Après leur bonne prestation au match aller (3-2) qui pouvait laisser entrevoir une issue positive avec un seul but à remonter, mais également une sérieuse déconvenue face à ces mêmes angevins en Magnus (0-7), quelles étaient les possibilités par Grenoble de refaire un coup semblable à celui de la saison dernière qui les avait vu remonter un handicap supposé impossible à domicile?

Photographe Laurent Lardière

Grenoble en finale

Deux ouvertures en égalité et échecs avant

Le début de rencontre allait proposer un ensemble très équilibré qui voyait les deux équipes alterner les mêmes phases. Renvoi chez l'adversaire suivi d'une course généralement gagnée par le défenseur, puis luttes dans la bande avec un échec avant sérieux destiné à interdire la sortie de zone. L'ensemble produisant très peu de tirs et se traduisant par de nombreux revirements difficiles à exploiter, le public restait assez discret mais ne pouvait que remarquer la bonne tenue des grenoblois qui rivalisaient avec un adversaire redouté.

Angers qui avait démarré doucement se montrait alors plus pressant et bénéficiait de quelques approximations grenobloises en particulier lors des changements de ligne, et sur la seconde occasion des Ducs à 7"51, un centre tir de Baluch était détourné par Poudrier qui tendait sa crosse pour surprendre Ferhi. (0-1)  Une réalisation qui tenait plus du but heureux que de l'aboutissement d'une phase collective ou individuelle, mais qui avait pour mérite de lancer une rencontre un peu amorphe jusqu'alors.

L'ouverture du score poussait Angers qui tentait d'accélérer mais se heurtait à une belle défense grenobloise composée de ses habituels défenseurs dont le talent n'est plus à démontrer, mais également d'aides défensives qui partaient déjà d'échecs avants particulièrement dynamiques. Ajoutez des échecs arrières souvent décisifs avec des interceptions à la clef et vous avez l'impression que les isérois, loin de leurs travers antérieurs, ont mis tout le monde sur le pont pour défendre un bastion Ferhi qui répond sereinement à des sollicitations il est vrai peu soutenues.

La surprise de voir les avants grenoblois souvent plus légers que leurs homologues répondre d'égal à égal aux grands gabarits angevins, et même à l'image d'un Baylacq ou d'un Arrossamena pour n'en citer que deux produire sans doute plus défensivement qu'offensivement ne pouvait que réjouir les amateurs de hockey. Un effort vraiment impressionnant qui allait durer toute la rencontre et surprendre des ducs continuellement pressés.

Alors que l'ouverture du score angevine pouvait laisser supposer que les visiteurs avaient une marge, même faible, les grenoblois allaient finir très fort la période, avec un arbitre, Monsieur Hauchart, qui avait décidé de très peu siffler ce soir. Une tendance à laquelle on peut souscrire avec deux équipes très correctes comme ici, mais qui allait trouver certaines limites avec plusieurs gestes totalement proscrits qui correspondaient davantage à des récupérations défensives tardives qu'à des coups volontaires. Quelques belles phases angevines comme une triangulation avec Poudrier et Laprise trouvaient la jambière de Ferhi, mais Grenoble rendait coup pour coup en montant rageusement le palet pour lutter ensuite tout aussi furieusement dans les bandes.

Finissant plus fort la période, Grenoble bénéficiait enfin d'une première pénalité et trouvait la faille en jeu de puissance. Sivic au terme d'un tour de cage voyait son centre rebondir sur les patins (jambière?) d'un défenseur qui s'était couché et tromper Aubry pour une égalisation d'un même calibre que le but angevin.

La sensation de voir deux équipes d'un niveau sensiblement égal était claire lors de la fin de la période. le score était logique.

Photographe Laurent Lardière

But Grenoblois

Les deux fous prennent les tours.

La seconde période voyait Angers bénéficier d'un jeu de puissance sans que les ducs en fassent grand chose, mais le rythme était globalement en hausse avec un jeu de mouvement plus construit et des enchaînements plus naturels. Une seconde pénalité contre les visiteurs cette fois allait permettre à Grenoble de prendre l'avantage.

A 32"14, Le Blond servi par Wallin va frapper à 45° degrés au ras du sol et surprendre Aubry qui n'aura pas semblé toujours à son avantage ce soir, le gardien des ducs repoussant parfois difficilement certaines frappes et offrant des retours assez nombreux. (2-1)  Une belle récompense pour le jeune grenoblois qui travaille toujours beaucoup depuis le début de la saison et qui avait joué sous infiltration il y a peu.

La forteresse Aubry va alors vasciller sur ses bases et permettre à nouveau aux grenoblois de trouver la faille. Sur un débordement d'Arrossamena qui comme Baylacq aurait toutes ses chances aux olympiades de l'endurance, le palet envoyé sur le gardien du revers va rebondir sur le plastron d'Aubry et se voir repris par Papa qui traînait fort opportunément devant la cage pour un but facile en l'absence de défenseur proche. (3-1)

L'euphorie grenobloise va se terminer avec une pénalité à Broz qui intervient au milieu d'une demi-douzaine de fautes plus importantes non sifflées, ce qui irrite logiquement une partie du public. Malgré plusieurs frappes des arrières et des centres de Poudrier et de Bellemare, Grenoble ferme la porte avec  Ferhi et aurait pu connaître une troisième réalisation avec une frappe violente de Sivic qui est déviée à grand peine sur son poteau par Aubry.

La sensation causée par la déferlante grenobloise conduit le public à pousser son équipe qui rentre au vestiaire avec la victoire et surtout la finale à portée de main, mais un seul but est-ce suffisant?
 

Echec et Mitja

Toujours pleins d'énergie, les grenoblois poursuivent leur tempo fou et Angers dont on attend une réaction ne semble pas en mesure d'accélérer. Sans dominer outrageusement une défensive des ducs bien organisée, les brûleurs repoussent leurs adversaires qui ne parviennent guère à se créer des occasions. Un certain nombre de fautes non sifflées tendent quelque peu les débats, mais les deux équipes et particulièrement les angevins qui comptent pourtant de nombreux grands gabarits ont pour très grand mérite de ne pas réciter la complainte musclée du perdant potentiel. Une qualité qu'il faut clairement reconnaître aux joueurs de Martin Lacroix qui jouent au hockey et savent perdre, ce qui est loin d'être le cas de toutes les équipes de Magnus...

Alors que les minutes avancent, on ne voit pas un retour des angevins, Grenoble répondant présent avec un Ferhi sérieux et des offensives assez limitées par des défenseurs grenoblois qui ont sorti le costume taille patron à l'image d'un Wallin impérial ce soir, d'un Amar au placement impeccable, et à un Rouleau semblant saigner du nez une partie de la soirée mais qui ne laissera le soin à personne d'aller bloquer jusqu'au bout les adversaires dans les bandes, sans oublier les deux jeunes Crossman et Moisand auteurs de passages sur la glace particulièrement solides.

Au petit jeu des pénalités, on envoi finalement Arrossamena et Lacroix  pour un 4x4 qui ne donne rien, et ce que l'on pouvait supposer être dix dernières minutes très difficiles pour Grenoble vont finalement passer avec plusieurs arrêts de qualité de Ferhi bien aidé par des barbelés mis par toute l'équipe.

Un temps mort un peu tardif d'Angers qui pouvait sortir son gardien près d'une minute avant sur un bombardement en règle des ducs, phase sans doute la plus délicate à gérer en fin de match pour Grenoble, allait se traduire par la prise de risque classique.

A deux secondes de la fin, Sivic poussait en cage vide et voyait à son tour des efforts de la soirée logiquement récompensés (4-1).

Photographe: JC Salomé

Victor Wallin à son affaire

 
Grenoble en finale

La machine grenobloise a tourné ce soir à plein régime, et force est de reconnaître qu'il y a des chevaux sous le capot. Première bonne surprise, un échec avant et arrière de feu avec des jeunes joueurs au service du collectif, et qui ont fait ce soir l'essentiel de leurs efforts en récupération. Angers qui dispose pourtant d'une défensive expérimentée a connu de nombreux moments de flottement et de difficultés pour sortir de sa zone. Avec de telles aides, et une énergie dépensée à bon escient, la défense grenobloise en impose et vu le niveau de ses arrières peut mettre en échec la quasi totalité des attaques adverses. On remarquera les efforts faits y compris par certains joueurs cadres dont les retours défensifs ne sont pas le point fort, ce qui semble souligner que la motivation joue un rôle clef cette année. Autre point positif, mais qui découle directement du précédent, plusieurs buteurs ce soir avec Le Blond, Papa, et Sivic qui bénéficient pleinement des efforts déployés. Bonne tactique de Dufour qui a misé plus qu'à l'habitude sur l'apport direct des jeunes, avec ce constat imparable qui veut qu'à 20-25 ans, on peut dépenser plus d'énergie qu'à 30-35, et que même si on ne marque pas, les efforts déployés finissent par payer surtout quand on se pose le moins de questions possibles. Si en fin de rencontre, les Baylacq et autres Avenel envoyaient au sol des joueurs ayant environ 20kg de plus qu'eux, c'est bien parce qu'ils disposaient de ressources physiques plus importantes. Avec un air d'équipe de Ligue de Hockey Junior Majeur Québec composée en majorités de jeunes fous talentueux pouvant prendre pour l'adversaire l'aspect de sales gosses toujours fourrés dans leurs patins, Grenoble a proposé ce soir un match référence qui pourrait directement les inspirer pour le reste de la saison.
Si bémol il y a dans cette affaire, on le verra sur deux points d'inégale importance. Le premier est le changement de ligne parfois hasardeux et qui heureusement pour Grenoble n'a pas été exploité pleinement ce soir par l'adversaire. Un point à revoir car il peut se payer cher et Grenoble doit s'en prémunir. Le second est tout simplement de savoir si les Brûleurs sont capables de proposer une rencontre par semaine de cette intensité? Les Cardiacs kids grenoblois peuvent-ils enchaîner leurs chevauchées? Si tel est le cas et sur la base d'une rencontre par semaine en Magnus, celà semble possible, alors Jean-François Dufour a sans doute trouvé la solution pour relancer cette équipe.


Angers à déçu, on est forcé de l'écrire puisque la seule performance qui devait être réalisée par les leaders de Magnus était bien de passer face à des grenoblois dans le doute. Bousculés par les jeunes brûleurs, en voulant moins que leurs adversaires, et disposant finalement d'assez peu de vitesse dans une équipe marquée par les gros gabarits à l'exception de Poudrier et de Bellemare, les ducs ont manqué de ressort et ont même semblé assez amorphes sur certaines phases. Sur une défense comme Grenoble, il faut autre chose que balancer le palet à fond de glace et suivre derrière, surtout quand on dispose de créateurs comme Bellemare qui nous a semblé assez discret malgré son élection surprenante pour nous de meilleur joueur par le reste de la tribune presse.  Faut-il plus de méchanceté à cette équipe, le pouvoir d'utiliser ses kilos et son expérience quand on sent que le résultat vous échappe, c'est un peu la question? On peut-en effet féliciter Angers de ne pas être tombé dans le piège de l'escalade violente, laquelle se voyait favorisée par un arbitrage très, trop tolérant ce soir, mais en même temps n'est ce pas une limite sur le plan résultat? Après, un durcissement pouvait-il être bénéfique? Pas certain du tout... Pouvait-on en revanche penser voir les angevins espérer davantage de pénalités en leur faveur pour des jeux de puissances efficaces? Oui nous ont-ils dit après la rencontre sauf que les visiteurs ne se sont pas montrés plus efficaces que les grenoblois ce soir dans l'exercice (2-0 pour les brûleurs). Défensivement, Angers a également souffert du rendement d'Aubry, qui est passé à côté de sa seconde période en encaissant deux buts dont un  évitable. Aubry qui a souffert de la comparaison avec plusieurs gardiens venus à Pôle-Sud cette année et perdu son duel face à Ferhi ce soir.
Il est clair que si Angers veut la Coupe de France, il va falloir que le groupe se montre plus intense tout en résolvant certains problèmes psychologiques qui semblent malheureusement demeurer dans cette équipe, la dernière victoire  assez lointaine en coupe ne pouvant servir de référence. Disposant de tout le talent et de la profondeur de banc à l'image du nouveau venu Manavian, auteur d'un match sérieux et acclamé à Pôle-Sud, il manque sans doute à Angers sur cette rencontre en tout cas ce petit quelque chose susceptible de faire la différence dans les finales actuellement.