Le 5 janvier 1910 le Canadien disputait son tout premier match en NHA contre les Silver Kings de Cobalt
Jean Dion, du quotidien Le Devoir, a retracé l'article du quotidien La Patrie (devenu un hebdomadaire, puis fermé en 1978), relatant le tout premier match de l'histoire.
« Le Canadien débute par une victoire — Une partie féconde en incidents »
« Environ 2 500 personnes assistaient mercredi soir à la partie Cobalt vs Le Canadien, au patinoir Jubilee. L'exiguïté du local ainsi que la foule qui encombrait l'entrée centrale de la rue Ste-Catherine, furent cause que quelques centaines de personnes se trouvèrent dans l'impossibilité de se procurer des billets, malgré qu'il y avait encore plusieurs sièges vacants dans la section sud-ouest. La joute commença à 8.40 heures sous la direction des arbitres Riley Hern et R. Percival. Le Canadien lutta avec ardeur dès le début pendant que Cobalt se tenait sur la défensive. "Newsey" Lalonde réussit à compter 2 fois et fut aussi cause que Poulin enregistra un point en faveur du Canadien. De fait et d'autre la mise en échec était rude. Cattarinich dans les buts arrêta quelques coups bien lancés. Pour Cobalt seuls Vair et Smaill furent effectifs durant le 1er mi-temps. Clarke se distingua dans les dernières minutes en comptant pour son club. Plusieurs joueurs furent punis et Lalonde fut obligé de se retirer à la suite d'une entorse à la cheville. A la reprise de la partie, Cobalt jouait mieux, grâce à l'absence de Lalonde et réussit à compter trois points consécutifs, puis Bernier qui avait jusque là joué une partie médiocre se distingua en traversant la défense de Cobalt et comptant pour le Canadien. Jack Laviolette alla deux fois à la clôture et Cobalt en profita pour compter deux points. Smaill fut puni ainsi que Campbell. Le Canadien réussit à compter deux fois à son tour et le score était de 6 à 6.
Après quelque discussion les deux équipes quittèrent la glace et l'orchestre joua le «God save the King»; plusieurs centaines de personnes avaient déjà quitté leurs sièges en protestant, quelques-unes criant même, «fake, fake» etc. quand, cédant aux conseils de certains officiels de la ligue, les deux équipes revinrent sur la glace et jouèrent quelques minutes. Cobalt attaqua dès le début, mais ses joueurs manquaient de forces, et finalement en l'absence de Smaill, Poulin réussit à prendre Jones en défaut. Le Canadien avait remporté une victoire bien méritée et fut vivement acclamé.
Pour les vainqueurs, Lalonde, Pitre et Laviolette ainsi que Catta, se distinguèrent, particulièrement Lalonde.
Poulin et Bernier furent plutôt faibles dans le premier mi-temps, mais leur jeu s'améliora durant le deuxième, et ils furent très effectifs. Décarie fit peu de besogne et semblait un peu trop lent pour suivre ses coéquipiers. Pour Cobalt, Vair et Smaill jouèrent une bonne partie et Clarke fit assez bonne figure. McNamara dans la défense fut plutôt faible, souffrant beaucoup de la jambe droite. Jones dans les buts se distingua. Campbell et Kennedy contribuèrent par leur faiblesse à la défaite de leur club. Campbell en plus alla à la clôture 5 fois durant le dernier mi-temps.
Au cours de la joute Madame Bernier, la mère du joueur de ce nom fut grièvement blessée à la suite d'un "scrimmage" près de la clôture, du côté-ouest où elle avait un siège en compagnie de quelques amies. Il serait à désirer que l'administration verrait à installer un grillage quelconque afin d'éviter d'autres incidents. Les journalistes sont aussi beaucoup trop à l'étroit et nous croyons qu'il serait facile de remédier à cet état de choses. »
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