Accueil   Editorial   Liens   Stages et Tournois   Boutique   Petites annonces   Partenaires   Nos flash infos  fb  twitter   RSS
 
 
Hockey sur glace - Ligue Magnus
BORDEAUX : HISTOIRE D’UNE ASCENSION INACHEVÉE
 
Qualifiée pour la première fois de son histoire en série finale de la Ligue Magnus, l’équipe girondine a créé une belle surprise cette saison. Tristan Alric, créateur de la Coupe Magnus, raconte l’histoire tumultueuse et erratique du club de Bordeaux jusqu’à son ascension inattendue vers le sommet de l’élite.
 
Media Sports Loisirs, Hockey Hebdo Tristan Alric le 18/04/2024 à 11:00
Tribune N°87

 
 
BORDEAUX : HISTOIRE D’UNE ASCENSION INACHEVÉE


Pour faire une référence canine, il faut reconnaître que les Boxers de Bordeaux se sont vraiment donné « un mal de chien » cette saison pour terminer en quatrième position du classement général de la Ligue Magnus. Tout comme pour réussir ensuite à briller dans les play-offs au point de se qualifier contre toute attente jusqu’en série finale. D’autant qu’il faut rappeler que c’était la première fois de son histoire que le club du Sud-Ouest est parvenu à se hisser à ce niveau !
Du coup, même s’ils n’ont pas réussi, en dépit de tous leurs efforts, à empêcher les Dragons de Rouen de conserver la Coupe Magnus et de remporter avec brio leur 18e titre national, les hockeyeurs girondins ont prouvé à tous les observateurs qu’ils avaient vraiment la rage de vaincre et surtout un sacré mordant !

Pour faire une allusion pugilistique, les Boxers n’ont pas « mis des gants » durant les quarts de finale pour se débarrasser des Spartiates de Marseille après avoir été sauvés de justesse par le gong à l’issue de sept rounds très serrés. Dans les demi-finales, les Boxers ont infligé ensuite un étonnant KO technique aux Brûleurs de Loups de Grenoble après seulement cinq matches. Cette qualification des Bordelais fut beaucoup plus surprenante car l’équipe de l’Isère a donné l’impression d’être devenue à ce stade de la compétition un simple « sparring partner ».
Sans parler que lors des deux premières rencontres de la série finale les Boxers ont asséné d’entrée un redoutable uppercut aux Dragons de Rouen (victoires 3-2 et 4-2). Pourtant les champions en titre, donnés grands favoris, avaient l’énorme avantage de jouer à domicile ! Toutefois, les Rouennais, momentanément groggys, ont fini quand même par se ressaisir et rétablir rapidement la situation en leur faveur. Mais pour dompter non sans mal une équipe bordelaise « qui avait du chien », les Dragons ont été contraints de sonner l’hallali et conclure le combat après six matches indécis dont deux duels en prolongation.

Bref, pour évoquer cette fois les sous-vêtements que portent les hockeyeurs, les Boxers de Bordeaux ont été sacrément « culottés » pour franchir tous les obstacles en déjouant ainsi les pronostics. Je me souviens qu’avant le coup d’envoi de la série finale la grande majorité des observateurs n’hésitaient pas à prédire un peu hâtivement une victoire très expéditive de Rouen en seulement quatre matches comme ce fut le cas juste avant en demi-finale contre Cergy-Pontoise.
C’était bien mal connaître et sous-estimer la motivation des hockeyeurs de la Gironde qui n’ont été devancés, ne l’oublions pas, lors du championnat régulier que par les trois grands clubs de la Ligue Magnus à savoir Rouen, Angers et Grenoble. De plus, Bordeaux est parvenu à battre au moins une fois Angers et Grenoble sur le même score (5-2).

Puisque la viticulture et l’œnologie sont une grande tradition agricole dans la région aquitaine, permettez-moi de faire une dernière métaphore en disant que le club de Bordeaux s’est donc offert, malgré sa défaite en finale contre Rouen, une « vendange » historique cette saison et a produit un grand millésime qui restera à coup sûre dans les annales pour fêter cette année le 50e anniversaire de sa création.
La performance est d’autant plus grande que tout au long de son histoire, le club bordelais de hockey sur glace a été contraint de surmonter de très nombreux obstacles à la fois structurels, humains et financiers. Ce fut un long parcours très mouvementé, semé d’innombrables embûches et souvent chaotique que je vais essayer de vous résumer dans ses grandes lignes.

 
UN CLUB LANCÉ GRÂCE AU CONCOURS... LÉPINE !


Si l’ancienne patinoire des Quinconces fut construite dès 1967, soit juste un an avant les Jeux olympiques d’hiver de Grenoble, le club de hockey sur glace de Bordeaux a été créé seulement sept ans plus tard en 1974. Il y a donc tout juste un demi-siècle cette année. L’ancien promoteur privé Jean-Philippe Lépine ne se contenta pas d’être le constructeur de la patinoire des Quinconces mais aussi celles d’Arcachon, Anglet, Pessac, Limoges et Bergerac. Jean-Philippe Lépine fut également le premier président du club de hockey sur glace de Bordeaux. Ce dernier s’impliqua avec d’autant plus d’intérêt dans la gestion du Bordeaux Hockey Club que son fils Patrice Lépine, passionné par ce sport, deviendra un hockeyeur de bon niveau. Il fut d’ailleurs momentanément sélectionné avec l’équipe de France U18. Bref, depuis cette date, le club de Bordeaux a eu le temps de prendre « de la bouteille » et de se bonifier au fil de cinq décennies très agitées qui désorientèrent souvent ses supporters comme on va le voir.

 
TROIS DÉPÔTS DE BILAN ET SIX CLUBS DIFFÉRENTS !


Ce sont les dirigeants de l’ancien « Bordeaux Hockey Club », responsables du premier club pionnier, qui décidèrent d’adopter le surnom d’origine qui leur semblait évident à savoir les « Dogues de Bordeaux ». Cette appellation fait référence à une célèbre race de chien qui désigne un molosse réputé excellent chien de garde et de défense. Comme il évoque une image forte et agressive, ce surnom convenait donc parfaitement à un sport viril comme le hockey sur glace.
Mais les Dogues n’eurent pas assez de mordant à leurs débuts puisque le club d’origine disparut pour laisser la place à un deuxième club de hockey sur glace sous le nom des « Girondins de Bordeaux » en 1988 grâce à une association éphémère avec le célèbre club de football local.
Ce furent ensuite les « Aquitains de Bordeaux » qui devinrent le troisième club local de hockey en 1992. Puis, pour ne pas rompre avec cette mauvaise tradition de l’éphémère, un quatrième club le remplaça sous l’appellation d’origine des « Dogues de Bordeaux » et reprit donc ce nom sur la glace en 1995 juste avant la création du « Bordeaux Gironde Hockey 2000 » car les déboires financiers continuèrent à se succéder comme une série noire sans fin.

Mais, c’est l’appellation actuelle des « Boxers de Bordeaux » qui a été définitivement adoptée depuis 1998 avec la création du cinquième club. Le nouveau « Bordeaux Gironde Hockey sur Glace » conservera définitivement cette appellation lors de sa création en 2007 et gère désormais le hockey mineur. Si j’ajoute la société professionnelle de la « SASP Boxers de Bordeaux » créée en 2014, la grande agglomération girondine totalise donc au total le nombre record de six clubs successifs de hockey sur glace !
Pour l’anecdote, le club de Bordeaux ne garda pas le surnom pourtant plébiscité des « Dogues » et il dut le remplacer par les « Boxers » à cause d’une question de droit car le dessin du logo avait été déposé par l’ancien président Joël Labatut à l’institut national de la propriété industrielle (INPI). Du coup, pour pouvoir utiliser à nouveau ce surnom, il aurait fallu que les nouveaux dirigeants du club de Gironde s’acquittent à l’époque d’une somme assez conséquente, ce qu’ils refusèrent.

 
LA BELLE VITRINE SPORTIVE DE MÉRIADECK


Mais reprenons le cours de l’histoire tumultueuse du club de Bordeaux que je vais essayer de vous résumer chronologiquement avec d’abord l’ouverture en 1981 de la nouvelle patinoire de Mériadeck. Trois ans avant celle du POPB de Bercy à Paris, la ville de Bordeaux se dota d'une grande salle multifonctionnelle, capable d'accueillir des concerts, des spectacles et diverses disciplines comme les sports de glace. Cette nouvelle enceinte, dotée de 3500 places assises, fut construite dans le quartier d'affaires Mériadeck. Cette inauguration marqua un grand tournant dans l’histoire du club de hockey sur glace de Bordeaux qui allait suivre un parcours très chaotique pendant plusieurs années au point de connaitre de grands rebondissements.


En effet en 1984, les anciens Dogues bénéficièrent de l’arrivée d’un personnage très important du hockey sur glace français en la personne de l’ancien attaquant tricolore et entraineur national éphémère Patrick Francheterre. Ce dernier, qui avait été déjà l’entraîneur-joueur très charismatique de l’ancien club nordiste de Croix, fera venir à Bordeaux, peu après son arrivée en Gironde, le célèbre joueur espagnol Karlos Gordovil qui deviendra lui aussi, mais bien plus tard, un entraîneur tout aussi important dans l’histoire du club voisin d’Anglet avant de prendre la tête de l’équipe nationale espagnole et encore récemment du club ibérique de Majadahonda.

 
UNE MANIFESTATION INÉDITE DES HOCKEYEURS


Au mois d’avril 1986, le journal sportif L’Equipe publia un article étonnant concernant le club de Bordeaux avec un titre en forme d’exclamation : « Le hockey bordelais mis KO par le foot ! ». En effet, dans cet article, mon rédacteur en chef de l’époque, Alain Billouin, qui me remplaça exceptionnellement dans la rubrique du hockey sur glace, raconta cette histoire inédite : « Samedi, une petite manifestation n’est pas passé inaperçue dans les rues piétonnes de Bordeaux. Une centaine de hockeyeurs casqués et armés de leurs crosses ont pris le chemin du palais Rohan, autrement dit l’hôtel de ville, bien gardé, pour exprimer leur mécontentement. Motif de leur colère : la municipalité, par l’intermédiaire de l’adjoint aux sports Daniel Lawton, a signifié aux dirigeants du club de hockey sur glace local qu’elle ne pouvait accorder qu’une subvention de trois cent mille francs (46 000 euros) soit la moitié de ce qui avait été donné l’année auparavant. Or, le club de hockey sur glace de Bordeaux vient d’accéder en nationale A, l’élite dans ce sport. « Un événement important pour tout le hockey sur glace français », nous assure le président de la FFSG Jean Ferrand. A Bordeaux, les joueurs et les dirigeants sont désemparés. A tel point qu’ils ont fait passer une annonce dans le journal régional Sud-Ouest avec ce titre très alarmiste : « Club à vendre ». La petite manif de samedi n’a malheureusement rien changé à la position de la municipalité de Bordeaux qui est restée inflexible. Tout est pour le foot et rien pour le hockey sur glace car il n’y a pas photo ! »

 
DES NOMS TRES CÉLÈBRES DANS LE CLUB DE BORDEAUX


Thierry Lacarrière, à l’époque trésorier général de la Fédération française des sports de glace et dirigeant de la société « France Patinoires », a été à l’origine du développement du hockey sur glace à Bordeaux avec la construction de la grande patinoire de Mériadeck. Mais ce dernier fut obligé de reconnaître rapidement que le hockey sur glace « n’était pas encore assez adulte pour se faire une place au bord de la Garonne. » Il regretta cet état de fait d’autant que Thierry Lacarrière, était également le président du club des Français Volants de Paris.
Il résida quelques temps à Bordeaux où il était devenu également le directeur de la société « Bordeaux Gestion Equipement » qui gérait non seulement la patinoire Mériadek, mais aussi des terrains de tennis, un bowling, le Palais des sports et le vélodrome. Grand ami de l’ancien maire Jacques Chaban-Delmas, le président des Français Volants parraina en quelque sorte le club de Bordeaux jusqu’à que son contrat avec la ville du sud-ouest soit remis en cause par le nouveau maire Alain Juppé ce qui contraint Thierry Lacarrière, victime de quelques ennuis judiciaires, à retourner vivre dans la capitale.

En 1986, un autre événement marquant se produisit avec l'arrivée d'un nouveau renfort canadien, avec un gabarit de poche mais une hargne hors du commun, il s’agissait du redoutable attaquant Roger Dubé. Dès sa première saison sur les bords de la Garonne, celui qu’on allait surnommer le « tireur d’élite » affola les compteurs en totalisant 61 points en 19 matches ! Puis il partit provisoirement jouer dans les Alpes.
L'entraineur Patrick Francheterre céda par ailleurs sa place à André Saint-Laurent, un ancien hockeyeur professionnel canadien qui sortait de dix ans de NHL (New York, Detroit, Los Angeles, Pittsburgh).
On nota également le retour rapide du « Dynamitero » Roger Dubé qui venait de marquer un total ahurissant de 141 points en 25 matches avec le club de la Vanoise en Division 2 ! Ce dernier obtint sa naturalisation ce qui lui permit de débuter le championnat suivant à Bordeaux comme « franco ». Du coup, il fut rapidement sélectionné en équipe de France par le Suédois Kjell Larsson lors d’une tournée des Tricolores à l’étranger. Même scénario pour Serge Poudrier, le père de Loïk (actuel attaquant à Bordeaux), qui porta non seulement le maillot du club de Bordeaux et de Rouen mais aussi disputa trois Jeux olympiques d’hiver avec les Tricolores.

Un autre futur international de renom débarqua à la même époque chez les Girondins : Arnaud Briand originaire de Saint-Pierre et Miquelon. L’antichambre de la NHL ne lui ayant donné aucun espoir de devenir professionnel sur le continent nord-américain, Arnaud Briand décida de traverser l’Atlantique en 1989 pour venir jouer à Bordeaux avant de poursuivre sa très brillante carrière qui s’affirma surtout à Reims puis à Rouen.
Cette saison-là fut assez incroyable dans le domaine du recrutement puisque le célèbre attaquant Guy Dupuis, qui avait été le capitaine de l'équipe de France, arriva également dans la formation de Bordeaux. L’ancienne vedette du club de Villard-de-Lans, de Saint-Gervais et du Mont-Blanc profita de cette année faste de 1996 pour s’ancrer définitivement à Bordeaux (il y réside toujours) en ouvrant un magasin éponyme « Dupuis Sports » situé non loin de la patinoire, sur le cours Anatole France et qui se spécialisa dans les sports de glisse.

En 1991, le club de Bordeaux parvint également à se renforcer dans les buts en faisant signer cette fois l'un des meilleurs portiers de l'hexagone, le Grenoblois Jean-Marc Djian, qui devait être secondé par un tout jeune portier du nom de Fabrice Lhenry. On sait l’incroyable carrière que fera par la suite ce dernier dans le hockey sur glace français avant de devenir le coach actuel de Rouen.
Evoluant donc cette saison-là à Bordeaux, Fabrice Lhenry eut la grande joie de participer également, avec l’équipe de France, aux Jeux Olympiques d’hiver, organisés en France à Albertville. Lors de son unique saison passée dans le club de Bordeaux, Fabrice Lhenry eut malheureusement l’occasion de constater que tout n’allait pas pour le mieux puisqu’en 1992, le club de Bordeaux fut contraint de retourner au plus bas de l’échelon du hockey sur glace en France, décidément une sale habitude, à savoir la Division 3 !

 
LE CLUB ABANDONNE EN PLEIN CHAMPIONNAT !


Malheureusement, le club de Bordeaux allait vivre à nouveau des jours très difficiles par la suite comme au début de la saison 1998-1999. Stéphan Tartari, dont je reparlerai par la suite, était arrivé depuis deux saisons de Grenoble et ouvrit un vidéo-club à Bordeaux pour s’assurer les arrières. Car, résultat de l’aveuglement des dirigeants de l’époque, alors que le club était parvenu depuis trois saisons à revenir dans la Ligue Elite (Magnus aujourd’hui) un coup de théâtre retentissant se produisit. Comme j’avais publié à l’époque dans le journal L’Equipe un article très alarmant dénonçant la présentation par le club de Bordeaux d’un budget fictif incompatible avec la réalité (preuves à l’appui), le président Joël Labatut dut reconnaitre les faits. Du coup, après seulement huit matches de championnat, le club de Bordeaux fut contraint de déclarer forfait et de se retirer de la compétition !
Après ce naufrage, on craignit que le hockey de haut niveau ne disparaisse définitivement de Bordeaux. Mais deux jours après la mort du BGHC, un nouveau club déposa ses statuts à la préfecture de Gironde avec comme président par intérim Pascal Ducos. Le 5 octobre 1998, l’ancien international tricolore Patrick Francheterre devint provisoirement le président de la nouvelle association qui prit le nom de Bordeaux Gironde Hockey 2000. L’entraîneur-joueur n’était autre que l’ancien international Yannick Goïcoechea qui partagea ce rôle avec Stéphan Tartari.


UNE PATINOIRE PROVISOIRE MÉMORABLE !


Au cours de la saison 2003-2004, le plus grand événement à Bordeaux ne fut pas la nomination de l’instituteur François Guay comme nouveau président du club. En effet, la patinoire de Mériadeck dut être fermée pendant toute l'année afin d'effectuer de longs travaux de rénovation et de mise aux normes. Du coup, les hockeyeurs bordelais eurent le droit d'évoluer dans une patinoire provisoire totalement improbable, située dans le quartier de Bordeaux, au centre sportif des Antennes Du Lac.
En effet, c’était une piste de glace provisoire sans plexis, sans chauffage, sans table de marque complète, et surtout sans tribunes ! Du coup, toutes les rencontres à domicile de Bordeaux étaient interdites au public… « On jouait nos matches à domicile sans aucun spectateur et on ne pouvait même pas laisser nos affaires faute de vestiaires ! raconte avec ironie Stéphan Tartari. Nos adversaires de la Division 2 n’en croyaient pas leurs yeux, ils hallucinaient. Cette piste totalement isolée c’était n’importe quoi. Le contraste avec Mériadeck était hallucinant ! Heureusement, pour tenir le coup et garder le moral, nous formions un groupe de potes très soudé. »
Le parcours très chaotique du club de la Gironde continua donc sans que la situation des hockeyeurs bordelais se stabilise suffisamment pour pouvoir amorcer une réelle ascension encore lente dans la hiérarchie du hockey sur glace français. D’autant que cette fameuse saison au purgatoire fut à mettre entre parenthèses, certains joueurs faisant même leur retour dans l'équipe seulement après avoir pris une année sabbatique.


L’INFLUENCE MAJEURE DE STÉPHAN TARTARI


Lors de la saison 2007-2008, l’entraîneur-joueur Stéphan Tartari (photo ci-contre) annonça sa retraite de joueur après le dernier match de la saison régulière à Viry-Châtillon. La nouvelle, vite répandue, a estomaqué les supporters des Boxers. Peu de hockeyeurs en France peuvent se targuer d'avoir autant marqué l'histoire d'un club que Stéphan Tartari à Bordeaux. Celui-ci, dont le père Daniel tenait un bar de supporters juste à côté de la patinoire de Grenoble (le Santana), quitta deux fois la ville de l’Isère. La première fois en 1990 pour tenter sa chance en junior majeur au Canada, l'autre fois en 1996 pour partir s’installer en Aquitaine.
En effet, depuis cette date, Stéphan Tartari n’a jamais abandonné la capitale de la Gironde, même lorsque le club déposa le bilan et avait dû repartir depuis les limbes de ce qui était alors la division 4. Les seules fois où il effectua des aller-retour rapides à Grenoble, furent pour garder simplement un contact avec sa famille et notamment pour venir encourager son jeune frère, Christophe Tartari, puisque ce dernier devint à son tour un hockeyeur de haut niveau très célèbre avec les Brûleurs de Loups.

Le retrait de Stéphan Tartari comme coach étant déjà annoncé, le club avait voulu lui adjoindre un illustre renfort qui devait être son successeur. C’est ainsi que l’ancien capitaine de l’équipe de France André Peloffy débarqua donc à Bordeaux pour un bail de deux ans qui ne durera finalement pas deux semaines ! La faute à des conditions de travail que le technicien ne jugea « pas assez professionnelles » avec, de plus, une patinoire occultée pendant plusieurs semaines comme je l’ai expliqué plus haut. C'est peut-être dans cet événement que les Boxers trouvèrent la force de s'en sortir. Désireux de démontrer que même avec les problèmes récurrents de Mériadeck ils pouvaient s'en sortir, les hockeyeurs de Bordeaux se mirent à enchaîner les bonnes performances.

Lors de la saison 2012-2013, le club de Bordeaux allait vivre à nouveaux des événements agités assez inattendus. En effet, les dirigeants des Boxers, qui cherchaient un entraîneur, officialisèrent l’arrivée du russe Dimitri Fokine (46 ans) dans la capitale girondine pour un contrat qui devait durer en principe deux ans]. Ces quatre dernières saisons, Dimitri Fokine entraînait le club français d’Asnières en Division 2. Le 21 décembre 2012, après s’être mis en arrêt maladie « à cause d’un trop grand stress », Dimitri Fokine fut remercié. Stephan Tartari et Guy Dupuis, qui avaient assuré l'intérim furent donc contraints de reprendre les commandes de l'équipe jusqu'à la fin de la saison avec l’aide du canadien Michel Girard.

Le club ayant créé une Société Anonyme Sportive Professionnelle (SASP), les présidents Thierry Parienty et Philippe Klucsar s’investissent beaucoup dans l’aventure et apportèrent leur professionnalisme. Le premier comme Directeur Général et co-fondateur de Voltéo batteries et le second comme propriétaire fondateur d'un grand groupe d’une quinzaine de salons de coiffure. Du coup, lors du championnat 2014-2015 de la Division 1 qui allait rester dans les mémoires, les Boxers de Bordeaux ne concédèrent aucune défaite à domicile sur l'ensemble de la saison régulière. Mieux, les joueurs de Martin Lacroix remportèrent 21 de leurs 26 journées de championnat. Cette belle performance leur permit de terminer la saison régulière de la Division 1 en tête du classement suscitant, on l’imagine, l’enthousiasme de leurs nombreux supporters. Puis ce fut l’inoubliable série finale qui constitua un derby régional explosif contre le club voisin d’Anglet et qui se disputa en quatre manches. Cardiaques s’abstenir ! Les Boxers furent promus en Ligue Magnus après avoir battu l’Hormadi en quatre matches très serrés (1-2, 5-4, 7-4, 4-3) avec deux duels qui se conclurent en prolongation et un autre après les tirs au but !

 
LE TROISIÈME RETOUR DANS LA LIGUE MAGNUS


Au mois de septembre 2015, le club de Bordeaux débuta donc sa troisième participation dans l’élite nationale après un court passage de trois saisons dans l’élite en 1988 puis encore de trois saisons en 1996. D’entrée un coup de tonnerre retentit dans le ciel de la Ligue Magnus. En effet, l’international tricolore Julien Desrosiers (34 ans) et le Canadien, Francis Charland (27 ans), élus MVP français et meilleur étranger de la dernière saison dont ils ont fini respectivement meilleur pointeur (9 buts-38 assistances) et meilleurs buteur (26-18), quittèrent Rouen, le plus grand club français de ces vingt dernières années, pour rejoindre Bordeaux le nouveau promu ! Jonathan Janil, le défenseur de l’équipe de France, suivit la même route. Un triple transfert choc à Bordeaux qui traduisait la grande ambition des dirigeants des Boxers.


On connait l’histoire récente des Boxers de Bordeaux qui participèrent à la poule de maintien seulement la première année mais ils disputèrent ensuite deux demi-finales consécutives de la Ligue Magnus en 2017 et 2018 sous la direction de l’entraîneur national actuel Philippe Bozon. Avec sa présence derrière le banc, ce dernier mit sous la lumière le club de Bordeaux grâce à sa grande réputation d’ancien joueur de la NHL (comme en Allemagne et en Suisse) ainsi que par sa double casquette de coach des Tricolores. Mais il mit un terme rapide à son séjour en Gironde après un quart de finale perdu en 2019.
C’est donc Olivier Dimet (52 ans - photos ci contre)) qui a pris le relais depuis comme coach avec finalement un succès sportif remarquable cette saison mais en devant subir auparavant quelques soucis concernant la gestion et la validation de son club.

 
DEUX RAPPELS À L’ORDRE DE LA FFHG


A cause d’un déficit financier creusé la saison précédente, en 2018 le club de Bordeaux s’est vu d’abord interdire de participer à la Ligue Magnus par la Commission Nationale de Suivi et de Contrôle de Gestion. Mais au cours de l’été, suite à l’audience de conciliation qui s’est déroulée à la fin du mois d’aout au CNOSF, la validation du club des Boxers de Bordeaux en Ligue Magnus fut confirmée.
Le club girondin fut validé sous condition de la signature d’un contrat d’objectifs financiers mettant en place un contrôle rigoureux du club par la CNSCG. Les Boxers furent également sanctionnés sportivement avec un retrait de neuf points au classement de la phase régulière de la saison 2018-2019 de la Ligue Magnus ainsi qu’une interdiction de participer à la Coupe de France avec sursis.

Le président Thierry Parienty (photo ci-contre) déclara à ce sujet : « Ce déficit s’explique par la masse salariale, car on a dû recruter de nombreux joueurs pour remplacer les blessés. Mais aussi par une multitude de petits détails au niveau des dépenses et d’un manque à gagner. » Du coup, pour continuer, le club a dû revoir à la baisse les salaires des joueurs, des entraîneurs et des employés. Tous ont accepté, à l’exception de l’attaquant Olivier Latendresse et du défenseur Dominik Kramar qui ont rejoint Grenoble. « Cela a perturbé un peu le travail, mais on les a remplacé, expliqua Philippe Bozon. Notamment par l’attaquant canadien Tanner Glass (34 ans), qui a joué 524 matches en NHL jusqu’à la saison dernière. »

En 2022, le club de Bordeaux connu un nouveau rappel à l’ordre fédéral. Résultat : trois points en moins avec sursis et une amende de 15 000 euros dont 7 500 euros avec sursis avec obligation de respecter certains critères comme un plafond de la masse salariale.  Le président Thierry Parienty expliqua : « Le plan de redressement post-Covid, après une année de contraintes sanitaires qui avait entraîné un bilan négatif, a porté ses fruits. Nous restons désormais sur deux bilans financiers excédentaires. Nous avons pu démontrer que ce que nous avons dit, nous l’avons fait, ce qui permet de partir sur une dynamique différente. Ce qui n’enlèvera pas notre prudence indispensable dans des activités sportives soumises à de nombreux critères. »

 
ARRIVÉE D’INVESTISSEURS QUÉBÉCOIS TRÈS CONNUS


C’est donc Olivier Dimet, l’ancien joueur de défense dans plusieurs clubs (Chamonix, Lyon, Saint-Gervais, Briançon, Grenoble, Anglet et Mulhouse) avant de diriger l’Hormadi d’Anglet, qui a réussi la performance d’emmener cette saison l’équipe des Boxers de Bordeaux jusqu’en série finale de la Ligue Magnus. Une grande première historique ! Souhaitons que le sympathique coach bordelais assisté de Nicolas Courally, ainsi que le manager général Stéphan Tartari et le président Thierry Parienty, continuent sur leur lancée la saison prochaine ! D’autant qu’au mois de janvier dernier le club a annoncé l’arrivée au sein des Boxers de Bordeaux d’un groupe d’investisseurs venus du Canada. Il s’agit de trois personnes qui ont intégré le capital du club à hauteur de 18,5 %.


La première est Jean Bédard,(ci-dessus au centre) président et chef de la direction du groupe Grandio, l’une des plus grandes alliances de restaurants au Québec qui possède 10 marques dont « La Cage ». La deuxième est l’entrepreneur Jacques Tanguay (ci-dessus à gauche), leader de l’ameublement au Québec, ancien président et co-actionnaire des Remparts de Québec, club évoluant dans la LHJMQ. Quant au troisième investisseur, il s’agit de Patrick Roy (ci-dessus à droite) l’ancien gardien légendaire de la NHL, quatre fois vainqueur de la Coupe Stanley et membre du Temple de la renommée du hockey. Lui aussi est un ancien co-actionnaire et coach des Remparts !
Si ces canadiens, très impliqués dans le hockey sur glace au Québec, ont décidé de mettre ensemble de l’argent dans le capital de la SASP du modeste club français de Bordeaux, ce n’est pas uniquement pour s’amuser à moindre frais, mais bien pour donner un réel coup de main aux Boxers et les aider à viser encore plus haut.
 


COMPOSITION DE L’ÉQUIPE DE BORDEAUX 2023-2024
 
Gardiens de but :

Quentin Papillon (Mulhouse), Victor Bodin (Amiens).


Défenseurs :

Bastien Lemaitre (Bordeaux), Niki Blomberg (Finlande), Kévin Dusseau (Angers),
Antti Kauppila (Finlande), Kévin Spinozzi (Bordeaux), Charles-David Beaudoin (Canada),
Axel Prissaint (Bordeaux), Mattéo Mahieu (Bordeaux).


Attaquants :

Rudolfs Polcs (Lettonie), Julius Valtonen (Finlande), Rudy Matima (Mulhouse),
Julien Guillaume (Bordeaux), Mathieu Pompei (Canada), Enzo Carry (Bordeaux),
Loïk Poudrier (Bordeaux), Maxime Legault (Canada), Nikita Jevpalovs (Slovénie),
Baptiste Bruche (Amiens), Vince Tartari (Montpellier), Aïna Rambelo (Bordeaux),
Samuel Salonen (Finlande), Alexey Polodyan (Lettonie).
 
 




Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.
 
 

 
 
 
© 2024 Hockeyhebdo.com - Reproduction totale ou partielle interdite sauf autorisation des auteurs.
 
Retour
 
 
Réactions sur l'article
 
 
Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.

     

...Bitte wählen Sie Ihre Sprache... Choose your language in just one click... Choisissez votre langue, clic plus haut...