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Hockey sur glace - Tribune libre de Tristan Alric
Hockey sur glace - 8 / ARBITRES : UN PROBLEME INSOLUBLE ?
 
Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.
 
 
Tribune N°8



Jusqu’à présent il a été impossible de trouver une solution définitive au problème que posent depuis des années les arbitres dans le hockey sur glace français. Cette corporation, pourtant indispensable, qui compte actuellement 115 arbitres nationaux et 20 internationaux, continue à être une gêne permanente pour les dirigeants fédéraux et pour les clubs, comme s’ils avaient continuellement un caillou dans le patin. Lors de la création de la FFHG en 2006, les membres du nouveau comité directeur étaient bien décidés à prendre en compte ce malaise persistant. Dans ce but, le président Luc Tardif avait confié à Jean-Christophe Benoist la responsabilité d’améliorer la situation. Mais ce dernier, qui a un caractère bien trempé, a rapidement décidé de mettre un terme à sa mission… C’est bien la preuve que ce problème divise et que malgré sa détermination la FFHG n’a donc pas pu clôturer définitivement ce dossier qui colle comme le sparadrap du capitaine Haddock.
 
Pourtant, le climat s’est bien apaisé depuis la crise mémorable des arbitres qui, je le rappelle, avait provoqué en 1969, non seulement la démission de Jacques Favart, le président de la Fédération des sports de glace, mais aussi de l’ensemble du Comité national de hockey de l’époque ! Les choses ont bien changé également depuis la grève générale des arbitres qui a eu lieu en 2000. Désormais, le calme semble être revenu après la dissolution de l’ancienne Ligue Nationale des Arbitres Français (LNAF) qui fonctionnait en autonomie, au point d’être devenue une sorte « d’état dans l’état ». Du coup, les arbitres sont désormais gérés directement par la FFHG qui a repris les choses en mains avec la création d’une commission nationale d’arbitrage.
 
Mais, si le climat est plus serein depuis ce retour forcé au bercail, tous les problèmes des arbitres n’ont pas été réglés pour autant. D’abord, il y a l’image des hommes aux maillots rayés qui reste toujours aussi mauvaise car on connait bien la formule : « On ne gagne jamais grâce à l’arbitre, mais on perd toujours à cause de lui ». L’une des conséquences de ce déficit de reconnaissance, c’est le problème préoccupant du recrutement des nouveaux arbitres. D’autant qu’il est de notoriété que tous les clubs ne respectent pas le règlement qui précise, je cite le texte : « un club doit compter dans ses rangs en début de saison un nombre d’arbitres équivalent au nombre d’équipes qu’il engage en championnat et la moitié doivent avoir une licence option régional. De plus, à partir de la Division 3 le club doit avoir au moins un arbitre titulaire de la licence option national. »
 
Le grief que l’on entend souvent - à tort ou à raison - c’est que la Commission Arbitrage et  Règles de Jeu (CARJ) dirigée désormais par Fabrice Hurth, ou plutôt la Fédération qui détient le réel pouvoir de décision, se montrerait beaucoup trop conciliante en ne faisant appliquer presque jamais la pénalité financière prévue en cas d’un effectif d’arbitres insuffisant. En effet, une phrase du règlement lui permet habilement de « ménager la chèvre et le choux » car elle peut ne pas décider de sanctionner « si la CARJ estime qu’un club fait des efforts en terme de formation d’arbitres. » La question posée est simple : est-ce toujours le cas ?
 
Concernant le recrutement problématique des arbitres, certains sont des anciens joueurs qui ont arrêté généralement en junior mais qui ont fait le choix très louable de rester dans leur sport favori. Il y a une autre filière, celle de la « seconde carrière », pour des joueurs âgés entre 30 et 35 ans qui ont encore la foi et de beaux restes. Il existe aussi le cas, plus rare, de ceux qui n’ont jamais fait de hockey comme par exemple Nicolas Cregut qui est devenu pourtant arbitre international. En fait, il n’y a pas de profil type pour devenir arbitre, c’est avant tout une question de motivation, d’envie et de passion. Malheureusement, cette motivation semble s’éroder peu à peu vu le contexte actuel.
 
Car le mode de fonctionnement des désignations des arbitres démontre que le renouvellement avec du sang neuf n’est pas assez important. La plupart de nos arbitres sont dans le circuit depuis déjà longtemps et la CARJ, faute de pouvoir puiser dans un « stock » suffisant, n’a pas la possibilité (ou le courage) de dire à certains qu’ils sont désormais moins performants et qu’ils n’ont plus le niveau. En effet, nos arbitres n’ont pas évolué aussi vite que le hockey sur glace dans notre pays !
Leur formation pose un réel problème d’efficacité qu’on ne peut pas nier. Je rappelle que le dernier arbitre français à avoir été « Head » aux Jeux olympiques, puis aux championnats du monde élite, fut Eric Malletroit en 1992 à Albertville et en 1993 à Munich. Il y a donc presque trente ans ! D’autre part, Pierre Dehaen est le dernier juge de ligne français à avoir également officié lors des championnats du monde élite, mais c’était il y a déjà cinq ans… Que doit-on en déduire ?
 
Avant, il y avait un match par semaine. Aujourd’hui, avec deux ou trois rencontres de championnat en sept jours, la fréquence est logiquement plus intense. Les arbitres doivent donc gérer plus difficilement à la fois leur vie professionnelle et leur carrière sportive. Le niveau d’exigence sportive s’est accrue obligeant les arbitres à trouver des solutions pour être toujours performants comme faire une préparation mentale, prendre le service d’un coach, faire des séances de yoga tandis que d’autres s’entraînent au sein d’un club comme c’est le cas par exemple de l’arbitre international Nicolas Constantineau qui se prépare avec Nîmes, club de Division 3.
 
Conséquence de cette nouvelle fréquence plus intensive de matches, la régularité des arbitres est moindre car, l’âge aidant, ils sont fatigués ce qui entraîne moins de constance dans leurs performances sur la glace. Et le grief que l’on fait en coulisses à la CARJ, c’est de se contenter de puiser dans le stock des anciens, certains issus de la LNAF, et de ne pas assez utiliser les nouveaux arbitres pour « surprotéger » les anciens ce qui provoque la continuité de ce système sclérosant. Encore faudrait-il que ces jeunes arbitres bénéficient d’une formation de qualité et qu’ils prouvent ainsi leur valeur lors des tests, des stages et des supervisions pendant la saison. C’est peut-être un mauvais procès, mais force est de constater que l’on assiste à une « évaporation » des arbitres puisque normalement lors du stage national qui a lieu chaque année une photo officielle est prise avec une dizaine de nouveaux candidats. Donc après dix ans on devrait avoir logiquement entre 70 et 80 nouveaux arbitres dans le circuit ce qui n’est pas le cas. Que doit-on en déduire là encore ?
 
Pour endiguer cette hémorragie, il faudrait pouvoir donner à ces jeunes candidats une meilleure perspective de carrière pour les fidéliser et ne pas être en permanence victime d’un casse-tête qui consiste à essayer de trouver des noms pour combler les cases des désignations. Il faut reconnaître que la FFHG fait des efforts louables en obligeant les centres de formation à faire passer des diplômes régionaux. Depuis quatre ans un protocole de formation a été également mis en place par la CARJ sous la direction de l’ancien arbitre international Julien Avavian et des référents ont été imposés théoriquement dans tous les clubs, mais tous n’en n’ont pas. De plus, il y a sept superviseurs qui sont chargés de suivre désormais les arbitres lors des matches pour les aider à s’améliorer. Enfin, la FFHG a augmenté le budget de ses « referees », et la CARJ commence à mettre en place un suivi et une formation continue des arbitres nationaux sous la direction de Gilles Durand.
 
Mais on voit bien que dès que des arbitres se blessent, comme ce fut le cas avec Anne-Sophie Boniface à Bordeaux ou Damien Bliek à Grenoble, l’édifice déjà complexe des désignations devient très fragile car il y a pénurie et surchauffe du système. Comme un arbitre ne peut plus officier à partir de 55 ans, et que, dans la force de l’âge, il doit diriger 70 matches en moyenne dans une saison complète en Ligue Magnus et 40 en Division 1, l’idéal serait d’aller vers la professionnalisation de nos arbitres car la France est l’un des derniers pays de hockey qui ne l’a pas encore fait.
 
Mais quand on voit la difficulté rencontrée pour mettre déjà en place l’arbitrage à quatre, la question est de savoir si le hockey français a une maturité, et surtout les moyens financiers, suffisants. Comme on le constate, l’arbitrage est un véritable casse-tête qui n’a pas fini de poser un problème embarrassant au hockey sur glace français. A moins de prendre vraiment « le taureau par les cornes » en organisant enfin la fameuse table ronde sur l’arbitrage qui avait été envisagée en 2008 par Luc Tardif et Jean-Christophe Benoist. Car une remise en question s’impose ! Pour couronner le tout le stage national des arbitres de cette année a été reporté à cause de la pandémie…
 
 


 
 
Lieu : Média Sports LoisirsChroniqueur : Tristan Alric
Posté par Christian Simon le 19/06/2020 à 11:30
 
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Réactions sur l'article
 
StephLions69 a écritle 19/10/2020 à 16:46  
Il est clair que notre sport favori manque cruellement de sang neuf au niveau arbitrage. Mais comment attirer des jeunes et des moins jeunes à l'arbitrage si ce n'est au travers d'une juste reconnaissance de leurs efforts et de leurs talents. Et cette reconnaissance passe par un respect de la part de la fédération en premier, des clubs en second et des supporters en troisième. Mais le premier problème est donc bien leur reconnaissance par une fédération qui a longtemps été en guerre contre eux. Il faut donc une formation sérieuse, des émoluments stables et motivants, des perspectives de carrière sérieuses et un système de désignation stable et compréhensible. Et se reporter sur les clubs pour assurer le nombre d'arbitres nécessaire au bon fonctionnement de notre sport n'est pas très sérieux. Je pense que la direction actuelle de la fédération n'a rien fait d'autre que reprendre la main sur le corps arbitral pour le mettre au pas. Elle n'a pas réellement pris des décisions susceptibles de développer cet indispensable corps qu'est l'arbitrage. Elle a préféré se concentrer sur la construction de "sa" patinoire à Cergy et critiquer les supporters qui seraient peu fidèles et la cause des résultats pitoyables de l'équipe de France masculine depuis la nomination de P. BOZON à sa tête (dixit les déclarations de L. Tardif à ce sujet lors des derniers mondiaux, lui qui peut se rendre aux mondiaux tous frais payés). Non clairement, même si le nombre de patinoires en l'état en France n'est pas suffisant, je ne pense pas que cela soit le premier problème de notre sport. Je pense que nous avons plus comme problèmes :
1°) la formation de nos jeunes et ce malgré les efforts considérables de nombre de clubs,
2°) le recrutement et la formation avec de vraies perspectives de carrière de nos arbitres,
3°) des règles sur le nombre de joueurs étrangers plus strictes comme l'ont fait nos voisins suisses pour favoriser le développement de nos joueurs locaux,
4°) des règles claires, précises et respectées sur les conditions financières et ne donnant pas lieu à des épisodes ubuesque comme ceux connus avec Dijon, Epinal, Lyon dégagés de Magnus ou encore Grenoble (problème de triche d'une dirigeante et financier) et Bordeaux (faillite récurrente) sauvés en Magnus, ou encore Mulhouse qui a failli passer à la trappe de manière anormale selon son Président qui a dénoncé dans les DNA une chasse aux sorcières ridicule,
5°) des résultats de l'équipe de France susceptibles de susciter de l'intérêt auprès du public et des médias et donc enfin une équipe à sa tête compétente (dommage que Pierre POUSSE n'ait pas remplacé Dave HENDERSON tant critiqué par certains mais qui arrivait à des résultats lui !),
6°) une politique de développement sérieuse notamment auprès des médias et pas le n'importe quoi actuel qui a conduit au fiasco des retransmissions sur fanseat (contrat signé sans que le système promis ne fonctionne et n'ait été testé pour le fiabiliser) et au mépris affiché de la chaîne l'équipe qui préférait passer "l'équipe d'Estelle" où on déblatère sur le foot et les petites misères de ces "sales gosses riches du foot" plutôt que les matchs des mondiaux de l'équipe de France.
Voilà toute une série de chantiers que la fédération aurait du prendre à bras le corps depuis longtemps mais qu'elle a laissé en jachère sous la présidence de L. TARDIF. Personnellement je suis pressé de le voir partir à la fin de son mandat et en espérant que son successeur sera enfin au niveau et pas issu de son sérail. Tiens Tristan Alric me semblerait un bon nom pour candidater à cette fonction. Moi ce que j'en dis...
 
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