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Hockey sur glace - Tribune libre de Tristan Alric
Hockey sur glace - 66 / POURQUOI ROUEN EST UN TEL PHÉNOMÈNE ?
 
Après une longue hégémonie de Chamonix, c’est le club de Rouen qui est devenu désormais le nouveau grand fief du hockey sur glace français. Tristan Alric, créateur de la Coupe Magnus, explique le contexte très particulier qui a permis aux Dragons normands d’être la nouvelle référence de notre sport.
 
 

Tribune N°66

 
-   POURQUOI ROUEN EST UN TEL PHÉNOMÈNE ?   -
 
Le club de Rouen vient de faire à nouveau sensation dans la série finale de la Synerglace Ligue Magnus en remportant à domicile son 17e titre de champion de France après un incroyable reversement de situation face à Grenoble.
Thierry Chaix, l’inamovible président de Rouen, qui est à la tête du club de la Seine-Maritime depuis 26 ans (Il a fêté son douzième titre à ce poste), explique que le secret de la réussite de l’équipe rouennaise depuis maintenant trois décennies « c’est d’avoir toujours eu la culture de la gagne. »
En effet, cette motivation constante propre aux hockeyeurs normands leur a permis de remporter – chose encore inédite – quatre matches d’affilée en série finale pour terrasser son redoutable adversaire de l’Isère en y mettant « Lacroix et la manière » pour faire référence à l’île où se trouve leur patinoire.
Mais cette volonté de ne jamais abdiquer, au point de réussir l’exploit de vaincre Grenoble qui dominait pourtant avec deux victoires (dont un score impressionnant de 8-2), n’est pas la seule explication concernant ce qu’il faut bien appeler le phénomène que représente le club de Rouen dans le hockey sur glace français.


2023 - Les Dragons remportent la série en 6 matchs face à Grenoble - @Marine Romain
 
Déjà, une première analyse purement statistique démontre que depuis que le club de Rouen a remporté son premier titre de champion de France senior en 1990, ce dernier a donc réussi l’exploit remarquable de gagner en 34 ans la Coupe Magnus tous les deux ans si on fait une moyenne de ses 17 titres pendant ces trois décennies !
Cerise sur le gâteau cette année, les Dragons ont empoché le 100e titre symbolique décerné dans l’histoire du hockey sur glace français depuis 1907.
Ce qui est également impressionnant, c’est que le club de Rouen a réussi également la performance de remporter à deux reprises quatre titres d’affilée, d’abord entre 1992 et 1995 puis entre 2010 et 2013 ! Seul le club de Chamonix a fait mieux dans l’histoire de notre sport avec une série encore inégalée de six titres consécutifs qui fut réussie entre 1963 et 1968.

Il faut se souvenir qu’à l’époque le « Temple » de notre discipline était justement la patinoire du club de la Haute-Savoie où les anciens Chamois détiennent encore pour longtemps le record absolu de trente titres. Il est vrai que c’était au siècle dernier, lorsque le hockey sur glace était encore un sport amateur très localisé, principalement dans la région des Alpes avec des joueurs locaux sans grands concurrents qui pouvaient rester longtemps hégémoniques comme ceux vivant au pied du Mont-Blanc.
Mais avec l’avènement du professionnalisme, grâce au club de Tours en 1980, et la descente progressive du hockey sur glace dans les villes de plaine les choses ont subitement changé.
Mais qui pouvait prévoir que le club de Rouen, grâce à ses fameuses « Années Dragons » relatées dans le livre du regretté journaliste Roger Biot qui fut complété ensuite par Séverin Hamel avec « Dragons de Rouen récit d’une épopée », allait faire un tel parcours au point de faire presque oublier cette légende alpine en écrivant à son tour une nouvelle grande page de l’histoire du hockey sur glace français ?

Je rappelle que dans l’équipe pionnière du club de Rouen, sacrée championne de France pour la toute première fois de son histoire de l’ancienne Nationale A en 1990, il y avait un savant mélange de sang neuf à l’image du jeune Michaël Babin (élu meilleur espoir du championnat) et de joueurs expérimentés avec notamment le gardien Petri Ylonen, les défenseurs Denis Perez, Larry Huras, Steve Woodburn et Dave Randall, ainsi que les attaquants Thierry Chaix, Guy Fournier, Benoît Laporte, Franck Pajonkowski, Claude Verret, Patrice Fleutot, Patrick Daley ou encore Luc Tardif qui était revenu après un court séjour à Caen.
Bref, le premier étage de la « fusée » normande décolla avec une sacrée allure grâce à un grand nombre de vedettes internationales dans ses rangs à commencer par la plus prestigieuse d’entre elles puisque Luc Tardif deviendra - excusez du peu - le futur président de la FFHG avant de prendre la tête de l’IIHF !
 
UNE POPULARITE LOCALE INCROYABLE
 
Mais, si je parle de véritable « phénomène » concernant le cas atypique du club de Rouen, c’est que le hockey sur glace est devenu au fil des ans, pour d’autres raisons, l’un des sports les plus populaires dans cette grande agglomération (composée de 71 communes) qui compte 496 000 habitants. En effet, un sondage effectué en 2009 dans la région de Rouen a démontré que le RHE 76 était désormais connu par 97 % de la population locale !
Comment expliquer cette énorme célébrité ? Déjà par un contexte sportif local très favorable dans la mesure où la plupart des autres sports d’équipes de la ville de la Seine-Maritime n’évoluent pas au plus haut niveau national. C’est le cas du football avec le club Quevilly-Rouen en ligue 2, le rugby en Pro D2, le basket en Nationale 1 (promu cette année en Pro B), le handball en Nationale 2 et le Volley en Nationale 3. Du coup, le hockey sur glace a réussi à se faire une place de choix aux yeux du grand public local grâce à ses résultats très médiatisés au bord de la Seine non seulement dans l’élite nationale mais aussi au-delà des frontières avec ses beaux parcours dans les diverses coupes européennes.


2013 - Les Dragons ont remporté la série finale en 7 matchs face à Angers - @Franck Salot
 
Atout supplémentaire, la ville de Rouen a la particularité d’exceller en revanche dans des sports pourtant considérés comme mineurs en France. C’est le cas du Base-Ball qui détient également 17 titres de champion de France avec les « Huskies » mais aussi le Football américain avec d’abord les « Iroquois » puis les « Léopards » à partir de 1996 qui jouent en deuxième division après avoir manqué de peu l’accession en élite en 2021. Bref, pour tous ces sports importés du continent nord-américain et notamment le hockey sur glace, la ville de Rouen est devenue un point de chute favori qui fait le bonheur de ses habitants. C’est la raison pour laquelle le journal Paris-Normandie a titré il y a quelques temps : « Ici à Rouen le sport se pratique à l’américaine ! ».

UNE GESTION PROFESSIONNELLE
 
L’autre explication qui fait du club de Rouen un cas à part dans le hockey sur glace hexagonal et sa célébrité dans sa ville, c’est sa gouvernance très professionnelle avec à sa tête deux anciens joueurs charismatiques qui ont une carte de visite qui force le respect. A commencer par le président Thierry Chaix qui vient tout juste de fêter ses 61 ans. En effet ; cet ancien attaquant international fut d’abord élu meilleur joueur français de la Nationale A en 1985 avec Gap son club d’origine. Arrivé à Rouen comme simple joueur en 1987 (à l’âge de 25 ans), le futur patron de la grande société Vert-Marine s’est reconverti en dirigeant discret mais redoutablement efficace dans le hockey.
Son coup de maître, c’est de savoir su déléguer et surtout d’avoir confié le poste stratégique de manager général au canadien Guy Fournier. Je rappelle que ce dernier fut sacré deux fois meilleur compteur de la Ligue Magnus avec le club de Viry-Châtillon et qu'il détient toujours deux records établis en 1987 dans l’Essonne : celui du meilleur scoreur de la Ligue Magnus (64 buts) et du meilleur pointeur (110). Ce tandem plus que légitime formé ensuite à Rouen par Thierry Chaix et Guy Fournier a donc fait ses preuves également hors de la glace.

« Si le club de Rouen marche aussi bien, c’est parce que Thierry m’a laissé beaucoup d’autonomie, confie Guy Fournier. Mais il est beaucoup moins absent qu’on le croit ! Il surveille régulièrement nos affaires, toutefois il me fait entièrement confiance. Il est surtout là pour me donner les principales lignes de direction. »
Si le grand club de la Seine-Maritime, qui possède un budget global de 3,2 millions d’euros, a réussi à séduire autant la population locale, outre ses bons résultats sportifs, c’est grâce aussi à son implication sociétale comme l’explique Thierry Chaix : « Lorsque j’ai repris le club nous avons décidé de le gérer comme une entreprise. Mais une entreprise très impliquée dans la vie sociale à Rouen et ses environs. On a noué des partenariats avec de nombreuses associations. Nos Dragons s’occupent d’enfants malades, ils ont créé une école dans laquelle les jeunes étudiants peuvent passer leur BTS, ils sont impliqués dans les métiers du sport et collectent des taxes d’apprentissage. Notre club a investi également dans une zone franche. »

UN PARTENARIAT HISTORIQUE

Son partenaire historique depuis 1999, la célèbre mutuelle d’assurance Matmut, dont le siège social se trouve à Rouen, est aussi un élément très important dans la réussite du club normand comme le confia l’ancien président Daniel Havis : « La fidélité n’empêche pas la performance. La Matmut se réjouit donc naturellement des résultats sportifs remarquables des Dragons de Rouen depuis plusieurs années au plus haut niveau français. Mais encore plus important, nous sommes particulièrement sensibles à l’engagement du club sur son territoire. Que ce soit via l’association des hockeyeurs « Les Dragons vous ramènent », que nous soutenons, et dont l’action en faveur de la sécurité routière est en pleine résonnance avec notre métier d’assureur. Ou encore via sa capacité à créer du lien entre les citoyens, sur un territoire tellement important pour la Matmut. »


2016 - Les Dragons ont remporté la série finale en 4 matchs face à Angers - @Marine Romain
 
En effet, l’association Les Dragons vous ramènent, idée importée du Canada par Guy Fournier, se charge de reconduire les fêtards qui auraient bu un peu trop à la sortie des bars ou des boites de nuit. Les hockeyeurs de Rouen sensibilisent aussi au tri des déchets, ils participent donc aux « clean walks » et interviennent dans les écoles ou auprès des jeunes des quartiers. Bref, ils s’investissent tout azimut dès qu’ils déchaussent leurs patins.
Par ailleurs, les trois clubs de supporters locaux : le 7e Dragon, les Dragons Noirs et la Tribune G participent également à différentes opérations sociales en collaboration étroite avec le RHE 76 et la ville de Rouen en nettoyant par exemple l’île Lacroix chaque année avec l’aide de certains joueurs professionnels.

Le standing et la réputation du club de Rouen, dont le partenaire historique est donc la Matmut, ne pouvaient se satisfaire d’un second rôle sportif ce qui explique son investissement dans la communauté locale qui est un vecteur important de communication. De plus, le club de hockey normand, qui a réussi à tisser patiemment sa toile au fil des ans au milieu de la concurrence sportive, a consolidé en 2009 ses propres fondations en inaugurant cette année-là un nouveau siège très impressionnant de plus de 2100 mètres carrés.
Ce bâtiment est situé dans le quartier réputé de La Grand mare et comprenait une école technique privée (ETP) animée par huit professeurs qui a été transférée depuis ainsi que quinze appartements afin de pouvoir loger des hockeyeurs et les bureaux administratifs du club baptisé RHE 76 depuis 1997.

Autant dire qu’avec un tel contexte sportif et structurel très professionnel les Dragons Normands sont actuellement l’un des grandes références et certainement un cas unique dans notre discipline. Sans oublier également l’importance du Club de Hockey Amateur de Rouen, baptisé avec l’acronyme CHAR, qui est très attractif pour sa formation des jeunes puisqu’il totalise 8 titres de champion de France en juniors U20, 6 titres en cadets U17 et 9 titres en minimes U15.
Bref, le palmarès du club de Rouen donne le vertige puisque, outre les 17 Coupes Magnus qu’il a remporté en senior et de nombreux titres de champion dans les petites catégories, le club normand a gagné également six fois la Coupe de France, quatre fois l’ancienne Coupe de la Ligue et quatre fois le match des champions. Autant d’occasions pour la sympathique mascotte du club, le facétieux dragon « Body-Buddy » de s’agiter aux quatre coins de la patinoire pour haranguer les supporters.
 
UNE REPUTATION INTERNATIONALE
 
Mais la plus grande fierté de ses dirigeants, c’est son parcours sur la scène internationale puisqu’il faut quand même souligner que les Dragons normands furent, dans un premier temps, champions de la Ligue Atlantique en 1995 ainsi que doubles vainqueurs des Ligues européennes (Atlantique et Alpenligua) en 1996.
Ensuite, ils ont remporté à deux reprises la Coupe Continentale en 2012 et 2016. Autant d’exploits que le fidèle journaliste Matthias Rogier, spécialiste du hockey sur glace au Paris-Normandie, eut l’occasion de raconter à maintes reprises.
Mais, ce que tient surtout à souligner Guy Fournier, c’est que Rouen a été le premier club français à accéder en 2021 aux quarts de finale de la Ligue des champions (CHL) où les Rouennais ont arraché un match nul mémorable en Finlande face à Tampere (3-3) avant de s’incliner lors du match retour 4-0.


2023 - Pour fêter symboliquement le centième titre de l’histoire du championnat de France,
Tristan Alric, créateur de la Coupe Magnus, a accepté de poser pour la toute première fois au milieu des joueurs qui ont remporté son trophée.

 
Pour conclure, ce n’est pas sans raison si au mois de juin 2016, lors de l’assemblée générale annuelle de la FFHG, le club de Rouen fut élu au Temple de la Renommée du hockey sur glace français dans la catégorie des « bâtisseurs » rejoignant ainsi Chamonix dont il avait pris la relève dans l’histoire de cette discipline.
Par ailleurs, le célèbre ancien gardien de but international Fabrice Lhenry, devenu un entraîneur à succès avec les Dragons (élu à deux reprises meilleur coach de la Ligue Magnus) fut également intronisé au Temple de la renommée de la FFHG en 2018. Guy Fournier est entré à son tour au panthéon de notre discipline l’année suivante en 2019.

Un tel phénomène local méritait bien un nouvel apparat. C’est ainsi qu’au mois de septembre 2020 la patinoire implantée sur l’île Lacroix a été rénovée. Elle comporte désormais des locaux affectés au club professionnel comme la laverie et le local affûtage des patins, l'ajout de 332 places supplémentaires portant la jauge de la patinoire de Rouen à 3 078 spectateurs, des buvettes et enfin un espace réceptif complété par six loges VIP comprenant 12 places chacune ainsi qu’une grande loge de 52 places (92 en réceptif) avec accès direct et une vue imprenable sur la glace. Le coût total de ce grand projet s'est élevé à 9,2 millions d’euros.

Le club normand est donc sans conteste un phénomène très particulier qui force le respect dans le hockey sur glace français et qui a donné des idées à d’autres clubs également très innovants comme Grenoble ou Angers qui suivent désormais son exemple en s’invitant régulièrement en série finale pour tenter de lui ravir le leadership dans la Ligue Magnus. De plus, les Brûleurs de Loups de Grenoble, qui mettront sans doute quelques temps avant de se remettre de leur récente défaite, ne cessent de préparer l’avenir avec leurs juniors très performants. J’en parlerai dans une prochaine Tribune.
 


Les trophées individuels du club de Rouen en Ligue Magnus

Meilleurs compteurs : 18

Franck Pajonkowski (4 fois), Guy Fournier (2 fois), Claude Verret, Eric Pinard, Juha Jokiharju, Guillaume Besse, Eric Doucet, Carl Malette (2 fois), Marc-André Thinel (2 fois), Julien Desrosiers, Nicolas Deschamps, François Beauchemin.

Meilleurs joueurs français : 6

Yves Crettenand, Franck Saunier, Julien Desrosiers (2 fois), Yorick Treille, Anthony Guttig.

Meilleurs gardiens de but : 8

Pétri Ylönen (3 fois), Phil Groenveld, Ramon Sopko, Matija Pintaric (3 fois).

Meilleurs espoirs : 3

Michael Babin, Pierre-Edouard Bellemare, Anthony Rech.

Meilleurs entraîneurs : 2

Fabrice Lhenry (2 fois)
 
Pas de maillots retirés à Rouen !

Cela peut paraître étonnant à première vue. Mais le grand dilemme qui se pose au club normand, c’est le nombre considérable de vedettes qui ont porté son maillot. Du coup, ce « trop plein » pose un problème de choix difficile, sans parler de la pénurie de numéros à deux chiffres disponibles à terme ! Son manager général, Guy Fournier, explique : « Ce genre d’élection honorifique est à mon avis très subjectif. Dans un club comme le nôtre, qui a eu la chance d’avoir beaucoup de hockeyeurs talentueux, on commence et on s’arrête où ? Alors, pour éviter un choix toujours discutable, et pour être tout à fait équitable, nous préférons ne pas mettre en valeur quelques joueurs seulement. »
Même si la modestie de Guy Fournier doit en souffrir, je pense que ce dernier mériterait amplement de voir un jour son numéro de maillot retiré dans l’équipe des « Dragons », tout comme celui du président Thierry Chaix qui est en poste depuis vingt-six ans !
 

 
 


Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.
 
 
 

 
 
 
Lieu : Media Sports LoisirsChroniqueur : Tristan Alric
Posté par Christian Simon le 28/04/2023 à 11:00
 
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