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Hockey sur glace - Ligue Magnus
COUPE DE FRANCE : DUNKERQUE BEAU FINALISTE !
 
En se qualifiant pour la grande finale de la Coupe de France le club de Dunkerque, qui évolue en Division 1, a réalisé un véritable exploit. Tristan Alric, créateur de la Coupe Magnus, explique les raisons qui ont permis aux Corsaires de défier les Brûleurs de loups de Grenoble.
 
Media Sports Loisirs, Hockey Hebdo Tristan Alric le 18/01/2024 à 11:00
Tribune N°80

 
 
  -  COUPE DE FRANCE : DUNKERQUE BEAU FINALISTE !   -


Il aura donc fallu attendre vingt-deux ans pour voir enfin un club de la Division 1 réussir l’exploit de se qualifier pour la finale de la Coupe de France. Contrairement à ce que j’entends dire çà et là, ce n’est pas la première fois de l’histoire du hockey sur glace français qu’un club de la Division 1 évolue à ce niveau de la compétition.
Je rappelle pour mémoire qu’en 2002 les « Dragons » de Rouen, tenant du titre de l’ancienne Division Elite (Ligue Magnus aujourd’hui), avaient battu les modestes « Séquanes » de Besançon lors de la finale de la Coupe de France (8-1). Cette rencontre à sens unique s’était déroulée à l’époque sur la patinoire « Lafayette » dans le quartier de Planoise à Besançon. Je doute fort que l’on assiste au même scénario cette saison dans la grande patinoire de l’Accor Aréna à Paris !

 
UNE GRANDE PREMIERE... A BERCY
 
En effet, Dunkerque aura certes le redoutable honneur d’être quand même le premier club de la Division 1 à défier à Bercy une équipe de la Ligue professionnelle. Il s’agit de Grenoble qui a éliminé Amiens en demi-finale (5-1). Ce match ultime, qui se disputera certainement devant un nombreux public (plus de 13 000 spectateurs attendus), opposera-t-il « David contre Goliath » vu la différence de division ? Les Corsaires du nord se contenteront-ils de chausser leurs patins pour jouer uniquement le rôle du « Petit Poucet » ? A moins, chose à mon avis plus probable, que les hockeyeurs Dunkerquois profitent de cet événement exceptionnel pour se mettre en lumière et se transcender pour devenir au contraire de véritables pirates !


Personnellement, je ne m’attends pas à un match qui soit joué d’avance ! Même si je n’ignore pas que les « Brûleurs de Loups » ont un palmarès très impressionnant dans cette compétition qui les rend redoutables et mérite le respect. En effet, Grenoble a déjà remporté le trophée « Pete Laliberté » à six reprises depuis la création de la Coupe de France en 1968. De plus, la saison dernière, le club de l’Isère s’est imposé devant Gap au bord de la Seine sur le score de 3-2 et il remettra donc son titre en jeu.
Si je prévois un duel plus équilibré entre les deux nouveaux adversaires, c’est parce qu’avant d’arriver jusqu’en finale, l’équipe de Dunkerque, dirigée par l’entraîneur canadien Jonathan Lafrance, a réussi l’exploit de battre contre tout attente deux clubs de la Ligue Magnus !

 
UNE QUALIFICATION DE VRAIS FLIBUSTIERS !
 
Les « Corsaires » se sont d’abord lancés avec succès à l’abordage de Cergy-Pontoise en huitième de finale (3-1) puis ils ont coulé ensuite Angers lors d’un match d’anthologie en quarts de finale (2-1 après tirs aux buts).
Je prends aussi en compte le fait que la victoire de Dunkerque en demi-finale (2-1) face à Chambéry n’est pas également anodine. Car les « Eléphants » de la Savoie ont déjoué eux-aussi tous les pronostics avec beaucoup de mérite en éliminant de leur côté deux autres clubs de la Ligue Magnus. D’abord Gap qui fut finaliste de la Coupe de France la saison dernière (5-4) puis Bordeaux en quarts de finale (6-3). Sans vouloir minimiser la performance du club de Chambéry, je rappelle que grâce à sa convention de « club ferme » passée avec Grenoble, quatre « licences bleues » de l’Isère (moins de 23 ans) ont porté le maillot des Eléphants lors de cette défaite mémorable contre Dunkerque en demi-finale. De plus, l’équipe de Chambéry possède cette saison dans ses rangs au total onze hockeyeurs issus du centre de formation de Grenoble.
Bref, cette seizième affiche de la Coupe de France de hockey sur glace depuis son installation à Bercy, s’annonce à mon avis plus imprévisible que le laisse supposer la différence théorique de niveau entre la Ligue Magnus et la Division 1.


Franck Vanwormhoudt, le président inamovible de Dunkerque, en poste depuis seize ans (2007), se veut optimiste avant ce duel inhabituel et très attendu : « L’atout de notre équipe, c’est qu’elle est collective et ne lâche jamais rien. Notre club de supporters, le Plexicrew, est véritablement le septième homme sur la glace car il arrive à perturber et déstabiliser souvent nos adversaires avec son grand enthousiasme. Notre gardien, Adrien Vazzaz, nous a sorti jusqu’ici de très grands matches et il donne une énorme confiance au groupe. Nous avons aussi trois bonnes lignes qui sont capables de marquer. Sur aucun des matches disputés en séries de la coupe de France, on a volé le résultat ! A Chambéry par exemple, çà été dur mais nous avons été très solides défensivement. Donc, pour nous, cette finale à Bercy nous permet de rêver un peu, mais, qu’importe le résultat, c’est avant tout une grande récompense pour nos efforts. »


En effet, lors de cette grande finale à l’Accor Aréna, il y aura dans l’équipe du Nord pas moins de huit dunkerquois du cru dont l’emblématique et très fidèle capitaine Clément Thomas (40 ans !) qui compte bien ajouter ce trophée dans sa longue carrière à Dunkerque. Il ne faut pas oublier non plus la qualité de l’entraîneur canadien Jonathan Lafrance (37 ans), en poste depuis deux saisons, qui effectua un passage à Neuilly puis à Reims avant de revenir comme coach à Dunkerque. Le célèbre international François Rozenthal, une des légendes du club de Dunkerque, ne tarit pas d’éloges à son sujet : « Humainement, Jonathan est un gars absolument incroyable qui gagne vraiment à être connu. Il a de grandes valeurs et il est humble. Je suis sûr qu’il va aller très loin ! »


J’ajoute que le coach des Corsaires peut compter aussi sur l’aide précieuse de l’entraîneur général du hockey mineur Ludovic Duchesne (27 ans) qui fait également fonction d’assistant car c’est un super tacticien. Lafrance et Duchesne forment ainsi un excellent binôme. Pour preuve, la FFHG a fait appel à ce dernier comme analyste vidéo de l’équipe de France U16.
« On a mis beaucoup d’argent sur le hockey mineur en collaboration avec le club voisin de Wasquehal, explique le président dunkerquois. A mes débuts, il y a seize ans, le club comptait 150 licenciés. Aujourd’hui, nous en avons plus de 400 ! Notre budget global, tout confondu, est de 1,6 million d’euros. Or, quand j’ai repris le club à l’époque, il y avait seulement 200 000 euros dans la trésorerie. »


De quoi rendre fier les trois fils hockeyeurs du président, notamment Victor Vanwormhoudt qui est à présent le manager général du club de Dunkerque. Ce dernier a plusieurs fois déclaré à la presse un point très important à ses yeux : « Avec Épinal et le Mont Blanc, Dunkerque est le club de Division 1 qui a le plus de joueurs du cru ». Ce n’est pas son frère, Gaspard Vanwormhoudt qui le démentira lui qui fait partie de l’équipe de France U18 et qui très ami avec un certain Maurice Zwikel, fils du manager de Marseille. Quant à Antoine Vanwormhoudt, il a fait partie de la formation locale avant de mettre fin à sa carrière tout en restant membre de l’équipe loisir et très attentif au parcours de ce club familial.


Bref, le club de Dunkerque, qui fut éliminé en demi-finale de la Division 1 la saison dernière par Epinal, peut revoir ses prétentions sportives à la hausse. Non seulement dans cet ultime duel en Coupe de France, mais aussi pour un éventuel retour en Ligue Magnus après avoir effectué deux passages furtifs dans ce championnat professionnel de1989 à 1993 puis de 2003 à 2005.
« Je vous avoue que je n’ai pas trop envie de faire monter mon club en ligue élite professionnelle, confie l’imprimeur Franck Vanwormhoudt. Mais nous sommes en train de préparer malgré tout un dossier pour créer une SASP. Ce qui me préoccupe, c’est la capacité de notre nouvelle patinoire (1450 places) qui a été inaugurée au mois de septembre 2019. Nous espérons que la municipalité acceptera un agrandissement pour monter la jauge à 2000 places avec également plus d’espace réservé à nos partenaires. »

 
LE CLUB DE NOMBREUX INTERNATIONAUX
 
Le retour de Dunkerque dans la Ligue Magnus doit être considéré comme une chance pour notre discipline ! Car n’oublions pas que le club du Nord fait partie depuis très longtemps des places fortes du hockey sur glace français pourvoyeurs de grands talents. Je rappelle pour mémoire les noms des célèbres internationaux du cru qui ont porté avec brio le maillot des « Corsaires » ou ils les ont également entraînés.
A commencer par Harry Perreault. Mais, il y eu également Antoine et Eric Mindjimba, Karl Dewolf, Marc Leroux, les célèbres jumeaux Maurice et François Rozenthal ainsi que leur frère Jean-Christophe, Frédéric Nilly, Grégory Dubois et Mathieu Mille. Sans oublier les internationales Amandine Cuasuet, Esthèle Duvin et Juliette Romano.
J’ajoute, à cette belle carte de visite non exhaustive, deux anciens coachs de renom qui ont officié à Dunkerque : Stéphane Sabourin qui fut entraîneur national des Tricolores en 1999 et 2000, ainsi que l’ex-capitaine de l’équipe de France Antoine Richer, qui, après cinq saisons passées à Dunkerque, vient de rejoindre le club de Compiègne comme directeur général et entraîneur chef.


Une éventuelle victoire de Dunkerque face à Grenoble donnerait encore plus de baume au cœur au club nordiste qui a mis longtemps à se remettre du décès brutal et si injuste, il y a dix ans cette année, du jeune hockeyeur Hugo Vermeersch (8 ans), violemment touché à la tête par un palet au cours d’un match contre Reims dans l’ancienne patinoire de Dunkerque.
« Pour notre club ce fut un choc psychologique très compliqué à gérer pendant trois mois car il n’y avait plus de match, plusieurs partenaires se sont désistés et le nombre de nos spectateurs a chuté par la suite, confie le président visiblement toujours ému par ce drame. On a dû licencier deux entraîneurs pour faire face financièrement. François Rozenthal, salarié par exemple a dû reprendre bénévolement. La cicatrice s’est un peu refermée avec le temps, mais chaque année à la Pentecôte les parents d’Hugo organisent sous le giron du club un tournoi pour entretenir sa mémoire. La conséquence de cet épisode dramatique, c’est que cet accident, heureusement rarissime, a accéléré la construction de notre nouvelle patinoire. »


Après des dommages et intérêts versés par les assurances au tribunal civil (le club ne fut donc pas impacté), c’est un procès au pénal cette fois qui aura lieu au mois de mai prochain pour clôturer cette affaire malheureuse qui a marqué douloureusement l’histoire du club de Dunkerque. Comme je crois aux forces de l’esprit, je suis sûr que l’âme d’Hugo Vermeersch planera lors de cette finale à Bercy dans laquelle jouera pour la première fois son club de cœur.
Pour cette raison particulière, et après les très beaux succès remportés par les Corsaires lors des divers tours de qualification, notamment face à des clubs de la Ligue Magnus, je n’envisage pas autre chose de la part des Dunkerquois lors de cette finale inédite de la Coupe de France qu’un duel passionnant car ces derniers joueront avec le cœur au bord des lames…
 
EXPLOIT DE DUNKERQUE OU RACHAT DE GRENOBLE ?
 
Alors que les places sont parties en quelques dizaines de minutes à peine, la communauté urbaine nordiste a officialisé une bonne nouvelle pour tous ceux qui n’ont pas pu se procurer le précieux sésame et qui devront rester à Dunkerque. La rencontre sera en effet diffusée sur écran géant, salle Abel-Lamotte, au sein du complexe Romain-Rolland situé à Saint-Pol-sur-Mer. Le match, commenté sur la chaîne web Sport en France par Pierre Pousse et Charles Trognon, étant programmé à 15 heures, les portes ouvriront dès 14 heures. L’entrée sera gratuite, dans la limite des places disponibles.
Cette finale sera d’autant plus attendue par tous les supporters qu’il s’agit d’un obstacle redoutable à franchir pour les Corsaires. En effet, le club de Grenoble avait raté son premier objectif de la saison en étant éliminé sans gloire lors de la demi-finale de la Coupe Continentale (trois défaites concédées à domicile !) organisée pourtant sur la patinoire Polesud. Les Brûleurs de Loups auront donc l’obligation de se racheter, tandis que les Corsaires seront condamnés une fois de plus à réaliser un exploit, ce qui promet un spectacle alléchant !

 




Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.
 

 
 
 
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