionné pour des compétitions internationales ?

C’est l’IIHF qui sélectionne sur la base d’une liste proposée par la Fédération. Il existe plusieurs licences qui sont accordées ou pas par l’IIHF et qui permettent d’arbitrer des matches internationaux en France ou à l’étranger selon la licence. Ensuite les arbitres sont désignés par une commission de l’IIHF.

Quand un head est désigné, l’est-il avec ses juges de ligne ?

Non, le head est désigné seul. Je viens par exemple d’être désigné pour arbitrer le premier tour de Continental Cup en Roumanie et je serai le seul français.


Comment prépares-tu une compétition internationale comme la Continental Cup ?

Je me renseigne un peu sur les équipes et leurs niveaux, mais pas plus. Ca peut parfois surprendre les coachs, les joueurs et les spectateurs, mais ce n’est pas à nous d’adapter notre arbitrage au jeu proposé. L’IIHF nous demande d’arbitrer selon les directives et les règles internationales.

Avez-vous des échanges avec les coaches et les joueurs de Magnus, notamment en début de saison pour expliquer certaines modifications ou points de règlement ?

Il y a une demande depuis plusieurs saisons d’avoir des coaches de Magnus ou de D1 lors de nos stages d’arbitrage pour pouvoir échanger. On a aussi une réunion annuelle entre les head, les coaches de la Magnus et le staff de l’équipe de France pour pouvoir discuter de ce qui s’est passé en saison régulière et accorder nos violons avant les play-offs. Il faudrait multiplier ce type de réunion. 3 par saison serait l’idéal, une en début de saison, une à mi-saison et une avant les play-offs.
L’année où il y a un changement de règlement, on réunit les coaches avant chaque match pour avoir un échange.

On vous voit souvent discuter pendant et après le match avec les coaches et les joueurs.

Avant les matches, on ne discute pas forcément du match, à force d’arbitrer on connait les coaches et les joueurs, les échanges sont plus personnels. Après le match, on peut être amené à échanger sur certaines situations. Même s’il a pu y avoir de l’énervement pendant le match, on arrive toujours à avoir des échanges sereins et constructifs après avec les coaches ou les joueurs.C’est comme entre joueurs, les matches peuvent être très physiques, mais ils se serrent la main à la fin.

Ressentez-vous une certaine forme de pression autour des matches, qu’elle soit liée à l’enjeu ou à l’environnement ?

Bien sûr. On sait que l’enjeu peut être important donc on a la pression de bien faire notre travail pour que le jeu s’exprime. Après certains coaches savent jouer avec le public pour faire monter la pression. Mais, avec l’expérience, on sait en faire abstraction. Après le match, sur le chemin du retour on pense aux insultes qu’on a reçues, aux comportements de certains spectateurs, et c’est parfois usant. Le but de notre travail est de faire appliquer le règlement quelque soit le contexte.

Avez-vous une préparation psychologique spécifique ?

Je pense que chacun a un peu sa méthode. Moi, 48h avant un gros match, je commence à avoir du mal à me concentrer sur mon travail, je suis moins présent pour ma famille. Je commence à rentrer dans mon match. Et ça dure jusqu’à 48h après le match ou on se repasse le match dans la tête, ce qu’on a bien et moins bien fait, les réactions autour du match.
Nous n’avons pas de préparation psychologique à proprement parler. Mais avec l’expérience on apprend à mieux appréhender la pression. Le but est toujours de garder son calme et de ne jamais perdre ses moyens, même si parfois on bout intérieurement. Il faut rester en contrôle.
Photo hockey Savice Fabre, arbitre par passion - Autour du hockey
Photographe Corine Deconihout

L’arbitrage à 4 est-il une force face à cette pression ?

Clairement car la pression est répartie. On a un arbitre en arrière des joueurs qui peut voir ce qui se passe en dehors du jeu. C’est beaucoup plus dur à 3.

Quelles évolutions as-tu notées depuis que tu arbitres en Magnus ?

La performance physique des joueurs. Le rythme est plus rapide. A tel point qu’on a des fois du mal à suivre en arbitrage à 3. Le renforcement de certains points de règlement, l’intransigeance envers les charges qui peuvent blesser ont aussi fait évoluer le jeu qui est devenu moins physique. Les clubs se sont donc armés avec des joueurs techniques. Mais aujourd’hui on nous demande de plus laisser jouer physique, dans la limite du correct bien sûr. Notamment pour préparer l’équipe de France qui rencontre des équipes plus physiques en groupe A. Du coup les joueurs, mais aussi les coaches, sont moins préparés à recevoir certaines charges puissantes mais correctes. C’est pour moi le plus grand changement. Mais le jeu est en constante évolution et c’est ce qui est passionnant. Le compromis entre physique et technique est ce que nous recherchons tous, arbitres, joueurs et coaches et on s’en approche. Il ne faut pas oublier que le hockey reste un sport de contact.

Certains coaches se plaignent d’un manque d’homogénéité des décisions au cours d’un match ou d’un match à l’autre.

Le règlement est universel, mais certains points de règlement sont laissés à la libre appréciation de l’arbitre. Donc selon les caractères, une même situation pourra être jugée différemment d’un arbitre à l’autre. C’est l’objectif de la supervision de faire adopter une interprétation plus homogène pour un même type de situation. On souhaite éviter au maximum que les coaches préparent leur équipe en fonction de la désignation des arbitres, je sais que c’est parfois le cas aujourd’hui.

Quelles qualités faut-il pour être un bon arbitre ?

Un bon patinage et une bonne endurance pour la partie physique. En termes de caractère, la communication est très importante. Communication avec les coaches et les joueurs mais aussi communication corporelle. La façon de se présenter est très importante. Et mentalement il faut être très fort.

Pour généraliser l’arbitrage à 4, il va falloir attirer des jeunes vers l’arbitrage. Comment leur donner envie de se consacrer à l’arbitrage ?

Arbitrer permet de garder le contact avec un sport qu’on doit parfois laisser un peu de côté pour faire ses études ou pour des raisons physiques. On découvre aussi des aspects du jeu qui sont vraiment intéressants.
Le vrai problème que l’on rencontre, dans toutes les catégories, c’est la réaction de l’environnement. Plusieurs jeunes m’ont dit avoir envie d’arrêter après avoir été insultés ou même malmenés par des parents ou des coaches, et c’est vraiment dommage.
Je suis tombé dans l’arbitrage un peu par hasard et ça m’a permis d’atteindre un niveau que je n’aurais pas atteint en tant que joueur et de vivre des choses que je n’aurais pas vécues. Nous sommes des passionnés de hockey et vivre un championnat du monde est vraiment quelque chose d’exceptionnel à tous les niveaux. Il faut avoir envie de se battre pour être le meilleur et avoir accès aux meilleurs matches.

Pour finir, tu nous disais que l’objectif était d’être retenu pour les gros matches, si tu pouvais choisir un match à arbitrer, lequel choisirais-tu ? Une finale à Bercy ? Une finale de Magnus ?

Ce ne serait pas forcément une finale. J’ai vécu des matches de championnat intenses et serrés, je me souviens notamment d’un Rouen-Amiens avec des joueurs qui s’engageaient, qui patinaient, c’était un super match pour les arbitres aussi.
Bien sûr, arbitrer dans une patinoire pleine est toujours plus excitant.
A Bercy, quand on est sur la glace on n’entend presque pas les spectateurs. La salle est grande et l’ambiance a tendance à se perdre. Au contraire, un match à Anglet se déroule toujours avec une superbe ambiance dans les tribunes que tu ressens sur la glace.
Ce qui me plaît c’est un match engagé avec spectateurs qui donnent de la voix et, au final, le sentiment d’avoir participé à un match de haut niveau.
 
 
 
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Réactions sur l'article
 
vincentahc a écritle 21/11/2011 à 15:44  
Nous pouvons dire bravo à :


Championnat du Monde IIHF U20, Division 1, Groupe A, Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), 11-17 décembre 2011

Alexandre BOURREAU (Head)



Championnat du Monde IIHF U20, Division 2, Groupe A, Donesk (Ukraine), 12-18 décembre 2011

Yann FURET (Juge de lignes)
vincentahc a écritle 21/11/2011 à 13:27  
Bonjour à tous,

Effectivement, article intéressant qui permet d'ouvrir un peut un porte sur le monde del'arbitrage en général.
jeanluc a écritle 16/11/2011 à 14:43  
Dorénavant il faudra lire sept fois cet article avant de critiquer les arbitres ;-) Car après chaque journée, c'est toujours la même rengaine : la moitié des défaites sont de la fautes aux arbitres. D'ailleurs je fais une proposition concrète à tous ceux qui ont la critique facile et sévère envers les arbitres : les assister bénévolement lors de leurs déplacements bénévoles à 500 km de chez eux : conduire leur voiture, s'occuper de leur équipement, leur faciliter la vie en somme...
Dryden a écritle 16/11/2011 à 11:21  
C'est vrai que c'est assez surprenant de savoir que les arbitres ne sont pas assurés pour couvrir leur déplacement ! Ca peut leur revenir cher d'arbitrer ! Et l'arbitrage à 4 semble très demandé par les arbitres, il serait grand temps de les aider un peu pour faire évoluer le hockey ! On passe notre temps à dire que les arbitres ne sont pas forcément bon, mais il semblerait que rien ne soit fait pour les aider... c'est bien triste pour le hockey et son développement.
a écritle 16/11/2011 à 09:51  
Plus de matchs, rehausser le niveau du championnat... de quoi garder les jeunes talentueux en formation dans nos clubs pour qu'ils ne partent pas à l'étranger... mais c'est un autre débat.
a écritle 16/11/2011 à 08:50  
Effectivement, très bonne initiative DU média (comme dit Snake) que cette interview d'un arbitre... ces hommes (et ces femmes) si souvent décriés n'ont sûrement pas une tâche très facile !
Tourner à 3 matchs par semaine serait l'idéal ? Quelle bonne idée ! Quand est-ce qu'on commence ?????
snake a écritle 16/11/2011 à 00:41  
Propos fort intéressants, c'est bien que les arbitres puissent s'exprimer ainsi dans les médias..enfin le média...
Par contre je suis surpris qu'ils n'aient pas une assurance pour couvrir leurs déplacements, franchement ce point serait à régler avec pourquoi pas un sponsoring, prix préférentiel pour l'ensemble des arbitres français.
je note aussi que plus de rencontres il est pas contre...mais au fait qui est contre à vous lire?
WashCaps a écritle 15/11/2011 à 19:25  
Très bonne interview, riche et intéressante !
Merci HH
 
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