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Hockey sur glace - Tribune libre de Tristan Alric
Hockey sur glace - 54 / L’INCROYABLE FIASCO DE LA DEUXIÈME LISTE !
 
Choqué par le comportement des initiateurs de la deuxième liste invalidée qui voulait se présenter aux élections de la FFHG, Tristan Alric, créateur de la Coupe Magnus, analyse cet événement qui a consterné beaucoup d’observateurs du hockey sur glace français.
 
 

Tribune N°54

 
-  ELECTIONS : L’INCROYABLE FIASCO DE LA DEUXIÈME LISTE  -
 
Lorsque j’ai appris que, pour la première fois depuis l’indépendance de notre sport en 2006, une deuxième liste voulait se présenter aux élections de la FFHG qui se dérouleront le samedi 18 juin prochain, ma première réaction fut spontanément très positive.
En effet, même si je tiens à rester « au-dessus de la mêlée », je pensais que c’était une très bonne chose pour le débat démocratique que deux programmes différents puissent être enfin proposés au vote des présidents de clubs afin d’apporter des idées nouvelles ou tout au moins des propositions pour faire encore progresser le hockey sur glace français.

S’il y avait eu trois, voire même pourquoi pas quatre listes en compétition, j’aurai également applaudi des deux mains ! Mais encore faut-il qu’il y ait dans notre discipline assez de dirigeants suffisamment disponibles, réellement novateurs et surtout très motivés pour être capables de diriger une fédération sportive comme la FFHG car elle nécessite désormais les compétences et le management d’un véritable chef d’entreprise. C’est pour cette raison que j’ai dit en toute neutralité aux représentants des deux listes qui devaient être pour la première fois en concurrence cette année : « Que le meilleur gagne ! »

Malheureusement, c’est avec consternation que j’ai assisté à la tournure grotesque que prit rapidement cette courte campagne électorale qui n’est pas allé jusqu’à son terme. Si la présentation de la nouvelle liste « Ambition FFHG » du président en exercice Pierre-Yves Gerbeau s’est déroulée conformément aux normes, il faut bien reconnaître - à mon grand regret - que le parcours éphémère de la deuxième liste fut pour le moins déconcertant !
En effet, on se souvient que dans un premier temps, c’est le journaliste Laurent Bellet, commentateur des matches de hockey sur glace à France Télévisions, qui a pris l’initiative de déclarer dans la presse, notamment dans le Dauphiné Libéré et le journal L’Equipe, qu’il était officiellement « candidat à la présidence de la Fédération française de hockey sur glace ». C’était donc clair me semblait-il dans l’esprit de tout le monde !

Du coup, lorsque j’ai pris connaissance de cette candidature, j’ai pensé que sa démarche pourrait séduire peut-être certains dirigeants compte-tenu de sa notoriété de journaliste, son discours qui se voulait selon lui réformiste et de ses connaissances dans notre discipline. Sauf que cette annonce publique s’est avérée rapidement être une tromperie. Comment la qualifier autrement ? En effet, lors du dépôt officiel des candidatures, un mois tout juste avant l’assemblée générale, le nom de Laurent Bellet ne figurait pas sur la deuxième liste que ce dernier était pourtant censé diriger comme il l’avait annoncé !

Je m’en suis alors étonné auprès de Jean-Luc Blache car ce dernier était en fait la véritable tête de liste déposée - ironie de l’histoire - en mains propres par Laurent Bellet ! Pour me répondre, l’ancien président du club de Grenoble m’a expliqué que son ami avait dû renoncer à se présenter car il n’avait pas le nombre de mois de licence obligatoire mais qu’il serait de toute façon invité permanent très actif au Comité directeur en tant que, je le cite : « personne utile pour le développement du hockey ». Mon interlocuteur a employé cette formule subtile après lui avoir objecté que le problème c’est que la cooptation n’existe pas dans le règlement de la FFHG.

Ainsi donc, les responsables de cette liste, qui prétendaient vouloir sortir le hockey sur glace français de son « hibernation » selon leur slogan, ont jeté au contraire un froid glacial et suscité une grande incompréhension. Car ils se sont rendus coupables, avec cette fausse information et un arrangement en coulisses pour le moins ambigu, d’un mensonge inexcusable qui ne peut s’expliquer que par un incontestable manque de préparation et un amateurisme déplorable.
Cette manière « d’avancer masqué » pour jouer l’éventuel rôle de futur président, qui a provoqué la confusion la plus totale, a suscité de la colère, notamment celle d’Aurore Grandvoinet qui a demandé le retrait de son nom dans cette deuxième liste d’opposition. En effet, cette dernière a déclaré à la Commission de contrôle avoir appris que « plusieurs fausses informations » lui ont été données et que de ce fait, le consentement qu’elle avait exprimé pour être inscrite sur la liste numéro 2 n’était pas éclairé et que son accord avait donc été « vicié » selon ses propres termes.

Pour couronner le tout, on a appris dans la foulée que l’ex-capitaine tricolore Guy Dupuis avait fait également savoir à la Commission de surveillance des opérations électorales qu’il n’était pas possible pour lui de s’inscrire sur cette liste « afin d’éviter de mettre dans une mauvaise situation son employeur les Boxers de Bordeaux Amateur. » Or, le Franco-canadien fut maintenu visiblement sans son consentement dans la liste puisque son nom m’a été communiqué lors d’un entretien que j’ai eu avec Jean-Luc Blache ! Sans parler que par ailleurs l’ancien coach suédois de Mulhouse Christer Eriksson a fait également marche arrière en demandant également qu’on retire son nom de la liste d’opposition…

Ce qui me désole le plus dans cette affaire, outre le fait que notre sport aura été privé lors de l’assemblée générale d’un débat pluraliste qui aurait pu être intéressant, c’est que j’ai le sentiment que la plupart des candidats qui ont accepté d’être dans cette deuxième liste l’ont fait sans prendre de précaution en croyant naïvement pouvoir défendre dans les règles leurs convictions qui sont tout à fait légitimes.
De plus, j’ai été stupéfait lorsqu’un candidat de la liste invalidée m’a confié en toute franchise : « Comme ils ont été les premiers à me proposer d’être sur leur liste, j’ai accepté. Mais pour dire la vérité, si ceux de la liste fédérale avaient été les premiers à me contacter, j’aurais accepté également. » Quand je lui ai demandé s’il avait pris soin de lire au moins les deux programmes, il m’a répondu avec un aplomb confondant : « j’avoue que je ne les ai même pas regardés. J’étais juste flatté qu’on pense à moi…»

A force de vouloir trouver coûte que coûte une liste obligatoire de vingt noms avec la représentativité règlementaire (hommes et femmes), Laurent Bellet et Jean-Luc Blache se sont lancé de façon incompréhensible dans une aventure suicidaire quitte à ne pas être trop regardant de toute évidence sur les compétences réelles de certains de leurs candidats pour diriger éventuellement notre sport.
Ils ont constitué visiblement leur liste, qui ne devait pas être soi-disant contre (ce qui n’a convaincu personne), mais pour relancer le hockey sur glace français, en effectuant un recrutement qui manquait visiblement de sérieux. Tout au moins en ce qui concerne la compétence réelle de certaines personnes très peu connues, au point de laisser penser qu’ils ont dû racler les fonds de tiroirs.

Mais le plus regrettable dans cette affaire qui prouve que les élections ça ne s’improvise pas, c’est que l’irrecevabilité et l’invalidation de la deuxième liste a jeté le discrédit non seulement sur leurs deux initiateurs Laurent Bellet et Jean-Luc Blache, mais aussi - et c’est plus grave - sur tous les autres candidats, dont certains sont très connus avec des carrières sportives honorables et qui jouissaient jusqu’ici d’une grande respectabilité dans le milieu du hockey français comme anciens internationaux, dirigeants ou arbitres.

Ces candidats méritaient un bien meilleur sort car leur engagement partait d’un bon sentiment. Or, ils encourent le risque, par représailles, d’être « jetés comme le bébé avec l’eau du bain », donc livrés en pâture, et se retrouver esseulés sur une sorte de Radeau de la Méduse.
C’est d’autant plus dommage que je suis convaincu que ces derniers avaient la volonté très honorable de servir uniquement le hockey sur glace français avec leurs propres convictions, certes discutables, mais qu’ils ont parfaitement le droit d’exprimer dans un débat démocratique. Malheureusement, ils ont accepté de participer à une mauvaise pièce, écrite par deux metteurs en scène mal inspirés, qui leur ont fait jouer injustement un très mauvais rôle qui laissera à coup sûr des traces sur leur engagement dans l’avenir car, comme le dit le proverbe : Chat échaudé craint l’eau froide !
 



Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.

 
 
Lieu : Media Sports loisirsChroniqueur : Tristan Alric
Posté par Christian Simon le 10/06/2022 à 11:30
 
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Réactions sur l'article
 
StephLions69 a écritle 02/08/2022 à 11:06  
Ce fiasco ne m'étonne pas personnellement. Il est le fruit des pratiques douteuses de l'ancienne direction de la fédération qui récolte ce qu'elle a semé. Troubles, manipulation, malhonnêteté intellectuelle, coups en douce, méthodes douteuses. Et je doute sauf à me prouver le contraire que la nouvelle direction issue de l'ancienne fasse mieux. Comment peut on parler d'élection quand on n'a qu'une seule liste ! Tout ça est nuisible pour notre sport et c'est bien triste !
 
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