LYON DOIT REVENIR DANS LA LIGUE MAGNUS !
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Au mois de février 2023, j’avais expliqué dans une Tribune intitulée «
Club de Lyon : un enjeu national », que la Synerglace Ligue Magnus avait impérativement besoin du club de Lyon. Deux ans et demi plus tard, je persiste à dire que c’est toujours une nécessité absolue ! Les raisons de mon obstination ne sont pas dues à du chauvinisme car je ne vis pas à Lyon, mais parce que j’estime que la présence de cette grande métropole est indispensable pour que le hockey sur glace français bénéficie d’une exposition médiatique encore plus importante.
Je rappelle que Lyon est la troisième ville en France pour le nombre d’habitants intra-muros (527 000) juste derrière Marseille (884 000) et Paris (2 130 000). C’est même la deuxième agglomération la plus importante du pays derrière la capitale avec 1,5 million d’habitants en totalisant ses 130 communes.
Par ailleurs, la ville de Lyon est un carrefour européen majeur grâce à une situation géographique idéale. En effet, la « capitale des Gaules » bénéficie d’une multitude de transports avec l’aéroport international de Satolas, la ligne Sud-Est du TGV et pas moins de huit autoroutes convergentes dont les plus connues sont l’A6 et l’A7. Sans oublier d’ajouter que Lyon bénéficie d’un dynamisme économique très important qui n’a rien à envier avec ses deux principaux concurrents.
Or, que constate-t-on depuis plusieurs années dans notre discipline ? Seulement trois ou quatre grands clubs disputent régulièrement la série finale et sont capables de pouvoir remporter la Coupe Magnus. La présence à leurs côtés d’une métropole aussi importante que celle de Lyon aurait à mon avis un impact sportif et médiatique supplémentaire comme c’est le cas depuis trois ans avec le club de Marseille et depuis dix ans avec le club de Bordeaux.
J’incite donc nos dirigeants, qui défendent en priorité leurs propres intérêts locaux, à se poser une simple question : quel est l’intérêt supérieur du hockey sur glace français dans une compétition professionnelle comme la Synerglace Ligue Magnus qui est la principale « vitrine » de notre sport ?
UN CLUB QUI A DEJA MARQUÉ L’HISTOIRE
Si je défends à nouveau avec insistance la cause du club de Lyon, c’est qu’il fait partie de notre patrimoine car il a marqué durablement l’histoire de notre discipline en remportant déjà le premier titre de champion de France en 1907. Sans oublier qu’à l’époque Lyon possédait - fait rarissime - plusieurs clubs locaux dans le même championnat national à savoir : le Sporting Club de Lyon (sacré champion), le Star Club de Lyon et le Hockey Club de Lyon. Cinquante ans plus tard, en 1956, ce sont les nouveaux « Patineurs de Lyon » qui remportèrent un deuxième sacre tout aussi hégémonique.
En effectuant ensuite son retour à cinq reprises dans le championnat sénior élite de la Ligue Magnus sous ses différentes appellations de l’époque (1972, 1976, 1980, 1994 et 2014), le club de Lyon a prouvé qu’il fait partie incontestablement des fiefs historiques du hockey sur glace français. Pour preuve, sa patinoire « Charlemagne » a organisé de très nombreux événements nationaux et internationaux, notamment des championnats du monde en 1990 mais aussi divers stages d’entraîneurs et plusieurs matches amicaux de l’équipe de France.
Bref, au bord du Rhône le hockey sur glace a toujours été un phénomène très particulier qui mérite le respect. Tout ces arguments ne sont pas aussi anecdotiques qui le paraissent ! En effet, n’oublions pas qu’en 2028 la ville de Lyon sera à nouveau sous les feux des projecteurs puisque c’est dans la LDLC Arena qu’aura lieu une partie des championnats du monde élite de hockey sur glace conjointement avec l’Accor Arena de Paris.
Vu le contexte très favorable que je viens de résumer, je n’imagine pas un seul instant que tous les passionnés de hockey sur glace ne soient pas désolés de voir que la ville de Lyon, malgré ses nombreux atouts, soit de nouveau absente de notre vitrine sportive depuis maintenant six ans. Une absence d’autant plus regrettable que l’agglomération de Lyon possède un autre avantage très important : sa grande patinoire « Charlemagne » que je viens d'évoquer, qui a une capacité de 3500 places assises avec une « petite sœur », la patinoire Baraban, située à la limite de Lyon et de Villeurbanne qui peut servir d’appoint. Tous les ingrédients sont donc réunis pour accueillir une équipe professionnelle de la Ligue Magnus.
LES LIONS SONT EN TRAIN DE RUGIR DE NOUVEAU !
Depuis la liquidation de la SASP LHC Les Lions au mois d’octobre 2019, le club de la grande ville rhodanienne, victime d’un « body-check financier » brutal après avoir évolué pendant cinq saisons consécutives dans la Ligue Magnus, a su se relever fort heureusement de son terrible K-O. Les « Lions » ont pu renaître de leurs cendres grâce à l'association amateur du Lion Hockey Club (créée en 1997), qui ne fut pas touchée par cette faillite et qui a été contrainte de « récupérer le bébé » pour reprendre les choses en main sur le plan sportif et financier.
Cette renaissance a pu se faire grâce notamment à deux dirigeants très efficaces avec, tout d’abord, le président Fabrice Baravaglio, le père de deux hockeyeurs (Mattéo et Enzo), qui dirige une holding familiale investissant dans l’industrie plastique. Ensuite avec le vice-président, Philippe Filippi, président d’une filiale Europe Sud du groupe allemand Compart, qui complète ce duo formant les deux nouveaux piliers porteurs du club d’autant qu’ils sont également sponsors.
Du coup, l’équipe des Lions, qui a dû repartir du bas de l’échelle du hockey sur glace français en 2020, a entamé depuis quatre saisons une remontée progressive mais constante en participant tout d’abord à deux championnats de France de la Division 3 qui se conclurent par une promotion en 2023 grâce à la deuxième place des Lions lors du tournoi final (derrière La Roche-sur-Yon) qui fut organisé à Lyon.
Il a fallu également que le club de Lyon dispute deux saisons en Division 2 pour qu’il soit promu en Division 1 en 2025 après avoir battu Montpellier dans la série finale en trois matches (5-0, 5-1, 2-0). Ce retour dans l’antichambre de la Ligue Magnus a pu réussir sous la direction de l’entraîneur Damien Raux qui reste toujours aux commandes cette saison.
Pour ceux qui l’aurait oublié, cet international tricolore, âgé de 40 ans et natif de Rouen, a une belle carte de visite puisqu’il a disputé pas moins de onze championnats du monde en senior et a porté le maillot de huit clubs français différents : Rouen, Chamonix, Caen, Briançon, Grenoble, Angers, Mulhouse et Gap. Il a remporté par ailleurs deux titres de champion de France en 2024 (Briançon) et en 2016 (Rouen).
Tristan Alric entouré de Philippe Filippi à gauche et Fabrice Baravaglio à droite
UN RETOUR DANS LA LIGUE MAGNUS PROGRAMMÉ À MOYEN TERME
Le président Fabrice Baravaglio a bien retenu la leçon de la faillite retentissante dont la SASP de Lyon professionnelle a été victime il y a six ans : « Depuis que nous sommes la seule entité juridique, nous avons élaboré cette fois un plan beaucoup plus responsable avec comme objectif un retour éventuel dans la Ligue Magnus dans quatre ans, mais il n’y a pas d’obligation. Pour l’instant, notre seul but, c’est de former d’abord des joueurs et développer l’association pour avoir une structure beaucoup plus solide avec des nouveaux moyens financiers. On veut surtout devenir un club formateur performant car c’est la base. Il faut que notre équipe senior devienne une seule entité lyonnaise avec des hockeyeurs du cru. »
Pour évoluer dans le championnat de la Division 1 qui débutera dans deux jours, le Lyon Hockey Club a actuellement un budget global de 900 000 euros avec un total de 600 000 pour les seniors et le reste pour le hockey mineur. Malheureusement, les subventions publiques sont très faibles à Lyon puisque l’association touche 70 000 euros de la mairie dont la grande majorité va au hockey mineur (60 000).
Heureusement, la municipalité met généreusement la glace à disposition du club de hockey et les recettes de la billetterie sont conséquentes car l’équipe des « Lions » suscite un grand engouement à Lyon qu'il faut souligner avec une moyenne qui était de 2500 personnes en Division 2.
J’ai pu encore vérifier ce phénomène local pour le hockey lors de ma visite dans le club au début du mois de septembre (photo ci-dessus) puisqu’un simple match amical sans enjeu contre les Ours de Villard-de-Lans, un dimanche après-midi pourtant propice à des loisirs en plein air grâce à un temps ensoleillé, avait attiré pas moins de 1500 spectateurs dans la patinoire Charlemagne !
LE CLUB DE LYON NE VEUT PLUS FAIRE DE LA FIGURATION
Le vice-président, Philippe Filippi souligne de son côté que le club a dû trouver d’autres ressources financières : « Nous avons récupéré la buvette et nous avons développé le merchandising avec les maillots, sans oublier l’aide du Crédit Mutuel et de la société Compart. Par ailleurs, il y a quelqu’un qui s’occupe de l’animation sur les réseaux sociaux pour trouver du public et trois autres personnes pour aller chercher des partenaires. Enfin, le club a également passé un accord avec Christophe Ville et son entreprise ICE car il a récupéré le magasin qui existait à Lyon qui est devenu « Le Vestiaire ». Pour résumer, on a une cinquantaine de partenaires privés locaux pour un total qui s’élève à 120 000 euros. »
Les dirigeants lyonnais sont bien conscients que la Ligue Magnus professionnelle nécessite un financement beaucoup plus onéreux que celui de la Division 1 dans laquelle évoluent les « Lions » cette saison. Il faudra donc augmenter sensiblement les finances pour pouvoir revenir durablement dans le circuit national élite où le plus petit budget en Magnus tourne autour de 1,4 million d’euros.
« D’autant que si nous revenons, ce ne sera pas pour faire de la simple figuration ! insiste bien le président Fabrice Baravaglio. Pour l’instant, notre modèle économique est différent puisqu’on joue essentiellement le samedi avec quelques matches en semaine. L’attractivité de notre public étant différente, il faudra reconstruire ce modèle car c’est la fidélisation des spectateurs qui nous apporte une manne financière. »
Le credo des deux dirigeants, que j’ai eu l’occasion de rencontrer avant le coup d’envoi du championnat de la Division 1, repose sur une volonté bien claire. « On ne veut pas monter dans la Ligue Magnus puis redescendre, expliquent-ils. On ne reviendra pas dans la Ligue Magnus tant que nous n’aurons pas stabilisé le club. Actuellement, on gère l’association en bons pères de famille car on ne veut pas prendre de risque. »
LE MONDIAL 2028 ET LES ÉLECTIONS MUNICIPALES COMME TREMPLIN ?
Deux grands événements locaux devraient avoir un impact significatif sur l’avenir du club de hockey sur glace de Lyon. D’abord les championnats du monde qui seront organisés en partie dans la LDLC Arena dans trois ans. « C’est bien car ce mondial chez nous va mettre le hockey lyonnais en lumière, confie le président. Mais, en termes de recrutement, nous n’avons déjà pas assez d’heures de glace pour accepter de façon plus large le jeune public. Nous sommes donc obligés de limiter les inscriptions à l’âge de huit ans car on a déjà 110 gamins dans l’école de glace. »
Le célèbre dirigeant de football Jean-Michel Aulas s’est également déclaré candidat pour les élections municipales de 2026 à Lyon. Un autre événement qui pourrait avoir un impact pour le club des Lions. « L’ancien président de l’OL avait déjà passé un partenariat avec notre ancienne SASP pour des activités communes mais qui sont tombées à l’eau, explique Fabrice Baravaglio. Quoi qu’il arrive, Monsieur Aulas est une figure emblématique du sport dans la ville de Lyon. Du coup, dans l’hypothèse de son élection, je pense qu’il jettera un œil attentif sur le hockey sur glace. »
Les Lions peuvent toujours compter également sur la relation privilégiée qu’ils continuent à entretenir avec Gérald Guennelon, l’ancien Directeur technique national de la FFHG comme l’explique le vice-président Philippe Filippi : « Il est venu nous donner un coup de main lors de la création de la Division 3. Il habite toujours à Lyon car il s’occupe du haut niveau sportif de la région. Nous le croisons régulièrement car son fils Clément est un hockeyeur qui joue chez nous. De toute façon, Gérald est toujours un grand fan de notre discipline qui aime assister aux matchs. »
L’AMBIANCE ET LA MOTIVATION SONT PROMETTEURS
Avec la présence du fidèle entraîneur Damien Raux, bien épaulé sur la glace par le capitaine slovaque Slavomir Tomko qui évolue dans l’équipe lyonnaise depuis trois saisons, le retour des nouveaux « Lions rugissants » dans la Synerglace Ligue Magnus n’est pas une hypothèse farfelue mais bien réelle. Les deux premiers échelons franchis avec brio, en Division 3 puis en Division 2, prouvent qu’un nouvel élan vers le sommet du hockey français est en cours dans la grande ville de Lyon.
D’autant que la politique des dirigeants a une particularité qui mérite d’être citée en exemple comme l’explique le président Fabrice Baravaglio : « Nous choisissons nos joueurs par rapport à l’être humain car on ne veut pas se tromper dans la composition de l’équipe. On veut trouver un bon équilibre et avoir une bonne ambiance. »
Dans une interview récente à BFMTV, le nouveau renfort international tricolore Peter Valier (33 ans), qui jouait précédemment avec les Ducs d’Angers en Ligue Magnus, après avoir évolué également dans les clubs de Reims, Amiens, Rouen, Dijon, Epinal, Bordeaux et Grenoble, a déclaré qu’il était « étonné et très agréablement surpris » par la bonne ambiance et la motivation qui règnent dans l’équipe de Lyon qui sera très observée cette saison dans le championnat de la Division 1.

De gauche à droite : Damien Raux, Slavomir Tomko et Peter Valier
LYON ATTEND LA CRÉATION DE SON CENTRE DE FORMATION
« Cela fait deux saisons que nous avons des échanges avec le club de Marseille, explique le président Fabrice Baravaglio. Nous avons bénéficié de trois licences bleues avec par exemple celle de Maurice Zwikel qui est le fils de Jonathan. On a également des relations assez étroites avec le club de Roanne qui évolue en Division 2. Du coup, on fera un échange dans l’autre sens en les aidant avec certains de nos joueurs. »
De son côté, Philippe Filippi insiste : « Notre objectif c’est la formation pour avoir le plus possible de joueurs du cru en senior. Mais depuis la mutation des championnats vers les pôles ou les CES, les seuls hockeyeurs sélectionnables doivent être dans ces deux entités. Du coup, toutes les saisons nous perdons deux ou trois joueurs qui vont à Grenoble. Cela fait deux fois que le club de Lyon dépose un dossier pour être CES mais ils nous disent d’attendre. Cela fait donc dix ans que nous perdons nos meilleurs joueurs chaque fin de saison. »
A cause de cette attente, le club de Lyon n’a toujours pas d’équipes assez homogènes pour réellement performer dans les championnats U18 et U20 qui sont la base de l’édifice. Mais une chose est déjà certaine : la volonté de revenir dans l’élite du hockey sur glace français est si grande que tous les moyens déployés actuellement chez les « Lions » auront des conséquences positives à court ou à moyen terme.
En tant qu’observateur, je le souhaite comme certainement la quasi majorité de mes lecteurs car Lyon doit retrouver impérativement sa place dans la « vitrine » du hockey sur glace français à côté de Marseille et de toutes les autres grandes villes de l’hexagone. Je pense à Toulouse (4e plus grande ville), Nantes (6e), Montpellier (7e) et Strasbourg (8e). Mais le plus dommageable : c’est également l’absence de la ville de Paris avec les Français Volants, mais ça c’est une autre histoire.