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Hockey sur glace - Autour du hockey
Hockey sur glace - Une meilleure gestion de l’erreur est ce qui sépare les meilleurs des bons.
 
Après une première interview en mai sur son activité de Préparateur mental, nous avons repris contact avec Frédéric Merelle
 
, Hockey Hebdo Jean-Christophe Salomé le 24/12/2020 à 07:00
Comment les hockeyeurs peuvent-ils se remettre en selle après les périodes de confinement du covid, afin de rester prêt mentalement et physiquement sans compétition ?
 
 
Les joueurs et coaches ont perdu beaucoup de leurs repères du fait des périodes de confinement et de la suspension de la saison. J’utilise beaucoup d’outils pour les préparer ou les renforcer mentalement. En voici deux :
  1. Le premier est de bâtir la discipline personnelle des joueurs. Concrètement, les joueurs doivent se donner chaque jour des mini-objectifs  pour rester alerte et faire revenir l’intensité. Cela doit être des objectifs en termes d’entrainement (musculation, travail sur la glace) mais il faut impérativement qu’ils y ajoutent de petits objectifs ‘mentaux’ (ex : prendre du plaisir sur les deux prochaines heures de glace, rester ‘positif ‘ même si je rate etc). Sur ce point, les joueurs doivent construire une discipline. J’en accompagne certains dans ce process. Je les aide à devenir responsable, encore plus professionnel. S’ils souhaitent réellement franchir le palier supplémentaire, ils se doivent de s’auto discipliner. 
  2. Le second est d’aider les coaches à avoir encore plus d’impact. En gros, à atteindre plus en faisant moins. Dans ce cadre de reprise, les coaches se doivent d’être ‘créatifs’, de proposer des choses différentes, ludiques tout en augmentant progressivement le niveau d’intensité. Je travaille sur ce sujet avec quelques entraineurs en chef. L’idée est de travailler différemment. De surprendre parfois les joueurs. De leur donner plus de responsabilité. Pas juste au leader mais à tous. Si le staff parvient à proposer des choses différentes, les joueurs vont leur rendre en termes d’intensité, d’exigence et de motivation. J’utilise ici beaucoup d’outils importés du monde de l’entreprise, de ma carrière sportive personnelle, de la Psychologie positive mais également d’autres sports dans lesquels je coach. Cela marche généralement très bien avec des résultats rapides.
 
On parle un peu des effets psychologiques des confinements et des mesures barrières sur la population : dépressions liées à l’impossibilité d'exercer son activité, perte de revenu, ...
Est-ce que les sportifs de haut-niveau sont plus blindés ou tout aussi fragiles?

 
Les sportifs de haut-niveau sont forts et fragiles à la fois. Plutôt fort quand ils sont en mode ‘compétition’, plutôt fragile en temps de COVID. Ils ont perdu beaucoup de leurs repères et ont moins de ‘plan B’ que les autres car leur vie tourne beaucoup (trop) autour du Hockey. J’en accompagne un certain nombre depuis plusieurs semaines pour les aider à passer cette période et à préparer la reprise. Beaucoup de hockeyeurs ont tendance à se ‘fermer’ quand ils sont dans une situation inédite comme celle-ci. Mon travail est de les sortir de la et de les remettre en action. COVID a été également une opportunité pour beaucoup de sportifs de haut-niveau de préparer leur succès de 2021. Ils ont construit des plan ‘B’, ‘C’, se connaissent mieux en tant que personne, relativise leur sport ce qui va les faire performer avec moins de pression quand la crise sanitaire sera terminée.
 
Avez-vous constaté un dévelopment fort de votre activité ? Est-ce que les coachs sont également demandeurs et vous sollicitent ? Si oui, en quoi la préparation mentale peut les aider ?
 
 
Suite à la parution en début d’année de votre article sur mon travail, j’ai été contacté par quelques coaches Français, ce qui m’a donné l’idée d’en contacter d’autres et de développer un programme de coaching mental pour coach et leur staff. Inspiré de mon expérience auprès des hockeyeurs, des coaches de Hockey Finlandais mais également des managers avec qui je travaille en entreprise en Finlande ou en France.
 
La prépa mentale est essentielle pour les entraineurs en chef. Car les coaches sont très seuls contrairement à ce que l’on peut penser. Ils mettent (trop) souvent leur bien être personnel de côté. Ils ne prennent pas toujours de plaisir dans ce qu’ils font. Ils ont tendance à oublier que le plaisir est essentiel à leur efficacité.  Ils ont une pression énorme sur les épaules dans un milieu qui est très centré sur le ‘résultat’. Ils se doivent de gérer des personnalités très différentes ce qui nécessite des qualités très diverses. J’ai l’habitude de dire que dans le monde de l’entreprise, il y aurait deux personnes pour faire le job. Dans le hockey Français, ils sont souvent seul.
 
J’essaie de faire comprendre aux coaches que s’ils se protègent, s’ils posent des limites à leur planning, s’ils se concentrent uniquement sur les choses sur lesquelles ils ont du contrôle et sur les choses qui ont de l’impact, ils vont devenir plus efficace auprès de leurs joueurs et staff et prendront par la même plus de plaisir.  Ils vont être en mesure de faire mieux avec moins, et d’utiliser le temps gagné pour prendre du temps pour eux et leur famille ce qui est essentiel à leur performance.
 
Echangez -vous avec d’autres préparateurs mentaux ?
 
Suite à la parution de votre article, j’ai été contacté par quelques préparateurs mentaux /psychologues Français ainsi que par des étudiants en psychologie du sport. J’ai échangé avec eux avec beaucoup de plaisir. J’ai des échanges réguliers avec les préparateurs mentaux du comité olympique Finlandais (je travaille avec quelques athlètes Finlandais préparant les jeux olympiques et ce dans différents sports) mais également échange avec des métiers différents (coach d’entreprises, DRH, psychothérapeutes, sportifs de haut-niveau, sophrologues etc). De mon point de vue, la préparation mentale doit intégrer différents champs si elle veut être efficace. Je viens moi-même du sport de haut-niveau, suis responsable des ressources humaines, coach d’entreprise et mental, certifié en psychologie et je crois que cette diversité m’aide beaucoup dans ma pratique. Elle me permet de m’adapter à tous besoins et à trouver des solutions.
 
Photo hockey Une meilleure gestion de l’erreur est ce qui sépare les meilleurs des bons. - Autour du hockey
Photo: Alexandre Juillet
On parle de la préparation mentale pour aider le joueur avant les matchs et sa préparation, est-ce également nécessaire d’intervenir les soirs de matchs entre les tiers ?
Est-ce que des préparateurs mentaux sont présents dans le staff au même titre qu’un kiné ?
 
Il y a différent cas de figure. Certains préparateurs mentaux peuvent être intégrés à l’équipe ou certains coach assistant (en Finlande ou dans d’autres pays) font office de coach mental. De ce que j’entends des joueurs, ces systèmes présentent des limites. Un joueur exprimera peu s’il sait que le coach mental est trop proche de l’équipe et du staff. Ce n’est pas dans l’intérêt des clubs de payer un coach mental avec des progrès qui ne seront pas significatifs, faute d’ouverture du joueur envers le coach mental. Souvent les clubs ne se rendent pas compte de cette limite.
De plus, le but du coaching mental est à terme de rendre le joueur fort mentalement, sans l’appui régulier du coach mental. Un coach qui serait trop ‘à disposition’ comporte des risques de mon point de vue en termes d’indépendance et progression du joueur.  
 
Les préparateurs mentaux peuvent être également mis à disposition de l’équipe. Généralement un psychologue propose ses services et les joueurs peuvent le contacter s’ils en ressentent le besoin. Cela comporte des limites également car les hockeyeurs peuvent rechercher (c’est ce que j’ai entendu de certains des joueurs avec qui je travaille) chez le coach mental une connaissance minimum du sport du haut-niveau et du hockey. De plus, quand les joueurs contactent un coach mental, c’est généralement pour résoudre un problème déjà existant. Mon travail est plus proactif. J’essaie d’intervenir avant que les problèmes n’arrivent.
 
De mon expérience, un prépa mental quelque peu ‘détaché’ de l’équipe est une solution beaucoup plus efficace et également plus rentable pour les clubs. Un coaching mental efficace est un coaching ou le joueur a toute confiance envers le prépa mentale de sorte qu’ils expriment des choses mais également qu’il accepte de changer. Il peut également arriver qu’un joueur est un besoin ponctuel, quelques heures avant le match. Dans ce cas, il est plutôt facile d’organiser un coup de fil rapide de 10 minutes qui aura beaucoup d’impact. Par exemple, l’un des joueurs avec qui je travaille (joueur de basket professionnel Finlandais) vient de donner une interview sur notre travail ensemble. Il soulignait l’impact de ces séances ‘courtes’ les jours de match sur sa motivation et sa performance.
 
Le fait que je me situe en Finlande et n’ai pas d’attache ‘formelle’ d’avec les clubs contribue je pense à la crédibilité et la confiance que les joueurs et coaches me portent. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas de discussions d’avec le staff, mon coaching doit s’intégrer dans le projet sportif des clubs ! Mais mes échanges restent confidentiels sauf si les joueurs m’autorisent à en faire part à l’entraineur en chef. La majorité des hockeyeurs avec qui je travaille ont déjà travaillé avec un coach mental ou ont à disposition un coach mental sur place. Ils ont décidé de travailler avec moi, alors même qu’ils ne gagnent pas beaucoup comme vous le savez.  C’est un grand signe de confiance envers moi et mon travail.
 
De mon point de vue, la présence d’un coach mental au sein de l’effectif doit être limitée et concentrée à des moments clés (préparation de grande compétition, stage de début de saison/début des play off etc.). Dans ces cadres, la présence d’un prépa mentale au sein du groupe peut-être un plus car il peut mieux appréhender l’ADN du groupe ainsi que les personnalités individuelles, avant de continuer un travail individuel ou collectif qui peut être fait à distance. J’ai vécu moi-même ce type de situation (je suis le coach mental du camp 21 de Chamonix etc.) ou même dans d’autres sports ou je suis intervenu au cours de stage.
 
Globalement, je pense que si les clubs français appréhendaient encore mieux l’importance d’un coaching mental différent et impactant dans la performance de l’équipe, ils investiraient en conséquence et recevrais un net retour sur investissement.
 
Quels -sont les compartiments mentaux que les hockeyeurs français peuvent développer en général ?
 
 
Les joueurs et coach Français ont beaucoup de qualités. Je travaille avec des joueurs Finlandais (SM Liiga/Mestis) ainsi qu’en Suède maintenant, et je dirais qu’il y a trois grands compartiments mentaux que les hockeyeurs français peuvent développer encore plus.
 
Premièrement, ils utilisent relativement peu leurs forces car ils sont trop concentrés à éviter de faire des erreurs. Ils jouent parfois plus pour ne pas perdre que pour gagner. J’ai l’habitude de dire qu’ils jouent avec le frein à main. Si par contre, ils jouent avec leur instinct, ils peuvent obtenir des résultats quasi immédiats (ex : lors du prochain entrainement ou match) avec un ‘plaisir de jouer’ qui revient immédiatement. Je l’ai vécu avec bon nombre de joueurs. On peut changer beaucoup de choses rapidement avec juste des petits détails.
 
Deuxiément et c’est une conséquence de ce que je viens de décrire, ils doutent peut-être plus facilement quand les choses ne vont pas dans leur sens. Une meilleure gestion de l’erreur est ce qui sépare les meilleurs des bons. Le meilleur moyen d’éviter les erreurs et de ne pas en avoir peur. Cela vaut pour les coaches également.
 
Troisiément, ils ont tendance à penser de manière un peu compliquée. La performance est dans la simplicité. Ils portent souvent beaucoup d’attentes quant à leur performance (statistiques etc.) et cherche constamment la perfection. Cela les éloigne de la haute performance car ils se mettent à ‘trop’ (souvent) penser.
 
Je pense que le travail du coach mental doit être très centré sur l’action et non pas majoritairement sur la réflexion. Et que ce coaching doit être le plus concret possible. Je dis tous les jours aux joueurs que s’ils souhaitent des résultats différents, ils doivent agir différemment.
 
Vous vous impliquez beaucoup dans le hockey et notamment le hockey français, comment voyez-vous l'avenir ?
 
Je suis convaincu que le hockey Français peut devenir l’un des meilleurs au monde à terme. Nous avons des qualités inouïes aussi bien chez les joueurs que chez les coaches. De par mon expérience en tant que coach mental pour d’autres sports de niveau international, de cultures différentes mais également de par mon travail dans le sport Français, je pense que nous pourrions aller encore plus loin en encourageant joueurs et staff à se ‘libérer’, à innover, en travaillant différemment. Des efforts ont été fait dans ce sens mais je pense que nous sommes encore beaucoup dans ce schéma (pas uniquement dans le sport mais en entreprise également). Nous pouvons faire une grande différence avec de petits détails. Je le constate tous les jours.
 
Je travaille avec beaucoup de joueurs de Magnus/D1 (même D2) mais également avec quelques ‘expatriés’ Français évoluant à l’étranger comme Hugo Gallet et quelques autres. Pour ne parler que d’Hugo, il a beaucoup travaillé sur le plan mental, en étant très courageux avec lui-même. Il n’est pas facile d’évoluer à l’étranger mais ce choix très courageux a des bénéfices très forts car ces joueurs progressent aussi beaucoup en dehors de la glace ce qui est fondamental pour leur progression en tant que Hockeyeurs.  Je pense qu’Hugo comme d’autres vont rapidement récolter les fruits de leurs efforts et jouer à des niveaux supérieurs.
 
Votre approche est-elle différente selon le niveau (amateur, International, joueur de 2e\3e division) ?
 
J’ai la chance de travailler avec une grande variété de joueurs évoluant dans différents sports et pays. Je coach des joueurs de Liiga Finlandaise/Mestis jusqu’à de jeunes hockeyeurs Français de 15 ans en passant par bon nombre de joueurs de Magnus/D1. Je coach aussi au top niveau de l’athlétisme ou du Volley Ball mondial.
 
Sur le fond et la méthode que j’utilise, je ne vois que peu de différence. Car les clés de la haute-performance sont les mêmes. De mon point de vue, ce qui fait la différence n’est pas forcement ce que l’on dit. Mais c’est comment on le dit.
 
Sur la forme, l’approche est différente car les athlètes ou coach avec qui je travaille sont tous différents. Ils sont dans des situations différentes, viennent de cultures différentes, ont des personnalités variées donc il faut s’adapter. Chercher et trouver ce qui est le plus aidant et impactant pour eux.    
 

Frédéric MERELLE
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