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Hockey sur glace - Ligue Magnus
YORICK TREILLE EST-IL LE COACH PROVIDENTIEL ?
 
Pour son premier Mondial en tant que coach en chef des Tricolores, Yorick Treille est très attendu. Tristan Alric, créateur de la Coupe Magnus, a demandé à l’ex-attaquant international comment il compte faire pour faire progresser les Bleus.
 
Media Sports Loisirs, Hockey Hebdo Tristan Alric le 05/05/2025 à 11:00

Tribune N°111

 
 

YORICK TREILLE EST-IL LE COACH PROVIDENTIEL ?
 


Au cours des cinq prochaines années l’équipe de France va être dans l’obligation de performer pour garantir l’avenir médiatique de notre discipline. Compte tenu des échéances sportives capitales qui s’annoncent jusqu’en 2030 sur le plan international, le hockey sur glace français va devoir choisir entre deux situations antinomiques. Soit notre sport favori va pouvoir continuer à exister grâce à de bons résultats ou bien, dans le cas contraire, il restera marginal. 
Si je résume par ce dilemme le contexte dans lequel se trouve nos Tricolores, c’est pour quatre principales raisons. Il faut d’abord que la France reste impérativement dans « la cour des grands », autrement dit dans l’élite mondiale, pour conserver une certaine audience. Ensuite, il faut que notre pays parvienne à revenir aux Jeux olympiques d’hiver après une absence interminable très frustrante qui dure depuis 24 ans. C’est impératif pour ne pas continuer à sacrifier encore une génération supplémentaire de nos hockeyeurs comme ce fut malheureusement le cas depuis 2002.
Par ailleurs, dans ce même laps de temps crucial, nos Tricolores doivent réussir aussi les championnats du monde de 2028 puisqu’ils seront organisés en France, simultanément à Paris et à Lyon. Enfin, l’équipe de France ne pourra pas se permettre de manquer également un autre rendez-vous planétaire devant son public : les Jeux olympiques d’hiver de 2030 qui auront lieu dans les Alpes françaises, notamment à Nice où se déroulera le tournoi de hockey sur glace.


UN ATAVISME ÉTONNANT DANS L’ÉQUIPE DE FRANCE


Pour tenter de réussir ce quadruple pari sportif exaltant mais très périlleux qui aura une incidence majeure pour la médiatisation future du hockey sur glace en France, la FFHG a donc décidé au mois de mai 2024 de prendre une décision radicale. Elle a fait un choix, cruel humainement, mais visiblement nécessaire, en mettant un terme au mandat de l’entraîneur national Philippe Bozon afin d’augmenter les chances de réussite de la sélection tricolore. Ce dernier a donc été remplacé cette saison par Yorick Treille qui était son adjoint depuis six ans.
Les profils de ces deux anciens attaquants internationaux, bien que très différents sur le plan de la personnalité, ont malgré tout une grande similitude à la fois sportive et familiale. En effet, leurs pères respectifs, Alain Bozon et Philippe Treille, ont été eux aussi deux hockeyeurs français très célèbres qui ont marqué à l’époque l’histoire du hockey sur glace français.
Autre analogie, qui confirme le proverbe qui dit que « bon sang ne saurait mentir », Yorick Treille et son prédécesseur font également partie de deux familles traditionnelles du hockey hexagonal qui exercent toujours une influence dans la sélection tricolore avec actuellement les présences de Kévin et Tim Bozon (les deux fils de Philipe) et Sacha Treille (le frère de Yorick).
Bref, l’atavisme et l’hérédité familiale sont une tradition récurrente bien ancrée dans le hockey sur glace français. Mais, contrairement à ce que peuvent penser certains mauvais esprits toujours prompts à dénigrer systématiquement les choix des sélectionneurs, ces trois « fils de » ne bénéficient pas de favoritisme car leur niveau de jeu et leurs performances justifient amplement de porter le maillot tricolore.


Philippe Treille, le père de Yorick et Sacha, a joué avec l’équipe de France de 1978 à 1984.


L’ARRIVÉE DE YORICK TREILLE SUSCITE UN ESPOIR


Pour ses premiers championnats du monde à Stockholm en tant qu’entraîneur de l’équipe de France Yorick Treille, qui aura 45 ans au mois de juillet, parviendra-t-il à faire mieux que son prédécesseur ? Le natif de Cannes pourra-t-il donner un souffle nouveau à la sélection Tricolore ? Sera-t-il « l’homme providentiel » que tout le monde attend avec impatience pour élever enfin le niveau de jeu de nos représentants ? Aura-t-il réellement les moyens humains de ses ambitions ? Voilà en résumé les principales questions que tous les observateurs se posent avant le coup d’envoi du tournoi mondial qui sera donné à la fin de la semaine en Suède.
Le changement de l’entraîneur national a visiblement suscité un grand espoir car il a permis une remise en question sans doute salutaire. Comme on a l’habitude de dire : « c’est le général qui commande la troupe ». Mais attention, Yorick Treille ne pourra pas faire des miracles dans la mesure où, malgré sa bonne volonté, ce n’est pas lui qui sera sur la glace.
Par ailleurs, comme je l’ai déjà dit concernant Philippe Bozon qui a eu une carrière de joueur exceptionnelle « avoir un nom ne suffit pas ! » Car être coach derrière un banc c’est un autre métier dans lequel la célébrité ne garantie pas le succès. C’est pour cette raison que même j'ai un apriori favorable, je reste très confiant concernant les capacités Yorick Treille, j’attends encore de voir !
Quoi qu’il en soit une chose est déjà sûre : les relations entre l’ancien coach des Tricolores et ses joueurs, qui s’étaient considérablement dégradées lors du dernier Mondial d’Ostrava en 2024, semblent beaucoup plus apaisées cette fois avec la nomination de son successeur.
C’est toute la différence entre un ex-entraîneur manquant de diplomatie, beaucoup trop obstiné et enferré dans ses propres convictions, avec son remplaçant qui est moins rigide et plus enclin au dialogue. Yorick Treille est visiblement beaucoup plus à l’écoute et plus consensuel avec son staff et ses joueurs. Sa brillante carrière de hockeyeur de haut niveau suscite de surcroit un respect aussi grand que celle de son illustre prédécesseur.

 
LE NOUVEAU COACH A UNE GRANDE EXPÉRIENCE INTERNATIONALE


En effet, Yorick Treille n’a certes pas pu jouer dans la NHL comme Philippe Bozon mais il avait été repêché à l’âge de 19 ans par les Blackhawks de Chicago en 1999 (7e ronde et 195e rang). A l’époque il fut remarqué par les recruteurs car il avait traversé l’Atlantique dès l’âge de 15 ans pour suivre un apprentissage qui a duré sept ans, d’abord au Canada puis ensuite aux USA entre 1995 et 2005. Après avoir joué dans des clubs de l’Alberta et du Saskatchewan, il avait poursuivi sa formation en se rendant aux Etats-Unis dans le Massachusetts, la Virginie puis le Rhode Island.
De retour en Europe, Yorick Treille connaitra plusieurs autres expériences très enrichissantes en jouant successivement à Helsinki en Finlande (une saison), au Genève-Servette en Suisse (deux saisons), à Ingolstadt en Allemagne (une saison), à Vítkovice en République tchèque (deux saisons) et au Sparta de Prague (trois saisons). Ce dernier séjour lui permettra de faire deux « piges » à Chomutov en Tchéquie puis à Salzburg en Autriche.
Yorick Treille est revenu en France son pays natal finir sa carrière de joueur en 2013, à l’âge de trente-trois ans. Il évolua d’abord avec le club de Grenoble (deux saisons) puis à Rouen (deux saisons) où il fut sacré champion de France et élu meilleur joueur de la Ligue Magnus en 2016. Enfin, Yorick Treille a achevé son parcours dans l’hexagone avec le club de Mulhouse (deux saisons) où il fut d’abord sur la glace avant de remplacer Christer Eriksson comme coach avec succès puisqu’il fut élu meilleur entraîneur de la Ligue Magnus en 2020.


Yorick Treille a disputé au total 13 championnats du monde avec les Bleus.


IL FUT LONGTEMPS UN PILIER DE L’ÉQUIPE DE FRANCE


Concernant le palmarès de Yorick Treille avec l’équipe de France, il est plus qu’honorable ! En effet, après avoir été international junior U18 et U20 (il a disputé deux mondiaux en junior), il a totalisé ensuite treize championnats du monde seniors et il a participé également aux Jeux olympiques d’hiver de Sal Lake City en 2002.
Nommé par la FFHG entraîneur de l’équipe de France junior U20 pendant quatre ans (2020 à 2023), Yorick Treille est devenu ensuite pendant six ans le coach adjoint de la sélection senior tricolore aux cotés de Philippe Bozon à partir de 2018.
Ayant décidé de poursuivre sa carrière en Suisse, Yorick Treille a continué à faire parler de lui puisqu’il a été désigné coach adjoint du club de Genève Servette pendant trois saisons (2022 à 2025). Il en profitera pour ajouter ainsi une ligue des champions à son palmarès puisqu’au mois de février 2024 les « Aigles » ont battu les Suédois de Skelleftea sur le score de 3 à 2 dans un match de folie sur la patinoire des Vernets.
Mais le 28 décembre dernier, sa carrière a pris une autre dimension puisque Yorick Treille a dû remplacer au pied levé Jan Cadieux ce qui lui permettra d’être nommé coach en chef de Genève Servette lors de la saison 2024-2025 à l’issue de laquelle son équipe vient de terminer douzième sur quatorze dans la « National League » le plus haut niveau du hockey suisse.

« Cette saison, je l'ai vécue avec mes convictions et ma philosophie, a déclaré Yorick Treille à la presse suisse. Elle a été enrichissante, évidemment. Mais c'était aussi un apprentissage accéléré, avec beaucoup de choses à gérer. »
Comme le dira mon confrère du journal Blick Matthias Davet : « S'il veut retenir un point positif, c'est que sous sa houlette, le club de Genève est parvenu à sortir de la crise même si c'est difficile pour lui de parler de positif aujourd'hui. En tout cas, le Français, qui a un contrat encore valable pour la saison prochaine, ne veut pas s'arrêter là avec Genève. »
Concernant sa double casquette de coach, en Suisse et avec l’équipe de France, Yorick Treille m’a confié : « Ma situation est simple. Le club de Genève a accepté de me le libérer pendant tous les temps libres car j’ai sur place un staff qui assure la continuité au quotidien. De plus, les dirigeants du Servette pensent que je peux devenir un meilleur entraîneur en me laissant diriger également l’équipe de France. »


 LA FÉDÉRATION LUI DONNE UN OBJECTIF TRÈS AMBITIEUX


On se souvient que le président Pierre-Yves Gerbeau a étonné tout le monde en déclarant il y a deux ans : « A long terme notre objectif concernant l’équipe de France, c’est qu’elle soit dans les huit meilleures nations du monde plutôt que dans les seize. C’est l’objectif ambitieux que mon équipe dirigeante a porté lors des dernières élections fédérales. C’est un vrai changement, je peux même dire une révolution ! »
Ayant demandé à Yorick Treille ce qu’il pensait de cette déclaration, ce dernier m’a répondu : « Je ne suis pas choqué car on se doit de fixer un objectif même s’il peut paraître très ambitieux. Pour évoluer, il faut continuer à monter la barre vers le plus haut possible, c’est une évidence. »
Je lui fais observer que depuis le Mondial de 2017 à Paris où l’équipe de France a réussi l’exploit de battre la Finlande (5-1), la Suisse (4-3) et la Biélorussie (4-3), elle a certes été parfois valeureuse par la suite, mais notre sélection n’a plus jamais réussi à battre une nation qui se trouvait dans le top 10 du classement de l’IIHF sauf une nouvelle victoire contre la Biélorussie la saison suivante au Mondial de Copenhague (6-2).
Yorick Treille n’élude pas la question qui fâche : « Il faut comprendre que les Mondiaux ont lieu en fin de saison. De plus, nos adversaires et les poules changent à chaque fois. Mais bon, c’est vrai qu’il y a tout à développer. Il y a un gros décalage entre disputer un Mondial et un championnat national surtout en France. Il faut donc faire progresser le niveau de la Ligue Magnus car nous n’avons pas assez de joueurs qui jouent avec la même intensité au quotidien. »

 
TREILLE : « L’OBJECTIF EST DE GAGNER LA BATAILLE MENTALE »



Par le passé, de nombreuses déclarations des Tricolores à la fin des matchs des championnats du monde ayant été souvent déroutantes concernant leur réelle motivation et surtout leur niveau d’engagement face à des adversaires réputés plus forts, Yorick Treille reconnait cette lacune de nos représentants : « Mon objectif est de gagner la bataille mentale. Il ne faut plus s’éparpiller. Il faut désormais garder le cap, avoir plus de discipline et savoir garder son calme. Il ne faut pas subir pour décrocher en plein match à cause de nombreuses pénalités. Ce que je veux, c’est sélectionner des athlètes de haut niveau ayant une vision du jeu à 360 degrés. Pour moi, les clubs dans lesquels ils jouent pendant la saison ne sont pas importants pour mon choix même s’il est évident qu’évoluer dans de grandes équipes étrangères est un critère qui joue. »
Visiblement, Yorick Treille a donc l’intention de prouver que sa nomination après le départ de Philippe Bozon a été une bonne décision. Quand je lui pose la question, je le sens gêné pour répondre car il ne veut surtout pas froisser son prédécesseur qu’il respecte. Mais il finit par me confier avec une sincérité non feinte : « Chaque entraîneur a ses défauts et ses qualités. J’ai beaucoup appris aux côtés de Philippe qui a eu une carrière de joueur exceptionnelle. Le président a pris cette décision donc acte. Ceci dit, diriger désormais l’équipe de France, c’est un honneur et une fierté pour moi. Avec tous les sélectionnés et mon staff, on a faim. Croyez-moi, nous avons une grosse envie avant ce Mondial à Stockholm ! Il faudra continuer à se battre. Ne serait-ce que pour rendre hommage sur la glace à notre fidèle docteur Benoît Messin. Depuis son décès très récent nous sommes tous très affectés, ça été un choc pour tout le monde. Raison supplémentaire pour se surpasser. »

 




Depuis plus de quarante ans Tristan Alric a été l’acteur et le témoin privilégié de l’évolution du hockey sur glace en France. D’abord comme joueur puis comme arbitre. Ensuite, en devenant le journaliste spécialiste du hockey sur glace dans le quotidien sportif L’Equipe pendant plus de vingt ans. Auteur de nombreux livres et d’une récente encyclopédie qui font référence, Tristan Alric a marqué également l’histoire du hockey français en étant le créateur de la Coupe Magnus et des divers trophées individuels. Avec un tel parcours, il est donc bien placé pour avoir une analyse pertinente sur notre sport favori. Le site Hockey Hebdo est donc heureux de lui permettre de s’exprimer régulièrement dans cette rubrique.
 


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Réactions sur l'article
 
red a écritle 05/05/2025 à 15:41  
Est ce que le cumul des mandats (EDF + Geneve) est une bonne chose pour l'équipe de France ? C'est une question qui se pose en effet. Je ne suis pas sur que ce soit tenable sur le long terme surtout si la France fait les JO.
 
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